Faubourg de Saverne (rue du) : Cronenburger Strasse


L’actuel Faubourg de Saverne se trouve à l’intérieur des remparts depuis le troisième agrandissement (deuxième moitié du XIV° siècle, voir Agrandissements de la ville). Adolphe Seyboth (éd. en all., p. 269) signale en 1390 les dénominations de Steinin weg, via directa de porta Bischovisburgertor ad Kronenburg (chemin de Pierre, route qui part de la porte dite Bischofsburgerthor vers Cronenbourg), das Bruch wider Kronenburg (le marais vers Cronenbourg). Le nom le plus courant à partir du XVI° siècle est die neue Ziel, die neue Zeile beim Kronenburgerhor (maisons neuves, littéralement nouvel alignement, à la porte de Cronenbourg). Route de Cronenbourg (Cronenburger Strasse) suffit à désigner les maisons, in der Neuen Zeil précise toujours que les maisons neuves se trouvent route de Cronenbourg pour les distinguer d’autres Maisons neuves (aux Maisons rouges près l’Esplanade, à la Robertsau).
On trouve parfois in der Vorstatt Unterwagner beim Cronenburgerthor (faubourg des Charrons près la porte de Cronenbourg) ou Vorstatt außerhalb des Speÿerthors ahne der Neuen Zeilen (maisons neuves au faubourg devant la porte de Spire) puisque la rue part du pont devant la porte de Spire pour se diriger en ligne droite jusqu’à la porte de Cronenbourg.
Le nom de Faubourg de Saverne apparaît au XIX° siècle mais route de Cronenbourg est repris pendant la période allemande (1870-1918).
Les maisons qui bordent la rue à l’est vers le Marais Vert ont presque toutes été détruites par le grand incendie de 1693. La Ville a percé la rue du Feu suite à un autre incendie en 1782.
Comme tous les faubourgs du nord (Faubourg Blanc, actuellement Faubourg National, et Faubourg de Pierre), le Faubourg de Saverne est un quartier de jardiniers qui forme une sorte de village dans la ville. Après la Capitulation, les soldats viennent habiter les casernes du Marais Kageneck et les étables du Marais Vert, à l’arrière du Faubourg de Cronenbourg.

Canton I (est)Canton II (Marais vert)
Partie orientale du I° canton et partie occidentale du II° canton, plan Blondel (1765,
exemplaire qui représente l’état réel sans les modifications de Blondel, ADBR 2 L Plan 5).
Le faubourg de Cronenbourg forme la limite entre les deux cantons.

1725-faubourg de saverne (p)
Plan-relief de 1725, côté oriental de la rue (Musée historique, cliché Thierry Hatt)

Incendie du 12 octobre 1693 entre la rue de Pâques et la porte de Cronenbourg

Un grand incendie détruit tous les bâtiments entre la rue de Pâques et la porte de Cronenbourg le soir du 12 octobre 1693. Les préposés font surveiller et disperser les décombres. L’ingénieur du Roi Tarade propose au mois de mars suivant d’en profiter pour tracer un nouvel alignement. Les préposés souscrivent à la proposition vers les casernes du Marais Vert mais décident de conserver l’ancien alignement vers le faubourg de Cronenbourg.
La plupart des anciens propriétaires vendront leur terrain et les ruines qui s’y trouvent. Les nouvelles maisons s’élèveront sur un parcellaire simplifié.

1693, Directeurs fonciers (VII 1375)

(f° 71) Montags den 12. Octobris 1693. Brunst in der Cronenburger straß – Augenschein eingenommen in der Cronenburger Straßen, alwo durch die am 6. 8.bris 1693. abendts nach acht uhren entstandenen grausamen Fewers brunst alle häußer Scheüren und Ställ von dem sogenannten Ostergags gäßlein biß an das nahe dem Cronenburger thor stehenden Zoll: Hauß, gantz auff den Erden abgebrandt seindt, auch das fewr unter dem geröhr noch immer gläntzer, rauchet und Zu Zeiten in flammen außbricht, und auff der Statt Costen alle nacht Leüthe die darauff achtung geben bestellt werden müßen. Erk. Soll Zu verhütung ferneren unglücks und ersparung der unkosten das geröhr Von einander gestrewet und dardurch am annoch verborgenen fewer Vollendts auß zu gluntzen lufft gemacht werden.

(traduction) Lundi 12 octobre 1693. Incendie au faubourg de Cronenbourg – Les préposés sont allés au faubourg de Cronenbourg où le grand incendie qui a éclaté vers huit heures du soir le 6 octobre 1693 a entièrement détruit toutes les maisons, les granges et les décombres fumantes et reprend de temps à autre, la Ville doit y poster à ses frais des gens qui le surveillent la nuit. Décision, pour éviter un nouveau malheur et de trop grand frais, il faut disperser les décombres afin d’éteindre définitivement le feu qui couve encore.

1694, Directeurs fonciers (VII 1376)

(f° 13) Mittwoch den 3. Martÿ. Abgebrandte plätz in der Cronenburger strasen – Augenschein eingenommen in dem Grünen bruch beÿ denen Abgebrandten Häußern allwo Mr. Tarade der Frantzösische Ingenieur Meine Herren Gebetten, Zuuerordnen, daß diejenige Häußer, so allda erbawet werden soltten, Zu mehreren Wohlstandt möchten inn einer linj Gemacht werden, da mann dann befunden, daß solches Gegen den Cazernen Zwahr füglich sein Könne Inn der Cronenburger straß aber Werde sich solches nicht wohl thun laßen, Zum theil wegen deß Zolls, Zum theil wegen etlicher fundamenten, welche gar Zuweit hinein stehen, auch die baw bereits darnach geziemment seindt, und diesen armen Verbrandten leüten schwerlich Zu Zu muthen sein Würdt, solches Zuändern. Erkannt, solle Mr. Tarade remonstrirt werden.

(traduction) Mercredi le 3 mars. Terrains incendiés au faubourg de Cronenbourg – Les préposés sont allés voir les maisons incendiées au Marais Vert où l’ingénieur français Tarade leur a demandé d’ordonner que les maisons qu’on doit y construire suivent un alignement pour assurer une meilleure commodité. Ils ont estimé la proposition appropriée vers les casernes mais difficile à réaliser au faubourg de Cronenbourg, d’une part à cause de l’octroi, d’autre part à cause de certaines fondations qui y ravancent, il serait en outre difficile d’exiger des pauvres gens dont la maison a été incendiée qu’ils modifient la construction qu’ils ont déjà commencé. Décision, on en rendra compte au sieur Tarade.


Les Maisons de Strasbourg sont présentées à l’aide de Word Press.