Plaques de rues
C’est le XVII° siècle féru d’urbanisme qui a commencé à inscrire le nom des rues aux maisons. Les premières inscriptions à Strasbourg datent de 1773 puis de 1786 comme en témoignent les décisions des Préposés aux affaires foncières (Bauherren).
A l’angle de la ruelle de l’Ancre et du quai des Bateliers
IX CTON Anker Gaß – IX CTON Schiff Leut Staden
Bref historique
En 1773, la Ville invite les propriétaires qui construisent de nouvelles maisons d’angle à graver le nom des rues dans la pierre. Les propriétaires demandent alors que les frais soient à la charge de la Ville, ce qui est aussi l’avis du préteur royal auquel l’affaire a été soumise. Les modèles sont établis par le sieur Würtz pour huit rues et les inscriptions sont gravées par le tailleur de pierres Philippe Ketterer après adjudication au rabais.
En 1786, le préteur royal juge indispensable d’indiquer le nom des rues puisqu’on vient de numéroter les maisons. L’année suivante, l’inspecteur des bâtiments présente le devis de ces nouvelles inscriptions en proposant d’en réaliser chaque année pour environ 300 livres. Les crédits sont votés au moins pour l’année 1787.
1773, Préposés aux affaires foncières, (cote VII 1415)
(f° 184) Dienstags den 20. Aprilis 1773. Inscriptionen an die Eckhäuser in den Gaßen – In Ansehung der Inscriptionen an die neuerbaute Eckhäuser der Gaßen wurden diejenige so seit einiger Zeit dergleichen bauen laßen vorbeschieden, und denselbigen angezeigt, daß Hr. Bau Inspector Ihnen liefern wird, was sie in die Stein vor Inscriptionen dem Nahmen als gröse der Caracteren nach hauen zu laßen, die Particularen theils in eigener Person theils durch ihre Maurer erscheinend baten, daß solche Inscriptionen auf Kösten der Stadt verfertiget werden solten, gleich wie die angehefte Placards ebenfalls auf derselben Kösten gemacht worden, Worauf beschloßen wurde das von Seiten dises Dicasterii die Sach J. E. Herrn Prætori Regio berichtet werden solle, mit dem beÿsatz, wann Hr. Prætor Regius vor gut befände, daß die Inscriptionen auf Kösten der Stadt, deren eine in die andere gerechnet auf 12. Livres zu stehen Kämen gemacht werden solten ob nicht solche Inscriptionen durch Einen Mann gehauen werden solten, damit mehrere Gleichheit heraus käme, den 22. Ejusdem wurde der brief geschrieben wie beÿliegedes Concept weiset, so Hr. Stätt Mr. von Haffner unterschrieben.
(Traduction) (f° 184) Mardi 20 avril 1773. Inscriptions aux maisons d’angle – Concernant les inscriptions aux nouvelles maisons d’angle, ceux qui en construisent ces derniers temps ont été invités à les réaliser en leur indiquant que l’Inspecteur des bâtiments leur fournira le libellé et la taille des caractères à graver dans la pierre. Les particuliers, comparaissant soit en personne soit par leur maçon, ont demandé que ces inscriptions soient à la charge de la Ville tout comme les placards ont été apposés aux frais de la Ville. Notre bureau a décidé de transmettre l’affaire à son Excellence le Préteur royal en mentionnant que si le sieur Préteur royal estimait que les inscriptions fussent à la charge de la Ville, elles devraient revenir en moyenne à 12 livres chaque et pourraient être confiées à un seul artisan, ce qui leur assurerait une plus grande unité. La lettre a été écrite le 22 courant comme le montre l’attestation jointe signée du Sr de Haffner, stettmestre.
(f° 198) Dienstags den 11. Maji 1773. pto. Inscriptionen an die Eckhäuser – Ferner Schreiben von Hochdenselben [J.E. herrn Prætore Regio Baron d’Autigny] de dato Paris den 4. Maji 1773 p.to der Inscriptionen so an die neu aufgebaute und künftig bauende Eckhäuser zu machen, als welche auf Kösten Löblicher Stadt zu machen. Erkannt, Seÿe diesem Schreiben nach Zu geben, anbeÿ Hrn. Bau Inspectori in Commissis gegeben die Sach in Ordnung zu bringen.
(Traduction) (f° 198) Mardi 11 mai 1773. Concernant les inscriptions aux maisons d’angle – Autre lettre du même [le baron d’Autigny, Préteur royal] datée de Paris le 4 mai 1773 concernant les inscriptions aux maisons d’angle, construites récemment et à construire, à faire aux frais de la Ville. Décision, suivre cet avis et donner commission au Sieur Inspecteur des bâtiments d’ordonner ce qui convient.
(f° 211) Dienstags den 25. Maji 1773. Inscriptionen an die Eckhäuser – Hrn. Würtz solle vor die Model der Inscriptionen an die Eckhäuser der Kalbs: Creutz: Reib Eisen: beÿ der Meiß: Zimmerleuth: Brudern hoff: Ancker: und Schreiberstub: Gaß à 12 ß = 9. R. 6 ß bezahlt werden.
(Traduction) (f° 211) Mardi 25 mai 1773. Inscriptions aux maisons d’angle – Payer le sieur Würtz pour les modèles des inscriptions aux maisons d’angle rue des Veaux, rue de la Croix, rue de la Râpe, rue près la Mésange, rue des Charpentiers, rue des Frères, rue de l’Ancre et rue des Ecrivains 12 schillings l’unité, soit 9 florins 6 schillings.
(f° 222) Montags den 28. Junii 1773. Inscriptionen an die Eckhäuser – Weiter wurde zur Versteigerung au Rabais der an die Eckhäuser einzuhauender Inscriptionen geschritten, der buchstaben wurde Zur Absteigung angesetzt vor acht Sols und verbliebe Meister Philipp Ketterer dem Steinhauer der buchstab à fünf Sols wie der darüber dressirte Procès verbal mit mehrerem ausweißt.
(Traduction) (f° 222) Lundi 28 juin 1773. Inscriptions aux maisons d’angle – Procédé à l’adjudication au rabais des inscriptions à graver aux maisons d’angle, la lettre a été mise à prix huit sols, le dernier enchérisseur a été le maître tailleur de pierres Philippe Ketterer qui offre cinq sols la lettre comme le mentionne de façon circonstanciée le procès verbal.
1786, Préposés aux affaires foncières, (cote VII 1422, folio 31)
Dienstags den 21. februarii 1786. Inscription an die Gaßen – Ihro Excellenz Herr Prætor Regius von Gerard geruheten Vor zu tragen, daß da nunmehro die Häuser hiesiger Stadt den Gassen nach numerotirt, es nöthig wäre auch die Namen der Gaßen an die Eckhäuser entweder einhauen, oder gleich den Numeris anschreiben zu laßen, Zumalen vor einigen Jahren schon damit der Anfang gemacht worden. Erkannt : wird Herrn Bau Inspector Boudhors aufgetragen dieses anbringen bewerkstelligen zu laßen.
(Traduction) Mardi 21 février 1786. Inscriptions aux rues – Son Excellence de Gérard, Préteur royal, a daigné faire savoir que, comme les maisons de la Ville ont été numérotées par rues, il serait nécessaire soit de graver les noms des rues aux maisons d’angle soit de les apposer comme les numéros, ainsi qu’on a commencé à le faire il y a quelques années. Décision, l’inspecteur des bâtiments Boudhors est chargé de réaliser ces inscriptions.
1787, Préposés aux affaires foncières, (cote VII 1422, folio 297 du 19 juin)
Inscriptionen an die Gaßen hiesiger Stadt – Herr Bau Inspector Boudhors übergibt Etat estimatif der Inscriptionen an die Gaßen hiesiger Stadt, wovon die Kösten zu stehen kommen als :
die Benennung der Gaßen in Stein zu graviren, das dutzend buchstaben à 2 lb macht vor 834. dutzend 1668 lb
Für 150. Quadrat Schuh blatten an die Eck der Häuser so von Holz sind, à 15. s der Schuh, 112 lb 10 s
Für etwa 280. Heft Hacken, 30 lb (zusammen) 1810 lb 10 s
Erkannt : Seÿe dieser Etat Einer Hochlöblichen Oeconomie Kammer vorzulegen mit bemelten, daß Meiner Gnädigen Herren Gutachten dahin gehe, in diesem Jahr den Anfang mit solchen Inscriptionen zu machen und etwa 300 Livres darzu zu verwenden
[in margine :] Laut Erkt. Hochlöbl. Oeconomie Kammer vom 25. Junii 1787. Seÿen die Inscriptionen der samtlichen Gaßen dergestalten zu besorgen, daß solche nicht auf einmal, sondern successivé verfertiget, und in diesem Jahr etwa 300. Livres dazu verwendet werden mögen
(Traduction) Inscriptions aux rues de cette ville – L’Inspecteur des bâtiments Boudhors transmet l’état estimatif des inscriptions aux rues de cette ville, les frais se montent comme suit :
pour graver le nom des rues sur la pierre, la douzaine de lettres à 2 livres, soit pour 834 douzaines 1668 livres,
pour 150 pieds carrés de plaques à l’angle des maisons construites en bois, à 15 schillings le pied, soit 112 livres 10 schillings,
pour environ 280 crochets, 30 livres, (total) 1810 livres 10 schillings
Décision – Transmettre le présent état à la Chambre d’économie en proposant que les assesseurs décident de commencer les inscriptions cette année en y allouant environ 300 livres
[in margine :] La Chambre d’économie a décidé le 25 juin 1787 que les inscriptions de toutes les rues seraient faites non pas en une seule fois mais en plusieurs et qu’on y allouera environ 300 livres cette année
Ce qu’on peut voir aujourd’hui des inscriptions du XVIII° siècle
Les anciennes inscriptions qui subsistent sont peu nombreuses.
- ruelle de l’Ancre et quai des Bateliers à la maison d’angle IX 125, poêle des Bateliers, (IX. CTONAnker Gaß, Schiff Leut Staden),
- rue des Frères sur la maison canoniale VI 91, (VI. CTON Bruderhoff Gaß),
- rue des Frères à l’angle de la place de la Cathédrale VI 104, (VI. CTON Bruderhoff Gaß),
- rue du Vieil Hôpital à l’angle de la rue Mercière, maison VI 263, (VI. CTON Spithal Gaß),
- rue des Veaux à l’angle de la rue des Sœurs, maison VI 356, (VI. CTON Kalbs Gaß), détruite en 1966 et reconstruite en scellant l’ancienne pierre gravée,
- rue du Faisan à l’angle de la rue des Juifs, maison VI 79, (VI. CTON Fasanen Gaß),
- marais Kageneck à l’extrémité sud-ouest de l’ancienne caserne, I 342, (I. CTON, Kagenecker Bruch),
- fragment (« VI. CTON ») à l’autre angle de la rue du Faisan et de la rue des Juifs, maison VI 51,
- fragment (« VII. CTON ») à l’angle de la rue de l’Epine et de la rue de l’Ail (maison VII 301),
- autre fragment à l’angle du poêle du Miroir, maison VII 421, l’autre côté intact (VII. CTON Spiegel Gaß),
- fragments (« V. C ») dans chacune des deux rues, maison V 46 à l’angle de la rue des Charpentiers et de la rue Brûlée.
Il existe par ailleurs d’autres inscriptions plus récentes comme celle à l’angle de la Petite rue de la Grange et de la rue du Coin-brûlé, en allemand, maison IV 426 (Kleine Stadelgass, Brand ein End),
à l’angle de la rue du Dévidoir et de la place du Marché-aux-Poissons, maison VI 330 (Neier Fischmarik),
ou en français celle de l’impasse du Paon, maison VII 299 (Cul de sac de Paon),
celle à l’angle de la rue des Tonneliers et de la rue du Poumon, maison VII 378 (rue des Tonneliers),
celle près de l’église Saint-Louis, maison VIII 76, (rue Saint-Louis).