Salpêtrière (rue) : bey denen Salpeterhütten
La rue longe l’ancien rempart depuis la porte Sainte-Catherine face aux jardins de l’Orphelinat, rejoint le rempart dit Türckenwall (rempart des Turcs) qui subsiste par la suite et aboutit au quartier des Souabes (rue des Zouaves). Elle se prolongeait avant les années 1690 jusqu’à la tour Saint-Jean (à l’extrémité de la rue du Soleil). Des ateliers de salpêtriers (Salpeterhütten) et de peigniers (Strehlhütten) par la suite transformés en maisons se trouvaient depuis le XVI° siècle près de la porte Sainte-Catherine, adossés à l’ancien rempart. La Tour pointue (Thurn auf der Spitz) qui touche au rempart est bâtie en 1404 d’après Adolphe Seyboth ; la Ville la vend en 1803, l’Etat l’achète en 1844 pour agrandir l’ancienne caserne les Fusiliers, devenue caserne des Canonniers. La partie de la rue entre le rempart et la rue d’Austerlitz est supprimée suite à une décision prise au Conseil municipal le 30 novembre 1838. Les maisons rue Salpêtrière sont expropriées en 1846. La rue militaire d’Austerlitz (Lazarethwallstrasse) puis l’actuelle rue de Lucerne suivent en partie le tracé de l’ancienne rue Salpêtrière.
Plan-relief de 1725 (Musée historique). La rue se trouve à droite, la porte des bouchers en haut au milieu de l’image : entre les deux, les casernes des fusiliers
La rue part des casernes en orangé (à gauche de l’image) puis longe le rempart (plan Blondel, 1765, ADBR 1 L Plan 5)
Même endroit en 1870 (plan de Villot, ADBR, cote 1 L 17)
Même endroit sur le plan de 1915. La rue de Lucerne (Luzernerstrasse) suit approximativement le tracé de l’ancienne rue Salpêtrière
Le conseil municipal approuve le 30 novembre 1838 la suppression de la rue Salpêtrière, remplacée par une voie de communication entre l’hôpital militaire et la place d’Austerlitz (voir le plan Villot ci-dessus)
1838, SHD (Vincennes) 1 VH, 1760 (1838-1841)
Suppression de la rue Salpêtrière
Extrait du Régistre des Procès verbal du Conseil municipal de la Ville de Strasbourg. Séance du 30 novembre 1838.
M. le Conseiller Liechtenberger fait au nom d’une commission spéciale le rapport suivant.
Messieurs, Vous savez que sur un premier rapport de votre Commission, la discussion de la question de la suppression de la rue Salpêtrière fut ajournée.
Il ne s’agissait pas alors de résister aux projets du génie militaire dont l’exécution au contraire est désirée par le Conseil entier, comme intéressant la prospérité de la Cité. On ne voulait que chercher à concilier autant que possible l’existence de la caserne à construire et destinée à contenir des logements pour un régiment complet d’artillerie, hommes, chevaux et matériel, avec les intérêts des propriétaires des maisons riveraines.
Au lieu de recourir à cette enquête officieuse que la commission avait indiquée, mesure qui pouvait présenter peut-être quelques difficultés et qui dans tous les cas faisait naître de fâcheuses senteurs, M. le Maire a jugé à propos de réunir de nouveau la commission et de la mettre en contact avec M. le Colonel Directeur du Génie.
Cet Officier supérieur nous a présenté le plan des constructions projetées et y a joint des explications verbales d’où il résulte que les intérêts des propriétaires que nous voulions ménager recevront une complète satisfaction.
En effet, il ne s’agit pas des terrains et bâtiments situés entre le quartier d’Austerlitz tel qu’il est aujourd’hui et la cidevant maison des Orphelins pour y élever les constructions nouvelles. Il ne s’agit que des propriétés placées au delâ de ce point vers l’hôpital militaire et à que la rue Salpêtrière servit de voie de communication avec la place et la porte d’Austerlitz.
A cet égard, M. le Colonel du Génie nous a donné l’assurance qu’il serait établi une rue du rempart, que cette rue s’étendrait notamment jusqu’à l’angle où la rue Salpêtrière débouche sur le quartier des Souabes et la rue du jeu de paume passerait à côté du magasin à poudre et viendrait en passant entre le mur de revêtement du quartier d’Austerlitz et le corps de garde aboutir à la porte d’Austerlitz, que cette rue serait mise en état de viabilité pour voitures et piétons et constamment ouverte et abandonnée à la circulation.
La construction du nouveau quartier étant reconnue d’utilité publique et intéressant la prospérité de la Ville, nous croyons devoir conclure, Messieurs, que la suppression de la rue Salpêtrière soit autorisée au moyen de l’établissement de la rue du rempart ci-dessus désignée.
Le Conseil, après en avoir délibéré, adopte en leur entier les conclusions du rapport de la commission, en conséquence il émet l’avis qu’il y a lieu de supprimer la rue Salpêtrière, sauf à remplir toutes les conditions indiquées audit rapport.
Le tribunal civil exproprie des maisons rue Salpêtrière, rue des Orphelins, au Bastion de la Bruche et au Contades
1846 (7.10.), Hypothèque de Strasbourg, Transcription reg. 455 (2680) n° 89 – Tribunal Civil de Première Instance
Le tribunal civil de première instance de l’arrondissement de Strasbourg Département du Bas Rhin séant en ladite ville au Palais de Justice a rendu le jugement ci après sur le réquisitoire de Monsieur le Procureur du Roi dont la teneur suit.
Nous Procureur du Roi près le tribunal civil séant à Strasbourg, vû les pièces ci jointes, vû les deux ordonnances royales en date du 2 mao 1846 déclarant d’utilité publique l’acquisition, Premièrement de dix immeubles nécessaires à l’extension du quartier d’artillerie, Secondement de cinq autres propriétés occupant l’emplacement du magasin aux fourrages à construire dans l’intérieur du bastion six dans la place de Strasbourg, Troisièmement d’une portion de jardin du sieur Kammerer nécessaire au rétablissement de la tête du retranchement 57 et la pointe des Contades, Attendu que toutes les formalités prescrites par l’article deux du titre premier et par le titre deux de la loi du 3 mai 1841 ont été remplies, Vu l’article 14 de la même loi, Requérons qu’il plaise au tribunal prononcer l’ expropriation pour cause d’utilité publique
1) Le sieur Kammerer, restaurateur au Contades, banlieue de Strasbourg
d’une portion de jardin aux Contades, banlieue de Strasbourg de la contenance de 16 ares 40 centiares numéro 603 bis du plan cadastral
2) Le sieur Joseph Chenin
d’une maison sise à Strasbourg d’une superficie de 45 entiares s=désignée au plan numéro 794 et sise rue Salpêtrière
3) Catherine Vexêtre veuve Romer
d’une maison sise rue Salpêtrière d’une contenance superficielle d’un are 12 centiares désignée au plan sous numéro 786
4) Frédéric Lix de Strasbourg
d’une maison et cour à Strasbourg rue des Orphelins d’une contenance superficielle d’un are 98 centiares désignés au plan sous numéro 808
5) Marie Madeleine Koellner veuve Weiller de Strasbourg
d’une maison et cour à Strasbourg rue des Orphelins d’une d’une contenance superficielle d’un are 35 centiares désignés au plan sous numéro 809
6) Raphael Samuel de Strasbourg
d’une maison à Strasbourg rue des Orphelins d’une contenance superficielle d’un are 34 centiares désignée au plan sous numéro 810
7) Frédéric Charles Schaff de Strasbourg rue du Jeu de Paume
d’une contenance superficielle de 82 centiares d’une maison à Strasbourg rue du Jeu de Paume désignée au plan sous numéro 811
8) Le même Frédéric Schaff
d’un jardin à Strasbourg rue du Jeu de Paume d’une contenance de 18 ares 9 centiares désigné au plan sous numéro 812
9) Jacques Faes de Strasbourg
d’un are 47 centiares de cour à Strasbourg rue du Jeu de Paume désigné au plan sous numéro 820
10) le même Jacques Faes
d’un jardin à Strasbourg rue du Jeu de Paume de la contenance de 23 ares 20 centiares désigné au plan sous numéro 821
11) Albert Perrin de Strasbourg
d’une cour à Strasbourg rue du Jeu de Paume de la contenance de 3 ares 78 centiares désignée au plan sous numéro 824
12) Rosine Krum veuve Bech
d’une maison et cour à Strasbourg sise au Bastion Numéro 6 de la contenance de 87 centiares désignés au plan sous numéro 1152
13) Blaise Cuitard de Strasbourg
d’ue maison et cour à Strasbourg sise au Bastion numéro 6 de la contenance d’un are 19 centiares désignés au plan sous numéro 1153
14) Jean Antz de Strasbourg
d’une maison et cour à Strasbourg sise au Bastion numéro 6 de la contenance de 95 centiares désignés au plan sous numéro 1155
15) Le même Jean Antz
d’une maison et cour à Strasbourg de la contenance de 43 centiares désignés au plan sous numéro 1157
16) Et enfin Jean Balthasar Biran de Strasbourg
d’une maison et jardin ç Strasbourg au au Bastion Numéro 6 de la contenance de 10 ares 46 centiares désignés au plan sous numéro 1160.
Commet Monsieur Aubry, juge et en cas d’empêchement Monsieur Adam juge pour remplir les fonctions attribuées par le titre 4 du chapitre deux articles 34 et suivants de la loi précitée au Magistrat directeur du Jury chargé de fixer l’indemnité.
Jugé et prononcé en audience publique à la Chambre des vacations du tribunal civil de première instance de l’arrondissement de Strasbourg séant en cette ville le 23 septembre 1846.
Indemnités à verser aux expropriés
1847, Affaires militaires (ADBR, cote 2 Q 86 )
Copie d’une Dépêche Ministérielle adressée à M. le Directeur des fortifications de Strasbourg
Ministère de la Guerre – Service du Génie – Matériel – Strasbourg
Paris,le 3 septembre 1847.
Colonel, par lettre du 2 août dernier, Vous m’avez transmis avec les pièces de la procédure d’expropriation, la Décision du Jury de Strasbourg qui a fixé aux sommes ci après indiquées les indemnités dues aux Propriétaires de divers immeubles nécessaires, soit au Rétablissement de la tête du Retranchement 57, à la pointe du Contades, à Strasbourg, soit pour donner de l’extension au Quartier d’Austerlitz ou pour asseoir le Magasin aux fourrages à construire à l’intérieur du Bastion 6, dans la même Ville savoir
1° Sr Kammerer (Edouard) 36.000 fr
2° Sr Chemin (Joseph) 7.000
3° De Vexètre ou Vescèdre (Catherine) Ve Ronnet 36.000
4° Sr Lix (Frédéric) 40.000
5° De Koellner (Marie Madeleine) Ve Veiller 16.500
6° Sr Weil ou Veil (Abraham) 22.000 et Samuel (Raphaël) son locataire 5.000
7° Sr Schaff ou Schaaff (Frédéric Charles) 40.000
8° Sr Faës (Jacques) 40.500
9° Sr Perrin (Albert) 9.000
10° De Krum (Rosine) Ve Bech 5.000
11° Sr Cuitard (Blaise) 9.500.
12° Sr Antz (Jean) 10.000
13° Sr Birau (Jean Balthazard) 20.000
Total 296.500
L’Examen de ces pièces a donné lieu aux Remarques suivantes.
Dans l’insertion d’un Extrait du jugement d’expropriation au Journal de l’indicateur du 10 octobre 1846, la De Rosine Krum Be Bech, a été nommée Kruner Ve Bech, il sera indispensable pour réparer cette erreur de faire insérer un Errata dans le plus prochain numéro du même Journal, puis quinzaine après l’insertion de cet Errata on acquerra un nouveau Certificat hypothécaire sur ladite Expropriée.
Dans le Certificat de non pourvoi en cassation du 26 juin 1847 le nom de l’un des Expropriés a été écrit Scheeff au lieu de Schaff ou Schaaff et celui d’un autre Guillard au lieu de Cuilard. Cette erreur devra être réparée, de plus il faudra compléter ce Certificat de manière à constater qu’il n’a pas été formé de pourvoi contre l’Ordonnance du Magistrat Directeur du Jury qui a rendu exécutoire la Décision du juge.
On devra également demander au Consrvateur des hypothèques de compléter les Certificats qu’il a délivrés en indiquant les Prénoms des Maris des Dames Ve Romet, Weiller et Bech en reproduisant les différences que présent l’Orthographe de certains noms dans les pièces produites et les noms des deux Expropriés N° 6 et 7 ci-dessus seront écrits Weil ou Veil, Schaff ou Schaaff.
Indépendamment des rectifications que je viens de vous signaler, il sera nécessaire que les Expropiés vous remettent les titres qui établissent la propriété trentenaire des immeubles en leurs personnes ou en celle de leurs auteurs. La copie d’un seul titre se trouve dans les pièces que vous m’avez fait parvenir, et encore cette production n’a est loin d’être suffisante car comme le Sr Weil qu’elle concerne n’a point été exproprié personnellement, le jugement ayant été rendu contre le Sr Samuel son locataire, il faudra faire dreser à son égard un acte administratif dans lequel il consentira à la vente de l’immeuble (…)
le Pair de France, Ministre secrétaire d’Etat de la Guerre, signé Trezel