Prénoms


Les prénoms sont ici tous cités dans leur forme française, suivant l’habitude générale du XVIII° et du XIX° siècles.

Sur la forme des prénoms au XIX° siècle et auparavant

Jusqu’au XIX° siècle, il est d’usage de citer les prénoms d’après la langue dans laquelle on écrit, au besoin en les traduisant. Les affiches en deux colonnes, l’une en français et l’autre en allemand qui annoncent les ventes au cours du XIX° siècle, portent d’un côté Jean François Wetzel, de l’autre Johann Frantz Wetzel. Aux époques plus anciennes, il était courant de traduire non seulement le prénom mais aussi le nom quand il s’y prêtait. Un document en français parlera de Jean Marchal et un document en allemand de Hans Schmitt ou Johann Schmitt. On observe la même adaptation à la langue même pour des noms difficiles à traduire : dans la vallée de la Bruche, à la frontière linguistique du français et de l’allemand, le prévôt de Russ signait Etienne Douvier les actes en français et Stephan Daubenhauer les actes en allemand à la fin du XVII° siècle. Au XVIII° siècle, l’habitude ancienne de traduire les noms tombe en désuétude.

Licitation 15 (86) n° 7182
Affiche qui annonce la vente de la maison 36, rue des Juifs
(Me Lacombe, juin 1850, acte 7182, ADBR cote 7 E 57 15, 86)

Jusqu’à une époque assez récente, la langue écrite correspond moins à l’usage qu’à une version corrigée pour en supprimer les traits dialectaux. C’est pourquoi les documents que nous pouvons aujourd’hui lire ne donnent pas nécessairement les formes usuelles, ce qui vaut en particulier pour les prénoms. Entre le XVII° et le XVIII° siècle, on voit par exemple les formes Hans reculer devant Johann ou Johannes, ou Claus devant Niclaus, Veltin devant Valentin, ou encore en français Colin disparaître au profit de Nicolas. On écrit alors en ayant à l’esprit les formes de la langue normative et en s’éloignant de la langue dialectale. La perception de la langue écrite change avec le temps, il est une époque où il n’est plus acceptable de noter Colin ou Claus.

Il est donc très difficile de connaître les formes qui étaient réellement en usage. On ne peut pas savoir grand-chose de la langue que parlait Etienne Douvier d’après les écrits qu’il a laissés ou signés. On citera en outre le cas de frères tous deux baptisés Nicolas, mais qui étaient sans doute appelés dans la vie quotidienne l’un Nicolas l’autre Colinet si on en croit leur signature qui donne par exception une forme populaire d’un prénom. La plupart du temps, la signature présente elle-même une forme normative. Soit l’intéressé sait écrire couramment et signe de son nom officiel et non de son nom familier, soit il ne sait que signer et reproduit la forme qu’on lui a apprise.

On voit apparaître au cours du XIX° siècle des formes concurrentes d’un même prénom : les actes de naissance enregistrent par exemple Stéphane à côté de la forme française Etienne. On peut y voir les débuts de l’habitude contemporaine qui ne traduit plus les prénoms : l’acte écrit fait foi. Il est cependant intéressant de relever que pendant la période allemande (1871-1918), il était courant en Alsace de citer son prénom sous la forme française en arguant qu’il était inscrit ainsi dans l’acte de naissance et qu’après le retour à la France les prénoms ont été traduits, Georg devient Georges, Johann Jean, Adelheit est l’équivalent d’Adèle.

il arrive que les équivalences fassent concurrence à la traduction. Sous l’Ancien Régime, Dietrich est l’adaptation par paronomase de Didier bien que Dietrich se traduise par le français Thierry et que Didier (du latin Deodatus) se traduise par l’allemand Gottgeb. Le nom de la famille patricienne Dietrich remonte d’ailleurs à un français Didier. Il en va de même pour Reinhard, souvent rendu par René et non par sa traduction Régnard.

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Quelques traductions :

Christian : Chrétien
Eberhard : Evrard
Gottfried : Geoffroi
Gottlieb : Théophile
Rudolph : Raoul
Siegfried : Sigefroi
Walter : Gauthier


Les Maisons de Strasbourg sont présentées à l’aide de Word Press.