Atelier des Maisons-de-Strasbourg


ou comment établir une notice sur une maison en s’appuyant sur les documents

Sommaire


Les quatre cantons d’après le plan Villot dans son édition de 1870,
coloriés sur l’exemplaire des Archives départementales (cote 1 L 17) par Thierry Hatt


Le site Maisons-de-Strasbourg présente chaque semaine une nouvelle notice sur une maison de la ville, en général celle d’une maison qui se trouvait à l’intérieur des remparts en 1870. La notice retrace l’histoire du bâtiment, de ses propriétaires et des métiers qu’on y exerçait. Le texte illustré en début de notice repose entièrement sur les documents relatés par la suite, pour la plupart conservés aux Archives municipales ou départementales, notamment les actes notariés. Chaque notice comprend

  • un extrait des dessins préparatoires au plan-relief de 1830,
  • un récapitulatif des différents propriétaires, en mentionnant la religion au XVIII° siècle,
  • le propriétaire d’après la liste Blondel et le libellé de la parcelle sur le tableau indicatif du cadastre,
  • les éventuelles locations,
  • des extraits des Livres des communaux, des Loyers communaux, des registres des préposés au bâtiment ou aux affaires foncières (Bauherren), des préposés aux feux (Feuerherren), des protocoles des Quinze et des tribus (Ancien Régime),
  • la description portée à l’Atlas des alignements (daté de 1829),
  • des extraits du cadastre (du début en 1840 à 1952),
  • des extraits de l’Etat de population (1789) puis des Registres de population et de l’Annuaire de 1905,
  • d’autres documents le cas échéant (enquêtes avant la Grande Percée, dossiers du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme),
  • une analyse et des extraits du dossier constitué par la Police du bâtiment.
  • le relevé des actes, précédés d’une brève analyse et accompagnés de repères biographiques sur le propriétaire.

Les données nécessaires à la notice sont réunies dans une base de données. Elles sont actuellement exhaustives de 1604 à 1879. Le cadastre et la Police du Bâtiment prolongent l’histoire jusqu’à nos jours, les Livres des communaux avant 1604. Le travail consiste à extraire de la base de données ce qui a trait à la maison à étudier, en général choisie d’après des critères du XVIII° siècle : propriété d’un maçon, d’un notaire, d’un réformé ou architecture caractéristique de l’époque.

Pour visiter l’atelier des Maisons-de-Strasbourg, je propose de retracer l’histoire de la maison qui se trouvait au 8, place du Corbeau, détruite par le bombardement du 11 août 1944. Sa façade datait du XVIII° siècle d’après les photographies qui en sont conservées.


Place et pont du Corbeau, vers 1900 (anonyme, Musée Historique, reproduit dans Strasbourg passé et présent sous le même angle)
Les numéros 7, 8 et 9, place du Corbeau – Vue rapprochée des mêmes maisons (vers 1930, Lucien Blumer, AMS cote 8 Z 1955 et 8 Z 1951)
Façades arrière, le n° 8 à droite puis le n° 9, bateau-lavoir (idem, 8 Z 1949)

Une fois la maison choisie, il faut en connaître l’adresse actuelle qui figure par exemple sur le plan de 1913, les numéros n’ayant pas changé sauf à un petit nombre d’endroits.


Plan de la Ville, 1913 (Übersichtskarte der Stadt Strassburg, B.N.U.)

Notre maison porte le numéro 8 de la place du Corbeau, ce qui sera utile pour consulter le dossier de la Police du Bâtiment aux Archives municipales. Les dossiers s’ouvrent en général dans les années 1880 et s’étendent jusque dans les années 1990. Ils rassemblent les autorisations nécessaires pour ravaler la façade, construire le bâtiment, transformer une devanture ou poser une enseigne. Les pièces de la fin du XIX° siècle et du début du XX° siècle expliquent souvent les différences entre les dessins préparatoires au plan-relief de 1830 et l’aspect actuel.

Analyse du dossier coté 680 W 169 (Archives municipales, 1884-1945)
Charles et Edouard Bloch chargent en 1913 leur administrateur Henri Bertrand et l’architecte Adolphe Molz de transformer la maison et son local commercial, notamment d’aménager une cour vitrée qui éclairera mieux les logements et de réunir les deux arcades au rez-de-chaussée en supprimant le pilier central. Les transformations sont autorisées sur intervention de la commission des Beaux-Arts et du conservateur des monuments historiques Knauth bien que le sol tombe entièrement dans la voie publique. Le n° 7 surplombe en partie le sol du n° 8 qui lui-même surplombe en partie le sol du n° 9, L’administration des voies navigables autorise de reconstruire la façade qui surplomble la rivière. Le permis de construire est accordé en janvier 1914. La nouvelle façade vers la rivière est terminée en juin 1914. Le permis d’occupation est délivré en septembre 1915. Le propriétaire fait construire en 1927 un toit vitré sur la terrasse au quatrième étage vers la rivière.
La maison et ses voisines sont entièrement détruites par le bombardement aérien du 11 août 1944. Le sol est réuni à la voie publique.
La veuve Wœssner reprend en 1891 le local de l’horloger Fleig. Le relieur Scharpf y transfère son atelier en 1893. Joseph Geiger pose deux petites vitrines et un store en 1893. On trouve en 1898 le fripier Adolphe Gastl, en 1919 le coiffeur Edmond Schalck remplacé par Schmitt en 1933. Marthe Rœdl y tient son magasin de bonneterie (1941) et mourra lors des bombardements qui détruisent la maison dont elle est propriétaire.


Photographie, vers 1910 (dossier de la Police du Bâtiment)
La maison en 1941. Le détail montre un ouvrier sur une échelle en train d’effacer l’inscription en français, la partie gauche étant encore visible (La Renommée)

Corbeau (place)
Ruines après le bombardement du 11 août 1944 (AMS, cote 1 Fi 113 n° 89) – Aspect actuel (2010)

Comme les documents sont liés aux propriétaires, le premier travail consiste à en établir la liste.
On dispose de deux états, le tableau indicatif du cadastre, établi à la fin des levées (1837) et la liste des propriétaires des parcelles représentées sur le plan Blondel (1765).

1. Cadastre

Pour entrer dans le cadastre, il faut connaître le numéro de la parcelle en consultant le plan. La place du Corbeau et la rue d’Austerlitz forment l’extrémité ouest de la section O. La parcelle porte le numéro 742. La matrice cadastrale donne les propriétaires successifs. Au centre de la Ville, elle est classée par parcelle et non par propriétaire comme il est d’usage.
La matrice a été tenue en deux exemplaires. Celui du service de l’équipement est conservé aux Archives départementales, celui de la ville au Archives municipales. Seul le jeu des Archives départementales (cote 3 P 243) est complet.


Cadastre, plan de la section O (AMS, cote 1197 W 35)

On trouve dans le registre coté 25, folio 207 la parcelle cadastrée O 742. L’adresse est le 94, quai des Bateliers, la surface 92 centiares, le revenu du sol 0,48 francs, celui de la maison 270 francs. Elle a 18 ouvertures au rez-de-chaussée, premier et deuxième étage, trois ouvertures au troisième étage ou au-delà. Le propriétaire initial est Jean Henri Friess, demeurant sur place 94, rue du Corbeau. Suite à la mutation de 1853, l’immeuble est indivis pour moitié à Frédéric Hansmetzger, pour un quart à Henri Auguste Friess et pour le dernier quart à Charles Emile Friess.


Matrice cadastrale (ADBR, cote 3 P 243, 25 folio 207, case 4)

La suite se trouve dans la matrice suivante, ouverte en 1857. Elle n’est plus classée par parcelles mais par rues. La parcelle 742 de la section O se trouve au folio 893. La maison porte le numéro 8 de la place du Corbeau. La description est la même, c’est-à-dire qu’il n’y a eu ni reconstruction ni agrandissement. Les copropriétaires revendent différentes parts, le seul propriétaire inscrit en 1876 est Charles Bloch (en fait Moïse Bloch auquel il a cédé ses droits) puis en 1884 l’indivision Bloch.


Matrice cadastrale (ADBR, cote 3 P 243, 27 folio 893, case 2)

Le cadastre de Strasbourg est refait en 1897 pour les plans, en 1903 pour les matrices. Le nouveau plan donne le nouveau numéro de parcelle : n° 26 de la section 18 dans le finage de Strasbourg ville. La maison se trouve dans le registre 29, page 217, case 5, section 18, n° 26 (autrefois O 742), bâtiment et partie indivise. La colonne des observations signale une reconstruction en 1917, une rectification du revenu en 1923, enfin un report au folio 219 case 7.
Les propriétaires successifs se trouvent au compte 213 puis à partir de 1952 au compte 6602.



Matrice cadastrale (ADBR, cote 3 P 243, 29 page 217)
Nomenclature comptes 213 et 6602 (ADBR, cote 3 P 243, 113)

Nous obtenons la liste suivante, précédée de la date de première imposition (la mutation date en général de l’année précédente)

  • Jean Henri Fries, fabricant de crics, et (1801) Marguerite Dorothée Hüttner
  • 1853 (indivision) Dorothée Henriette Fries femme (1836) du serrurier Frédéric Hansmetzger puis Frédérique Henriette Hansmetzger, femme (1860) de l’assureur Philippe Jacques Riebel
  • 1876 Moïse Bloch, commerçant, et (1833) Rachel May
  • 1884 Edouard Bloch (4/18), Emmanuel Bloch (4/18), Léon Bloch (4/18), Maurice Dreyfuss, fabricant de tissus, et Léonie Bloch, (3/18) et Joseph Bloch (3/18)
  • 1923 Emanuel Gaston Alphonse Bloch dit Blochmay
  • 1938 Marthe Roedl
  • 1952 Association syndicale de remembrement de Strasbourg-Ville

2. Plan Blondel

La maison se trouve dans le IX° canton. La parcelle porte le numéro 233. Son propriétaire est le sieur Zaberer.


Plan Blondel, levé sans ajouts, Archives départementales (cote 1 L plan 5)
Liste des propriétaires (AMS, cote VI 585)

3. Actes notariés (recherche des propriétaires avant le cadastre)

La maison quai des bateliers n° 94 figure dans l’inventaire dressé en 1843 après la mort du fabricant de crics Jean Henri Friess par le notaire Louis Charles Zeyssolff le 29 juillet 1848. Le défunt l’a acquise le 4 août 1817 du vitrier Jean Sébastien Zabern et de sa femme Catherine Madeleine Hüttner devant le notaire de Bischheim-au-Saum.

Immeuble. Une maison d’habitation à rez de chaussée et deux étages, appartenances et dépendances sise à Strasbourg quai des bateliers N° 94, vis à vis l’hôtel du Corbeau, d’un côté Mr Hartschmidt confiseur, de l’autre la veuve Pfister, par devant la rue, par derrière l’Ill. Acquis par les époux Fries du sieur Jean Sébastien Zabern, vitrier et Catherine Madeleine Hüttner conjoints à Strasbourg, suivant contrat passé devant M° Chaveheid, Notaire à Bischheim au Saum le 4 août 1817, enregistré transcrit au bureau des hypothèques de cette ville le 8 du même mois Volume 97 N° 76 à charge d’une inscription d’office au Volume 116 N° 129. Cette acquisition a été faite moyennant la somme de 12.000 francs dont les époux Fries se sont libérés envers les créanciers délégués suivant deux quittances reçues par M° Schreider, Notaire à Strasbourg les 2 et 27 janvier 1830. Cette maison était grevée envers la Ville de Strasbourg d’une rente foncière de 4 francs que les époux Fries ont rachetée durant leur union.

On remarque que la maison est définie par son numéro dans la rue et par ses tenants et aboutissants. Les numéros de maison datent de la fin des années 1780. Avant cette date, la parcelle est localisée par ses seuls tenants et aboutissants.
L’origine de la propriété est indiquée en général pour une trentaine d’années. Il arrive que le notaire dresse la liste de tous les titres aux mains des héritiers.
On remarque aussi que la « maison était grevée envers la Ville de Strasbourg d’une rente foncière de 4 francs que les époux Fries ont rachetée durant leur union ».


La maison dans l’inventaire Friess (ADBR, cote 7 E 57 / 8, 66, acte 1868)

Une recherche dans la base de données montre que le précédent propriétaire Jean Sébastien von Zabern épouse en 1796 Catherine Madeleine Hüttner. Il est le fils du vitrier Jacques Frédéric Zabern qui correspond au sieur Zaberer de la liste Blondel.

Jean Sébastien von Zabern épouse en 1796 Catherine Madeleine Hüttner, fille de maçon
1796 (17 ventose 4), Strasbourg 4 (10), Not. Greis N° 916, Altes N° 393-a
Eheberedung – persönlich erschienen der Burger Johann Sebastian Zabern, leediger Glasser, weiland des Burgers Jacob Friderich Zabern, gewesenen Glassers alhier, mit auch weiland Maria Salome, gebohrne Vogt ehelich erzeugter großjähriger Sohn, an einem theil
sodann die Burgerin Catharina Magdalena Hüttner, weiland des burgers Georg Friderich Hüttner geweßenen Maurer und Steinhauers alhier mit auch weiland Maria Dorothea gebohrner Hurstel ehelich erzeugte großjährige Tochter, beÿständlich ihres Vatters, burgers Johann Conrad Hüttners Müllers in der Ruprechtsau, an dem andern theil
Geschehen alhier Zu Straßburg den 17. Ventose im vierten Jahr der Frantzösischen Einen und unzertrennlichen Republick [unterzeichnet] Johann Sebastian Zabern, Catharina Magdalena Hüttnerin
Enregistrement de Strasbourg, acp 39 F° 169 du 26 vent. 4 – revenu industriel 112

Une nouvelle recherche permet de trouver l’acte d’achat passé à la Chambre des Contrats le 18 juin 1764 par lequel Marie Dorothée Knaus veuve de Frédéric Reinthaler vend la maison 2 225 livres au vitrier Jacques Frédéric von Zabern. Le contrat mentionne que la maison est grevée d’une rente d’une livre au profit de la Tour aux deniers (davon gibt man jährlich der Stadt Straßburg Pfenning Thurn 1 lb ane bodenzinß).

1764 (18.6.), Chambre des Contrats, vol. 638 n° 400
Fr. Maria Dorothea geb. Knaußin weÿl. Friedrich Rheinthaler des perruckenmachers wittib beÿständlich H. Johann Jacob Sattler sen: des sattlers
in gegensein Jacob Friedrich von Zabern des glaßers
eine behausung und hoffstatt mit allen begriffen, zugehörden, rechten und gerechtigkeiten jenseits der Schindbruck gegen der gastherberg zum raaben, einseit neben weÿl. Philipp Wittmar des perruckenmachers wittib und erben, anderseit neben Friedrich Kuntz dem schuhmacher, hinten auff die Preusch – davon gibt man hiesiger Stadt Pfenning Thurn 1 lb ane bodenzinß – als ein in ihres Ehemanns mass so ihro tam active quam passive entschlagen worden – um 475 pfund verhafftet, geschehen um 1750 pfund

La maison est localisée par les tenants et aboutissants (d’un côté le perruquier Philippe Wittmar, de l’autre le cordonnier Frédéric Kuntz, derrière la Bruche). On obtient le prix d’achat en additionnant les hypothèques dont la maison est grevée (475 livres) et la somme versée aux vendeurs, le cas échéant par tempérament (1750 livres), soit au total 2225 livres.
Comme la maison est grevée d’une rente foncière au profit de la Tour aux deniers, les registres des communaux donneront rapidement la liste des différents propriétaires sans passer par une recherche parmi les actes.

4. Livre des loyers communaux

Cette rente doit être inscrite dans les Livres des loyers communaux. Une recherche dans la base de données montre que la rente est inscrite au folio 727 verso du registre coté VII 1472 (1741-1802)


Livre des loyers communaux, AMS cote VII 1472 (1741-1802) f° 727-b

alzb. 209
Frid: Rheinthaler (Perruquier) Soll vom Gang vnd Landvest auf das Allmend an der Schindbruck auf Georgÿ (id est 23. Apr.), 8 ß
Ferner vom überstoß des Haußes auf das Waßer auf Martini (id est 11. Nov.) 12 ß
[in margine :] v. alt. Zinsbuch D. de 1562 fol. 126.a ist schon A° 1550. accordirt
(Quittungen 1741-an 10) [in margine :] 21. Brumaire
C. 357
modo Mr Jacob Friderich von Zabern Glaser
Sebastian Zabern

Une mention marginale inhabituelle indique que la première des deux rentes (8 sols pour un passage et une risberme) date de 1550 et qu’elle figure au registre D. La deuxième (12 sols) est créée plus tard. Il suffit de consulter les différents registres successifs pour compléter la liste des contribuables (propriétaires).
En remontant dans le temps, Sébastien Zabern, Jacques Frédéric von Zabern, Frédéric Reinthaler.
La mention alzb. 209 renvoie au folio 209 du registre précédent.

Registre VII 1465 (1673-1741) f° 209

Daniel Ruep, Junior, Soll vom gang vnd Landvest vfs Allmend an der Schindbruck, vff Georgÿ, 8 ß
Ferner vom Überstoß des haußes vff das Waßer vff Martini 12 ß
St. Zinßb. p. 241
Jetzt Abraham Fröreißen
Jetzt herr Friderich Rheinthaler
(Quittungen 1673-1741)
Neuzb fol 727-b

Abraham Frœreisen et Daniel Ruep le jeune s’ajoutent à la liste des propriétaires.
La mention Neuzb fol 727-b renvoie au folio 727 verso du registre déjà consulté, St. Zinßb. p. 241 du registre précédent appelé Storckisches Zinsbuch (registre des loyers tenu par Storck).


Livre des loyers communaux, AMS cote VII 1465 (1673-1741) f° 209

Registre VII 1461 (1652-1672) f° 241

Jetzt Daniel Ruep junior
Hanß Fröreißens wittib, Soll gemeiner Statt, Vom gang Vndt Landfest vfs almendt ahne der Schindtbrucken, Jahrs Vf Georgÿ 8 ß d
Altt. D. f. 126
New. fol. 209

Eadem Vom Überstoß der behaußung Vf daß Waßer, Jahrs Vf Martini 12 ß d
New fol. 209
1654 Empfangen Von Hanß Jacob Walthern


Livre des loyers communaux, AMS cote VII 1461 (1652-1672) f° 241

Propriétaire antérieur, veuve de Jean Frœreisen. On remarque que le contribuable en 1654 est Jean Jacques Walter (avec lequel s’est remariée la veuve de Jean Frœreisen, il n’est donc pas propriétaire de la maison).
Les 8 sols pour une risberme proviennent du folio 126 du registre D (renvoi Altt. D. f. 126). Les 12 sols pour une avance sur la rivière sont un nouveau loyer (dont l’origine figure dans un registre des Préposés au bâtiment).

Registre D, coté VII 1446 (Zinßbuch D) f° 126

Item viii ß gibt Jerg Finster der rÿnckharnster von Einer Landuesten vff Dem Allmend vnnd Einem ganng vnnd vßladung darüber An seÿnem huß Jenseÿth An der schÿnndbrucken gelegen, so Im für Ein sollichen Zinns vergönnen worden Zubuwen Anno & 1550. fallet der Zins Jerlich vff Sanct Jorgen tag.
Jetzt wendling Burgherr platner
Jetz Andres dullenkopff schuest.
(rub.) Jetz hanß fröreyß. Bleibt i. Marty 1627
Neü 241.


Livre des loyers communaux VII 1446 (Zinßbuch D) f° 126

L’armurier Georges Finster règle depuis 1550 un cens annuel de 8 sols pour une risberme, un passage et une avance sur le communal. Les contribuables suivants sont Wendelin Burghart, André Dullenkopff puis Jean Frœreisen.

On a donc obtenu la liste des 17 propriétaires de 1550 à 1952, ce qui permettra de trouver les actes qui les concernent (inventaires, registres des Préposés au bâtiment notamment), de connaître leur métier et la date à laquelle ils ont acheté la maison.

  • Georges Finster
  • Wendelin Burckhard
  • André Dullenkopff
  • Jean Frœreisen
  • Daniel Ruop
  • Abraham Frœreisen
  • Frédéric Reinthaler
  • Jacques Frédéric von Zabern
  • Jean Sébastien von Zabern
  • Jean Henri Fries, fabricant de crics
  • 1853 (indivision) Dorothée Henriette Fries femme du serrurier Frédéric Hansmetzger puis Frédérique Henriette Hansmetzger, femme de Philippe Jacques Riebel
  • 1876 Moïse Bloch, commerçant, et Rachel May
  • 1884 Edouard Bloch (4/18), Emmanuel Bloch (4/18), Léon Bloch (4/18), Maurice Dreyfuss, fabricant de tissus, et Léonie Bloch, (3/18) et Joseph Bloch (3/18)
  • 1923 Emanuel Gaston Alphonse Bloch dit Blochmay
  • 1938 Marthe Roedl
  • 1952 Association syndicale de remembrement de Strasbourg-Ville

5. Préposés au bâtiment (Bauherren)

Origine du deuxième loyer
Propriétaire d’une maison face au Corbeau, Jean Frœreisen demande en 1631 l’autorisation d’agrandir une petite pièce de trois pieds au-dessus de la rivière, ce qui correspond à une surface de trente pied carrés. Les préposés estiment le 3 novembre 1631 que la demande ne soulève pas d’objection, ils donnent leur accord moyennant un loyer annuel de 5 sols. La décision lui est communiquée le 12 décembre suivant.


Préposés au bâtiment, 1631 (AMS cote VII 1345) f° 49

(f° 49) Donnerstags den 3. Novembris 1631. Folgende Augenschein Ingenommen – Überstoß geg. d. Preüsch beÿ Schindtbruck
5° In Hannß Froereÿsenß deß Schumachers hauß gegen dem Rappen, der hatt ein Klein Allzu eng Stüblein Zum Brettspiel, gegen der Preusch hienauß. Bitt Zu deßen erweterung, Ihne ein vberstoß von 3 Schuh vberß waßer, vnd so lang alß daß Stüblin breÿt Ist, nemblich 10 sch. Seindt 30 quad. sch. Zuvergönnen, hatt sich befund. daß eß der benachbart. an Ausseh. ohnhinderlich v. ohn widerred wohl zu erlauben.
Erkant vff Pfenningthurn Außzumach.
Zinst. d. 8. diß. Erkanth willfahrth Zinß Jahrs 5 ß vnd gibt j lb ß d. Augenschein, Ihme angezeigt d. 12. Xbr Xbr 31. (dt. 12. Xbr 631.)

C’est l’origine de la deuxième rente communale inscrite au Livre des loyers communaux. Tous les empiétements sur le communal ne font pas l’objet d’une inscription au Livre des loyers communaux. Les plus anciens y échappent (voir ci-dessous), les nouveaux peuvent être rachetés en versant un capital au denier vingt (correspondant à vingt années de loyer).
Les mêmes registres peuvent renseigner sur l’entretien du bâtiment s’il y a occupation du communal.

Entretien

Les préposés constatent en 1710 que le cordonnier Abraham Frœresien a chargé le charpentier Martin Fluck de remplacer la galerie pourrie, inscrite au livre des loyers communaux, par une nouvelle au-dessus de la risberme et de réduire d’un pied l’auvent, non porté audit livre, de 4 pieds 11 pouces vers la rue. Les préposés ordonnent de mesurer la galerie pour vérifier que la nouvelle ne sera pas plus grande et de réparer l’ancien auvent au lieu d’en faire un nouveau.


1710, Préposés au bâtiment (VII 1384)

(f° 36) Donnerstags den 8. May 1710. – Abraham Fröereißen pt° eines gangs v Wetterdachs
Seind Sie die Obere Bawherren und herrn dreÿ Zu Abraham Fröereißen, des Schuhmachers gegen der Gastherberg zum Raaben über liegende behaußung gefahren, und daselbsten gesehen, daß Martin Fluck der Zimmermann, den hinten auf das waßer, oberhalb der Landvest gewesenen Gang, welcher gantz faul und hienweg gebrochen war, auch in dem Statt Zinßbuch fol: 209. mit 8 ß d bodenzinß dem Pfenningthurn Jährlichen verzinßt wird, wieder new Zumachen und werckh begriffen gewesen, Fröreisen aber, das auf der Gaßen befindliche 4 schuh und 11 Zoll, breit undt nicht Verzinßliche Wetterdach umb einen schuh breit schmahler machen Zulaßen gesinnet seÿe.
Erk. Sollen die Werckmeister den Außstooß messen, und wann solches wieder lm stand und gemacht sein wird, sehen ob nichts Veränderliches vorgenommen worden, was aber das Wetterdach anbelangt, so wird Ihme erlaubt selbiges Wohl umb einen schuh schmähler, aber Keinen newen dachstuhl machen sondern den alten allein ändern zu laßen.

(f° 38) Dienstags den 20. May 1710. – Abraham Fröreißen der Schuhmacher berichtet Mghhn nochmahlen gantz unterthänig, daß Er mit seinem Wetterdach, ohnerachtet solches Zimlich bawfällig ist, anders nichts, als selbiges umb einen Schuh breit schmäler machen Zu laß gesinnet seÿe, welches Ihme wie solches bereits den 8. hujus schon geschehen ist, nochmahlen vergönnet worden.

Frédéric Reinthaler est autorisé en 1745 à remplacer les anciens pieux pourris qui soutiennent l’avance sur la rivière

1745, Préposés au bâtiment (VII 1401)
(f° 102) Montags den 21. Ejusdem [Junÿ 1745] – Friderich Rheinthaler
Es wurde Auch Augenschein eingenommen an Friderich Rheinthalers des Perruckenmachers Hauß am Stadten gleich Unterhalb der Schindbruck, unter welchem die Pfähl worauf das Hauß über dem Waßer Stehet, abgefault, an deren Statt er dreÿ steinere Pfeiler aufführen, und Eichene Pfähl dar zwischen schlagen Zulaßen willens, und deßwegen um erlaubnus gebetten. Erkant in Voriger Meß Willfahrt.

Frédéric Reinthaler a l’intention en 1761 de supprimer son auvent en se réservant le droit de le rétablir

1761, Préposés au bâtiment (VII 1409)
(f° 86-v) Dienstags den 7. Aprilis 1761. H. Friderich Rheinthaler
H. Friderich Rheinthaler der Perruquier berichtet er seÿe willens das wetterdach an seinem hauß jenseits der Schindbruck lincker hand gegen dem Gasthauß Zum Raaben hinweg machen Zu laßen, mit bitten jedoch da er solches über Kurtz oder lang benöthigt seÿn würde, daß jhme als dann erlaubt seÿn mögen daßelbe wieder anzumachen. Erkandt, willfahrt, doch soll H. Werner die länge und breite zuvor abmeßen und Zum Protocoll lieffern, berichtete nach dießem es seÿe (-) sch lang v. (-) schuh breit

Nouvelle construction

Le maître maçon Georges Christophe Freisinger demande en 1775 au nom du vitrier Jacques Frédéric von Zabern l’alignement à suivre. Les préposés ordonnent à l’inspecteur des travaux Jean Michel Striedbeck de lever un plan du quartier.

1775, Préposés au bâtiment (VII 1416)
(f° 164) Dienstags den 14. Martii 1775. – Jacob Friedrich von Zabern, Glaser
Mr Freisinger, der Maurer nôe. des Jacob Friedrich von Zabern, des Glasers bittet um Anzeige des Allignements seiner ane der Schindbruck gegen dem Raben über gelegenen behausung. Erkannt, Seÿe anvorderist durch Herrn Striedbeck über dasige Gegend ein Plan zu verfertigen.

Les deux articles suivants sont par erreur au nom du vitrier Georges von Zabern. Stridbeck montrera l’alignement à suivre. Le propriétaire est autorisé à surbâtir le communal sur une surface de 22 pieds 6 pouces carrés en réglant une somme de 15 livres


1775, Préposés au bâtiment (VII 1416) folio 484

(f° 175-v) Dienstags den 28. Martii 1775. – Johann Georg von Zabern Glaßer
Mr Freisinger, der Maurer nôe. Johann Georg von Zabern, des Glaßers bittet um Anzeig des Allignements seiner beÿ der Schindbruck gegen dem Raaben über gelegenen behausung. Erkannt, Seÿe ihme solches durch herrn Striedbeck anzuzeigen.

(f° 251) Dienstags den 19. Septembris 1775 – H. Johann Georg von Zabern, Glaser
Item [Herr Stridbeck] trägt vor, daß Meister Johann Georg von Zabern, der Glaser, vor seiner ane der Schindbruck gelegenen behaußung dem Allignement nach das Allmend auf 22 quadrat Schuh 6 Zoll überbauen, wovor derselbe 15 livres zu zahlen. Erkannt Verzeichnus
[in margine :] dt. 7. 8.bris 1775

Il n’est possible de dater les nouvelles constructions que si elles laissent des traces dans les registres. Certaines n’en laissent pas, comme la façade XVIII° siècle au 17, rue des Veaux.

6. Préposés aux feux (Feuerherren, 4 R 91, fonds conservé de 1763 à 1789)

Le maître maçon Jean Régnard Pfauth rapporte les travaux que le vitrier von Zabern a l’intention de faire dans sa maison près du Corbeau : placer une cheminée à la française dans la chambre du deuxième étage et un fourneau dont le tuyau débouche dans la même cheminée


Préposés aux feux (AMS, cote 4 R 91, p. 573)

(p. 573) Mittwochs den 23.sten Martii 1783.
Mstr. Zaberer der Glaser will an seiner beÿ dem Raaben gelegenen behaußung im Zweiten stock der steeg ein Zimmer mit einer frantzösischen Camin auf einem gewölb wohl versehen machen, das Rohr am steinernen gabel hinauf von allem holtz entfernet, nebens ein ofen der in besagtes Camin gerichtet. Erkannt Willfahrt. Mstr. Pfaud

7. Actes notariés et administratifs (descriptions de la maison)

Les ventes, les obligations et les inventaires donnent une description de la maison. Les obligations peuvent mentionner que la somme est empruntée pour entretenir ou reconstruire les bâtiments. Les inventaires en donnent une estimation minimale, établie par les chefs du chantier des Maçons (Werckmeister des Maurhoffs), celui du chantier des Charpentiers (Werckmeister des Zimmerhoffs) et le chef des travaux (Lohner). Le billet d’estimation original est partie intégrante de la minute ; il manque cependant si les dépositaires ultérieurs des actes ont éliminé les pièces annexes.
Une grande partie du travail consiste à faire un relevé de ces actes à partir des photographies répertoriées dans la base de données.


Inventaire du perruquier Frédéric Reinthaler, 1763, par le notaire Jean Raoul Dinckel (ADBR, cote 6 E 41 / 402, acte 985
Intitulé de l’inventaire, description de la maison, billet d’estimation

L’intitulé donne les noms, qualité et héritiers du défunt. La description de la maison indique ses tenants et aboutissants, sa valeur établie par les experts de la Ville et l’origine de la propriété (par achat ou par héritage). L’inventaire donne en outre un état de la fortune du défunt à sa mort  en l’occurrence la masse propre à la veuve est de 825 livres, l’actif des héritiers et de la communauté s’élève à 2 467 livres, le passif à 3  284 livres (voir l’exposé sur l’inventaire après décès).

Valeur de la maison selon les billets d’estimation : 1 250 livres en 1706, 1 710 livres en 1760, 2 000 livres en 1763, 900 livres en 1776 (date qui correspond à la reconstruction)

1760 (billet d’estimation traduit) La maison comprend plusieurs poêles, chambres et cuisines, le comble est couvert de tuiles plates, la cave est voûtée, le tout est estimé avec ses appartenances et dépendances à la somme de 3 500 florins

1763 (billet d’estimation traduit) La maison comprend plusieurs poêles, chambres et deux cuisines, le comble est couvert de tuiles plates, la cave est en partie voûtée en partie solivée, le tout est estimé avec ses appartenances et dépendances à la somme de 4 000 florins

1775 (billet d’estimation traduit) La maison comprend un atelier de vitrier, plusieurs poêles, chambres et une cuisine, le comble est couvert de tuiles plates, la cave est voûtée, le tout est estimé avec ses appartenances et dépendances à la somme de 1 800 florins
Remarque : les travaux en cours expliquent que l’estimation soit notablement inférieure en 1775 (l’achat du terrain communal date de septembre 1775).

Protocoles des Quinze

Les préposés au bâtiment renvoient aux Quinze certaines décisions qui outrepassent leur compétence, notamment les communications (portes) entre bâtiments adjacents.
Gaspard Lersé est autorisé à ouvrir des communications entre la brasserie à l’Ours (actuel 100, Grand rue) et la maison voisine qu’il a achetée, au rez-de-chaussée pour agrandir la salle, au sous-sol et dans la cour. L’autorisation lui est accordée moyennant une rente foncière d’une livre dix sols puisqu’il ne causera aucun préjudice à personne, que la rue aura meilleur aspect et que le pétitionnaire en tirera profit.

Les Quinze autorisent en outre les maîtres maçons à employer davantage de compagnons que le nombre réglementaire, en dérogeant au règlement (voir par exemple la notice sur Jacques Gallay évoquée plus bas).

Protocoles des tribus

Les éventuels litiges entre un maître maçon et le maître d’ouvrage sont portés devant le conseil de la Tribu des Maçons. Il existe par ailleurs quelques affaires portées devant le conseil de la Tribu des Charpentiers.

15, rue de l’Arc-en-Ciel – Jean Georges Horrer, receveur des Emoluments du Sceau de la Chancellerie du Conseil souverain d’Alsace, fait construire une nouvelle maison entre 1741 et 1743. Il ressort de plusieurs plaintes portées devant le conseil des maçons que Jacques Gallay a dressé des plans mais que le maître d’ouvrage a fait exécuter les travaux par le tailleur de pierres Jean Michel Guth tout en s’adressant à deux autres entrepreneurs.

29, rue des Serruriers, poêle du Miroir – Les registres de la tribu des Maçons donnent le nom du maître d’ouvrage chargé de construire le nouveau bâtiment (1757-58), Jean Louis Müller.

8. Protocoles des XXI, des XV, registres paroissiaux (propriétaires)

Les archives de la Ville permettent de connaître les habitants et leur vie depuis le XVI° siècle : registres paroissiaux, actes notariés, comptes rendus des Conseillers et des Vingt-et-Un, compte rendus des Quinze qui règlent les différends professionnels.
Religion – Depuis la Réforme, Strasbourg est une ville luthérienne où résident des réformés. La Capitulation (septembre 1681) a pour conséquence que les catholiques reviennent à Strasbourg, favorisés par la politique royale. S’il y a autant de catholiques que de protestants à Strasbourg au milieu du XVIII° siècle, on constate cependant que les propriétaires restent pour la plupart luthériens jusqu’à la Révolution.
Fortune – Connue par les inventaires des apports et les inventaires après décès.
Métier – Les registres des tribus (inscription des apprentis, chef d’œuvre, inscription à la tribu), les litiges portés devant les Quinze retracent le parcours professionnel des bourgeois.

Les Quinze autorisent Jacques Frédéric von Zabern à faire son chef d’œuvre bien que ses années d’épreuve ne soient pas terminées
1763, Protocole des Quinze, 2 R 175
Jacob Friedrich von Zabern Ca. Meisterschafft der Glaßer [registre lacunaire]
(p. 442) Sambstags d. 10. Septembris 1763. – Bescheid
In Sachen Jacob Friedrich von Zabern, des ledigen Glasers Von hier, Imploranten ane einem, entgegen und wieder E. E. Meisterschafft der Glaßer Obermeister Imploraten am andern theil, Auf prod. unterthänige Implorationsschrifft mit beÿl. Sub Lit A juncto petito Wir geruheten, den Imploranten von den übrigen anderthalb Muthjahren Zu dispensiren, einfolglich ihme Zu erlauben, das Meisterstück sogleich Zu verfertigen, Übergebene Exceptiones samt beÿgefügtem bitte in Rechten Zu erkennen und aus zusprechen, daß der Implorant mit seinem Wieder artickel laufenden petito ab: und an dieselbe Zu verweißen seÿe.
Gebettene, bewilligte und beseßene Deputation, auf all übrig der Parthen angehörtes vor und anbringen ist der Hh. Depp: abgelegten relation nach Erkanndt, daß der Implorant gegen ersetzung der uncosten und Erlag 1. lb 10 ß d pro dispensatione Zwischen Löbl. Statt und Imploratischer Meisterschafft theilbar Von dem artickel die Muthjahr betreffend dergestalt zu Dispensiren, daß er biß anfang Künfftigen jahrs Zu dem Meisterstück der glaßer Zu admittiren seÿe.

Si beaucoup de vies laissent des traces modestes, il se dégage parfois des destins comme celui du maître maçon Jacques Gallay ou du barbier Jean Balthasar Wagner.

9. Plans-relief

Les dessins préparatoires au plan-relief de 1830 sont conservés comme le plan lui-même aux Invalides (musée des plans-relef). La maison se trouve dans l’îlot 195.


Dessins préparatoires au plan-relief de 1830, plan et élévations, îlot 195 (Musée des Plans-relief) 1

Sur le développement (élévations) la façade sur rue à rez-de-chaussée et deux étages est celle du milieu entre les repères (b-c), la façade vers la rivière se trouve entre les repères (f-g),
ce qui correspond à la mention de l’Atlas des alignements (années 1820, clos en 1829), Archives municipales (1197 W 37) :
Zabern – Rez de chaussée et 2 étages bons en maçonnerie


Atlas des alignements (AMS, cote 1197 W 37).

Le plan-relief de 1727 permet de voir les volumes des bâtiments. Les avances sont rarement représentées, sauf quelques exceptions comme les oriels.


L’îlot en 1727, face vers la place (image Jonathan Michalon) – face vers la rivière (© Claude Menninger, Inventaire de la région)

10. Livre des communaux (1587)

A mesure que les actes plus anciens de la Chancellerie sont portés dans la base de données (actuellement 1604), il est parfois possible de se référer de façon sûre au Livre des communaux de 1587 qui répertorie l’occupation coutumière du communal (cote VII 1450 calligraphiée et version cursive antérieure, cote VII 1442).


Livre des communaux, 1587, folio 386 (AMS cote VII 1450)

Gegen dem Scherhauß hinüber Ane dem Andern Eckh beÿ der Schindbruckhen
Wendling Burckhardt der Blattner hatt an seinem Hauß ein Wettertach xvi+ schu lang, v schu ix Zoll herauß, Darund. ein Laden x schu lang, ii+ schu herauß, Ein steines Benckhlin v+ schu lang, i+ schu breit, hatt auch hinden vf dem Wasser an disem Hauß ein Gang Von Holtzwerckh außgestoßen, sampt einem Profeÿ xxv+ schu lang viij schu herauß, Bessert für das Niessen xv ß viij d.

L’armurier Wendelin Burckhard règle un cens de 15 sols 8 deniers pour un auvent (16 pieds et demi de long en saillie de 5 pieds 9 pouces), une échoppe (10 pieds de long en saillie de 2 pieds et demi), un gradin en pierre (4 pieds et demi de long et 1 pied et demi de large). A l’arrière vers la rivière il y a une galerie en bois faisant saillie et un cabinet d’aisance (25 pieds ½ de long et 8 pieds de saillie).

Les sommes qui y sont portées correspondent à des loyers coutumiers. Certaines mentions marginales proposent de soumettre un objet répertorié à une rente perpétuelle (dise Inzeünung soll fürthin ein bestendigen Zinß geben, au folio 496 v° du registre de 1587, ce terrain enclos devra à l’avenir un loyer perpétuel).

Le registre D répertorie les loyers perpétuels suite à une décision des Préposés au bâtiment. On y trouve au folio indiqué dans le registre suivant
un cens annuel de 8 sols pour une risberme, un passage et une avance sur le communal.
Les deux loyers comprennent un passage ou galerie (Gang) vers la rivière. Il est possible qu’il s’agisse du même objet.
Il est cependant habituel que le registre D et celui de communaux ne se recoupent pas, comme au 15, Faubourg de Saverne.
Tous les empiétements sur le communal ne font pas l’objet d’une inscription au Registre des loyers communaux. Les plus anciens y échappent, les nouveaux peuvent être rachetés en versant un capital au denier vingt (correspondant à vingt années de loyer).

Conclusion

Les Livres des loyers communaux ont permis d’établir rapidement la succession des propriétaires. Dans la plupart des cas, il faut remonter petit à petit dans le temps en s’aidant des inventaires après décès qui indiquent en général l’acte d’achat. Si la maison est vendue du vivant des propriétaires, elle ne figurera pas dans leur inventaire après décès. La collection des inventaires est assez complète au XVIII° siècle mais les lacunes sont de plus en plus importantes au siècle précédent. Il est exceptionnel de trouver un inventaire au début du XVII° siècle.
Il faudra toujours rechercher les actes d’achat et des obligations concernant la maison dans les registres tenus par les notaires publics (Officialité, Chancellerie à partir de 1587 puis Chambre des Contrats à partir de 1625) dont la collection est complète depuis les années 1520. En cas de lacune, par exemple quand une maison est vendue par adjudication judiciaire (fonds du Petit Sénat, conservé au tribunal et détruit lors du siège de 1870), il faudra avoir recours aux tenants et aboutissants voisins. Dans tous les cas, il faut vérifier que les maisons voisines correspondent à tout moment, en d’autres termes il faut établir une liste des propriétaires des deux maisons voisines pour éviter les fausses attributions.
Chaque notice représente environ une semaine de travail, depuis le choix de la maison jusqu’à la publication de la notice, sans compter le temps qu’il a fallu pour constituer la base de données (trouver les actes aux Archives et les reporter dans la base de données).

D’autres documents sont évoqués dans l’article Dates de construction, comme l’enquête préalable à la Grande percée, des dossiers du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (M.R.U.) ou les polices d’assurance.
Les deux polices ci-dessous donnent l’une la destination des différents bâtiments, l’autre les matériaux de construction.

26, rue des Juifs
Police jointe à l’acte de cession passé le 24 février 1866 par devant le notaire Hippolyte Momy (ADBR, cote 7 E 57 / 15, 116, acte n° 11.092)
Police d’assurance. La Mutuelle du Bas-Rhin, n° 10.713.B du 6 juillet 1864 pour Mme Veuve Berger-Levrault
Strasbourg rue des Juifs 26. 1° Maison d’habitation sur caves voûtées avec bureaux & commerce de librairie, 40.000
2° Maison d’habitation sur caves voûtées avec magasins & mansardes habitées, 22.000
3° Bâtiment sur terre-plain, avec fonderie atelier de lissage, de composition & de reliure, bureaux & magasins, 20.000
4° Bâtiment sur caves voûtées avec magasin & ateliers de reliure 8.000
5° Bâtiment sur terre-plain avec magasins, fonderie, lithographie & atelier de réglure, 20.000
6° Bâtiment sur caves voûtées avec magasin à papier, lithographie & séchoir à poële, 24.000
7° Bâtiment sur terre-plain avec magasin, ateliers d’imprimerie & de composition, machine à vapeur & galerie vitrée au rez-de-chaussée, 24.000
8° Bâtiment sur terre-plain avec ateliers de composition & d’imprimerie,22.000
9° Appendice au bât. art. 3. dans la 2° cour, 2000 (total 182.000 francs)

5, quai Finkwiller
Police jointe à l’ouverture de crédit passée le 17 mars 1866 par devant le notaire Alfred Ritleng (ADBR, cote 7 E 57 / 1,179) acte n° 4516)
Police d’assurance. La Nationale, du 1° Mai 1861, N° 39.683, à Monsieur Taubert, Jacques, père, propriétaire demeurant à Strasbourg, agissant pour son compte, la somme de 30.000 francs répartie comme suit sur les bâtimens ci-après désignés composant sa maison et dépendances, sises à Strasbourg, quai Finckwiller N° 5, savoir
1° 5700 francs sur la maison principale sur le quai, avec ateliers et magasins à bois de tonnellerie, élevé en partie sur cave voûtée, à rez-de-chaussée, deux étages, mansarde et grenier, construite en pierre et couverte en tuiles.
2° 840 francs sur la cage d’escalier avec galeries ouvertes sur la cour à rez-de-chaussée, deux étages et grenier, construite en bois, couverte en tuiles.
3° 3000 francs sur la maison d’habitation entre deux cours avec ateliers et magasins à bois de tonnellerie, élevée en partie sur une cave sous solives, à rez-de-chaussée, deux étages et deux greniers, construite en pierre et bois, couverte en tuiles.
4° 840 francs sur la maison d’habitation en aile à gauche sur la 2° cour avec buanderie, à rez-de-chaussée deux étages et grenier, construite en pierre et bois, couverte en tuiles.
5° 180 francs sur le bureau à simple rez-de-chaussée, construit en pierre et bois, couvert en tuiles.
6° 13.200 francs sur la maison d’habitation au fond de la 2° cour, avec ateliers et magasins à bois de tonnellerie, élevé en partie sur cave sous solives, à rez-de-chaussée, un étage et grenier, construite en pierre et couverte en tuiles.
7° 240 francs sur l’escalier extérieur desservant l’étage du bâtiment article 6, à simple rez-de-chaussée, construit en bois, couverture en appentis partie en tuiles, partie en verre,
8° 6000 francs sur l’atelier mécanique, ateliers de tonnellerie et magasins à bois de tonnellerie, à rez-de-chaussée, un étage et deux greniers, construit en pierre, couverte en tuiles. Monsieur Taubert déclare que l’atelier mécanique désigné à l’article 8 renferme une scie circulaire et une machine à fraiser, mus par la vapeur, qui ne fonctionnent que pour les besoins de l’établissement de son fils, Mr Taubert, Albert, qui exploite les ateliers de tonnellerie sus mentionés dont le contenu est assuré par la Compagnie l’Union.

Photographies – Les Archives municipales (fonds Lucien Blumer, Service d’architecture), le Service de l’inventaire (fonds des monuments historiques entre 1870 et 1918) et le Musée historique (collection Charles Winter) conservent des fonds de photographies. Il existe en outre de nombreuses cartes postales, en particulier les séries publiées au début du XX° siècle sous le nom de Strasbourg disparu (photographies de Charles Winter, Lucien Blumer et Jules Manias).

Il est toujours utile de se reporter au travail d’Adolphe Seyboth, notamment l’édition en allemand (1890, Das alte Strassburg vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870, Geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, bearbeitet von Adolph Seyboth, Strassburg I. H. Ed. Heitz, version en ligne) qui donne les anciens et nouveaux numéros de maison et les inscriptions sur des maisons disparues.


Les Maisons de Strasbourg sont présentées à l’aide de Word Press.