Grande Écluse (Barrage Vauban)


Ponts Couverts – P 928 puis section 42 parcelle 3 (cadastre)

En construction en 1686, refaite entre 1863 et 1865



La Grande Ecluse en aval, vue du Pont de l’Abattoir (avril 2016)
Profil de la Grande Ecluse lors de sa construction (1686, © Service historique de la Défense, SHD, Vincennes, cote 1 M 1745)

La Grande Écluse, aussi connue sous la dénomination d’Écluse aux farines (Mehlschleuse) dès le XVIII° siècle et plus récemment de Barrage Vauban, a été construite en 1686 sous la direction de Tarade selon les projets de Vauban, après que Strasbourg a reconnu la suzeraineté du roi de France par la Capitulation de septembre 1681. Elle sert à « tendre l’inondation » sur les fronts méridionaux de la Ville : une fois les vannes fermées, les eaux de l’Ill et de la Bruche submergent les terrains au-delà de la digue d’inondation (qui suit le tracé de l’actuelle avenue Jean-Jaurès) en empêchant l’approche de l’ennemi. Outre cette fonction défensive, elle est aussi un entrepôt puisque l’étage et les combles servent de magasin à farines. L’ouvrage est géré par le Génie militaire, aux frais de la Ville sous l’Ancien Régime. Un décret de 1810 en donne la nue-propriété à la Ville de Strasbourg et la jouissance au Génie militaire tant qu’il en aura l’usage. Cette disposition permettra à la Ville de rentrer en possession de l’ouvrage en 1957. Elle en fera une terrasse panoramique ouverte au public en 1966. L’ouvrage est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1971.


1720 (vers) – Plan de Strabourg, Grande écluse en Q (détail) – BNU, NIM 33578

Construite en octobre 1686, l’écluse d’une longueur de 63 toises (La toise équivaut à six pieds, le pied de roi représentant environ 32,5 cm) comprend 12 piles et 13 passages (18 à 20 pieds de large) dont l’un sert à la navigation. Les piles ont 8 pieds de large, sauf celle du passage de la navigation qui a 12 pieds. L’arceau des douze passages ordinaires est à 9 pieds au-dessus du radier. Les douze passages ordinaires sont fermés à la hauteur des eaux par des vannes en bois. Le passage de navigation est fermé seulement la nuit. Les grilles se manœuvrent à partir d’une galerie établie à l’étage. Le radier (grille de charpente ou maçonnerie sur laquelle on établit les fondations des écluses ou des batardeaux) précédé d’un empierrement comprend un double grillage de charpente composé de longrines et traversières à double plancher intermédiaire. Les chambres des grillages sont remplies de maçonnerie, l’avant et arrière radier sont coffrés de palplanches. La façade amont en maçonnerie est percée de meurtrières. La façade aval en pans de bois prend le jour par des fenêtres. L’ouvrage est surmonté d’un toit pentu à lucarnes. La maison de l’éclusier jouxte l’ouvrage en aval, sur la côté rive orientale.
L’étage est séparé en deux dans le sens de la longueur : la partie amont (vers la campagne) est occupée par la galerie des manœuvres, la partie aval (vers la Ville) par le magasin des vivres. Les combles servent également de magasin des vivres.
Des épreuves d’eau ont eu lieu en 1716, en 1725 puis en 1749 ; on constate alors que les radiers sont endommagés. Des réparations ont effectivement lieu en 1774. On recouvre les avant et arrière becs par une tablette d’une seule pierre posée horizontalement, au-dessus des plus grandes eaux pour éviter les dégradations liées à la première construction.
L’écluse est réparée en 1784 après que les glaces de l’hiver ont dégradé les pieds-droits et les avant-becs des voûtes. On en profite pour exhausser à la cote 99,56 les voûtes de cinq passages (n° 5 à 9, comptés à partir de la rive gauche) qui passent de 1 toise 4 pieds à 2 toises 6 pieds. Les herses en fer forgé et leur mécanisme doivent dater de cette époque.
Un nouvel essai de l’écluse a lieu en 1814 pendant le blocus de la Ville.
Des réparations ont régulièrement lieu, par exemple en 1778. Elles ne laissent de traces régulières dans les archives qu’à partir du moment où sont conservés les avis de fonds (1818). Les piles sont rejointoyées en 1818.
Des atterrissements existent au moins depuis 1774 devant le dernier passage (rive droite). Ils empêchent de manœuvrer les poutrelles des deux derniers passages en 1818  ils sont supprimés en 1819. Le magasin à farine est réparé en 1822, 1824 et 1828, le logement de l’éclusier en 1824.
Un mémoire de 1833 donne les dimensions en système métrique : la largeur totale des passages (sans les piles) est de 81,96 mètres, le parapet crénelé en amont a 1,50 mètre d’épaisseur. Le radier est à la cote 104,26, soit 1,80 mètre au dessous des basses eaux de l’Ill. Six des treize passages ont 6,15 mètres de large, six 6,53 mètres et un 5,88 mètres. La clef de la voûte est à la cote 98,96. Le vannage et les portes busquées ont disparu. Les piles ont 13,88 mètres de longueur et 17 mètres avec les avant-becs. L’intérieur du pont, d’une largeur de 11,60 mètres, est divisé en deux par une cloison. Le radier à la cote 104,26 a une largeur totale de 30 mètres et comporte deux rangs de coulisses distantes de 5,54 mètres.
Un nouvel essai a lieu en 1835. L’arche du passage de navigation est surélevée la même année d’après son millésime (les archives ne font pas état de ces travaux). On remplace le plancher en 1848. La Grande Écluse est soumise à un autre essai en 1849 en même temps que l’écluse 111. Tous les passages sont réparés entre 1850 et 1853.
Vauban avait déjà proposé des mesures pour mettre l’ouvrage à l’épreuve de la bombe. Le projet est repris en 1860, les fonds sont accordés à partir de 1861. On démolit l’ancien bâtiment pour le replacer par une construction neuve composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage voûté à l’épreuve de la bombe. L’ouvrage est limité à une hauteur de 8,40 mètres pour éviter que l’ennemi puisse le voir depuis le plateau de Saint-Gall à l’ouest de la ville. Le sommet des maçonneries se trouvera à 149,00 mètres. Des fenêtres s’ouvrent régulièrement sur la façade en aval et des ouvertures en meurtrière sur la façade en amont. Outre l’ancien passage de la navigation, deux autres sont plus élevés que les autres, ce qui donne une symétrie à l’ouvrage. On rehaussera tous les passages qui ne l’ont pas été en 1784. L’intérieur comporte autant de salles que de passages. Il y a une cage d’escalier à chaque extrémité. L’ouvrage sera cerclé de fer pour atténuer l’effet des vibrations dues aux projectiles.
Le chemin de halage en forme de passerelle qui passe sous la Grande Écluse figure au plan de situation de 1865 mais pas au plan cadastral de 1836 ni au plan général de la Ville de 1857. Cette passerelle sera démontée lors de l’aménagement de la Grande Écluse en terrasse panoramique (1964).

On trouvera ci-dessous une histoire chronologique de la Grande écluse à partir des documents consultés (écrits et images). Les annexes en présentent des extraits dans leur contexte et leur orthographe d’époque. Les documents consultés sont principalement conservés au Service historique de la Défense (SHD, archives du Génie, à Vincennes), sous les cotes 1 M, surtout 1 VH (collection de projets) et 1 VK (avis de fonds, à partir de 1818, qui permettent de savoir quels projets ont été réellement réalisés). Le fonds Du Portal déposé à la Bibliothèque Nationale comprend les mêmes pièces ou les complète, surtout pour les plans. Les Archives municipales de Strasbourg (AMS) conservent les dossiers de la deuxième moitié du XX° siècle, antérieurs et postérieurs à sa mise en possession de l’ouvrage. Il existe par ailleurs quelques autres documents, entre autres à la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, aux Archives Départementales du Bas-Rhin ou au Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz à Berlin.

La présente notice reprend le texte publié dans le rapport intitulé Strasbourg, Barrage Vauban : Histoire et archéologie de la Grande Écluse de Strasbourg de 1681 à nos jours, dir. Maxime Werlé – Rapport 5447, du 17 mai au 10 juin 2011 – Sélestat, Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan, 2013 (222 p.). Elle est complétée par un résumé du rapport archéologique.

juillet-octobre 2011, septembre 2020

Sommaire
Suivi chronologique – Données archélogiquesRelevé d’actes


Suivi chronologique

Les lieux avant la construction de la Grande Écluse
Les projets successifs de Vauban (1681, 1698)
Les fortifications et leurs archives
La construction de la Grande Écluse (1686)
L’entretien de la Grande Écluse
Réparation du radier (1774)
Exhaussement de cinq passages (1784)
Atterrissements (1818)
Réfection des passages (1850-1853)
Transformations pour mettre l’ouvrage à l’épreuve de la bombe (1863-1865)

Aménagements par la Ville de Strasbourg et ou ouverture au public, 1966

Les lieux avant la construction de la Grande Écluse

En 1581, Daniel Specklin propose de construire entre le couvent Saint-Jean et la nouvelle fortification (Neue Wehr) un barrage qui permettrait d’élever le niveau de l’eau pour alimenter les moulins à l’intérieur de la Ville. Les Directeurs du bâtiment proposent de barrer l’Ill à l’entrée de la Ville. Les Treize décident en 1593 d’établir une rangée de pieux dans le lit de la rivière au pied de la Tour dite Teufelsturm.
Le plan de Hogenberg (1572-1618) existe dans deux variantes. La première ne montre aucun ouvrage à cet endroit. Il y en a par contre un dans sa version légendée. Un plan de 1589 représente les lieux où s’élèvera plus tard la Grande écluse (Entwurf für den Umbau der befestigung zwischen dem Illeinfluß und dem Müllerbollwerk, Entwurf C, von Hans Schoch, 1589, Projet de transformation des fortifications entre l’entrée de l’Ill et le bastion des meuniers, projet C, par Jean Schoch, 1589, AMS, F II-b 6). Un barrage y est représenté entre la rive gauche au pied de la tour à l’angle du fossé et la rive droite, à l’entrée du canal des Orphelins (Waisengräbel).


1589 – Entrée de l’Ill (AMS, cote F II-b 6)

Les projets successifs de Vauban (1681, 1698)

La Ville reconnaît la suzeraineté de Louis XIV en signant la Capitulation fin septembre 1681. Sébastien Le Prestre de Vauban, commissaire général des fortifications du Royaume, arrive à Strasbourg quelques jours plus tard, le 3 octobre, et rédige son premier mémoire. Le Roi ordonne de travailler aussitôt aux nouvelles fortifications qui seront édifiées d’après les projets de Vauban sous l’autorité de Jacques Tarade, ingénieur en chef à Strasbourg (1681-1690) puis directeur des fortifications des places d’Alsace (1690-1720). La priorité sera donnée à la Citadelle qui sera construite les années suivantes.
Les mémoires que Vauban rédige en 1681 (octobre, novembre et décembre) citent les ouvrages selon les cotes qui figurent au plan du 17 novembre (SHD, cote 1 VH 1742). La Grande Écluse projetée est cotée K sur le plan dressé en décembre. Elle porte dès 1697 la cote 110 (SHD, cote 1 VH 1742) qu’elle conservera par la suite sur les plans régulièrement dressés à l’occasion des projets annuels.
Le mémoire d’octobre (en plusieurs exemplaires : SHD, cote 1 VH 1742, AMS cote VIII 166, celui publié par Reussner) sera complété par celui de novembre dont les paragraphes sont numérotés. Le troisième mémoire de décembre 1681 traite plus particulièrement de stratégie.

Jacques Tarade (1640-1722), architecte et ingénieur directeur des fortifications d’Alsace, chargé d’exécuter les projets de Vauban à Strasbourg. Il cède en 1712 sa charge à son gendre Antoine du Portal qui sera directeur des fortifications d’Alsace de 1713 à 1738 (d’après le Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne, p. 3 834, article signé Georges Livet).

Dans son mémoire d’octobre, Vauban prévoit au folio 44 d’attacher la pièce isolée 32 au bastion du réduit 33 de la Porte blanche par une courtine et à la fausse braie de l’autre côté de la rivière par une grosse estacade, composée de grosses palissades rondes de 9 à 10 pouces de diamètre, portée sur piles de charpente, en attendant qu’on joigne les deux bouts des courtines par des écluses à portée d’eaux capables d’un grand effet en les lâchant tout d’un coup dans les fossés de la place. Derrière le pont et joignant la tour 34, on pourra encore faire une autre estacade à l’endroit le plus étroit de la rivière avec des râteaux ou pièces de bois ferrées en coulisses pour empêcher qu’on ne puisse entrer dans la place par là. Au folio 53, Vauban propose, en attendant qu’on soit en état d’y pouvoir travailler avec toute l’application requise, de renouveler les vieux vannages des moulins de son entrée et de rehausser tous les empalements des autres de 3 à 7 planches chacun, et les bien appuyer par de bonnes contrefiches, barrer en même temps toutes les décharges des vieux fossés de la ville et canaux sur lesquels il n’y a point de moulins par des batardeaux de terres grasses soutenus de bois et coupé par des vannages afin de pouvoir donner les décharges nécessaires aux eaux pendant l’hiver, et n’y rien faire de plus quand à présent puisque par leur moyen on peut mettre 4 à 5 pieds d’eau dans les fossés de la place, ce qui sera suffisant pour la navigation et même pour les faire courir dans les fossés s’il est besoin. (…) Supposant que tous les batardeaux et écluses proposés fussent achevés, il est certain qu’en fermant les entrées de l’Ill dans la ville et ses deux écluses de chasse, la rivière pourra renfler de 7 à 8 pieds, s’élargir dans son lit, monter sur les bords et pousser son renflement jusqu’à Illkirch, inonder les blanchisseries Saint-Arbogast, les environs du Rhin tortu, toute l’Ile des allemands (Teutschau), les prairies au-delà de la Bruche jusqu’au moulin à poudre et noyer la Bruche même dans son propre lit. Cette inondation, considérée à l’égard de la circonvallation, ne produira que des augmentations de ponts et des bouts de digue, mais à l’égard des attaques son effet, joint à celui de la place d’armes 88 et de l’écluse au-devant, empêcheront absolument celle du bastion 33 et le passage du fossé à la face gauche de l’autre bastion 35.

Dans son mémoire de novembre, Vauban ajoute le paragraphe 188 qui précise son projet quant à l’ouvrage qui deviendra la Grande Écluse. Il propose de barrer l’Ill à son entrée par un mur en arcades dont chacune comprend une écluse séparée des autres par des piles en pierre de taille. Il y aura par-dessus une muraille et un parapet. Un grand bâtiment devant les écluses abritera les mécanismes de levée. Une porte centrale servira au passage des bateaux. Les radiers se prolongeront de sept à huit toises au-delà de l’ouvrage. Chaque pile en pierre de taille aura trois assises et des crampons en plomb. Il y aura enfin de doubles feuillures pour y glisser les poutrelles destinées à fermer les passages. C’est là la disposition qui sera réalisée par la suite et qui durera jusqu’à la fin du XIX° siècle quand on déplacera les fortifications lors de l’extension de la ville. La défense des fronts méridionaux consiste à tendre l’inondation grâce à des écluses et notamment l’écluse de l’entrée des eaux, la future Grande Écluse.

Dans un nouveau mémoire daté du 30 juillet 1698 (SHD, cote 1 VH 1743, pièce n° 1), Vauban expose des améliorations à apporter à la grande Écluse (110) qu’on vient de construire, en estimant chacune de ses propositions qui resteront pour la plupart à l’état de projet. Il propose d’y faire percer une porte au pignon gauche et de la garnir de battants redoublés de bois, armés de pentures, de serrures et de verrous fermant en même temps. La communication au grand passage sera assurée pour qu’il puisse toujours servir de magasin.
Il souligne que la Grande Écluse a un rôle si important qu’il faudrait (a) en voûter toutes les entrées à l’épreuve des bombes d’un bout à l’autre, (b) prendre la naissance des cintres au-dessous de la septième assise a compter de haut en bas, (c) l’élever et l’araser la garnir de grandes dalles en grès ou de planches. Comme il sera nécessaire de défaire la charpente à pans de bois qui forme la façade du côté de la Ville. Il préconise de la remplacer par un mur en maçonnerie de trois à quatre pieds d’épaisseur à parement de moellons en y faisant sur les joues des fenêtrages et des lucarnes en pierre de taille et en ajoutant trois grandes lucarnes dans les greniers pour pouvoir charger sur des bateaux les vivres conservés dans ces greniers.
Il propose en outre de faire un second plancher sur les entraits du comble, de fermer sa trappe en faisant les trois lucarnes et en ajoutant des tours et des moulinets pour lever les fardeaux, de faire de grandes fenêtres ouvertes jusqu’au sol de l’étage inférieur pour charger et décharger les bateaux à tous les étages.
Pour protéger l’écluse en amont, faire une estacade (17) de pieux munie de ventrières et de chapeaux à pointes de fer à la hauteur des grandes eaux. La construction devra être approximativement alignée sur les deux angles opposés qui s’approcheront le plus.
Il faudra aussi ajouter une herse armée de fer à la porte d’eau qui sert à l’entrée des bateaux et qu’on lèvera le matin et fermera le soir.
Quand on voûtera les arcades de l’écluse, il faudra veiller à faire à chaque arcade près du gros mur une fente ou coulisse de 8 à 10 pouces de large pour y mettre autant de herses ou coulisses au-dessus desquelles des guides et des traverses les maintiendront, à faire en outre des tours dans le grenier au-dessus pour lesquels on fera en planches ou en pans de bois une séparation avec le grenier. On ne pourra pas voûter le passage des bateaux parce qu’il est trop élevé et que les cintres ne pourraient être assez hauts sans gâter le premier grenier.
Il faudra également agrandir et baisser les créneaux qui sont tous trop élevés, trop nombreux et pas assez ouverts en les réduisant de moitié, en les baissant à un pied et en les ouvrant jusqu’à ce qu’ils aient 5 ou 6 pouces d’ouverture à cause de l’épaisseur du mur. Sur toute la longueur, il faudra en faire trois, régulièrement espacés, de 15 pouces d’ouverture en plaçant au milieu un gros barreau pour avoir du jour à la levée des écluses. S’il était trop difficile d’abaisser les créneaux, il faudrait au moins en hausser l’arrière par une sorte de banquette pour les rendre praticables et les ouvrir.

Vauban expose dans un mémoire sur les « Propriétés des écluses de Strasbourg » (30 juillet 1698, SHD, cote 1 VH 1743, pièce n° 2) le rôle des écluses pour assurer la défense de la ville en tendant l’inondation jusqu’à près de trois quarts de lieue de la Ville. Quand l’écluse sera fermée, il sera possible de retirer une ou deux planches pour que l’eau puisse passer et faire tourner les moulins de la Ville comme à l’ordinaire. Les écluses de chasse sur la droite (111) et sur la gauche (113) seront alors libres. Cet exposé sera repris par la suite, par exemple par Du Portal dans son mémoire de 1717 (voir en annexe) et par d’autres tout au long du XVIII° siècle.

Les fortifications et leurs archives

Les fonds prévus pour les fortifications ne seront pas versés dans les premières années qui suivent la Capitulation. La Grande Écluse a cependant été construite sur les premiers fonds que la Ville versera malgré ses demandes d’en être dispensée à cause de l’état de ses finances (lettre du Magistrat au Marquis de Louvois le 28 décembre 1685). Le Magistrat finit par accepter d’employer à la Grande Écluse les sommes provenant de la succession vacante Koch que le Roi a remise à la Ville (lettre du 14 janvier 1686). Louvois informe le Magistrat (lettre du 21 janvier 1686) que le Roi accepte un versement de 25 000 écus payables en deux termes puisque l’ouvrage ne sera commencé qu’en octobre 1686. Lebas donne quittance des 75 000 livres qui correspondent à la somme en question le 14 avril 1687 (AMS, cote VI 594, Fortifications et 3 R 42, protocole des Treize).
La Grande Écluse est indissociable des fortifications de Strasbourg. Contrairement aux casernes qui sont à la charge directe de la Ville, les fortifications sont gérées sur ses fonds par le Génie. Il en résulte que les documents relatifs aux fortifications ne sont pas conservés par la Ville mais par le Génie militaire. La Grande Écluse n’apparaît qu’incidemment dans les décisions des Préposés au bâtiment, par exemple en 1688 lors de dommages à la risberme aux ponts couverts ou à la digue proche la Grande Écluse (AMS, cote VII 1373). Le fonds du Génie militaire est conservé à Vincennes, principalement sous la cote 1 VH (anciennement article 8, Strasbourg, trente et un cartons cotés 1742 à 1772 qui s’étalent de 1681 à 1918). Il s’agit le plus souvent de mémoires et de projets qui n’ont pas tous été réalisés. Les mémoires commencent cependant souvent par présenter un état de la situation. De 1713 à 1750 environ, la collection est complétée par le fonds Du Portal (Bibliothèque Nationale) qui comprend des plans originaux ainsi que des mémoires qui souvent figurent aussi dans la collection 1 VH. À partir des années 1830, le fonds 1 VH se limite souvent à des plans sans leur joindre de mémoires. C’est la série des avis du Comité du Génie (1 VK, de 1818 à 1869, d’abord annuels puis bisannuels à partir de 1865) qui indique quels fonds ont été attribués aux différents projets.

La construction de la Grande Écluse (1686)

Tarade fait savoir dans une lettre de datée du 19 octobre 1686 que les travaux sont en cours et demande que les fonds soient débloqués pour pouvoir les poursuivre. Neuf piles et une culée sont déjà construites, il reste à exécuter quatre piles et une culée. La lettre est accompagnée de profils (SHD, cote 1 M 1745, voir plus haut).
Le plan daté du 20 juillet 1697 (SHD 1 VH 1742, document N° 19. 20 Juillet 1697) montre l’ouvrage terminé. Une adjudication de travaux en 1699 (SHD, cote 1 VH 1743, pièce n° 3) mentionne des griffes de fer destinées aux écluses dont la Grande Écluse.


1697 – Plan et élévation de la Grande Ecluse, © Service historique de la Défense, cote 1 VH 1742

D’après d’Aumont en 1775, l’écluse comprend 12 piles et 13 passages d’environ 18 à 20 pieds de large, le sommet des bajoyers (parois en maçonnerie qui revêt la chambre d’une écluse) est élevé à 15 pieds environ au dessus du radier. Le passage qui sert à la navigation a 18 pieds de large et son entrée est libre. L’entrée des douze autres est marquée en haut par un arceau dont le sommet est à 9 pieds au-dessus du radier. Les douze passages sont toujours fermés par des grilles de fer qu’on tient à la hauteur des eaux. L’entrée du passage de navigation se ferme par une grille semblable pendant la nuit seulement, toutes ces grilles se manœuvrent très commodément dans une galerie établie sur ces piles. Les plans de 1784 donnent les dimensions de huit passages sur treize (respectivement 20 pieds 3 pouces, 20 pieds 1 pouce, 20 pieds 1 pouce, 18 pieds 8 pouces, 18 pieds 10 pouces, 18 pieds 10 pouces, 18 pieds 2 pouces, 18 pieds 10 pouces).
Comme le fera remarquer du Portal dans son rapport sur la réfection de la Grande Écluse en 1749, on ne possède aucune description des travaux ou des aménagements lors de la construction. Il expose (voir son mémoire ci-dessous) ses réflexions sur la première construction de l’écluse et sur son état en 1749. Le plan en fondation et les profils de la grande Écluse prouvent qu’elle a été établie sur un double grillage de charpente composé de longrines et traversières avec un double plancher intermédiaire. Les chambres des grillages paraissent remplies de maçonnerie et l’avant et l’arrière radier coffrés de palplanches. La fondation a été assise sur un très bon fond puisqu’il n’y a ni lézarde, ni affaissement, ni surplomb dans toute la masse de cet édifice. Son plus grand défaut consistait dans les fermes qui divisaient chaque intervalle de 20 pieds 9 pouces 4 lignes chacun. Ces fermes sont composées d’un poteau montant à coulisse de 16 pouces d’équarrissage et de 4 liens butant de chaque côté d’amont et d’aval, tous assemblés à grands tenons et mortaises dans le maître seuil et les seuils de revers, avec ventelles de 7 pieds de hauteur qui ne pouvaient donner plus de huit pieds de hauteur de débit une fois levées et ouvertes jusque sous le chapeau.


1717 – Grande Ecluse, Elévation, Profil et élévation, Profil (© Service historique de la Défense, 1 VH 1743)

Le plan-relief de 1725 représente la Grande Écluse et ses treize passages. Ils sont identiques en aval du côté de la ville. On voit nettement en amont que le quatrième passage, celui de la navigation, est plus haut et plus large. L’étage est percé d’une fenêtre au-dessus de chaque passage sur la façade aval et de petites ouvertures sur la façade amont. L’ouvrage est surmonté d’un toit assez haut. Le plan-relief s’arrête à l’extrémité septentrionale de l’ouvrage sans montrer le passage voûté du côté de la courtine Saint-Jean. Il représente par contre un bâtiment (la maison de l’éclusier) sur la rive méridionale en aval.


1727, Plan-relief la Grande écluse, côté amont et côté aval (Musée historique, © cliché Matthieu Bertola)

C’est de la même année que datent le plan et les élévations signés Du Portal (l’original daté de 1725 est conservé à la Bibliothèque Nationale sous la cote NAF 23 039, un calque partiel sur papier huilé se trouve dans les archives du Génie sous la date de 1749, SHD, 1 VH 1744). Un exemplaire plus complet à l’écriture en caractères d’imprimerie est conservé à la BNU (n° 37, plan, n° 38, élévations côté amont et 39, élévations côté aval) ; la façade amont est coloriée contrairement à l’orignal de Du Portal, les remparts et l’écluse 111 y sont aussi représentés.. Le plan (troisième ligne de l’exemplaire du Portal, n° 37 de la collection de la BNU) montre que l’étage au-dessus des piles est séparé en deux dans le sens de la longueur : la partie occidentale (en amont) est occupée par la salle des crics qui permettent d’ouvrir et de fermer les passages d’eau, la partie orientale (en aval, vers la Ville) par le magasin des vivres. Un passage voûté prolonge l’ouvrage du côté méridional, la maison de l’éclusier du côté septentrional. Les élévations montrent que le côté aval (intérieur de la ville) comporte à l’étage en pans de bois des fenêtres au-dessus de chacune des piles et le côté amont (extérieur de la ville) de nombreuses petites ouvertures dans le mur en maçonnerie. Côté aval, les combles sont pourvus de fenêtres en lucarne au-dessus des fenêtres de l’étage (certaines d’entre elles sont redoublées), côté amont, ils ont seulement trois fenêtres proches les unes des autres à peu près au tiers de l’ouvrage vers l’est. La deuxième ligne (BNU plan n° 39) montre la disposition intérieure dans la partie représentée en profil coupé. Le premier profil coupé (à gauche) représente la moitié occidentale : au fond la série de petites ouvertures (meurtrières), par-devant le système de levage. Le deuxième profil coupé (à droite) représente la cloison intérieure et l’espace réservé au magasin à vivres. La première ligne (plan 38 moitié supérieure droite, plan 39 extrémité supérieure gauche) représentent la coupe correspondante. La charpente des combles recouverte de tuiles est représentée en coupe (plan 38) et en profil coupé (plan 39).
Le plan 38 représente sur sa partie supérieure droite l’élévation de la façade latérale sud (détail absent du plan signé du Portal) : la porte cochère du magasin des vivres se trouve dans la moitié septentrionale, du côté de la maison de l’éclusier c’est-à-dire vers le nord), une porte simple surmontée d’une fenêtre carrée à grille se trouve dans la moitié méridionale de la façade. Un banc occupe le dernier tiers de la façade vers le sud. Un dessin juste au-dessous de celui-ci montre une pile de l’Écluse en profil coupé : maçonnerie et système de fermeture en bois. La façade latérale nord (vers la courtine Saint-Jean) n’est pas représentée. La quatrième ligne du plan du Portal représente l’élévation aval de la Grande écluse (dessin non colorié).


1725 (s. d.) – Plan et élévation de la Grande Ecluse (BNU 1796, 38, partie droite, NIM 33571 – 39 détail, NIM 33575 – 39 partie gauche, NIM 33574)

Chacun des douze passages d’eau a trois portes coulissantes en bois. Le passage de navigation (le quatrième à partir de la courtine Saint-Jean au nord) est protégé par deux portes busquées et par une herse. On a vu que le dispositif de manœuvre se trouvait à l’étage, dans la moitié amont de l’ouvrage.
Les profils coupés du plan 38 (grand passage A et pile) donnent une vue du radier qui dépasse d’un tiers l’ouvrage de chaque côté. Il est à chaque fois précédé d’un empierrement.
Les deux images 38 et 39 montrent aussi les abords de la Grande Écluse qui ne figurent pas sur l’exemplaire du Portal. L’image 38 les rives septentrionales vers l’ouest : la tour et l’écluse de chasse, cotée 111 sur les plans généraux. L’image 39 les rives méridionales vers l’est : maison de l’éclusier, la Grande Écluse puis le rempart et enfin l’écluse de chasse, cotée 113 sur les plans généraux (pour la disposition des lieux, voir notamment le fragment de plan de 1749).
Les archives du Génie conservent un plan du 20 Juillet 1697 signé par Tarade : « Plan profils et Eslevation de la Grande Escluze de Strasbourg à l’entrée de la Riuier D’Isle ». Une première ligne représente l’élévation vue de l’amont, la ligne du bas est un plan des piles et des contreforts d’extrémité : à gauche les piles et les vannes, à droite les piles et le radier. Au centre, une coupe comparable à celle des plans de 1725. L’aspect de la Grande Écluse n’a pas changé au cours de la première moitié du siècle comme en témoigne un titre de plan (collection du Portal), « la Grande Écluse telle qu’elle était depuis sa construction jusqu’en 1739 et 1740 ». La longueur de la Grande Écluse, 63 toises, est donnée dans une lettre de Tarade datée de 1697 (SHD, cote 1 VH 1742, pièce n° 17). On apprend aussi incidemment que le directeur de la Grande Écluse est Nicolas Lambert dit Dussaut en 1688, ancien marchand parfumeur depuis au moins 1684 à Strasbourg et futur aubergiste à la Brasserie Royale (AMS, Chambre des Contrats vol. 559, f° 320, 17 mai 1688).

Il existe des plans généraux de la ville, de ses fortifications et de ses environs où figurent une vue de la ville et de la Grande Écluse (vue des piles, élévation). L’un, conservé à la Bibliothèque Nationale, est reproduit dans l’article de Haettel. L’autre, conservé à la BNU, est une variante plus précise du précédent (les environs s’étendent plus loin, l’élévation est moins schématique). Ces plans non datés indiquent que l’ouvrage a été construit par le roi Louis en 1684. Cette mention erronée a manifestement été ajoutée par l’éditeur qui édite son plan en reprenant des dessins existants comme c’est l’habitude à l’époque.

L’entretien de la Grande Écluse

L’écluse est soumise en 1716 à une épreuve devant le Maréchal du Bourg après avoir rétabli les fermes, les ventelles (ouvertures dans un ouvrage en bois ou en maçonnerie destinées à soutenir une retenue d’eau) et la porte busquée des treize passages dont chacun a un débit de 19 à 20 pieds. Les eaux en amont ne se sont élevées que de cinq pieds environ plus haut qu’en aval. Ce peu de succès a été attribué au souci de ne faire chômer que peu de temps les moulins en aval. Lors des réparations, on s’est limité à faire des coffres d’une pile à l’autre, ce qui n’a pas permis de mettre à sec le radier. Un nouvelle épreuve de vingt-quatre heures a eu lieu en 1725 en présence du duc d’Antin. Les eaux ne sont montées que de trois pieds et quelques pouces sans empêcher les moulins de tourner (d’après le mémoire de du Portal en 1749).
Du Portal rédige en 1747 des observations, accompagnées d’un schéma, sur le niveau comparé des radiers de la Grande Écluse 110 et de celle du Bastion de la Bruche et sur le niveau des eaux lors des crues (SHD, cote 1 VH 1744, pièce n° 27).
Baudouin observe en 1748 (SHD, 1 VH 1744, pièce n° 36) que l’écluse perd l’eau sur le radier en charpente et en maçonnerie, ce qui diminue les effets de l’inondation. Les réparations ne peuvent avoir lieu qu’en construisant un massif de maçonnerie en ciment ou en barrant la rivière par une digue en aval de la Grande Écluse.
Du Portal rédige un mémoire précis suite à l’épreuve de la Grande Écluse en 1749 (SHD, 1 VH 1744, pièce n° 39). Il fait remarquer qu’on avait observé lors des épreuves de 1716 et de 1725 que les radiers de la Grande Écluse étaient endommagés et que ses planchers étaient dégradés sur tout le long des seuils et des joints. On doutait que l’ouvrage puisse retenir l’eau comme prévu et former l’inondation. Depuis lors, les planchers se sont encore plus abîmés, les fermes et les ventelles hors d’usage ont été emportées par la débâcle lors des crues extraordinaires de l’hiver de 1740 à 1741.
Pour la nouvelle épreuve, on s’est servi des coulisses dans lesquelles étaient scellés et encastrés le gros poteau et la rainure des piles qui supportaient les chapeaux. On les a démontées pour les remplacer au travers de chacun des douze passages par onze rangées de poutrelles de 8 et 10 pouces de grosseur, ce qui a formé une retenue de sept pieds et sept à huit pouces de hauteur. On a mis en place ces poutrelles pendant la nuit du 10 au 11 octobre. Les douze passages ont donc été fermés. Le treizième l’était par la porte busquée. Le matin du 11, on a fait ouvrir toutes les retenues, en moins d’une heure il n’y avait plus que trois pieds neuf pouces d’eau sur le radier inférieur de la Grande Écluse et cinq pieds trois pouces en avant de la retenue. On a remédié aux fuites en appliquant des roseaux, des herbes et du fumier. Après avoir pris d’autres mesures encore, le 14 au matin l’eau avait encore monté et commençait à passer par-dessus la dernière rehausse. On a terminé l’épreuve pour ne pas faire chômer plus longtemps les moulins.
L’auteur compare le niveau des radiers de la Grande Écluse 110 et des divers moulins, reversoirs, décharges et écluses inférieures et conclut que la Grande Écluse peut former l’inondation malgré les dégradations. Les réparations à faire sont moins considérables qu’on a pu le penser.
L’épreuve permet de rédiger des « Observations sur les réparations à faire à la grande Écluse 110 de l’entrée des Eaux à Strasbourg ». L’auteur expose les conditions nécessaires pour réparer l’écluse : le moment de l’année le plus approprié (fin juillet à début octobre), les barrages à établir. Une fois ces préparatifs terminés, on mettra dans les coulisses de l’Écluse les poutrelles amovibles qui empêchent l’arrivée de l’eau et permettent de remplir de terre le coffre du barrage en trois jours. Des rigoles serviront à évacuer l’eau qui resterait sur le radier malgré le coffre.


« Profil de la grande Ecluse (110) qui fait voir les nouvelles herses construites pour la Fermeture et sureté de la place, et en même tems l’Etat actuel de ses passages », Fait à Strasbourg le 20. 9.br 1749
Profil pris en travers d’un des passages d’Eau qui fait voir les manœuvres des herses avec clapets
Plan d’un passage d’Eau de la Grande Ecluse 110 relatif a L’épreuve de la grande ecluse du 10 octobre 1749 (SHD ; cote 1 VH 1744)

Il décrit la construction de l’écluse dont les fermes présentent deux inconvénients : a) la répétition des mortaises a multiplié les robinets que les eaux ont agrandis par succession de temps, b) les débordements et les débâcles annuelles des glaces, gênés par les passages étroits, ont hâté par choc et leur vitesse le dépérissement des planchers. On a en effet souvent constaté que lors des inondations naturelles de 10, 12 et 14 pieds de hauteur, la grande écluse était surchargée de glaces entassées jusque sous la galerie. Il propose donc de supprimer le rétablissement des fermes et celui de la porte busquée et d’y substituer des poutrelles amovibles qui ne servent qu’au besoin. Les 24 fermes qui composent 36 petits passages dans les 12 grands intervalles d’une pile à l’autre permettaient de fermer chaque jour la Ville en baissant les vannes à fleur d’eau lorsque le portier allait fermer la herse du grand passage de la porte busquée. La fermeture était défectueuse : comme la clé des arceaux de chaque passage est 9 pieds au dessus des radiers et les vannes des fermes à 14 pieds en arrière de l’aplomb du gros mur, il n’est pas impossible de s’introduire subrepticement sous les passages. Pour faire l’épreuve du 10 au 15 octobre 1749, on a fermé les passages de l’écluse par des herses ferrées en chêne.
Il reste à décider du matériau à utiliser pour rétablir les radiers. Si on se limite à renouveler les planchers suivant le projet X, il faudra sans doute de nouvelles réparations au bout de 60 ou 80 années. Si par contre on rétablit les radiers en pavé de pierre de taille suivant le projet Y, on évitera de nouvelles réparations mais la difficulté consiste à relier le pavé au reste de la fondation. L’auteur propose donc de réaliser le projet X en veillant à démolir dans deux ou trois passages les plus dégradés les planchers et la maçonnerie pour vérifier qu’il n’y a point de souille ni de vide au-dessous. Sont joints le plan et le profil en travers d’un passage d’eau (longueur d’une pile, 8 pieds) ainsi qu’un profil en coupe qui montre l’étage séparé par une cloison. Le profil destiné à montrer les nouvelles herses et les projets X, Y mentionne l’usage des différentes salles : galerie des manœuvres au premier (amont) et magasin aux farines au premier (aval) et sous les combles. Le plan 27 du fonds du Portal représente en outre le plancher de l’écluse et la digue prévue pour les travaux (Bibliothèque Nationale, fonds Du Portal, atlas coté NAF 23 039-23 040). Un plan non numéroté du même fonds montre le profil de la galerie des manœuvres et un passage de la grande écluse ainsi que les nouvelles herses destinées à fermer les passages de la grande Écluse (Bibliothèque Nationale, atlas coté NAF 23 039-23 040). Du Portal fait dresser en 1754 les plans des coffres nécessaires pour épuiser l’eau lors des réparations (Bibliothèque Nationale, ibidem).
Rozières propose des travaux pour assurer l’inondation dans son mémoire de 1766 (SHD, cote 1 VH 1745, pièce N° 26-bis). Comme les principales améliorations aux fortifications seront terminées en 1772, on pourra alors employer une partie des fonds que verse la Ville à réparer notamment les écluses 161 et 164.
Le mémoire de Ruel de Bellisle (1770, SHD, cote 1 VH 1745, pièce n° 30) propose de supprimer les inondations accidentelles et perpétuelles qui ruinent l’effet de l’inondation artificielle.

Réparation du radier (1774)

Les travaux à faire à la Grande Écluse ont été estimés à 140 000 livres, réduites à 104 000 livres par diverses économies (SHD, cote 1 VH 1745, pièce n° 40.bis.). Comme les fonds que la Ville verse chaque année ne pouvait pas couvrir cette dépense, on a décidé d’y employer la majeure partie des fonds de 1774 complétés par un fonds extraordinaire de 40 000 livres. Les travaux ont commencé le 1er juillet 1774. Cette date a été choisie pour tenir compte des crues du Rhin et du début de la mauvaise saison. On a détruit le clayonnage et piquetage de la rive droite de l’Ill à Krafft au-dessus d’Erstein pour détourner une partie des eaux. L’épuisement des eaux aux abords de la Grande Écluse a commencé le 4 août. Le 19 le radier fut à découvert et on a commencé à pouvoir juger des dégradations, considérables aux piles et aux culées. Les deux radiers superposés, trois pieds six pouces au total, étaient en très bon état, le radier inférieur était aussi bon que s’il venait d’être construit, sauf le premier plancher en redoublement et une partie du premier plancher qui étaient usés. La fondation de l’écluse se trouve toujours à neuf pieds au-dessus des plus basses eaux qui ne recouvrent jamais moins de cinq pieds six pouces le radier de l’écluse. La risberme en amont qui touche le radier était aussi en bon état sauf les madriers de mouvement qui s’abaissaient vers l’avant. L’arrière radier en fascinages et en gros moellons ne présentait pas d’affouillement. Il a fallu déblayer le radier chargé de terres surtout à la jonction des culées avant de commencer la remise en état le 21 août. Les planchers et les maçonneries au-dessus des eaux ordinaires étaient finis le 21 septembre.
Pendant les réparations, on a constaté que les planchers qui avaient plus souffert du courant étaient proches des angles des épaules en amont des piles. On a recouvert ces parties d’un troisième plancher en chêne pour éviter de telles dégradations à l’avenir. L’ancien grillage en sapin, aux chambres garnies de maçonnerie de briques de champ, qui devait remplir cette fonction a laissé peu de traces. La solution aurait été que les voûtes des passages soient plus hautes, ne serait-ce que d’un pied et demi.
Bien que les coulisses soient beaucoup plus grandes que les poutrelles à y placer pour la manœuvre, on les a conservées à cette hauteur pour gagner du temps et par mesure d’économie.
Le premier plancher du radier a été posé sur un lit de ciment et le redoublement sur un lit de mousse, le tout goudronné, calfaté et broché. Les avant et arrière becs ont été recouverts d’une tablette d’une seule pierre posée horizontalement, au-dessus des plus grandes eaux, pour éviter les dégradations dues à la première construction. L’auteur conclut que l’ouvrage n’exigera pas de réparations considérables avant plusieurs siècles.

D’après un « Etat de toutes les écluses, batardeaux, buses (…) » de 1775 (SHD, cote 1 M 1069, pièce n° 30), l’écluse de chasse 110, à la charge du Roi, est en bon état. Elle est composée de 12 pilles et de 13 passages, un seul est utile à la navigation. Ils servent à fermer la place et à soutenir la grande inondation. la hauteur des bajoyers et des coulisses sur le radier est de 15 pieds. Il y a deux rangs de coulisses qui se ferment par des poutrelles. Dimensions : ouvertures nettes 258 pieds 0 pouce, hauteur d’un plan de niveau au-dessus de leurs radiers, 50 pieds 8 pouces.
D’Aumont rédige en 1775 un nouveau mémoire (SHD, cote 1 VH 1745, pièce n° 57 – autre exemplaire coté 1 M 1069, pièce n° 45) pour tenir compte des changements intervenus depuis les mémoires de Vauban et du Portal. Il suit l’exposé habituel, en commençant par présenter les rivières avant d’aborder les ouvrages eux-mêmes. Il décrit de façon précise la Grande Écluse (voir ci-dessus, chapitre Construction). Il constate que le massif des piles rétrécit considérablement le lit de la rivière, ce qu’on aurait pu en partie éviter en donnant aux cerceaux une plus grande élévation au dessus du radier. Les hautes eaux se seraient donc écoulées sur une plus grande hauteur et par conséquent avec plus de facilité.
Après avoir décrit brièvement l’écluse 110, le mémoire de 1778 (SHD, 1 VH 1746, pièce n° 7 et n° 13, en deux exemplaires, l’un signé d’Oyré, l’autre Predelys, Strasbourg 1778) note qu’elle a été réparée en 1774. On a laissé subsister les anciennes coulisses dans les six passages des extrémités, ce qui rendait la manœuvre des poutrelles impossible sans rengraisses. « Cette année on a relevé et assuré avec des agrafes de fer les voussoirs de trois passages. La fourniture des poutrelles est incomplète, il en manque 130 grandes et 312 petites. Le magasin à farines au-dessus de cette écluse la découvre de loin en cas de siège mais il est bien placé en temps de paix du fait que les embarquements sont commodes. »
Un « mémoire abrégé » de 1778 note que les magasins à farines au-dessus de la Grande Écluse 110 sont en bon état mais qu’il aurait été préférable de couvrir l’écluse par une bonne voûte qui aurait mis la manœuvre à l’abri et procuré le double avantage d’une communication entre les fronts méridionaux et les fronts occidentaux. Ces termes sont repris dans le mémoire de 1782 puis dans celui de 1783 qui précise que la voûte « aurait mis la manœuvre à l’abri de la bombe » (SHD, 1 VH 1746, pièce n° 6 – Strasbourg 1778 – 1 VH 1746, pièce n° 30 – Strasbourg 1782 – 1 VH 1746, pièce n° 33 – Strasbourg 1783).
Le « Profil et élévation de la grande Écluse de Strasbourg » de 1780 (SHD, cote 1 VH 1746, pièce n° 18) montre le vannage qui permet de fermer les passages (vue de l’aval d’après la position du passage de navigation) et une coupe de l’ouvrage. Cette coupe est comparable à celles représentées au début du siècle mais le mur vers l’amont aussi bien que celui vers l’aval est en pierres et la charpente est différente.


1780, Profil et élévation (© Service historique de la Défense, cote 1 VH 1746, pièce n° 18)

Exhaussement de cinq passages (1784)

D’après le mémoire annuel ordinaire de 1784 (SHD, 1 VH 1746, pièce n° 41, Strasbourg 1784. Mémoire abrégé de l’Etat actuel des ouvrages de la fortification et des batimens qui en dependent, de Predelys – pièce n° 39, plan), la débâcle des glaces et l’inondation du 27 février au 2 mars ont dégradé les pieds-droits et les avant-becs des voûtes. L’écluse a été réparée au cours de l’année sur ordre du Ministre et on a exhaussé les voutes de cinq passages. A ce mémoire est joint « plan, profils et élévation d’une partie de la grande Écluse cotée 110 servant à former l’inondation ». Le profil A-B est comparable à ceux du début du siècle : mur en pierres vers l’amont dans la partie servant de salle de manœuvre, en pan de bois vers l’aval dans la partie servant de magasin à vivres. Le toit représenté schématiquement ne comporte aucune fenêtre. L’élévation suivant E-F est vue de l’amont et représente une partie des passages : le premier sur le gauche est celui de la navigation, les cinq suivants sont les passages ordinaires rehaussés (2 toises 6 pieds), les deux derniers sont des passages selon la hauteur d’origine (1 toise 4 pieds), sans rehaussement. Le profil C-D est une vue de la façade aval en pans de bois où on voit à partir de la gauche les cinq passages modifiés et à l’extrémité droite le passage de navigation : les piles des passages ordinaires ont 8 pieds de large, celles du passage de la navigation 12 pieds. La gravure de Stuntz montre l’écluse de l’amont après ces travaux d’exhaussement.


1784, Profil et élévation (© Service historique de la Défense, cote 1 VH 1746, pièce n° 39)

La Grande Écluse est citée en 1785 dans les documents conservés à Strasbourg lors de la construction d’une digue en aval de la Grande écluse (AMS, VII 83, pièce n° 48 et VII 1421, Préposés au bâtiment 10 mai 1785 folio 279 v°).
L’» Etat et emploi de tous les bâtiments appartenant au Roi, dans la Ville, Citadelle et réduits de Strasbourg dressé d’après la visite du 15 Octobre de la présente année » (Favart, 1789, SHD, cote 1 VH 1747, pièce n° 12) est le premier à citer dans un document écrit la maison de l’éclusier qui jouxte la Grande Écluse et qui est entretenue au titre des fortifications.
Le mémoire de 1792 (SHD, cote 1 VH 1747, pièce n° 34) porte que tous les passages de l’Écluse 110 viennent d’être nettoyés à fond. Dans les deux plus à droite et les plus sujets aux atterrissements, on a fait placer provisoirement les poutrelles, de crainte que l’atterrissement qui s’y forme habituellement n’empêche de tendre efficacement l’inondation.
Le mémoire de 1795 (SHD, cote 1 VH 1747, pièce n° 45), au chapitre des magasins de vivres, mentionne qu’il en « existe un très vaste dans le bâtiment au-dessus de l’Écluse (110) qui est en assez bon état, à l’exception de la charpente et de la couverture qui ont besoin de réparations ».
Les mémoires suivants sous la Révolution se bornent à constater de façon générale l’état des ouvrages (« Les écluses sont généralement en assez bon état »), le manque de fonds ne permettant que de parer au plus pressé.
Huart en 1809 (SHD, cote 1 VH 1748, pièce n° 50) est le premier à redonner des précisions en remarquant que « la grande écluse (110) est en bon état ».


La Grande Ecluse, vue en amont, gravure de Jean Baptiste Stuntz (1808, NIM 24316)

Le « Décret impérial, portant donation aux Villes, de Casernes et autres bâtiments militaires, à charge de les entretenir » donné par Napoléon le 23 avril 1810 (AMS, joint au dossier coté 114 MW 78) remet « les casernes, hôpitaux, manutentions, corps de garde et autres bâtiments militaires portés dans l’état annexé au présent décret » « en toute propriété aux villes où ils sont situés ». La Grande Écluse en fait partie.
D’après le « Tableau des établissements militaires existants dans les places de la direction de Strasbourg. Place de Strasbourg » (SHD, cote 1 VH 1749), au chapitre des bâtiments cédés à la Commune, le Magasin à farines au-dessus de l’Écluse (110) qui contient 7 000 sacs en deux greniers est en bon état.
L’inondation a été tendue lors du blocus de Strasbourg comme le mentionne le rapport de 1818 (ci-dessous). Dans son mémoire de 1833, le directeur des Fortifications évoque l’essai de 1814 qu’a décrit le colonel Huart. L’écluse a été fermée le 6 mars. Le 10 au matin, les eaux étaient à dix pieds au dessus du radier à peu près à la cote 101. L’ordre de détendre l’inondation fut donné avant de voir les progrès complets de l’inondation.
Un mémoire évalue en 1814 (SHD, cote 1 VH 1749, pièce n° 9) la dépense à faire pour mettre en état la place de Strasbourg. L’article 25, « Réparations à faire aux maçonneries des Piles, bajoyers et radiers des Écluses 110, 111, 113 et pour le rejointoiement du batardeau (102) » donne une estimation globale sans donner de précision supplémentaire. On rejointoie effectivement les piles de l’écluse en 1817 et 1818 (SHD, cote 1 VK 206, Minute d’avis du 6 février 1818).

Atterrissements (1818)

Le baron Zorn de Plobsheim, propriétaire de la Zornmühle, demande en 1818 (SH D (Vincennes) 1 VH 1750) que le Génie supprime les atterrissements (alluvions accumulées) qui rejettent l’eau sur la rive gauche et qui se trouvent en amont et en aval de l’écluse 110, sur la rive droite de l’Ill, au pied du mur crénelé défendant le cours de la Rivière, à droite du Bastion N° 6 et en face de la caserne du Quartier blanc. Le rapport du Génie relève qu’il existait en 1774 un atterrissement partant de l’extrémité de la branche droite de la place d’armes du chemin couvert du Bastion 6 et se terminait au premier passage (g) de l’écluse 110 et qu’on avait élevé sur cet atterrissement le barrage en terre pour empêcher lors des grandes crues les eaux de la rivière d’Ill de s’appuyer contre l’écluse 113 dont le radier est en mauvais état.
On dresse la même année un état estimatif de la dépense à faire pour déboucher trois arches de l’écluse 110 et pour enlever jusqu’au radier la partie de l’atterrissement qui empêche la manœuvre des poutrelles dans les passages (g) et (h). Un plan joint montre l’état des lieux. La légende mentionne que « quand on tendit l’inondation en 1813 on ne put mettre les poutrelles aux trois arches (g), (h) et (i) à cause de l’atterrissement qui couvrait le radier, on se contenta de boucher avec des terres. Maintenant il ne reste plus que les deux arches (g) et (h) qui soient encore entièrement masquées en amont ». Les plans établis pour réparer le mur crénelé donnent une vue supplémentaire des rives. La décision finale estime qu’il n’y a pas lieu d’accéder à la demande du baron Zorn de Plobsheim mais qu’il est de l’intérêt de la défense de supprimer les atterrissements.


1818, Profils en amont et en aval – Plan (© Service historique de la Défense, cote 1 VH 1750)

L’élévation représente des lucarnes régulièrement disposées dans la toiture, aussi bien en amont qu’en aval : une au-dessus de chaque pile et une autre entre elles au-dessus de la voûte de chaque arche. Ces lucarnes n’étaient pas représentées sur les élévations de 1784. La réparation du mur crénelé donne lieu à un nouveau plan qui montre en détail l’atterrissement.
En 1819, des fonds sont attribués (SHD, cote 1 VK 206) pour réparer le mur d’escarpe le long de l’Ill et le mur crénelé par dessus, pour faire au pied une tranchée de 6 mètres de largeur et pour enlever les terres qui ferment sur la rive droite les trois premiers passages de la Grande Écluse. Les travaux sont encore en cours en 1820, on n’enlèvera le reste de l’atterrissement le long du mur crénelé qu’en 1821.
La Ville emploie en partie les atterrissements pour remblayer la place des Ponts Couverts (ADBR, cote SP 90, 1). Elle projette en outre de les utiliser pour combler le fossé des Orphelins.
En 1822, des fonds accordés d’urgence (SHD, cote 1 VK 206) par décision ministérielle servent à des constructions et à des réparations au bâtiment de la Grande Écluse. D’autres réparations urgentes à faire au bâtiment au-dessus de l’écluse et au logement de l’éclusier ont lieu sur les fonds accordés en 1824.
Un « Mémoire sur les projets généraux des fronts de la Porte blanche, de la Porte de Pierre et de la Sortie des eaux de la rivière d’Ill » de 1825 (Archives départementales du Bas-Rhin, cote 48 J 31, Chefferie)) ne cite qu’incidemment la Grande Écluse.
Un mémoire de 1827 (SHD, cote 1 VH 1756) indique « la division permanente de tous les ouvrages et terrains de Fortifications ainsi que tous les bâtiments militaires dépendant du service du Génie dans la place de Strasbourg, en parties distinctes, qui doivent former invariablement les articles des projets de chaque année ». La Grande écluse figure à la fois au chapitre des Fortifications (« Article 121. La grande écluse de retenue (110) non compris le bâtiment au-dessus ») et à la section des Bâtiments militaires, chapitre du Casernement, Logements d’employés militaires (« Article 17. Le logement de l’éclusier à l’écluse (110) coté LM (6) ») et chapitre des Bâtiments des subsistances, (« Article 94. Le magasin coté M (110) au-dessus de l’écluse (110) contenant 3 000 quintaux de grains en sacs placés sur cul ou 4 500 sacs placés sur piles de 10 de hauteur »).
Des fonds votés en 1828 (SHD, cote 1 VK 207) servent à réaliser des châssis, des grillages et des volets et à réparer la couverture. En 1834, les fonds manquent pour réparer le plancher du grenier dans le bâtiment au-dessus de l’écluse.
Un « Mémoire sur la Place » de 1829 (SHD, cote 1 VH 1756) indique à l’article 37 des bâtiments militaires le Magasin au-dessus de l’Écluse (110) : « On a réparé la couverture, fait le barreaudage de deux lucarnes et placé 52 crochets avec piton pour arrêter les croisées du magasin ».


Dessins préparatoires au plan-relief de 1830, îlot 160 (Musée des Plans-relief) 1

Les dessins destinés à établir le plan-relief de 1830 montrent l’écluse dans un état comparable aux dessins de 1818. Les voûtes des arches ont trois hauteurs différentes : la hauteur initiale pour les passages 1, 2, 3, 10, 11, 12 et 13 (à partir de la rive gauche), la hauteur initiale pour le passage n° 4 de la navigation, la hauteur rehaussée aux cinq passages 5, 6, 7, 8 et 9. La toiture comporte des lucarnes régulièrement disposées en aval, moins régulièrement en amont. L’entrée sur la rive droite (entre les repères p et q) est comparable à celle que montrent les dessins de 1725. Seule la toiture a été modifiée, notamment en y ajoutant deux lucarnes. La maison de l’éclusier (repères q à t) a été modifiée, notamment en refaisant la toiture à deux inclinaisons et en aménageant des pièces mansardées. L’ouvrage est en grès rouge neuf, l’étage est aménagé en magasin, il est recouvert de tuiles plates (tp) comme la maison de l’éclusier. La tableau de Sandmann représente la Grande Écluse à peu près à la même époque.
Le rapport pour les projets de 1833 (SHD, cote 1 VH 1758) indique : « Nous n’avons pas parlé des réparations à faire à l’écluse (110) que nous avons indiquées dans notre mémoire sur la place et qui sont évaluées à 60 000 francs qui peuvent aussi être considérées comme dépenses d’entretien mais on doit savoir que ces dépenses exigent immédiatement la somme de 300 000 francs ».
Le directeur des Fortifications rédige en 1833 (SHD, cote 1 VH 1758) un mémoire sur la place de Strasbourg. Le chapitre 7 décrit les écluses dont la Grande écluse (110) : c’est un pont éclusé qui porte un parapet crénelé en amont de 1 m 50 d’épaisseur. Le reste du pont est en bois surmonté d’une toiture qui en fait un beau magasin. Le radier est à la cote 104,26, 1 mètre 80 au dessous des basses eaux de l’Ill. Elle a treize passages de largeur inégale six ont 6 m 15, six 6 m 53 et un 5 m 88. L’ouverture destinée à la navigation, la quatrième à partir de la rive gauche ou la dixième à partir de la rive droite est plus élevée que les autres. La clef de la voûte est à la cote 98,96. Le vannage a disparu ainsi que les portes busquées. Les piles ont treize mètres 88 cm de longueur et 17 mètres avec les avant-becs. L’intérieur du pont, d’une largeur de 11 m 60, est divisé en deux par une cloison. Le radier est composé de deux grillages en charpente, remplis de maçonnerie dans les cases et recouverts de deux planchers de chêne. Le radier a une largeur totale de 30 mètres et comporte deux rangs de coulisses trop éloignés l’un de l’autre pour pouvoir remplir de terre l’entre deux de leur distance qui est de 5 mètres 54. Les coulisses d’amont n’ont pas été bien taillées dans leur intérieur parce qu’elles ne servaient originairement que d’enveloppes aux châssis en grosse charpente qui portaient les colonnes des vannages. Elles sont trop larges pour toute espèce de poutrelles et on y supplée en appliquant de forts madriers de chêne tout autour, elles ont 0,43 de large sur 0,38 de profondeur. Les coulisses du côté d’aval ont 0,20 de largeur sur 0,25 de profondeur, les poutrelles ne peuvent y entrer sans entailles. Le radier de l’écluse a été réparé en 1774 et renforcé par un troisième plancher. On a relevé depuis à la cote 99,56 les cinq arches qui sont près de celles servant à la navigation et à sa droite.
L’auteur propose ensuite des modifications. Il remarque qu’il y a plus d’ouvertures qu’il n’en faut pour les eaux de l’Ill. Les treize ouvertures ont 82 mètres de large alors qu’une largeur moyenne au-dessus de Strasbourg est de 60 mètres et qu’elle suffit à toutes les crues. La profondeur moyenne au dessus de Strasbourg est à peu près la même que celle du radier de l’écluse, mais puisque le débouché de l’eau est bien plus large à l’écluse, cette profondeur est d’autant plus superflue que les retenues des moulins en aval y pourvoient. L’eau stagnante sur ce radier (1,80 mètre) provoque des atterrissements toujours plus étendus. Il serait plus facile de manœuvrer les poutrelles si chacun des passages avait 5,88 mètres et s’il était rehaussé de 0,75 mètre. Le radier serait à la cote 103,50 sauf au passage qui sert à la navigation : il suffirait d’exhausser le radier sur 11 m 54 de longueur de chaque côté des coulisses distantes de 5,54 mètres en coulant du béton. On reconstruirait sur le nouveau radier les parements des bajoyers en leur donnant un peu de saillie sur les anciens, chaque passage aurait 5,88 de large et deux doubles coulisses. L’orifice total serait de 76,44 et rétréci seulement de 5 m 40. Celui de la navigation ne serait relevé que de 0,25.
On prévoit en 1834 (SHD, cote 1 VK 207) les fonds pour faire l’essai de la Grande Écluse 110.
Les projets pour 1835 (SHD, cote 1 VH 1759) prévoient à l’article 16 de « faire l’essai de la grande Écluse (110) ». La légende du plan mentionne que l’écluse (110) a 13 passages dont la largeur totale est de 81,96 mètres et que son radier est à la cote 104,26.

Le cadastre ouvert après 1836 (date qui figure au tableau d’assemblé des plans) enregistre la Grande Écluse au nom de la Ville de Strasbourg (section P, numéro 928), d’abord sous la désignation de prison puis, dans le deuxième registre ouvert dans les années 1850, sous celle de magasin. Elle figure ensuite à la section 42, article 3 dans le cadastre allemand ouvert à partir de 1900. Par exception, le nouveau cadastre ne donne pas la correspondance avec l’ancien numéro et indique « eau, rivière » à la place du numéro de l’ancienne parcelle. Le propriétaire (compte n° 4) est le Génie militaire (Militärfiskus), ce qui, là aussi par exception, ne correspond pas au propriétaire du registre précédent. Voir à ce sujet plus loin les travaux de la Commission de 1873.
Une « Note sur les moyens de barrer l’Ill en aval de l’écluse 110 » (1838, SHD, cote 1 VH 1760) présente les mesures nécessaires pour tendre l’inondation sans avoir recours à la Grande écluse, non pas jusqu’à la cote 100 qui est celle à laquelle on désire pouvoir l’élever au moyen de cette écluse, mais seulement à la cote 100,86. Un plan joint à une demande des meuniers de la Zornenmühl et de la Wurtzmühl (1841, ADBR, cote 1841 SP 1709-2) représente les lieux voisins du « barrage dit grande écluse des fortifications », en particulier l’îlot qui se trouve en amont des trois derniers passages vers la rive droite de l’Ill.

Réfection des passages (1850-1853)

En 1847, le projet d’essai du radier de l’écluse 110 et des portes tournantes de l’écluse 111 est reporté à l’année suivante pour prendre plus de renseignements (SHD, cote 1 VK 318). On vote effectivement en 1848 les sommes nécessaires pour remplacer le plancher d’une partie du passage mais on ajourne faute de fonds l’essai du radier et des portes tournantes. Les fonds sont votés l’année suivante pour faire l’essai à la fois des écluses 110 et 111 : il s’agit de s’assurer que le radier de l’écluse 110 est en bon état et de vérifier que les portes de l’Écluse 111 tournent convenablement. Ces travaux qui ont exigé l’épuisement sont terminés en 1853 sur des fonds ordinaires de 1850 et des fonds supplémentaires les années suivantes.
Les projets 1851 et 1852 (SHD, cote 1 VH 1764 et 1 VK 318) prévoient de « terminer l’essai et la réparation de l’Écluse 110 ». La légende du plan indique les réparations faites en 1850 (batardeaux, barrages formant le bassin d’aval qui a été épuisé pour la réparation des passages 1 à 4, batardeaux et barrages, formant le bassin d’amont épuisé pour la réparation des susdits passages, qui ont été démolis à la fin de l’exercice 1850). La partie projetée pour 1851 comprend les passages 5 à 9, celle pour 1852 les passages 10 à 13. L’élévation représentée est celle en aval sur le mur à pans de bois. Les ouvertures sont comparables à celles du XVIII° siècle, sauf celles de la toiture. Les cotes sont indiquées dans toutes les parties de l’ouvrage : le radier à 104,43, le sommet du toit à 86,77. On peut donc constater la hauteur de chaque élément mais pas sa largeur.
Un « Procès verbal de conférence concernant les plaintes élevées contre les travaux en cours d’exécution à l’écluse 110 » de 1853 (SHD, cote 1 VH 1765) indique que le Génie s’occupe de réparer le radier, les piles et les arches de l’écluse 110 depuis trois ans en laissant sur place les amorces des batardeaux qui doivent servir à isoler les radiers des arches à réparer l’année suivante. Il était prévu que les travaux se terminent en 1852 mais ils se sont prolongés jusqu’en 1853. Le croquis annexé apprend que c’est le septième passage qui sert à la navigation pendant que le quatrième, le passage habituel destiné à la navigation, est en réparation. On constate à cette occasion des dissensions entre le Génie militaire et les Ponts et Chaussées.


1851, Coupes (© Service historique de la Défense, cote 1 VH 1764)

Selon un nouveau mémoire de 1851 (SHD, cote 1 VH 1764) sur le système des eaux de la Place de Strasbourg, « la hauteur maximum de l’inondation est fixée à la cote 100. A cette cote, les eaux sont tendues à 0,50 mètre au dessous du sommet des bajoyers de l’écluse 110 et à 0,50 mètre au dessus de la retenue actuelle des moulins. Cette inondation s’étend à 2 500 m de la place, et couvre une surface très considérable. La hauteur minimum est 101,50, c’est la hauteur strictement nécessaire pour mettre 2,00 mètres d’eau dans les fossés d’amont de la place et pour pouvoir faire circuler les eaux dans les fossés et avant-fossés des deux rives de l’Ill. Cette inondation s’étend à 1 200 m en avant des fronts méridionaux, en laissant, il est vrai, des portions de terrain non submergées, mais cet obstacle est suffisant pour garantir cette partie de la place contre une attaque régulière ».

Transformations pour mettre l’ouvrage à l’épreuve de la bombe (1863-1865)

Le projet de couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe est repris aux projets de 1860 (SHD, cote 1 VK 318). Il est ajourné sans examen faute de fonds mais il est prévu de le reproduire l’année suivante. Les fonds (208 000 francs) sont effectivement accordés en 1861 et complétés en 1863. L’écluse 110 est alors surmontée d’un bâtiment ordinaire composé d’un rez de chaussée qui sert de magasin pour les poutrelles de l’écluse et les bois de l’estacade et d’un étage formant un bon magasin à grains. On a d’abord envisagé la solution proposée par Vauban consistant à jeter des voûtes à l’épreuve sur les piles de l’Écluse en conservant ou améliorant le bâtiment existant. Les inconvénients ont déterminé à démolir le bâtiment pour le remplacer par une construction neuve composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage voûté à l’épreuve de la bombe. Le projet initial a été jugé inadapté : les culées avaient une épaisseur insuffisante, l’axe des passages ouverts dans les pieds droits des voûtes ne correspondait pas avec celui des portes ménagées dans les pignons, la courbure des voûtes ne permettait pas de disposer les fenêtres sur la face nord de chaque travée, le mur de façade extérieur était affaibli par de nombreux créneaux et des niches, les façades étaient terminées par une ligne brisée qui donnait à l’ouvrage l’apparence d’un entrepôt et non d’une caserne. Le bâtiment modifié a environ 138 mètres de longueur, il est entièrement en maçonnerie, le rez-de-chaussée (3,80 m de hauteur sous clé) est recouvert par une voûte légère dont l’extrados supporte l’aire du sol de l’étage (3,25 m de hauteur sous clé) recouvert par une voûte dont l’intrados est en arc de cercle (4, 00 m de rayon). La hauteur totale du bâtiment est de 9,90 m, différente de la hauteur admise pour une caserne d’infanterie voûtée à l’épreuve. Les façades sont terminées en ligne droite.
Comme il est nécessaire de conserver les deux travées marinières, on a supprimé au dessus de ces deux travées les voûtes formant le sol du rez-de-chaussée et on a établi sur chacune d’elles un pont-levis double qui permettra le passage des bateaux quand il sera levé, et le passage des voitures quand il sera baissé ; pour donner un aspect régulier à la construction, on a figuré sur la façade une troisième travée marinière. On prévoit en outre de simuler du côté de la ville trois avant corps qui correspondent aux trois arches marinières. A chaque travée, deux fenêtres sont accolées l’une à l’autre pour pouvoir trouver place sous l’intrados des voûtes de l’étage.
La hauteur du bâtiment est telle qu’on le verra d’une part du plateau de Saint-Gall même si on exhausse de trois mètres le cavalier de la pièce 34 et d’autre part du croisement de la route de Molsheim avec le chemin de la Montagne Verte. Comme on souhaite éviter que l’ennemi puisse voir l’ouvrage du plateau de Saint-Gall, on propose de ramener la hauteur totale de 9,90 mètres à 8,40 mètres (hauteur du rez-de-chaussée, 3,30 m, hauteur de l’étage 3,00 au lieu de 3,25 mètres). Le Comité recommande en outre que le sol du rez-de-chaussée soit à la cote 140,40, l’étage sera 3,70 m plus haut, soit à la cote 144,10. Le sommet des maçonneries sera à la cote 148,50. Les culées seront pleines sauf au passage central, elles auront une épaisseur de 5,00 m. Les parements intérieurs des passages ménagés dans les pieds droits seront en matériaux résistants ou même en pierre de taille. On entourera le bâtiment par un cercle de fer destiné à le protéger des vibrations dues au choc des bombes ; il se trouvera au-dessous de la corniche, des tirants transversaux assureront la liaison d’une façade à l’autre. On commencera par fonder les culées en 1863. Lorsque les voûtes auront été faites ainsi que le remplissage entre les arceaux, on les recouvrira d’une couche de 0,20 m de terre pour protéger les maçonneries contre les gelées, on suspendra ensuite les travaux pendant un an. On posera alors la chape en béton puis celle en ciment après avoir constaté que les voûtes ne font aucun mouvement.


1863-1864, Couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe (© Service historique de la Défense, cote 1 VH 1768, feuille n° 4)

Les projets supplémentaires pour 1864 (SHD, cote 1 VK 318) ajournent le défilement des maçonneries, des escarpes et du terre plein mais portent des crédits pour poursuivre les travaux en cours. Les crédits de 1863 ont servi à fonder les deux culées, à démolir les vieux magasins qui couvraient l’écluse, à élever neuf des douze pieds-droits des voûtes au-dessus des piles existantes. Les travaux prévus en 1864 consisteront à terminer les pieds-droits, à construire les deux culées des voûtes en dessus des fondations et les treize voûtes à l’épreuve de la bombe.
En 1865 (SHD, cote 1 VK 318), on doit construire les voûtes, monter les murs de façade jusqu’au dessous de la corniche et placer la ceinture en fer du bâtiment. En 1866, on terminera le gros œuvre et on entreprendra les travaux intérieurs. La ceinture sera un fer carré de 0,05 m de côté (méplat de 0,07 sur 0,05 m), passera sur les façades au milieu de l’épaisseur des murs et sera reliée par des tirants transversaux placés au dessus de l’axe du pied-droit, dans le remplissage des reins des voûtes. Les différentes pièces auront de 6 à 7 mètres de longueur et s’assembleront par un enfourchement en forme de charnière. Le Comité propose de poser la ceinture à l’extérieur du bâtiment où elle sera plus efficace et moins exposée à l’oxydation qu’à l’intérieur de la maçonnerie et donne d’autres précisions sur l’assemblage des tirants transversaux.
Les plans figurent parmi les projets supplémentaires pour 1859-1860 (SHD, cote 1 VH 1766) : couvrir l’Écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe. D’autres figurent aux projets pour 1864 (SHD, cote 1 VH 1768).
On prévoit de modifier toute la construction au-dessus des piles. D’après la feuille n° 4 datée du 27 janvier 1863, l’ouvrage aura deux étages en maçonnerie et un toit plat. A chaque étage, une double fenêtre cintrée (1,20 m de large chacune) se trouve au-dessus de la voûte de chaque passage. Outre le passage de la navigation n° 4, deux autres sont plus élevés que les autres (n° 7 et 10), ce qui donne une symétrie à l’ouvrage. Seuls les passages n° 1, 2, 3 puis 5, 6 et 8, 9, 10 sont bas, parmi eux les n° 5, 6, 8 et 9 gardent le niveau que leur a donné le rehaussement de 1784, les autres (1, 2, 3, 8, 9 et 10) seront rehaussés. Comme la voûte des trois passages hauts est plus élevée que le sol du premier étage, elle y remplace les fenêtres. La série de fenêtres est donc complète au deuxième étage (une double ouverture au-dessus de chaque passage) mais incomplète au premier, la succession étant 3 doubles fenêtres, 1 voûte, 2 doubles fenêtres, 1 voûte, 2 doubles fenêtres, 1 voûte, 3 doubles fenêtres. La coupe permet de voir les ouvertures en meurtrière vers l’amont : deux dans chaque salle et à chaque étage. La symétrie n’est cependant qu’apparente puisque les piles du quatrième passage (l’ancien passage de la navigation) sont plus larges que les autres. La disposition intérieure est entièrement nouvelle. Alors que l’ancien ouvrage avait une séparation en longueur qui séparait la salle des manœuvres du magasin, le nouvel ouvrage a autant de salles que de passages. Ces salles (7,76 m de largeur intérieure, la première seulement 6,70 m et la dernière 7,20 m, murs de séparation d’une largeur de 1,30 m) communiquent par des ouvertures alignées qui se trouvent à peu près au tiers de la largeur vers l’aval. Leur largeur intérieure est de 11,50 m au premier étage et de 12,15 au deuxième à cause de l’épaisseur des murs. La coupe montre que ces portes sont deux fois plus larges au premier (3,00 m) qu’au deuxième étage (1,50 m). Le couloir d’entrée a 3 mètres de large devant la cage d’escalier à chaque extrémité du nouvel ouvrage. La corniche au-dessus des voûtes est à la cote 141,36, celle entre les deux étages à la cote 145,26, celle au-dessus du deuxième étage à la cote 148,86 (bas) et 149,36 (haut) enfin le toit à la cote 150,46.
Les dimensions que donnent les dessins des deux derniers passages (20 mai 1863) sont différentes. Les salles ont 7,30 et 7,90 m en longueur, 11,20 m en largeur, les portes (2,20 m) sont au centre, les corniches (140,40 – 143,70 – 146,70 – 147,80) et le toit (148,80) sont à des cotes légèrement inférieures.
Le croquis d’exécution n° 1 (exemplaire sur claque) dressé d’après les prescriptions du comité des fortifications du 23 juin 1863 date du 15 mars 1864 et représente l’extrémité vers la rive gauche et les deux premiers passages. L’entrée de l’ouvrage 5,00 m de long, elle est traversée par un couloir (2,20 m de large). Au premier étage, les murs entre les différentes salles ont 1,50 m de large, les portes de communication (2,20 m de large) sont au milieu de l’ouvrage pris dans sa largeur extérieure mais comme les murs en amont sont plus épais que ceux en aval, elles ne sont pas au milieu des salles. Au deuxième étage, le couloir d’entrée a 1,40 m de large tout comme les portes de communication.
Le croquis d’exécution n° 2 (copie sur claque) est une nouvelle version de l’élévation et des coupes représentées à la feuille n° 4 des projets pour 1863-1864. La disposition des fenêtres (en aval) reste la même mais les ouvertures en meurtrière vers l’amont sont au nombre de trois et non plus de deux. Les cotes des corniches (141,70 – 144,85 – 148,80 en haut) et le toit (149,00) sont encore différentes, inférieures au projet initial mais supérieures à la deuxième version.
Le plan de situation du 27 février 1865 (SHD, cote 1 VH 1768, projets pour 1865-1866, défilement de l’écluse 110) montre le chemin de halage qui passe sous la Grande Écluse et les atterrissements en amont des trois passages vers la rive droite. C’est l’état représenté à la photographie (1865) publiée dans Strasbourg disparu où on voit le passage n° 10 en construction. L’autre extrémité de l’ouvrage est représentée par une lithographie conservée au Cabinet des estampes (publiée dans l’ouvrage de Foessel et Klein).


1864, La Grande Ecluse en construction, vue en amont, carte postale Le Strasbourg disparu (reproduite dans R. Forst, op. cit.)
Vue en aval (reproduite dans Strasbourg naguère, op. cit.)

Après 1870, les archives du Génie conservent des documents sur les travaux ou les projets de travaux aux fortifications de Strasbourg par le Génie allemand. Un exposé daté de 1879 SHD, cote 1 VH 1771, document n° 55) observe que « la courtine 19 se prolonge vers l’Écluse 110 à laquelle jusqu’à cette heure il n’a été fait aucune modification ».
Une commission qui réunit en 1873 (AMS, cote 93 W 16) les représentants du Génie militaire allemand et ceux de la commune de Strasbourg est chargée d’arrêter la propriété des bâtiments et des terrains de la Ville de Strasbourg dont la jouissance revient à l’Armée. « Les propositions et les recherches de la Commission ci-dessus réunie ont pour seul but de présenter les conditions réelles telles qu’elles sont fixées dans cette ville par le décret du 23 avril 1810 et par l’ordonnance du 5 août 1818 ainsi que par les changements immobiliers que l’Armée et l’administration municipale ont fait depuis lors. (…) Les conclusions écrites seront communiquées à la direction impériale de la place (kaiserliches Festungsgouvernement) et ce n’est qu’à ce moment que l’état de propriété sera définitivement arrêté ». A la troisième séance, le 7 novembre 1873, figure à l’article 16 les Ponts Couverts près l’Écluse : « L’immeuble appelé Écluse à farine (n° 28 de la liste). La superstructure appartient à la ville d’après le décret du 23 avril 1810. Les écluses et les piles appartiennent à l’Armée. » Les Archives ne conservent pas la ratification par la direction impériale.


1883, Plans et élévation de l’écluse 110 (Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz, Berlin, cote A 70 974)

Deux plans datés de 1882 et 1883 dressés par le Génie allemand (Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz, Berlin, cotes E 71 405 et A 70 974) montrent le bâtiment et les cotes de l’ouvrage une fois terminé, dans un état qui correspond au croquis d’exécution n° 2 daté de 1864. Ils permettent de connaître les dimensions réelles de l’ouvrage. Le plan de 1882 représente une élévation en partie coupée du côté aval, un plan du rez-de-chaussée et un plan des piles, en outre un plan de situation, une partie de la façade aval en élévation et une coupe du radier au sommet. Deux papillons recouvrent la partie coupée de l’élévation et la coupe. Le deuxième plan, daté de 1883, est une copie du premier en ajoutant un profil de la tôle ondulée et la liaison des tiges de suspension aux poutrelles en I. La référence 0 est prise au niveau du sol, le haut de la corniche supérieure est à 8,10 m et le sommet du toit à 9,60 m. Les treize salles du rez-de-chaussée (de 7,20 à 7,80 m de largeur intérieure, murs de séparation d’une largeur de 1,50 m) communiquent par des ouvertures alignées (2,20 m de large). Leur largeur intérieure est de 11,30 ou 11,38 m. Les deux passages de navigation sont surmontés d’un pont-levis. Les fenêtres en aval ont 2,20 m de hauteur, respectivement à 0,80 et à 4,00 m au-dessus du niveau du sol. Les piles (13,50 m de long) des passages ordinaires ont une largeur de 2,62 à 2,65, celle du plus ancien passage de navigation 3,80 et 3,77 m. La largeur des passages varie, soit de la rive gauche à la rive droite : 6,10 – 6,10 – 6,10 – 6,05 – 6,05 – 6,10 – 6,05 – 6,55 – 6,55 – 6,55 – 6,55 – 6,55 – 6,35 m.

Le plan cadastral dressé à la fin des années 1890 montre les lieux après que les fortifications ont été déplacées suite à l’extension de la Ville, section 42 pour la Grande Écluse elle-même (Écluse aux farines, Mehlschleuse) et la rive gauche, section 3 pour les abords en aval de la rive droite. Les atterrissements ne sont pas représentés en amont.
La photographie publiée par Bauch en 1941 montre la façade amont de la Grande écluse, de même que celle publiée par Ahnne où on voit en outre les abords : la vue est prise de la rive gauche, au fond la caserne Barbade (Schleuse-Kaserne, caserne de l’Écluse, à l’époque allemande). Chacune montre le départ de la passerelle qui sert de chemin de halage. La même passerelle en aval figure dans l’article de Hættel.


Vue en amont, 1958, dans Paul Ahnne, op. cit.

Aménagements par la Ville de Strasbourg et ou ouverture au public, 1966

La Ville sera remise en possession de la Grande Écluse en 1957 (AMS, cote 121 MW 67, dossier 41-11, n° 1). En 1946, le Maire demande au directeur des Travaux de la Chefferie du Génie que le Barrage Vauban lui soit remis après un décret de désaffectation puisque l’Autorité Militaire semble n’avoir plus l’usage de cet immeuble du fait d’une location qu’elle en a consenti. Par décision du secrétaire d’Etat en date du 16 août 1956, le barrage Vauban qui ne présente plus d’intérêt militaire peut sans inconvénient être remis aux Domaines aux fins d’aliénation. La Ville demande qu’elle soit remise en possession de l’ouvrage dont elle est propriétaire. En 1957, le Service Central a consenti à la restitution du Barrage Vauban à la Ville. La remise pourra se faire par simple procès-verbal. La parcelle section 42 n° 3 (17 ares 33 centiares, c’est-à-dire le sol de la Grande Écluse) sera transférée au domaine public fluvial.
En 1960 (AMS, cote 709 W 34), le Service de la navigation de Strasbourg et le Maire de la Ville de Strasbourg s’accordent sur la suppression de la passerelle de halage sous réserve de rétablissement et l’aménagement d’un autre accès qui traverse des jardins appartenant au domaine public fluvial. Les Commissions municipales ont décidé en 1959 d’aménager sur le Barrage Vauban une terrasse panoramique comme la Société Les Amis du Vieux Strasbourg l’a suggéré en 1957. Le seul obstacle qui subsiste est l’évacuation des locaux. La société qui occupe les lieux sans titre depuis 1949 évacue les lieux en 1963 après une procédure judiciaire.
Le Service de la navigation et la Ville s’accordent en 1961 au sujet de la parcelle du domaine public nécessaire au nouveau chemin de desserte (2 ares 90 ca, parcelle n° 8 section 42). L’année suivante, le Ministère des Armées et la Ville s’accordent au sujet de l’aliénation d’une parcelle de terrain qui fait partie de la caserne Barbade pour aménager l’accès au Barrage Vauban : partie de la cour (750 m²) dont environ 210 m² appartient en nue-propriété à la Ville, l’Autorité militaire n’en ayant que la jouissance.
Le permis de construire est déposé en 1963 ; il s’agit de créer une terrasse accessible par deux cages d’escalier au-dessus du remblai du barrage Vauban. La commission consultative demande d’abord de supprimer la balustrade et de la remplacer par un encuvement mais donne finalement son accord à la proposition initiale (balustrade métallique). L’arrêté définitif portant permis de construire date du 27 mai 1964. Les travaux commencent en octobre 1963 (nettoyage des locaux, menuiserie des fenêtres). Ce n’est qu’en février 1966 que les travaux de terrassement sont en cours. La terrasse est ouverte au public le 8 août.
En 1970, les locaux du Barrage Vauban sont mis à disposition de l’Œuvre Notre Dame pour y entreposer des moulages. Lors d’une visite en 1971, on constate que « de grandes taches qui pourraient être des plaques d’humidité sont visibles sur le fronton du Barrage Vauban donnant sur les Ponts couverts ».
La Grande Écluse est inscrite en 1971 à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.


1963, Projet pour la Grande Ecluse (AMS, cote 709 W 34)

Bibliographie

Textes

  • Hættel (Jean-Paul), Vauban aux frontières de l’Est, Amis du Vieux Strasbourg XXV, 1997, pp. 137-167 et tiré à part non paginé [32 pages] publié par Le Verger, 1997 (bref article fort bien documenté)
  • Reussner (Jean), Strasbourg, place de guerre : étude et projet de fortification par Vauban, octobre 1681, Amis du Vieux Strasbourg XI, 1981, pp. 49-88 (exemplaire du mémoire tiré d’archives privées Frémont de la Merveillière ; d’autres exemplaires identiques à des variantes près sont conservés aux Archives municipales de Strasbourg et aux Archives du Génie à Vincennes)

Représentations anciennes (autres que les plans et les photographies)

  • Plan-relief de 1725
  • Jean Baptiste Stuntz (1753-1836)
  • Plan-relief de 1830
  • Sandmann

Images

  • Ahnne (Paul), Strasbourg 1850-1950, Métamorphoses et développement, Dernières Nouvelles d’Alsace, Strasbourg, 1959
  • Bauch (Kurt), Straßburg mit 96 Kunstdrucktafeln, photographies de Jonny Lüsing, Gebrüder Mann, Berlin 1941
  • Feder (Pierre), Gidoni (Astrid), Strasbourg naguère 1855-1945, Payot 1979
  • Fœssel (Georges), Klein (Jean-Pierre), Ludmann (Marie-France), Ludmann (Jean-Daniel), Faure (Jean-Louis), Strasbourg, Panorama monumental et architectural des origines à 1914 (499 pages), Contades 1984
  • Forst (Roger), Le Strasbourg disparu, La mémoire des cartes postales 1851-1919, La Nuée Bleue 2001
  • Klein (Jean-Pierre), Lamarche (Grégory), Wolff (Jean-François), Lehni (Roger), Rieger (Théodore), Obrist (Barbara), Schultz (Simone), Durand de Bousingen (Denis), Strasbourg, Urbanisme et Architecture des origines à nos jours (297 pages), Oberlin-Gérard Klopp-Difal 1996

Données archéologiques (d’après Maxime Werlé)

L’étude archéologique (Maxime Werlé, rapport de fouille préventive, op. cit., pp. 87-131) sur la partie inférieure de la façade en amont distingue quatre périodes architecturales.
La première période correspond à la construction de l’ouvrage (1686),
la deuxième consiste à reprendre en sous-œuvre les trois premiers passages dans la partie inférieure nord-ouest de la façade (travaux attestés par les archives en 1778),
la troisième à modifier la partie centrale de l’ouvrage pour surélever cinq passages en 1784,
la quatrième à surélever l’arche du passage de navigation en 1835 (les archives ne font pas état de ces travaux),
la cinquième (1863-1866) à transformer l’ouvrage pour le mettre à l’épreuve des bombes.

Première période (1686) – Il subsiste de l’ouvrage initial quatre arches en anse-de-panier au sud-est. Les arcs sont reliés aux assises du parement par des claveaux à crossette. La façade en amont comprenait des meurtrières (32,5 sur 8 centimètres) à intervalles réguliers (1,95 à 1,98 mètre), à quatre mètres au-dessus du niveau moyen de la rivière. Il est probable qu’il y ait eu 57 ou 58 meurtrières sur la façade amont. Un cordon au profil semi-circulaire (27 centimètres de haut, en saillie de 13 à 15 centimètres) court en haut du mur, au niveau des entraits de la charpente qui couvrait l’ouvrage. Posées à sec, sans mortier, les pierres ont une hauteur constante (32 centimètres), la plupart une longueur comprise entre 55 et 70 centimètres. Le parement extérieur sans trace d’échafaudage qui y aurait été fixé diffère du parement intérieur constitué de moellons équarris liés par du mortier. Les marques lapidaires (64 % des pierres) permettent d’estimer le nombre d’ouvriers à environ vingt-cinq. La répartition des marques fait supposer que le chantier a été interrompu à la quatrième pile ou que plusieurs équipes de tailleurs de pierres ont travaillé simultanément ou successivement. Certaines pierres de la première période ont été réutilisées lors des travaux ultérieurs.

Deuxième période (1778) – Le parement extérieur est repris en sous-œuvre sur une longueur d’environ 27 mètres et une hauteur de trois mètres pour réparer la première culée, les piles 2 à 4 et les arches des trois premiers passages. Les nouvelles arches sont identiques à celles de la première période, les claveaux sans marque lapidaire étant cependant plus grands. Les pierres sont liées par du mortier alors qu’elles étaient posées à sec lors de la construction. Certaines d’entre elles sont reliées par des agrafes en fer.

Troisième période (1784) – La partie centrale est percée sur une longueur de 48 mètres et sur toute la hauteur pour surélever cinq passages (5 à 9). Comme les pierres initiales ont été réemployées, il est parfois difficile de distinguer les parties refaites des parties anciennes. Les arcs surélevés d’environ 1,50 mètre n’ont qu’une rangée de claveaux (contre deux ou trois dans les parties anciennes), sans claveau à crossette. Le millésime 1784 est gravé sur le cinquième arc. Les passages ont sans doute été garnis de herses en fer forgé dont plusieurs sont conservées. Par ailleurs, les meurtrières (ici espacées de 2,02 à 2,15 mètres) et le cordon ont été restitués selon leur état initial.

Quatrième période (1835) – Pour surélever l’arche de navigation, il a fallu percer la façade amont sur une longueur de 10 mètres et sur toute la hauteur. Il est parfois difficile de voir la limite entre ces travaux et l’état antérieur du fait que de nombreuses pierres sont réemployées et que l’appareil a été soigneusement restitué. La nouvelle arche en arc segmentaire a une largeur de 5,90 mètres et une hauteur de 4,20 mètres, les claveaux n’ont pas de crossette, les pierres aucune marque. Le millésime 1835 figure à la clé de l’arc. Les meurtrières (75,5 centimètres de haut et 10 centimètres de large) ont été surélevées de 1,50 mètre.


1835 – Elévations sud-ouest, vers l’amont (Rapport, op. cit. p. 117)

Cinquième période (1863-1866) – Les travaux ont consisté à aménager un deuxième passage de navigation et à ajouter un étage voûté destiné à recevoir une levée de terre qui mette l’ouvrage à l’épreuve des bombes. Il est à nouveau difficile de distinguer les limites entre les parties refaites et les anciennes. Il a été nécessaire de percer l’ouvrage sur 10 mètres de long et sur toute la hauteur pour aménager le nouveau passage de navigation, presque identique à celui de 1835 (6,10 mètres de large, 4,20 mètres de haut), les meurtrières ont été déplacées comme précédemment.
Les deux extrémités de l’ouvrage sont reconstruites perpendiculairement aux façades. Le nouvel étage est constitué de pierres en grès de 17,5 centimètres de haut entre le cordon et les meurtrières, 20,5 centimètres au-dessus. Les deux passages de navigation sont fermés par des ponts-levants et des herses en fer. Le rez-de-chaussée comprend un passage central qui traverse des murs de refends transversaux. Une ceinture de fer consolide le sommet.

On peut considérer que les différentes transformations de l’ouvrage résultent des deux fonctions opposées de l’ouvrage, d’une part assurer la défense de la ville en réduisant le plus possible les ouvertures, d’autre part faciliter l’écoulement des eaux et le passage des bateaux.


Relevé d’actes

1681 – Archives municipales de Strasbourg, VIII 166 (Mémoire de Vauban)
Date de 1681 en cartouche à la première page. 56 folios dont les 18 premiers portent une pagination moderne. Les cotes figurent sur le plan conservé dans le carton des archives de la Défense (Vincennes, cote 1 VH 1742, voir l’image 1681, plan de Strasbourg).

Resflections sur les fortiffications de la ville de Strasbourg faites par monsieur Le mareschal de Vauban

(Analyse)

Situation de la ville
(folio 4) Rivières
(folio 6) Défauts des fortifications, réflexions politiques
(folio 8) Avantages de la situation de la ville une fois que le projet sera achevé
(folio 15 v°) Comment l’ennemi peut attaquer la place

(folio 29)
Instruction generalle des ouurages que sa majesté veut et ordonne estre faits pour la fortification des villes et Reduits citadelles de Strasbourg, du fort de Keel du fort du Rhin et de tous autres en dependants
en particulier la Citadelle (folio 35, Batimens du dedans)
(folio 37) Le fort de Keel
(folio 40) Bastimens du fort de Keel – Le fort du Rhin
(folio 42) Le Retranchement
(folio 43) Isle entre le fort de Keel et du rhin
La ville, Articles generaux
(folio 49) Chemins couuerts
(folio 50) Ouurages exterieurs
(folio 51) La disposition des Eaux
(folio 52) Les auantages que la ville peut tirer de ces Riuieres
(folio 56) Les Casernes

(Extraits)
(folio 3)
Depuis Lentrée du canal du Rhin (19) en faisant le tour de cette partie de la place deuant laquelle est bâtie la Citadelle, Le Pays est bas et plat et non pas uni, la plus grande partie se pouuant moüiller et l’autre non, le terrain est diuisé premierement par le canal du rhin (104) et secondement par celuy de decharge (78) dans lequel il y a tousjours de leau, par ce que le rhin y en met en esté et la Riuiere d’Ill en hiuer
La Riuiere d’jll se diuise en 5. ou 6. bras a sa sortie qui se rassemblent a quelque distance au dessous et forment autant d’jsles dont le terrain est assé eleué pour y pouuoir faire [f° 3 v°] tous les ouurages quon voudra
Depuis la sortie jusqu’à la porte de Saint Pierre ou dhaguenau (136) Le terrain est bas comme le precedent plat

(folio 5 v°)
dans les fossés de la place deuant la porte blanche dou elle est conduitte par des batardeaux de terre (89) qui la soutiennent dans la gorge d’un bastion dans laquelle elle fait tourner dix Roües a moulin, a pres quoy elle en sort par un de ses flancs et coure le long des fossés de la place jusqu’au bastion (38) La contrescarpe duquel elle traverse pour saller joindre a l’Ile au dessus du jardin des arqûbuziers
Outre les lits Reglée de ces quatre Ruiueres il en sort quantité de bras qui secoulent a droit et a gauche et diuisent Le pais des enuirons en plusieurs parties qui le Rendent toujours plus embarassant et moins praticable aux armées
Les avantages que la ville peut tirer de ces Riuieres concistent au commerce quelles luy facilitent avec les pays etrangers et des enuirons et a lentre coupement de son teritoire

(folio 44)
Attacher la pièce Isolée 32 au bastion du Reduit 33. de la porte blanche par une courtine comme il est marqué au plan particulier, et cette même piece a la fausse braye de lautre costé de la Riuiere par une grosse Estacade composée de grosses palissades Rondes de 9 a 10 poulces de diamètre, portée sur pile de charpante et fabriquée suiuant les desseins qui en seront donnés, le tout en attendant qu’on joigne Les deux bouts des courtines par des Ecluses a portée deaux capables d’un grand effect en les lachant tout dun coup dans les fossés de la place.
Derriere le pont et joignant la tour 34 on pourra encore faire une autre estacade sur le plus etroit de le Riuiere auec des Rataux ou pieces de bois ferées en coulisses pour empecher quon ne puisse entrer dans la place par la.
Eleuer les terres qui sont a costés de la ditte piece Isolée et acheuer son fossé lattachant par la gauche aux vieux Remparts de la ville qui ne laissera pas de Rester en son entier, le plan particulier de la ville montre comme tous ces ouurages doiuent estre placés.
Releuer les terres de cette entrée qui se sont amassée au pied de la fausse braye et les porter dans le bastion pour epaissir son Rempart
Accomoder les palissades qui empechent (folio 45) Lentree des batteaux dans les fossés, entre le vieux Rempart de la place et la piece jsolée, y Remettre des pieux cloüés et Escroüés en la place de ceux que lon a osté, et fermer la poterne de cette endroit qui nest pas autrement necessaire de tenir ouuerte

A la sortie de la bruche du bastion des moulins ou le Reuestement de la courtine attenant surplombe, lassurer par des contreforts et rempietement de même que celuy de la fausse braye qui se tourmente en quelque endroits, et Remettre des quartiers et morceaux de paremens qui paroissent auoir esté usés ou gelés au pied de ces mûrs.
Il paroit quelque reste de digue du fossé et de rozeaux dans les fossés deuant lepaule droite de ce bastion qui est bon denleuer, et faisant le netoyemt. de ce fossé qui paroit dailleurs en assez bon etat.

(folio 51)
La disposition des Eaux
Le Rhin
La Kinche
La Riuiere disle
La bruche

Propriété naturels de ces Riuieres

Dispositif de leur preparation

(folio 53)
Il n’y a donc que la bruche sur laquelle on puisse compter souuent et sur quelque Riuiere de peu de consequence qui tombent dans lisle plus pres de la ville que lendroit ou on la peut detourner ce qui ne seroit pas suffisant pour fournir un courant perpetuel dans les fossés de la place assés forts pour si pouuoir passer d’Ecluses, et quand il seroit il faudroit toujours y entrer pour les pouuoir gouuerner. Cest pourquoy en attendant quon soit en etat di pouuoir trauailler auec toute laplication Requise, mon auis est de Renouueller les vieux vannages des moulins de son entrée et de Rehausser tous les empalemens des autres de 3 a 7 planche chacun, et les bien appuyer par de bonnes contrefiches, barer en meme temps touttes les descharges des vieux fossés de la ville et canaux sur lesquels il ni a point de moulins par des batardeaux de terres grasses soutenus de boys et coupé par des vanages affin de pouuoir donné les descharges necessaires aux eaux pendant l’hiuer, et ni Rien faire de plus quand a present puisque par leur moyen on peut mettre 4 a 5 pieds deau dans les fossés de la place ce qui sera suffisant pour la nauigation, et meme pour les faire courir dans les fossés sil est besoin
Mais comme la quantité deau que fournissent les courants ne sera pas capable de leur donner bien de la force sils etoient perpetuels et non donné par l’ecluse il nen Reüssiroit que de mediocre effects, qui ne rempliront pas a beaucoup pres lattente quon en doit auoir specialement (folio 54) Leté quand les eaux sont au plus bas ce qui nous doit persuader quon ne peut mieux faire que de ce mettre en etat de jouir de tous lauantage quon en pourra tirer en batisant les Retenües et batardeaux necessaires a leur disposition comme jls sont cy apres indiqués
Faire deus ecluses de chasse scauoir l’une en 86 et lautre en 87

(folio 54 v°)
Supposant presentement que tous les batardeaux et ecluses proposés en cette instruction pour la conduitte des eaux fussent acheuée, il est certain que fermant les entrées de lisle dans la ville et ses deux ecluses de chasse, la Riuiere pourra renfler de 7 a 8 pieds selargir dans son lit, monter sur les bords et pousser son Renflement jusqua jllerick, jnonder les blancheries L bogastre, les enuirons du Rhin tortu toute lisle des alemans, les prairies au dela de la bruche jusqu’au moulin a poudre et noyer la bruche meme dans son propre lit, cette inondation considérée a legard de la circonualation ne produira que des augmentaôns de ponts et des bouts de digue, mais a legard des attaques son effet joint a celuy de la place d’armes 88 et de lecluse audeuant, empecheront absolument celle du bastion 33. et le passage du fossé a la face gauche de lautre bastion 35. parce que ledit bastion se trouue sous la chutte des coupüres 89 qui causeront beaucoup de Rapidité en cet endroit.
[f° 55] On pourra causer de gros courants par les fossés de decharges 81 depuis l’isle jusqu’au Rhin en formant lentrée de son bras dans la ville, auec cette disference que si le Rhin est haut leau ny coulera lentement mais sur beaucoup de profondeur, et sil est bas elle coulera auec beaucoup de vitesse mais auec moins de profondeur, on la poura faire couler auec la meme facilité le long des fossés de la ville, du costé de la porte des bouchers, et de l’hopital, luy faire faire le tour entier de la citadelle a presquoy Retournant par les fossés de lautre communication elle ira rejoindre son lit naturel en 93 donnant en passant de leau plain le canal 78 au moyen dequoy on formeroit une espece djnnondation audela de ses dehors. Remarqués que si au lieu de la faire courir on se ueut contenter d’en Remplir les fossés il ni aura qua tenir les Ecluses de suitte [sic] fermées, moyenant quoy elle montera sur les chemins couuerts de la citadelle et des communications.

1681 – SHD, cote 1 VH, 1742, Mémoire de Vauban, novembre 1681
Instruction generalle des ouvrages que sa majesté veut et ordonne estre faits pour la fortification des Ville Citadelle et Reduits de Strasbourg, fort de Keil et du Rhin et tous autres en despendants [Plan joint]

(mention) Vauban signature 16 novembre 1681, avec i plan meme date collé sur toile
[69 feuillets aux paragraphes numérotés, la teneur est identique au mémoire d’octobre 1681, à des ajouts près]
21. Suposant que l’Excauaôn du grand fossé de la Citadelle soit acheuée
23. Pendant que les eaux Seront dans le grand fossé de la place
40. Les grandes portes
42. Les poternes
Bastiments du dedans
45. Les bastiments de la Citadelle
Les dehors
Fort de Keil
Les bastiments du fort de Keil
Fort du Rhin
Les Communicaôns de la Ville a la Citadelle
Le Retranchemt. ou Couronne
Isles entre les forts de Keil et du Rhin (25)
La Ville
Le Reduit de la Porte blanche (33)
(f° 43 v°) Reduit de la Porte d’Haguenau (38)
(f° 46) Les dehors de la place a commencér
(f° 50 v°) Chemins couuert
(f° 53) Ouurages exterieurs
(f° 54) La disposition des eaües
(f° 55 v°) Propriétés naturelles de ces Riuieres
(f° 56 v°) Les auantages que la place peut tirér de ces Riuieres
(f° 57 v°) Dispositif de leur preparaôn

187. Mais comme la quantité d’eaüe que fourniront ces courants ne seroit pas capable de leur donner bien de la force s’jls etoient perpetüels et non donnéz par Escluséés, jl n’en reussiroit que de mediocre effect qui ne rempliroient pas a beaucoup pres l’attente qu’on en doit auoir spéciallement l’Esté quand les eaües sont au plus bas, Ce qui nous doit persuadér qu’on ne Sçauroit mieux faire que de se mettre en estat de joüir de tous les auantages qu’on en pourra tirée, en bâtissant les Retenües et batardeaux necessaires a leur disposition, comme jl sera cy apres indiqué.

188. Barrée l’entrée de la riuiere d’jlle par un gros mûr basty en arcade soubs lequel il y aura autant d’escluses separéés (85) par de longues pilles de maçonnerie de pierre de tailles et les voutér et remplir. Ils auront une muraille et parapet audessus, Et sur le deuant de ces Escluses, un grand bastiment derriere dans lequel seront toutes les machines necessaires a leur leuée, separée du passage par une cloison obseruant Premierement, de faire la porte du milieu de 14: à 15: piéds de large asfin d’y pouuoir faire passér les basteaux, 2.mt. De bons radiers prolongés jusqu’à 7 a 8: to. au dela de l’ouurage, et toutes les pilles de pierre de taille cramponnéés de trois assises l’une et coulléés en plomb, Et 3.mt. De faire doubles feuillûres a toutes asfin de pouuoir y couler des poutrelles quand on les voudra fermér.

189. Faire deux escluses de chasse, sçauoir l’une en (86) et lautre en (87) (…)

202 Suposant presentement que tous les battardeaux et escluses proposés en cette jnstruction, pr. la conduite des eaües fussent acheuéz jl est certain qu’en fermant les entréés de L’jlle dans la ville (85) et les deux ecluses de Chasse (87, 86) La riuiere pourra renflér de 7 à 8. piéds, S’eslargir dans Son Lict, montér sur ses bords, et poussér son renflement jusqu’a Illekirq, Innondér les blancheries, L’arbogast, les enuirons du Rhin tortû, toute L’jsle des Allemands, Les prairies au dela de la Bruche, jusqu’au moulin a poudre, et noyér la Bruche mesme dans son propre Lict, Cette jnnondation considerée a l’esgard de la circonualaôn, ne produiroit que les augmentaôns de pont et quelques bout de digues mais a lesgard des attaques Son effect joint a celuy de Sa place d’armes (88) et l’escluse au deuant, empecheroient absolument celle du bastion (33) et le passage du fossé et les face gauche de laud.* bastion (35) par ce que led. passage se trouve soubs la chûte des Coupures (39) qui causeront beaucoup de rapidité en cet endroit.
(f° 68) Lieux vuides de la ville les plus proches du rempart, ou le magistrat pourra faire cy apres bastir des Cazernes auec la figure qu’il faudra donnér aux quartiers
Fait a Strasbourg le 16. Nouembre 1681. (signé) Vauban

1681 – SHD, cote 1 VH, 1742, Mémoire de Vauban, décembre 1681
Pièce n° 3 (original signé Vauban, 117 pages, accompagné de copies, pièces n° 2 et 4)
Scituation de Strasbourg, ses défauts et aduantages, et les proprietés generalles et particulieres de sa Fortification après l’execution de son projet acheué.

Table des titres
(p. 1) Sa situation
(p. 9) Abord des Rivières
(p. 10) Ses deffauts sont
(p. 23) Les auantages de sa Situation après son projet acheué
(p. 28) Raison de ce projet
(p. 42) Propriétéz particulières de La Citadelle et des forts, Et pourquoy scitués comme jls sont marquez au plan
(p. 50) fort du Rhin
(p. 52) Le fort de Kell
(p. 54) Les deux Reduits
(p. 55) Suite de ces propriétéz et l’usage qu’on peut faire de ce qu’il y a de singulier dans cette fortification
(p. 86) Observations sur les attaques du fort du Rhin
(p. 111) Conclusions

1685 – Archives municipales de Strasbourg VI 594 (Fortifications)

[page 115]
14. Januarÿ 1686. (41) Mghh. schreiben an Mons. de Louvois weg. auffbawung der großen Schleüß extension des moratorÿ ratione d. Königl. und.thanen auff 6 jahr und liberirung deß Pfarrherrn zu Barr. [14 janvier 1686. Lettre de Messieurs du Magistrat à Monsieur de Louvois, concernant la construction de la Grande écluse, la prolongation du moratoire à six années pour les sujets du Roi et l’élargissement du pasteur de Barr]
Monseigneur
Quand nous nous sommes donné l’honneur d’écrire à vôtre Grandeur au sujet de la construction de la grande ecluse dans la riviere d’Ill, nous étions persuadés que nos Deputés avoient bien compris l’intention de Monsieur l’Intendant, et qu’elle étoit que nous eussions à la supplier qu’Elle eut agreable de nous procurer auprès de Sa Majesté un delay de six années, afin que nous puissions tant mieux respirer et nous mettre en etat de payer nos dettes au lieu d’accorder La demande qu’il leur à fait pour fournir Les frais pour la Grande Ecluse. Mais ayant appris par la lecture de la lettre qu’il a plus à vôtre Grandeur d’écrire à Monsieur Obrecht Preteur Royal et par le rapport du Sieur Guntzer Syndic du Roy que la proposition de Mr. de la Grange aussy bien que la sienne, tendoient à ce que Nous eussions à fournir la depense pour ladite écluse et de supplier ensuite sa Majesté de Nous faire la grace de prolonger, pour six autres années, à l’egard des sujets du Roy le terme des lettres de repit dont nous sommes redevables aux puissantes intercessions de Vôtre Grandeur, Nous L’asseurons que nous n’avons pas été si tôt éclaircis des volontés de Sa Majesté que nous nous sommes resolus d’y satisfaire selon toute l’etendüe de notre pouvoir et de temoigner en cette occasion, qu’il ne nous est rien plus à cœur que de conserver le bien inestimable des bonnes graces de Nôtre souverain Monarque. Et puisque Vôtre Grandeur a eu la bonté de Nous faire connoitre par Sa lettre du trente unieme du mois de Mars de l’année 1683 que le Roy nous avoir fait don de la succession de Koch pour etre employée à ladite ecluse Nous l’en remercions derechef avec toute la reconnoissance dont nous sommes capables, et La supplions tres humbelement d’aggreer les offres des frais requis pour la construction de la dite grande ecluse, et les instantes prieres d’un autre delay pour le payement de nos dettes, si Nous osons reiterer icy notre tres humbe demande pour l’elargissement du Ministre de Barr, c’est dans la confiance que Votre Grandeur ne se lassera pas de faire du bien à ceux qui sont d’un profond respect de
votre Grandeur
ce 14 Januier 1686.
(V.C.G. Corp. E. Lad. 7. fasc. 1. N° 41.)

[pages 117, 118, deux exemplaires]
(42) Copie de la Lettre escritte de Monseigneur de Louuois A Monsieur L’Intendant De la Grange du 21. Januier 1686.
J’ay receu auec Vostre Lettre du 14° de ce mois, Les papiers et Nouvelles qui L’accompagnent. Vous pouez dire aux Magistrats de Strasbourg, que le Roy trouue bon qu’ils ne donnent que Vingt Cinq mille Escus pour le paracheuement de la grande Escluse payables moitié dans les six derniers mois de cette année et L’autre moitié dans les Six premiers de L’année qui vient puisque L’on ne trauaillera à lad. Escluse qu’au mois d’octobre prochain.

[page 121, 122, deux exemplaires]
(82) P. 75 000 lb
Je soubsigne reconnois que conformement au certificat de Monsieur de la Grange, Intendant en Alsace, au bas de copie de l’ordre de Monseigneur de Louuois Messieurs du Magistrat de Strasbourg m’ont remis la soê. de Soixante quinze Mille Liures qu’auoit esté auancé pour eux par Monsieur de la Touane tres.er g.nal de l’ex.re des guerres L’année derniere 1686. pour employer à la construction de la grande Escluse de Strasbourg de laquelle somme Soixante quinze Mil Liures, je me suis chargé en recepte dans Les comptes des fortifications Sçauoir trente mil Liures en jcelle 1686, quinze Mille Liures en aoust pareille somme en Septembre, et les quinze Mille Liures restants en Octobre, reuenant lesd. sommes à celle de Lxxv: G. lb dont je quitte messieurs du Magistrat au moyen du payement qu’jls m’en ont fait à Strasbourg cejourd’huy Quatrieme Avril Mil Six cens quatre vingt Sept. Signé Lebas, auec paraphe
(V.C.G. Corp. 2. Lad. 7. fasc. 1. N° 82.)

[pages 20-28]
(N° 36) Observations sur les deniers que la Ville paye annuellement au Roy pour l’Entretien de ses Fortifications, Et sur l’obligation où elle est en outre de faire reparer à Ses Frais les anciennes.
rémis à M. de Regemorte Pr. G.al En juillet 1753.
Depuis le mois de Juillet 1684. jusqu’aud. Mois de l’an 1687. la ville ne contribua rien aux frais de fortifications, si ce n’est qu’en 1686. elle paya pour la Construction de la grande Ecluse 25 000. Ecus qui furent pris des deniers prouenans de la succession du Sr Koch confisquée en 1683. par droit d’aubaine et deposés par ordre du Roy à la Tour aux pfennings depuis le jour de la confiscation
([in margine :] voyés le protocole des XIII de 1683 sous le mot Kochische Verlassenschafft. page 145)
En l’année 1687. le Magistrat voyant que le terme de six années accordé par le Roy à la ville pour l’acquit de ses dettes par Lettres patentes du 8. Januier 1682. etoit prêt d’expirer Et aprehendant auec raison de Se voir accablé de procès par des Creanciers S’il ne prenoit de bonne heure et auant l’expiration dud. terme les précautions necessaires Il donna commission au Sr. Guntzer de traiter auec M de Louuois qui etoit pour lors à Strasbourg, pour obtenir la prorogation desd. lettres de Repy contre les sujets du Roy (…)
Tel etant l’origine, la suite et le detail des deniers des fortifications, Il reste à voir, en quoy consiste l’obligation de la ville d’entretenir en outre les anciennes fortifications.
On a fait les recherches les plus exactes pour trouver également l’origine de cette obligation, mais en vain, Et l’on peut avancer hardiment qu’il n’existe nulle part aucun ordre de la Cour, qui y oblige formellement la Ville. On trouue seulement, que deja en avril 1683. M. de la Grange Intendant et de Tarade Directeur des fortifications de la province ayant demandé aux Deputés du Magistrat de faire reparer les parapets, Ils tacherent d’en exempter la Ville en alléguant que les parapets ayant eté dans le meilleur Etat lors de la soumission de la Ville, C’etoit aux frais du Roy, à qui apartenoient les fortifications, qu’ils deuoient etre reparés et entretenues, Mais ces raisons des Deputés ne furent point admises ni par l’un ni par l’autre, le Sr Tarade leur dit que le Magistrat etoit obligé d’entretenir et de faire reparer les fortifications qui subsistoient lors de la Soumission de la Ville, et M. l’Intendant y ajoute que l’Intention du Roy etoit que le Magistrat fit reparer les anciennes Fortifications (…)
(Gazonnages)
qui ont donné lieu au premier Engagement du Magistrat de payer une somme de 25 000 Ecus pour l’entretien et la perfection, des ouvrages de fortifications de la Ville que c’est la prorogation des Lettres de surséances de 1682. accordée en 1687. contre les sujets du Roy, qui porta le Magistrat à contribuer, pendant l’Espace de six années la somme de 45 000 lb par an pour led. Entretien, que ce les Liures de don de 1689. des Dettes duës par la ville aux Princes et Etats de l’Empire et à leurs sujets, qui furent la Cause que le Magistrat augmenta la somme de 45 000 lb jusqu’à celle de 90 000 lb. Et que c’est en considération de la paix de Ryswick que le Roy a moderée cette derniere à celle de 60 000. lb par an.

1685 – Archives municipales de Strasbourg, Registres des XIII
cote 3 R 42 (12 jan. 1685-7 jan. 1686), p. 418

1685 (27. Xbr)
Monseigneur de Louuois berichtet daß Ihre Königl. Maÿ. Verlangen das hiesige Statt die Zu Verfertigung der großen Schleüß über die Ill nötige unkosten hergeben solle – Herr Sÿndicus Güntzer proponirt, Es hetten Seine Excell: der herr Marquis de Louuois an Ihre geschrieben und Ihme befohlen Mghh. Zu ersuchen daß Sie die Unkosten Zu erbawung der großen Schleüß über die Ill hergeben möchten, weilen Sie doch in dieses iahr nichts Zu der Fortification beÿ getragen hetten, und daß Ihre Königl. Maÿ. verhoffen daß die Statt solche machen zu laßen gerne übernemmen würde. Es hette Zwar der Herr Intendant Ihme bedütten daß Er auch in commission habe derentwegen mit Mghh. zu reden, aber nicht wiße, ob Er selbsten herauff k[-] deßen Ihne ersucht haben wolte Mghh. [-] Zutragen und Ihne die antwort wider[-] laßen.
Der Herr Prætor Regius berichtet daß der Herr Intendant gestern Zu Ihme geschickt, und Ihne fragen laßen wan Mghh. Zusamen Kämen, und alß Er Ihme Zur antwort gegeben daß Er es nicht wißen könte weilen ietzund die Feÿertage weren, Ihme gleich widerumb Zuentbiethen laßen daß Er wünsche daß Sie Zusammen kommen möchten, weilen Monseigneur Ihme die Commission auffgetragen hette Mghh. etwas Zu proponiren, welches, wie Er Ihne nach gehendts berichtet, darinnen bestehe, daß Ihre Königl. Maÿ. gefunden daß die Verfertigung der großen schleuß über die Ill alhie sehr nötig seÿe, und d. darfür hielten daß Mghh. die dazu erforderte unkösten wohl hergeben Könten. Er habe Ihme Zur antwort gegeben, daß Ihme selbsten mehr als wohl bekant seÿe in was für einem großen schulden last man annoch stecke, und dannenhero leichtlich erachten könte wie schwer solches der Statt fallen würde, aber deßen ohngeachtet habe der Herr Intendant verlangt daß man nur heüte zusammen kommen möchte damit Er die Sach proponiren Könte, welches Er aber nachgehends dem Herrn sÿndico committirt habe.
Herr Sÿndicus Güntzer halt darfür, weilen Monseigneur de Louuois in denen gedancken stehet, als wann man dieses Jahr nichts beÿ der fortification gethan habe, so solte man die Herren dreÿ des Pfthurns und den H Statt Lohner fürderlich beschicken, und von demselbigen Vernemmen was dieses Jahr Zur fortification in specie dem repiedement der Maueren an denen alten wählen und anderer angewendet worden was das Lazaret und die Cazernen gekostet, was man für Capitalia und Zinß abgetragen, was man wegen der Brucken, Item der coniunction des alten wahls beÿ denen thürnen, wie nicht weniger der werben Zu Kail und anders wo bezahlen müßen, und dem herrn Intendanten, damit Er sehe was man dieses Jahr gethan habe eine Designation davon Zustellen und dabeÿ per Dominos Deputatos bedeüten laßen, daß die alten (…)
(Traduction) Monseigneur de Louvois communique que Sa Majesté demande à la Ville de verser les sommes nécessaires à la réalisation de la Grande Ecluse sur l’Ill – Le Sieur Syndic Güntzer expose que Son Excellence M. le Marquis de Louvois lui a écrit pour le charger de demander à MM. du Magistrat de verser les sommes nécessaires à la construction de la Grande Ecluse sur l’Ill parce qu’ils n’ont rien versé cette année au titre des fortifications, Sa Majesté espère en effet que la ville acceptera volontiers de s’en charger.
M. l’Intendant lui a en effet dit qu’il était aussi chargé d’en parler à MM. du Magistrat mais qu’il ne sait pas s’il peut venir en personne [lacunes].
M. le Préteur royal déclare que M. l’Intendant l’a fait venir hier et qu’il lui a demandé quand MM. du Magistrat se réuniraient, comme il lui a répondu qu’il ne pouvait pas le savoir parce que c’est le temps des fêtes, il lui a alors redit qu’il souhaitait que MM. du Magistrat se réunissent parce que Monseigneur l’a chargé de leur faire un exposé dont il lui a ensuite communiqué la teneur, à savoir que Sa Majesté estime qu’il est très nécessaire de réaliser la Grande écluse sur l’Ill et qu’il pense que MM. du Magistrat verseront volontiers les sommes nécessaires à cet effet.
Il lui a répondu qu’il sait fort bien que nous sommes chargés de dettes considérables et qu’il est donc facile de deviner que cela serait très difficile à la Ville, nonobstant M. l’Intendant lui a demandé que nous nous réunissions aujourd’hui pour qu’il puisse exposer cette affaire qu’il a cependant ensuite confiée au Sieur Syndic.
Comme Monseigneur de Louvois estime que nous n’avons pas contribué aux fortifications cette année, le Sieur Syndic estime qu’il faudrait demander aux Trois de la Tour aux Deniers et au Directeur des chantiers de la Ville quelles sommes ont été engagées cette année pour les fortifications, en particulier pour le repiétement des murs aux anciens remparts et à d’autres sujets, pour le Lazaret et les casernes, les capitaux et les intérêts versés, ce qu’il a fallu payer pour les ponts, l’établissement de l’ancien mur près des Tours ainsi que pour les digues à Kehl et ailleurs, et qu’ils en dressent un état destiné à M. l’Intendant pour qu’il constate les contributions de cette année. Les députés à cet effet lui feront observer que les anciens murs ont été rendus à la Ville mais que les pierres ont été emportées, en précisant que la Ville est prête à contribuer humblement selon ses moyens au service de Sa Majesté mais que le Moratoire ne servirait pas à grand-chose s’il n’était pas prorogé de 6 ans envers les sujets du Roi.
Son intention est d’écrire que MM. du Magistrat satisferaient volontiers à toutes les (demandes de Sa Majesté mais que la contribution demandée à la Ville excède ses moyens), que si son Excellence ne revenait pas sur sa demande, il faudrait chercher à obtenir des lettres d’octroi à la cour, se procurer de l’argent et réduire les dépenses de denrées.
Il doute cependant beaucoup qu’il soit possible de trouver quelqu’un qui prête de l’argent à MM. du Magistrat. Comme il faut de toute manière prendre une décision, il serait souhaitable qu’elle intervienne dans les meilleurs délais.
Décision – Adopté l’avis du Sieur Syndic Güntzer, il faudra représenter autant que nécessaire à son Excellence que notre dette est encore considérable, l’informer des sommes déjà payées, demander à la Tour aux Deniers quelles sont les sommes encore dues à des sujets du Roi. Le Sieur Ammeistre Reisseissen et le sieur Frantz, l’un des Treize, ont été commis pour parler à Monsieur l’Intendant.

1686 – SHD, cote 1 M 1745, Construction de la Grande Ecluse, lettre de Tarade

[Encart] Profils de la grande Ecluse de Strasbourg avec un Plan de cette Ville en 1686. A ce dessin est joint une Lettre en forme de Mémoire contenant des détails relatifs à ladite Ecluse et aux fortifications de cette ville
A Strasbourg le 19° octobre 1686
Monseigneur
Je me donneré lhoneur de vous rendre comte de lestat des fortifications de cette place par les plans et profils cyjoins qui serviront a desmonstrer les ouvrages dont je parleré cy apres
Le magazin a poudre du bastion marqué sur le plan (150) est a moitié couuert et lon nen otte les cintre presentement
Le mur de cloture quy environne led. magazin est Esleué de trois pied au dessus de la fonda.on
Le magazin a poudre du bastion (82) sera acheué de Voute dans deux jour et sa cloture est acheué de trois cottez le quatriesme cotté est seulement aurez de chausée de la fonda.on
Le contregarde (143) a son reuestement esleué comme il est representez au profil de cette piece.
Le battardeaux et les Ecluse quy sont a la gorge de cette piece sont Esleuez hors des Eaux d’aujourd’huy cette partie conte plus en Epuisement deau que toute la maçonnerie de cette ouurage ne produira* parce qu’il y en a tres peu.
Le battardeau quy joint l’angle flanqué de lad.e Contregarde n’est pas encore comencé.
Lescarpe du fossé deuant lad.e Contregarde 143 est eleué comme il est representé par le profil.
L’on trauaille a fonder lescarpe devant la demy lune 142 et devant le petit bastion (141) quy est tout ce quy nous reste de fonda.on a faire pour les ouurages de cette annéé.
Lon gazonne les parapets de la demy lune (142) Le Cordon et les gueritte de piere de taille sont entierement posté a louvrgae a corne 137 et 139 et le reuestement de lescarpe du fossée deuant led. ouurages a corne est acheué a l’exception de la brique de champs quy n’est pas passée.
Il reste encore a netoyer tout le fossé dud. ouvrage a corne et ceux des pieces 142 et 143 quil faute a profondir de trois pied.
Le fossé de la demy lune (138) est acheué daprofondir.
Les piece (130 et 135) nont point encore leur parapet acheuez parce que la Tere s’est trouvez rare en cet endroit dautant que cetoit un fond deuant cette partie quy a consommé beaucoup de tere et les fossé nen nont guere produit de sorte que lon la prend au pied des glacis ou elle Se trouve un leu Esloigné, les fossés de ses piece sont achevés.
La piece 123. a ses fossé acheués et toutes ses partie parapet et rempart en leur perfect.on il rest encore 200. ts. de Tere dans le grand fossé a la gorge de cette ouurages que l’on post au bastion (129) pour Eslargir son rempart La piece 122 est acheué et son fossé aucy
La piece cent vingt Un est acheué et le fossé aucy
Il rest encor dans le grand fossé a la gorge de cette piece 600 ts. de terre que lon doit porter dans la place.
Le Caualier 120. a ses parapet et embrasur acheué et une de ses rampe quy est la gauche la rampe droit et la gorge Dud. Caualier rest encore a Faire.
La demy lune 119 est acheué et son fossé aucy mais il rest encore a la gorge de cette piece dans le grand fossé 550. ts. de Tere a porter dans la place quy seront consommé au Caualie
Tous les fossé chemins couvert et glacis deuant les piece (118. 117. et 116) sont acheué.
La fossé de la demy lune 107 est acheué mais son Glacis ne L’est point non plus que celuy deuant la piece 106. ou il y â encore 2800 ts. de terre a Transporter pour lesquelle il ny a point Eu de Fond fait Cependant je ne laise pas dy faire trauailler a fin dacheuer toute la fortifica.on quy se trouue comprise depuis l’entréé de la Riuiere dill jusque a sa sortie cette annéé.
Mais comme il y a plusieurs Ouurages quy ont esté Fait pour lesquelles il ny auoit point de fond dans cette estendue et d’autres qui Ont surpassez leur Estimation dont le remplacement est marqués dans lestat que Jay lhoneur de vous Enuoyer. il seroit neses.re pour acheuer les d. ouurages que vous eussiez la bontez d’en fr. sil vous plait fournir le Fond au plus tot
([dans la marge supérieure] En attendant que Je puisse rendre compte au Roy de cet estat la * 20 000 li. a compter des ouurages de lannée qui vient En *)
D’autant quil nen reste plus guere de ceux qui ont esté ordonné chez le tresorié lesquelles ont esté tres bien employez.
Vous cognoistrez Monseigneur par le profil cy joint de la grande Ecluse quil y a neuf pille y compris une culléé de Fondez.
Les trois derniere pille nouuellement fondé auront une assise de piere de Taille chacune depossé tout autour. dans Deux jour les six premier sont Eslevé au dessus des eaux,
Il rest encore quatre pille et une cullée a fondez. que Je prendre tout a la fois lors que les trois nouuellement fondé seront Esleué audessus des eaux.
Il reste encore a la Citadelle un magazin a poudre a Vouter a quoy lon trauaille.
La seconde partie de l’arcenal est acheué a l’exception du paué de la Cour a quoy lon trauaille.
Le logement du major est entierement acheué.
Lon acheue Aucy les corps de garde de l’ouurage a corne.
Je suis auecq toutes sorte de respecq et une tres profonde soumission de vostre grandeur
Monseigneur
V.re tres humble tres obeissant tres obligez et tres fidelle serviteur
Tarade
[joints] Plan De la Ville De Strasbourg [chaque ouvrage est numéroté]
N° 11. Profils de la grande Ecluse de Strasbourg
[Légendes] Profils de la grande Ecluse de Strasbourg
Profils dune ferme de charpenterie Entre les pille Profils, d’une Pille
Partie fondéé et Esleuée audessus Des Eaues ordinaire
Partie nouuellemt. fondé
Partie Restant a fonder
Echelle De Trente Toise

1688 – Archives municipales de Strasbourg, Directeurs du bâtiment

cote VII 1373, f° 12 – 28 février 1688
Landfest beÿ den Gedeckten brucken – p° eingenommenen augenschein beÿ den Gedeckten brucken, referierten Lohner und Werckmeister, daß der Sachen nicht wohl Könte geholffen Werden, mann repariere dann die gantze landfest und nehme daß Köpfflein hinweg, und fülle darmit besagte landfest auß, Weilen solches aber Zuviel Kosten Würde, auch die Oberbauherren in gar geringer anzahl darbeÿ Geweßen, als Wur[de] diese Sach Zu einem anderwerttlichen augenschein außgesetzt und wo müglich mit zuziehung H Syndici
(f° 31) Freÿtag den 23. Aprilis. Damm oberhalb der Gedeckten brucken – Ego referiere, daß der Werckmeister deß Zimmerhoffs einen überschlag derjenigen Un Kosten, so zu reparation deß Zerrißenen dammes oberhalb der Gedeckten brucken erfordert Würden, gemacht habe, Welches sich auff 31. lb. 16. ß. .d belauffe, so aber meistens um Pfählen, diehlen, und anderen materialien bestehen, Welche die Statt Vormahls herzugeben sich erbotten. Solche beschaffenheit nun hette ich J. E. H Syndico hinderbracht, und darbeÿ Vermeldet, daß die HHn. fermiers des Ungelts Vor etlichen tagen anerbotten 20. R. freÿwillig hierzu beÿzuschießen, Warauff Er der meinung geweßen, mann solle dieselbe beÿ dem Wortt nehmen, und diesen damm fürderlich machen. Erkandt, Ward dem Werckmeister anbefohlen, solches ins Werk zusetzen.
Le 28 février, Risberme aux ponts couverts – Après s’être rendus sur place aux Ponts couverts, le directeur des travaux et les experts rapportent qu’il est difficile de remédier à la situation, sauf à réparer toute la risberme et à raser la butte pour remblayer la risberme, mais comme les frais seraient trop élevés, qu’en outre les Directeurs du bâtiment étaient présents en très petit nombre, l’affaire devra faire l’objet d’une autre visite des lieux, de préférence en présence du sieur Syndic.
Vendredi 23 avril – Digue au-dessus des Ponts couverts – Je rapporte que le Directeur du chantier à bois a évalué les frais nécessaires pour réparer la digue endommagée au-dessus des Ponts couverts, ils s’élèveraient à 31 livres 6 schillings et consisteraient surtout en pieux, planches et autres matériaux que la Ville s’est naguère proposé de fournir, j’ai communiqué cet état à Son Excellence le Sieur Syndic en l’informant que les Sieurs fermiers de l’umgeld se sont volontairement proposés il y a quelques jours de verser 20 florins à ce titre, son avis est d’accepter cette proposition et de réparer cette digue. Décision, ordonner aux contremaîtres de commencer les travaux.

1688 – Archives municipales de Strasbourg, Chambre des Contrats

vol. 559, f° 320, 17 mai 1688
Acte passé par « Nicolas Lambert, Gouverneur de la grande Cluse aux ponts couverts » (signe : Nicolas Lambert d. dussaut)
Nicolas Lambert dit Dussaut habite Strasbourg en 1685 et y achète une maison. Marchand parfumeur puis aubergiste à la Brasserie Royale, il est originaire du diocèse de Metz, marié à Marie Anne Reiss de Molsheim. Il meurt en 1707.

1689 – Archives municipales de Strasbourg, Directeurs du bâtiment

cote VII 1373, f° 48-v°, 28 juillet 1689
Damm beÿ der großen Schleußen – Denjenigen schaden, so deß Entrepreneurs St. André leüth an dem Damm beÿ der großen Schleußen oberhalb den gedeckten brucken gethan, hat Mr allier beÿ gedachtem augenschein repariren Zulaßen Versprochen
Digue proche la Grande Ecluse – Monsieur Allié a promis, lors de la visite des lieux, de faire réparer les dommages que l’entrepreneur Saint-André a causés à la digue proche la Grande Ecluse au-dessus des Ponts couverts.

XVII° (fin) – Archives municipales de Strasbourg, cote VII 594 – Entretien des fortifications

Observations sur les sommes que la Ville paie chaque année au Roi pour l’entretien des fortifications et sur son obligation à faire réparer à ses frais les anciennes, dossier remis à M. de Regemorte en juillet 1753.
De juillet 1684 à juillet 1687, la Ville n’a rien payé au titre des fortifications sauf en 1686 pour construire la Grande Ecluse. 25 000 écus ont alors été prélevées sur la succession Koch confisquée en 1683 par droit d’aubaine. Comme le délai de six années accordé par le Roi à la Ville pour payer ses dettes venait à son terme, le Magistrat a chargé le syndic Güntzer de traiter avec Louvois. Le mémoire conclut qu’il n’existe aucun ordre de la Cour qui oblige formellement la Ville à entretenir les fortifications mais seulement des conventions particulières. Le Magistrat y a d’abord contribué à la hauteur de 45 000 livres par an puis de 90 000 livres à partir de 1689. Cette somme a été réduite à 60 000 livres lors de la paix de Ryswick.

1697 – SHD, cote 1 VH 1742, Etat des ouvrages aux fortifications, par Tarade

N° 17 – 1697, 11 juin – Estat des ouurages que sa Ma.té a fait faire aux fortifications de Strasbourg (Tarade)
(…) La Ville
Le Grand ouurage a corne revestue de maco.rie
18 demy lune
2 grand magazins a poudre
La grande Ecluse de l’entréé des eaue de 63. to. de longueur
(…)

1697 – SHD, cote 1 VH 1742, Plan

N° 19. 20 Juillet 1697, Tarade – Plan profils et Eslevation de la Grande Escluze de Strasbourg à l’entrée de la Riuier D’Isle

1698 – SHD, cote 1 VH 1743, N° 1 Instruction particulière de la Fortiffication des Ville, forts, et Citadelle de Strasbourg, 30. Juillet 1698 (signé Vauban)

[p. 25] La grande Escluse (110)
33.
[in margine :] Percer une nouvelle porte au pignon droit et griller Ledessus, 90 li.
Faire percer une porte au Pignon gauche de son Bâtiment, et la garnir des battans redoubles de bois, armez de leurs pentures, serrures et Veroux, fermant a même temps. La communication au grand passage, en veue de Continuer a le faire seruir de magasin, et qu’on puisse communiquer Independemment [p. 26] l’un de l’autre.
34.
[in margine :] La maçonnerie des voutes 384: tois. ¾ a 40 li, 15 390 li. – La maçonnerie du mur de face de pierre de taille 165: to. a 34 li, 5610 – Le paué de pierre de Taille 353 toi. 3: p. a 20 li, 3150, (total) 28 150 livres
La grande Ecluse qui soutient l’entrée des Riuieres d’Ille et de Bruche est si importante a la deffence de Cette place que sans elle touttes les autres seroient inutilles, et on peut dire même d’elle que si elle négale pas la bonté de tout le reste de la fortiffication, Elle ne luy cede gueres comme Il se verra cy après au Chapitre de ses propriettez, et de leur usage, C’est pourquoy mon auis est de voûter touttes ces entrées a preuue de bombes d’un bout a l’autre, 2.mt de prendre la naissance des Ceintres audessous de la 7° assise a compter de haut en bas. 3.mt de l’éleuer et araser au dessus, et de la barreller de grande pièce platte de grais, ou planches bien proprement quand on aura pris touttes les epaisseurs [p. 27] necessaires a ses Voutes, Et par ce qu’il sera necessaire en ce Cas de defaire toutte la charpente a pand de Bois qui forme sa façade du côté de la Ville. Il faudra la restituer par un mur de bonne maçonnerie de 3. a 4. pieds d’epais a parement de moilon, choisi proprement, Epincé et posé par assise reglée, obseruant d’y faire tous les jouës ou pieds droits des fenestrages et Lucarnes, a pierre de taille proprement taillée et d’y adjoûter trois grandes Lucarnes dans les greniers au dessus pour pouuoir de la, decharger dans les Batteaux tout ce qui sera dans les deux Etages, ce qui sera d’une tres grande commodité pour les Viures et pour l’art.rie qui se seruiroient de ces greniers.
35.
[in margine :] Les planches sur les Entrais reviendra a 723 li. – Les trois grandes Lucarnes auec les machines 360 – Les trois grandes portes fenestres 72, (total 1155.
Faire faire un second plancher bien Joint sur les entraits du Comble de la grande Ecluse, Fermer a même temps sa trape qui ne [p. 28] conuient pas la en faisant les trois lucarnes cy dessus, ausquelles Il faudra adjoûter des Tours et moulinets, afin de seruir a la Leuée des fardeaux, et faire de grandes fenestres ouuertes jusques au rez du bas etage pour pouuoir charger, tirer et decharger les marchandises des Batteaux a tous les êtages auec facilité.
36.
[in margine :] Lestacade de pilot au traverse La Riuiere, 900 li.
Pour asseurer dauantage l’entrée de cette Ecluse, faire une Estacade (17) de pilot au deuant, auec des Ventrieres, et Chapeaux, ces dernier armez de pointes de fer, et eleuez a hauteur des grandes Eauës ; Cette pièce sera alignée a peu près sur les deux angles opposez qui s’aprocheront le plus.
37.
[in margine :] La herse de fer deuant l’arcade de la nauigation auec La Machine, 500 li.
Adjouter de plus, Une herse, bien armée de fer a la porte d’eau qui sert a l’entrée [p. 29] des batteaux, qui leue tous les matins, et ferme tous les soirs.
38.
[in margine :] Les 13. herses deuant les arcades des Vanages avec les Machines 2600 li.
En voûtant les arcades de lad.t Ecluse observer de faire faire Joignant le gros mur une fente ou coulisse de 8: a 10: pouces de large a chacune, pour y mettre autant de herses ou coulisses, ayant des guides et traverse au dessous pour les tenir fermes, et des tours et moulinets dans le grenier audessus, pour lesquels on fera une separation de planches ou apand de Bois pour la separer du grenier, Au surplus on ne poura voûter le passage des Batteaux parce qu’il est trop êlevé, et que les Cintres ne pouroient aller si haut sans gaster le premier grenier.
39.
[in margine :] La supression d’une partie des Creneaux 160 – Les boulons a mettre aux chapeaux des Vanages 50 – Rougir en huile Les bois des Vanages 232 (total) 442
Agrandir et baisser les Creneaux de la grande Ecluse qui sont tous trop êlevez trop nombreux et pas assez ouuerts, on peut les reduire a la moitié [p. 30] les baisser a un pied, et les ouurir jusqu’à ce qu’ils ayent 5. ou 6. pouces d’ouverture a cause de la grande epaisseur du mur, et sur toutte la longueur en faire trois a peu pres egallement espaces de 15. pouces d’ouverture, avec un gros barreau dans le milieu, pour auoir du jour a la leuée des Ecluses, obseruant que s’il y a trop de difficulté a abaisser les Creneaux Il faudra du moins hausser leur derriere par une espece de banquette afin de les rendre praticables, et les ouurir comme dessus.

1698 – SHD, cote 1 VH 1743, N° 2 Strasbourg 30° Juillet 1698.

Propriettes des Escluses de Strasbourg. (Vauban signat.)
I.er
Premierement la grande Ecluse (110) est celle qui arreste et soutient les Eaues des Riuieres D’Ill et de la Bruche jointes ensemble, au moyen de laquelle se forment les Inondations qu’elle poussera bien audela du Rhin tortu, s’étendant a droite et a gauche de la Riuiere D’Ille, Jusques a pousser dans le premier et 2° sas de la Bruche, et dans les prairies audela jusqu’à près de trois quarts de Lieue de la Ville
2.mt Elle Couurira moitié du Retranchement du Rhin tortu qu’elle rendra Inaccesssible, poura courir dans les fossez de l’autre moitié (59 : 60 : 62) fera des Espanchemens sur la Campagne au deuant et prendra sa dêcharge dans le Rhin deuant Led. Retranchement quand on voudra La pousser aussi haut qu’elle poura aller
[p. 2] 3.mt Quand on ne la voudra pas forcer parce qu’il n’y aura pas necessité de cela, Il n’y aura qu’a tenir la fermeture des Vannes une planches ou deux plus Basse, pour lors La decharge passera par-dessus, ira faire tourner les moulins de la Ville a leur ordinaire, l’Innondation demeurant toujours formée a un pied ou deux près de son extreme eleuation qu’on pourra restituer en moins de 3. a 4: Heures quand les eaues seront un peu raisonables.
4.mt Lad.te Innondation estant forcée aussi haut qu’elle poura aller Toutte La Campagne entre le Retranchement du Rhin tortu et la place demeurera seiche a son ordinaire, Les Bestiaux y pourront paistre et chacun poura Cultiver Ses Jardins, aller et venir a ses affaires, Il n’y aura que le dehors du Retranchement d’Innondé.
5.mt en cet etat Les Ecluses de Chasse [p. 3] de la droite (111.) et de la gauche (113.) demeurant libres, pouront donner de l’eau a plain fossé, et exciter de grands courans de part et d’autre de la Ville, sil êtoit besoin, de même que celle de L’auant fossé (114) Et en V* les Eaux pouront agir de tous côtez par le Benefice des Ecluses de chasse et de fuitte, jusqu’a faire Le tour des Isles au dessous de la place, et generallement tout ce que l’on peut attendre d’Elle, Lad.te Innondation demeurant toûjours en Etat.
6.mt Le Canal du Rhin (…)

1699 – SHD, cote 1 VH 1743, Adjudication

N° 3, Adjudication faite le 12° Janvier des ouurages a faires aux fortifications de la ville Et citadelle de Strasbourg pendant la présente annéé 1699
(…) Les Crifs de fer à faire a la grande Escluze et aus autres pour un mis en œuvre a 66 lt.

1717 – SHD, cote 1 VH 1743, N° 8. Mémoires concernant la Ville, Citadelle de Strasbourg Et ses dépendances dans l’Etat qu’elle est

3 Juillet 1717. (Duportal, signature) identique au document de la Bibliothèque Nationale, fonds Du Portal, coté NAF 23 016
Vsage des Ecluses.
La grande Ecluse, 110, est celle qui arrete et Soutient les Eaux des Riuieres d’Ill, et de Brutche jointes ensemble, au moyen de laquelle se forment les Inondations qu’elle poussera bien audela du bras du Rhin tortu s’étendant a droite et a gauche de la Riuiere d’Ill jusqu’a pousser dans le premier et second sas de l’Ecluse du Canal de Brutche et dans les prairies fort loin audela
Elle Couurira le paisage compris entre la Riuiere d’Ill, le Rhin tortu, et fera des epanchemens sur la Campagne au deuant quand on voudra la pousser aussi haut qu’elle poura aller prenant sa decharge dans le grand Rhin
Quand on ne la voudra pas forcer parce qu’il n’y aura pas necessité de le faire, il n’y aura qu’a tenir la fermeture des Vannages de l’Ecluse, 110, d’une planche ou deux plus bas, pour lors la decharge passera par-dessus et fera tourner les moulins de la Ville a leur ordinaire, et l’Inondation demeurera formée a un pied ou deux prez de son extreme eleuation qu’on pourra restituer en moins de 5. ou 6. heures quand les Eaux seront un peu raisonables.
En Cet Etat les Ecluses de chasse de la droite, 111, et de la gauche, 113, demeurant libres pourront donner de l’eau a plein fossé et exciter de grands courants de part et d’autre de la Ville, s’il en etoit besoin de meme que dans l’auant fossé, mais il faudrait pour cela construire les Ecluses des pieces projettées, 114, et 151, pour se rendre maitre desd. mouuemens d’Eau et en ce cas elles agiront a volonté de tous cotez par le benefice des Ecluses de Chasse et de fuite proposées
Les proprietez de l’Ecluse de Chasse, 111 (…)
Projets [rien sur l’écluse 110]

1717 ( ?) – SHD, cote 1 VH 1743 – Plan

Plan de la grande Escluse au rez de chaussée du terre plain de la Place
Profil et Elevation de la grande Escluse vues du Costé de l’entrée des eaux
Elevation de la grande Escluse vue du Coté de la ville – Profil coupé par le milieu de la salle des Criqs à l’endroit du grand passage – Profil coupé par le milieu du grand Magasin
Profil coupé en travers de la grande Escluse

Sans date (1725 ou après) – BNU – Plans, élévation et coupe de la Grande Ecluse

Légendes des plans conservés à la BNU (Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg)

plan coté MS 1796, 37
(gauche) Plan du rez de chaussée du logement de l’Eclusier
Costé de l’entrée des eaux
Salle des crics
Magasin des vivres
Costé de la ville
(droite) Plan du pasage vouté

plan coté 1796, 38
[1° ligne]
Elevation d’une partie de la Corne vis à vis la courtine St Jean de l’entrée des eaux de la Rivierre d’Jll
Elevation de l’Escluse pour la descharge des eaux entre la gorge de la Corne & la Courtine St Jean
Elevation de la Tour à l’angle que forment la courtine St Jean et la vieille enceinte joignant la grande Ecluse
(Vieille courtine)
Profil couppé en travers du grand passage A de la grande Escluse & du magazin des vivres
(Partie droite)
Eslevation de l’entrée du magazin des vivres sur le grande Escluse & du logement de l’Esclusier
Profil couppé sur vne des pilles de l’Ecluse de la Brutche vûe du costé de la courtine du Bastion de la Brutche

[2° ligne]
Profil couppé sur la vieille enceinte qui part de la Tour St Jean & qui va joindre la grande Escluse & la fausse Braye, parapet, remparts & terre plain de la plaçe
Profil & Eslevation de la grande Escluse & magazin des vivres de Strasbourg vue par de hors, costé de l’entrée des eaux de la Rivierre d’Jll
Elevation du logement de l’Esclusier vûe du costé de l’entrée des eaux & joignant l’entrée du grand magazin des vivres
Profils couppés sur la vieille ençeinte qui part de la courtine du Bastion de Brutche & qui va joindre la grande Escluse, de la fausse braye parapet rempart & terre plain de la place
Profil couppé sur une des pilles de l’Ecluse St Jean vûe du costé de la gorge de la Corne

plan coté 1796, 39
PLANS PROFILS, COUPPES ET ESLEVATIONS DE LA GRANDE ÉCLUSE DE STRASBOURG ET DU GRAND MAGAZIN DES VIVRES AU DESSUS SITUÉES ENTRE LES VIELLES ENCEINTES DES COURTINES
A L’ENTRÉE DES EAUX DE LA RIVIERRE D’ILL
[1° ligne]
Profil & Eslevation de la vieille Enceinte de la ville entre la grande Escluse de l’entrée des eaux de la rivierre d’Jll et la courtine du Bastion de Brutch où est représenté la couppe du grand magazin des vivres dessus la ditte grande Escluse de Strasbourg
Eslevation du logement de l’Esclusier vue du costé de la rivierre
Plan couppé sur vne des pilles à travers les vannages B & du grand magazin des vivres vûe du coté du logement de l’Esclusier
Eslevation de l’Escluse pour la descharge des eaux située entre la courtine de Brutche & le fossé qui est devant
(Vieille enceinte) – (Gueritte entienne)
[2° ligne]
Rempart
Eslevation du logement de l’Esclusier vue du costé endedans de la Ville
Profil & Eslevation de la grande Escluse & grand magazin des vivres vûe en de dans de la Ville
Profil couppé sur la longueur de la ligne, CD, ponctuée de rouge pris sur le plancher au rez de chaussée de la plaçe de la Salle des crics vis à vis le tambour du grand passage A.
Profil couppé sur la ligne, EF, ponctuée de rouge sur le premier plancher au rez de chaussée de la place & coupant le passage vouté qui est vis à vis sur le rempart de la courtine St Jean, jusqu’en C.
Courtine St Jean
Rempart
Profil coupé du passage vouté

1725 – SHD, cote 1 VH 1744, N° 37 Plan, Profil, Elevation des Ecluses et du Magazin aux Vivres sur la Riviere D’Ille vu en dedans de La Ville

Strasbourg, M. du portal le 10 fevrier 1749 (sur papier huilé) [identique aux lignes 2 et 3 du plan de Du Portal daté de 1725]

1745- SHD, cote 1 VH 1744

Fortification 1745, Grande Ecluse (110) de Strasbourg
Etat Estimatif des Reparations a faire a la grande Ecluze (110) en maçonnerie, pierre de taille, Charpente, Herses, Ferures, Digues Coffres, Epuissemens des Eaux, demolition Et Recurement des Cannaux et de la Riviere

1747 – SHD, cote 1 VH 1744, N° 27. Nivellement des radiers des écluses 110, 113 et de la briqueterie de la digue d’inondation

15 juillet. (par Duportal signé)
(schéma) niveau du plancher de la grande ecluse (110) – 6 – niveau des eaux – 6. 10. – niveau du radier de la grande ecluse – passage d’eau, 8.

Le radier de l’ecluze du bastion de Brutch est de six pouces plus haut que celuy de l’ecluze 110
Le couronnement de sa cappe est de six pieds, quatre pouces hors d’eau et il y a 6 ½ d’eau, donc cette ecluze peut retenir et gonfler les eaux de douze pieds dix pouces Et la grande écluze de 13 pieds, quatre pouces audessus de son radier.
il y a sept pieds de profondeur d’eau dans le bras de la Riuiere vis à vis de la gorge de la pièce 114 c’est-à-dire que le fond de la riviére est de niveau à peu près au radier de la grande écluze
Il y a six pieds et demy d’au vis à vis du point ou peut être faite l’ouverture du niveau fossé de la digue

(schéma) digue de L’inondation – pile de L’écluze – niveau des eaux – radier de L’écluze 113, Du b.on de brutch
La digue de l’innondation est de quatorze pieds, cinq pouces, audessus du radier de la grande écluze 110 ou de treize pieds 11 pouces au dessus de celle du bastion de Brutche,
Par le nivellement du 15° Juillet, sur la digue de l’innondation depuis l’entrée des eaux vis à vis la place d’armes droite de la pièce 114 jusqu’au picquet du pont de la briqueterie du Rhin (…)
Dans les plus grandes eaux des crûes naturelles de l’Ill il y a dix et onze pieds et demy d’eau sur le radier de la grande ecluze (110) dans les eaux ordinaires il y en a cinq pieds et dans les plus basses deux pieds, huit à neuf pouces de hauteur lorsqu’on leurs laisse leurs cours libre. (signé) Du Portal.

1749 – SHD, cote 1 VH 1744, N° 36, Mémoire Relatif au projet general pour 1749 (Baudouin)

La Ville de Strasbourg forme dans son plan un triangle dont les trois angles sont dans des terrains jnaccessibles ce qui avoit donné lieu a la fortifications la plus simple et la meilleure si celles qui ÿ ont esté adjoutées depuis M. de Vauban auoient esté faites sur les principes de ce grand homme. (…)
La principale force de Strasbourg sur laquelle Mr le M.al de Vauban a compté, est L’jnondation de la Riuiere d’Jll, par le Moyen de la grande Ecluse (110) qui barre cette riuiere en entier, mais le radier de Charpente et Maçonnerie de cette Ecluse perd l’eau, ce qui diminüe les effets de cette jnnondation et ne se peut reparer qu’en construisant un massif de Maçonnerie en Ciment en avant et touchant les palplanches, de L’auant et de l’arrière radier, ou en barrant la Riuiere par une digue de terre et de Charpente audessous de la grande Ecluse.
Cette jnnondation S’Etend depuis la porte blanche (117), Exclusiuement, jusques a la digue Cottée (304) et y est Soutenuë par la digue ditte de L’jnnondation cottée (301) Ce qui forme L’jnondation Supérieure, Car le terrain baisse de ce point jusques au Rhin.
L’jnondation jnferieure est formée par un bras du Rhin tortu, et le Superflu de L’Jll, est retenuë par les Ecluses du moulin dit de la boucherie, par les Ecluses (266, 267) et les digues (302) (303) et (300). (…)
Pour remedier a tous les deffauts Cy dessus, et asseurer les jnondations a Strasbourg,
1° Il faut suivant le conseil de Mr de Vauban, Combler le bras de L’Jll qui D’Erstein descend dans le Rhin a Rheinau.
2° Construire un massif de maçonnerie en mortier de Ciment en auant et touchant les palplanches de L’auant radier de L’Ecluse (100).
3° Construire L’Ecluse projetée pres la tuillerie, retablir la digue de L’Inondation Superieure (304) et ordonner au Magistrat de Strasbourg de remplacer les Ecluses ruinées (266) (267) de L’Innondation Inferieure par une Seule nouvelle Construitte Suivant le dessein Feüille (6°),
4° Et quant aux torrents d’Eau que L’jnondation doit former dans les fossés depuis la porte blanche jusques a celle de Pierre jnclusiuement, Il faut ordonner au Magistrat de detruire les deux batardeaux de terre (260) (261) et retablir un Canal de Charpente, comme il estoit cy devant pour Conduire les Eaux aux Moulins dans le Bastion (118).
Ces articles sont proposés au present projet general pour Memoire Seulement.
14° Decembre 1748. Baudouin

1749 – SHD, cote 1 VH 1744 – Plan

N° 40. M. duportal le 20 9.bre 1749, Strasbourg
Profil de l’Ecluse 110, et du Batiment qui est au dessus avec les herses pour sureté de La place, feuille 2° art. 3. du projet
[Légendes] Grande Ecluse de Strasbourg, ville 1750. Art. 3 du projet
Profil de la grande Ecluse (110) qui fait voir les nouvelles herses construites pour la Fermeture et sureté de la place, et en même tems l’Etat actuel de ses passages
Fait à Strasbourg le 20. 9.br 1749
Digue de Retenüe – Contredigue – Arboutans – Magazin aux farines des Vivres – Galerie des Manœuvres – Magazin aux farines des Vivres – (feuille volante du Projet X) (Papillon ou) feuille Volante relative au projet X où l’on ne propose que la Reparation a neuf des planchers du radier et la reprise des coulises et des auant becqs des piles – L’entretien perpetuel des capes des piles que les Eaux couvrent et qui sont annuellemt. choquées et Ebranlées par les glaces, determine a proposer leur retablissement suivant le bout d’Elevation cy joint
[même plan, papillon ouvert]
(Papillon du projet Y) feuille Volante ou papillon relatif au projet Y où l’on propose la Reparation d’une partie du radier en pavé de pierre de taille, mais qu’on croit d’une Execution dificile et dangereuse dans le Cas de la Construction du double grillage Existant.

1749 et 1754 – Bibliothèque Nationale, fonds Du Portal, atlas coté NAF 23 039-23 040

NAF 23 040, plan 27 « Grande Ecluse telle qu’elle etoit depuis sa construction jusqu’en 1739 et 1740 »
Art. 3. du projet – Plan de la Grande Ecluse 110, partie en fondation, partie au Niveau de son plancher avec la Digue de Barrage pour l’jntelligence du Mémoire et de l’Etat Estimatif en détail du projet de sa Réparation

Grand coffre ou digue de Barage de la Rivière d’Ill, pour faciliter l’épuisement des Eaux du Radier de la Grande Ecluse 110

Plan de deux passages de la grande ecluse 110, avec Leurs piles pour faire voir la reparation d’une partie du Radier seulement avec pavé de pierre de taille, suiuant le Projet Y
Plan De L’écluse 110 pour faire voir la reparation du Radier et des coulisses suiuant le Projet Y, en suprimant la porte Busquée
Plan de l’assemblage de l’ancien grillage que l’on croit en bon état et ne devoir pas réparer
Strasbourg le 20° 9.bre 1749, Du Portal

NAF 23 040, plan 28
Grande Ecluse 110 de Strasbourg 1754 – Article 34 du projet general
Profil et Elevation d’une Pile de la grande Ecluse 110, avec Celuy des Coffres necessaires pour l’Epuisement des Eaux, dans l’Esprit d’Entreprendre la Reparation de cette Ecluse par parties
Fait à Strasbourg le 24 aoust 1754, Du Portal

NAF 23 039, sans numéro [33 bis, 4 plans, plan 1, voir 1725]
(plan 2)
Ecluse de Strasbourg 1750, Art. 3 du projet
Profil coupé en long par la Galerie des manœuvres et par un passage de la grande écluse
avant-becq d’une pile a elever audessus des Eaux ordinaires
Vüe des nouvelles herses pour la fermeture du passage de la grande Ecluse
Plancher
Fait à Strasbourg le 20 9.bre 1749, Du Portal

(plan 3) sans légende

(plan 4) Plan En fondation de la grande Ecluse 110 au Plan general avec le projet de sa reparation par partie
Coffre en chassis d’assemblage pour l’Epuisement des Eaux – avant radier – 20 pieds – arriere Radier – Passage busqué pour la navigation
Fait à Strasbourg le 24 aoust 1754, Du Portal

1749 – SHD, cote 1 VH 1744 – Epreuve de la Grande Ecluse

N° 38 Baudoüin – Strasbourg le 12 8.bre 1749
Monseigneur,
L’Epreuve de la grande Ecluse (110) a esté commencée le 10. et tous les passages de cette Ecluse ont estés fermés avec des Poutrelles dans les coulisses des Bajoyers à minuit du 10. au 11., les poutrelles touchant bien les Seuils par le bas, et estant bien assujetties par le haut contre le soulevement des Eauxs.
Dans cet Etat le 11. a dix heures du matin les Eaux passoient par-dessous le radier et S’Elevoient en gros Boüillons, a quatre ou cinq pieds de distance audessous des Seuils, et poutrelles, sans qu’il parut au dessûs, et Sur toutte la partie Superieure du radier aucun Entonnoir n’y tourbillon d’Eau, et de même jl ne paroissoit aucun Sourcillement sur le radier jnferieur qu’aux endroits cy dessus, ce qui nous a donné lieu de croire que les Eaux ne passoient qu’a L’endroit des Seuils, et pour nous en asseurer on a tamponné de roseaux le devant des Poutrelles du côté d’amont.
Le 12, il a parû que les tampons de roseaux avoient Fait quelque effet et tranquilisé plusieurs passages d’Eau, et en Effet, La Riuiere avoit crû de 6 pouces par ce moyen, ce qui nous adonné Ljdée de charger de long fumier le deuant d’un passage qui nous a parû le plus endommagé cecy sera Executé demain 13.
Les moulins au dessus de la grande Ecluse ont continué de moudre mais plus mollement qua lordinaire pendant tout le tems de L’Epreuve.
Je vous informerai Monseigneur Exactement de la suitte de cette Experience et vous adresseray un dessein relatif pour rendre mon rapport plus sensible.
Je suis auec un tres profond respect,
Monseigneur
votre tres humble et tres Obeissant Seruiteur
Baudouin

1749 – SHD, cote 1 VH 1744 – Plan
Strasbourg 1749

Profil en long pris suivant A, B au plan – haut. des Eaux soutenüe par les radiers Inferieures cotté au plan Général A, B, C, D, E, F, G, H. – 3 pces. – 8 pds 9 pces
Profil pris en travers d’un des passages d’Eau qui fait voir les manœuvres des herses avec clapets

1749 – SHD, cote 1 VH 1744 – Plan

Fragment Du plan de Strasbourg relatif a L’épreuve de la grande ecluse (110), du 10 au 13 8.bre 1749. Du Portal
Plan d’un passage d’Eau de la Grande Ecluse 110 relatif a L’épreuve de la grande ecluse du 10 octobre 1749

1750 – SHD, cote 1 VH 1744 – Epreuve de la Grande Ecluse

N° 39 Strasbourg, grande Ecluse 110. Epreuve du 10 au 13 8.bre 1749 (M. duportal le 7 avril 1750)
Observations sur l’Epreuve de la Retenüe des Eaux qui Vient d’etre reiterée a la grande Ecluse de Strasbourg par ordre de Mgr. le Comte d’argenson
On avoit observé depuis nombre d’années et nommement en 1716 et 1725 que les radiers de la grande Ecluse (110) etoient endommagés Et les planchers degradés Sur tout le long des Seüils et des Joints des uns et des autres de façon qu’on ne croyoit plus pouvoir barrer le Riviere d’Jll auec assés de Succés pour l’Elever et former L’innondation a laquelle elle est destinee.
Par l’Epreuve que L’on fit en 1716 devant feu M. le Marechal du bourg (après auoir retably les fermes, Ventelles et porte Busquéé, des treize passages de lad° Ecluse de 19 a 20 pieds de debit chacun) on ne peut gonfler les Eaux du côté d’amont que d’environ cinq pieds de plus que du côté D’aval, mais auec La Circonstance que les moulins qui sont scitués au dessous ne chaument que tres peu et Cette Epreuve ne fût pas de durée, Voilà probablement la Raison de son peu de succés.
[in margine :] Cette reparation ne fut pas faite auec toute la precaution et solidité necessaires en pareil cas parcequon s’en tint a des coffres d’une pile a l’autre qui ne permirent pas d’Epuiser le Radier a sec faute de pouvoir enfoncer Les Moulins dans le plancher et qu’ils resterent couverts de 16 a 18 pouces d’Eau sans pouvoir les reparer.
Par une pareille Epreuve Repetée en 1725 lors du mariage de la Reine en presence de feu M. Le Duc D’antin, on ne put gonfler les Eaux que de trois pieds et quelques pouces sans que Les Moutures ayent souffert autre chaumage qu’un Ralentissement dans la Vitesse des tournans, cette Epreuve ne fut Egalement que de Vingt quatre heures auplus, et sans aucune precaution pour boucher Les troux des Vannages par Lesquels l’Eau se perdoit.
Depuis 1725, Les planchers sont devenûs encore plus defectueux Les fermes et Ventelles se sont consommées, Sur tous les poteaux et Lieux des fermes, et ont Eté emportées par la debacle subite des glaces, causée par les crües extraordinaires de L’hiver de 1740 a 1741.
La cour ayant ordonné une nouvelle Epreuve pendant la présente année, pour y parvenir il a fallu se servir des coulisses dans les quelles etoient scellés et encastrés le gros poteaux et Rainure des piles qui supportoient les chapeaux, on les a démonté pour y substituer par le travers des 12 passages onze Rangs de poutrelles dans chacun, de 8 et 10 pouces de grosseur, formant ensemble une Retenüe de 7. pieds sept à huit pouces de hauteur, qui se meuvent auec crochets, cordages et moufles sans nulle dificulté.
Des Le 10 et pendant la nuit du 10. au 11. 8.bre toutes ces poutrelles ont Eté mises en place, et Si bien Serrées l’une sur l’autre, qu’il ne passe que tres peu ou point d’Eau entre les dites poutrelles, il est bon d’observer en passant que cette sorte de retenüe est plus Effective et perd moins d’Eau que celle des fermes ordinaires auec Ventelles dans les coulisses.
Les 12. passages ayant été ainsy fermés et le 13° passage L’etant par la porte busquée, pendant que les moulins nous retenoient les Eaux pour l’aisance de cette operation, Le 11. a la pointe du Jour on a fait ouvrir toutes les Retenües des huit Ecoulemens ou bras de la riviere, et en moins d’une heure il n’y avoit plus que trois pieds neuf pouces d’Eau sur le Radier Inferieur de la grande Ecluse, et Cinq pieds trois pouces en avant du Barrage ou de la Retenüe.
N.a que les Eaux ont subsisté aux mêmes hauteurs d’amont et d’aval toute la journée du 11. 8.bre ce qui sembloit prouver que pendant cette Journée le Volume de la Riviere d’Ill dy Rhin tortu et de la Brutche se depensoit par les Vuides de l’Ecluse.
En parcourant a plusieurs reprises, Exterieurement et interieurement de l’Ecluse tous les passages, et les auant et arriere radiers, lon a remarqué auec assez d’evidence, que les Eaux ne se perdent pas par le dessous de la masse Entiere des d. Radiers, Et que leur debit ne se fait que par l’imperfection des planchers et du grillage à environ douze ou 15. pieds au plus en avant et en arrière du maitre Seüil ; mais comme ce Seuil est entaillé des quatre double mortoises dans les quelles etoient logés les tenons des quatre poteaux a coulisse de chaque passage, que d’ailleurs les grandes Coulisses qui en castroient les gros poteaux des piles ne sont pas remplies ny bouchées par nos poutrelles de barrage (quoy que L’on y ait pratiqué des redoublemens auec madriers de 3 pouces d’épaisseur pour y supleer) il en résulte que par les mortoises, ces coulisses et encore par la degradation Et le Vuide de plusieurs pierres de taille aux piles, il se perdoit Vn Volume d’Eau assés considérable, Inconvénient auquel on ne pû remedier qu’avec Leches, menus Roseaux, herbes, et Long fumier dont on a bouché les plus grands Vuides, et dont on a remarqué L’Effet par le ralentissement d’un partie du courant sans cependant rien changer au niveau des Eaux de l’auant et arrier Radier. On a ensuite placé des rehausses sur les poutrelles trop basses et bouché encore plus soigneusement les trous. Après les mesures prises les jours suivants, le 14 au matin les eaux éaient encore montées et l’eau commençait à passer par-dessus la dernière rehausse.
Comme on n’etoit pas preparé a pouvoir mettre des Rehausses d’augmentation sur celles mises la veille L’on n’a pu tenter d’elever les Eaux a une plus grande hauteur, elles ont cependant regonflés encore de deux pouces pendant le Reste de la Journée du 14 et reversoient d’autant par-dessus les Rehausses de sorte qu’il auoit reellement 8 pieds 8 pouces d’Eau sur le Radier d’amont (110) sans qu’on ait decouvert auec le plus serieux Examen, qu’il y ait aucun affoüillement caractérizé par-dessous le massif des radiers et des piles, Le fond de la Riviere en avant et en arrière des Radiers est de niveau auec eux, nulle soüille, nul courant et aucune Indication qui puisse detruire ce que lon vient d’annoncer auec toutes ses circonstances et dans l’exacte Verité.
La disette reele des farines dont cette Ville n’a Jamais d’aprovisionnement, Le domage que les Eaux commencent a causer a quelques parties de Jardinage qu’elles ont surmonté et la navigation qu’il faut rendre au publicq dés demain a cause des Batteaux qui arrivent de haute alsace et de ceux qui peuvent remonter depuis la Vantzenau, determinent a faire enlever des cette nuit une partie des poutrelles de retenüe, R’ouvrir la porte Busquée et achever dans La journée de demain de remettre les choses dans l’Etat ordinaire.
Avant de combiner les conséquences que l’on tire des observations que l’on vient d’enoncer, on croit qu’il est apropos de specifier le Raport des radiers des moulins, Reversoirs, decharges et Ecluses Inférieures auec celle (110), relativement au bout de plan y Joint ou elles sont cottées par lettres alphabétiques.
Le Seüil de la Vanne de decharge du Reversoir A du petit contre fossé près la maison de force est de trois pieds huit pouces et demy plus haut que le Radier de la grande ecluse (110)
Le Seüil de la Vanne de decharge du Reversoir B du grand contre fossé dit faux rempart, est de trois pieds quatre pouces et demy plus haut que le Radier (110)
Le Radier de l’Ecluse de navigation du Magistrat C est de six pouces plus haut que le Radier (110)
Le Radier de l’Ecluse du fossé des tanneurs D est d’un pied quatre pouces plus haut que le Radier (110)
Les seüils des trois moulins E F G dits Spitz mühl tinze mühl et Zorne mülhl sont de niveau entreux et de deux pieds plus hauts que le Radier (110)
Le Seüil et Radier de la petite Ecluse de decharge du fossé de la magdelaine cotté H près de la prison militaire est de deux pieds six pouces plus haut que led. radier (110)
Le Radier de l’Ecluse du bastion de la brutche 113 est de 6 pouces plus haut que celuy (110)
Le Radier de l’Ecluse de le Courtine St. Jean (111) est de cinq pouces plus haut que celuy (110)
N.a Il n’y a que dix huit pouces de Chutte aux trois moulins E F G de sorte que le bras de cette chutte est encore plus Elevé de six pouces que le Radie (110)
N.a B.e Dans le grand contre fossé dit du faux rempart, a mille Vingt neuf toises au dessous du reversoir et decharge cotté B il y a une decharge semblable appelée l’Ecluse du Preteur ou des Recolets, dont le Seüil Est de trois pieds six pouces plus bas que la precedente, et par consequent plus bas aussy d’un pouce Et demy que le Radier (110) mais Ledt. contre fossé est si engorgé par la negligence du Magistrat qu’il faudroit faire un deblay de onze a douze cent toises de longueur sur cinq cent toises de largeur et cinq pieds de profondeur reduite, si on Veut se permettre de tirer Les Eaux de dessus le Radier 110 et encore de degorger les Crües annuelles de la Riviere d’Jll
[in margine :] feroient 4791 toises 4 pieds cubes de terres ou graviers qu’on ne peut deposer qu’en berme et a grands fraix
N. Il faudroit une operation semblable sur 6 a 700 toises de longueur dans le grand Lict de la Riviere depuis la grande Ecluse Jusque prés du pont des Bouchers sur 9 à 10 toises de chambre et trois pieds de profondeur reduite, et enfin dans le contre fossé de la magdelaine sans quoy la Riviere achevera de se Boucher de façon a arreter la liberté de La navigation pendant les 2/3 de l’année sans compter L’impossibilité des ecoulemens des crües et innondations annuelles dont on Vient de parler.
[in margine :] feroient 3 a quatre mille toises cubes de terre a Retrousser a la pelle et enlever en suitte par batteaux pour porter au dessous de la Ville a 600 toises de la palissade
On croit devoir observer encore qu’en coupant où faisant baisser de 18 ou vingt pouces Le Seüil du Reversoir et Vanne de décharge près des recolets, par la pente qu’il y a de la a la chutte du Moulin de L’hopital près l’arbre Verd, on manieroit les Eaux de cette ville a Volonté et auec sureté sur tout si on Retablissoit dans le même Esprit Le Reversoir B auec décharge de fond.
La largeur total dudt. contre fossé B est de treize toises quatre pieds dont 10 pieds seulement sont employés a la Vanne actuelle de decharge aulieu qu’il devroit y en avoir trois d’augmentation et Etablir a 15 ou 16 pouces plus bas que L’ancienne, on devroit Egalement en Etablir une au petit contre fossé A dont la Largeur entiere et de 7 toises quatre pieds.
Le seüil du moulin des huit tournans est plus haut que le Radier de la grande Ecluse de 5 pieds 5 pouces et demy.
Le seüil de la Vanne de l’Entrée des Eaux du Canal dans Le fossé de la demy lune de la porte blanche est d’un pouce plus haut que celuy des huit tournants et de 5 pieds 6 pouces et demy plus haut que le radier de la grande Ecluse.
Toutes Les observations qu’on Vien de Raporter amenent Ce semble a Conclure.
Premierement, que dans le cas de necessité, malgré L’état actuel de la grande Ecluse (110) et des degradations qui subsistent, en augmentant le nombre des poutrelles amovibles Jusqu’à 12 pieds de hauteur audessus du Radier, Et en preparant celle de moindre Epaisseur qui peuvent Etre Logées dans Les coulisses Inferieures afin de déposer entre deux une masse de Long fumier et de gasons sur six pieds de hauteur seulement, L’on parviendroit sans nul doute a former L’innondation a un pied et demy près de la grande Elevation dont feu M. le Marechal de Vauban a parlé dans ses mémoires sur Strasbourg.
Secondement, que les Reparations a faire a ladite Ecluse ne sont pas a beaucoup prés aussy Considérables ny aussy dispendieuses qu’on avoit lieu de les imaginer, mais malgré cela on ne peut guerre y travailer auec succés qu’en barrant la Riuiere en entier, et se Conciliant pour cet Effet auec les Besoins du publicq et auec les Magistrats, pour que en même tems et auec diligence ils fassent le nettoyement des parties de la riviere qui en ont un besoin indispensable, c’est sur ces différents objets que l’on fournira des détails Circonstanciés accompagnés des plans qui ne peuvent trouver place icy et que l’on ne doit pas présenter a la legere.
Troisiemement qu’il y a lieu de croire que si par Les Epreuses de 1716 et 1725 on n’a pas reussy a forcer L’Innondation, cest que les Retenües etoient tres defectueuse perdoient beaucoup d’Eau et qu’on ne leurs a pas laissé le temps convenable pour se former et asseoir Son Jugement.
On finit par dire, qu’avant toute Repetition d’Epreuve a L’Ecluse (110) il sera prealable que le Magistrat Rebouche la breche, et construire en maçonnerie L’Ecluse de la digue de l’innondation près la redoute a Machicoulis sans quoy on ne peut soutenir les Eaux et les Empecher de Reverser dans le Rhin par le canal de Communication dudt. Rhin auec La Riviere a l’Ecluse 80 de communication droite.
Fait à Strasbourg le 15. 8.bre 1749

1750 – SHD, cote 1 VH 1744 – Fortification de Strasbourg. 1749 pour 1750. Grande Ecluse (110)

Observations sur les reparations a faire a la grande Ecluse 110 de L’entrée des Eaux a Strasbourg
L’Vtilité et L’avantage de cette Ecluse pour la deffense de Strasbourg est assés connüe pour se passer de démonstration sur la necessité de la mettre en cas de Soutenir toutes les Eaux qui y aboutissent.
Dans Le detail Envoyé sur l’Epreuve faite du 10. au 15. 8.bre dernier, On a observé que cette Ecluse quoyque dégradée en plusieurs chefs est encore en Etat de former L’inondation mais avec L’enteur et beaucoup de precaution, Ors si l’on Veut assurer sa manœuvre, Les Rendre prompte, facile et obvie a un depérissement plus dispendieux, Il paroit Inevitable de traitter dès a présent des moyens de la Retablir.
C’est ce qu’on Va mettre sous Les yeux par l’Etat estimatif, Les plans et profils cy joints, et par la suitte de ce memoire.
Pour pouvoir Executer Le projet de Reparation qu’il plaira à la Cour d’approuver, jl faudra préalablement former a pied d’œuvre Les approvisionnements de tous Les matériaux motivés dans L’Etat estimatif en détail, Commander, assurer et rassembler tous Les ouvriers de chacune Espece nécessaire et dont on fera un juste dispositif pour les auoir sous La main et pour accelerer L’ouvrage sans negliger La solidité qui luy Convient a tous Egards.
La fin de Juillet, aoust, 7.bre et 8.bre Sont Les trois mois Les plus propres pour L’operation, dont il s’agit, C’est le tems de basses Eaux de L’Ill, de la Brutche et de Rüisseaux qui tombent des montagnes dans L’Ill entre Erstein et Strasbourg.
Tandis que l’on sera occupé à battre Les pilots pour La grande Digue de barrage Et Ceux de la Contre digue, Il convient d’ouvrir à Grafft le bras de la Riviere qui coule au Rhin afin d’y détouner une partie du Volume de L’Ill (pourvû que le Rhin ne fasse aucune crüe dans le même tems, sans quoy il soutient Et meme Refoule L’Ecoulement) On croit nécessaire pour mieux effectuer led. Ecoulement, de barrer une partie du Lict de L’Jll où par un pilotage ordinaire en Coffre remply de terre ou par un epys, mais la démolition de ce dernier devient plus difficile que L’autre, observant de boucher Les Ecoulemens de la Rive gauche du bras de Grafft qui passants Vers Plobsheim Retomberoient sur Strasbourg.
Il faudra Egalement barrer L’entrée du Rhin tortu, afin de se degager de toute surabondance d’Eau.
Il ny a que Les transpirations du Rhin qui sont très Effectives, Le trop plein de La Riviere d’Ill, La Brutche entiere, Le Schernette, L’andlau, et L’ergers dont on ne peut se debarrasser que par Les fossés de la droitte et de la ligne de la place En tenans toutes Les Ecluses de Chasse et de fuite ouvertes.
Aussitôt que Les opérations dont on Vient de parler tireront a leurs fins, on mettra dans Les Coulisses de la grande Ecluse Les poutrelles amovibles afin qu’elles fixent la Casse des Eaux Et facilitent le Remplissage du coffre de barrage pour lequel il faut auoir, En dehors de l’Ecluse, 18 Batteaux propres a contenir 2 toises Cubes de terre chacun, six de ces Batteaux seront a la charge, autant a la decharge, et autant en chemin, ce qui mettra en Etat de fermer Led. Coffre en trois jours, Les ouvriers y étant proportionnes.
Le Barrage bien achevé et d’amé on ôtera Les poutrelles de L’Ecluse, et on mettra Sur le champ 1200 Pionniers ou soldats a rigoler depuis le Radier de L’Ecluse (110) Jusqu’à L’Ecluze C du Magistrat d’une part, Et de l’autre depuis La porte busquée jusqu’au Reversoir B du grand contre fossé dit le faux Rempart Et en descendant jusqu’a L’ecluse du Preteur ou des Recolets a fin découler les Eaux qui resteroient sur Le Radier malgré le Coffre de Barrage faute d’Ecoulement.
Les Curemens de ce fossé et d’une partie de la Riviere sont d’autant plus nécessaires quà la moindre Crüe un peu générale Il se forme une Inondation naturelle en avant de La ville parce que le debit au dessous du Radier (110) est plus eleué que luy ainsy que l’on peut le voir par Les observations sur L’Epreuve du 100 au 15 8.bre Et par contre Lorsque Les Eaux sont basses, La navigation de L’entrée de La Ville entre L’Ecluse (110) et Le pont de St Louis, est Interrompüe de façon que les batteaux ont peine a passer a demy Charge.
C’est pour quoy et de ce Recurement jl resultera le bien public, une sureté morale que L’on pourra faire La Réparation de la grande Ecluse auec très peu dépuisement d’Eau, surtout, si comme on Le presume, Le dessous des Radiers n’est foüillé.
A L’égard de La démolition et du Rétablissement de L’ouvrage, Il y sera procedé auec ordre, diligence et bonne Exécution.
Pour ce qui Vient d’etre dit, on sent que pendant la durée de ce travail, La navigation et Les moutures de cette ville seront suspendües, ce qu’il est jnevitable d’avertir Le publicq du tems que la Cour fixera pour Cette operation afin que chacun pourvoye a ses approvisionnemens et obvie a la disette de plusieurs sortes de denrées que ces Circonstances occassionneroient a tout quoy on remediera sans difficulté par un arrangement solide et bien combiné auec Mre du Magistrat.
Pour faciliter La decision de la Cour sur le projet de Reparation qui merite preference, on Va luy Exposer quelques Réflexions sur la première construction de cette Ecluse et son etat actuel.
Le Plan en fondation et les profils de la grande Ecluse prouvent qu’elle a Eté Etablie sur un double grillage de Charpente composé de Longuerines et traversieres avec un double plancher jntermediaire, Les chambres des grillages paroissent remplies de maçonnerie et L’auant et arrière Radier Coffrés d’un fil de palplanches, on juge aussy que la fondation à été assise sur un tres bon fond puisqu’il n’y a n’y Lezard n’y affaissement n’y surplomb dans toute La masse de cet edifice, son plus grand deffaut a nôtre avis Consistoit dans les fermes qui divisoient chaque jnterval de 20 pieds 9 pouces 4 lignes chacun, Ces fermes composées d’un poteau montant a coulisse de 16 pouces d’Equarissage et de 4 Liens butans de Chaque côté d’amont et d’aual, Lesquels Etoient tous assemblés a grands tenons et mortoises dans le maitre seüil, et Les seüils de Reuers, auec Ventelles de 7 pieds de hauteur qui Levées et ouvertes jusque sous le Chapeau ne pouoient donner plus de huit pieds de hauteur de débit. Il a Resulté de cette sorte de Construction deux Inconvénients facheux, L’un que la repetition des mortoises a multiplié Le Robinets que Les Eaux ont agrandis par succession de tems.
L’autre que Les débordemens et les debacles annuelles des glaces et quelques fois repetées dans le même hyver se trouvant gênés par Les passages Etroits dont on vient de parler, ont hâté par chocq et leur Vitesse, le deperissement des planchers, ayant Eté témoins plus d’une fois que dans Le Cas où L’jnondation Se formoit naturellement sur 10, 12, Et 14. pieds de hauteur, La grande Ecluse êtoit surchargée de glaces entassées jusques sous la galerie et qu’il falloit un trauail forcé pour les degager Et précipiter a Coup de masses, de pinces Et de Crocqs.
On sent bien (malgré les inconvenients qui resultent d’une pareille Construction) qu’on ne peut en admettre une autre dans toute Ecluse de chasse et de fuite, où il S’agit de faire des manœuvres promptes et qui assurent des courans, mais a toute Ecluse dont la fonction est Uniquement de Retenir et gonfler Les Eaux a Volonté et Vis-à-vis de laquelle jl est jnstant de se menager un debit suffisant afin d’euiter Les débodemens, jl convient sans contredit de Luy procurer toute La dépense dont elle est susceptible par ses passages, Voilà précisément Le Cas de notre grande Ecluse, et ce qui determine a suprimer Le Rétablissement des fermes et même celuy de la porte Busquée, et a y substituer des poutrelles amovibles qui ne servent qu’au besoin.
Les 24 fermes qui composent 36 petits passages dans les 12 grands d’jnterval d’une pile a l’autre faisoient en même temps la fermeture de la Ville parce qu’on auoit tous Les Jours attention de baisser Les Vannes a fleur d’eau L’orsque le portier alloit fermer la herse du grand passage de la porte busquée.
On doit observer icy que cette fermeture étoit defectueuse en ce que la Clef des arceaux de chaque passage est de 9 pieds au dessus des Radiers et Les Vannes des fermes à 14 pieds en arriere de L’aplomb du gros mur, de sorte que pendant les Eaux ordinaires jl n’etoit pas impossible de s’introduire En Vedelin sous Lesd. passages et de monter par les Liens et entretoises des fermes dans La galerie, ce qui est contraire au bien du service, pour Remedier a cet inconvénient et a mesure que Les Eaux ont Enleuées Les Vieilles fermes qui Etoient consommées on a substitué des Rateaux provisionels a Clairvoye en bois blanc, mais ayant été forcés de les démonter en Entier pour faire L’épreuve du 10. au 15. 8.bre dernier on la été Egalement de restituer une nouvelle fermeture a cette Ecluse dans tous ses passages, C’est ce qu’on a fait avec des herses de bois de Chene bien ferrées et Conditionnées auec clapets Conformément a ce qui en est Représenté par Les Plans profils et Eleuation et au detail de L’etat Estimatif, on dira même en passant que la manœuvre en est si juste qu’un Enfant peut Les mouvoir et qu’ils obvient a la possibilité ou on Etoit cy devant de s’introduire dans la galerie.
La seule difficulté qui semble deuoir causer quelque Embaras pour décider sur l’Espece de matériaux qu’on employera pour le Rétablissement des Radiers Consiste En ce que si l’on s’en tient au Renouvellement des planchers suivant Le projet X au remplissage En maçonerie de briques posées en bon Ciment et au Recépement des Seüils endommagés jusqu’au niveau du grillage supérieur pour que le tout soit vuiment Recouvert des dits planchers qui ne sont pas jncorruptibles, on s’expose au bout de 60 ou 80 années plus ou moins, a Retomber dans Le Cas d’un nouveau Retablissement qui probablement ne sera plus aussy dispendieux que celuy cy mais qui entraînera toujours aux frais d’un barrage et quelques Epuisemens.
Au lieu que si on pouuoit Retablir les dits Radiers en totalité, ou du moins en partie auec pavé de pierre de taille ainsy qu’il est Exprimé par le projet Y. jl paroit que cette Reparation mettroit a l’abry de la recidive (non pas en totalité) parcequ’on sçait que dans L’employ d’un aussy grand nombre de pierres de taille les mieux choisies jl s’en trouve toujours quelques unes que Les Eaux degradent ou delitent sans pouvoir s’en garantir auec la plus scrupuleuse attention mais pour parvenir a donner de la solidité a un paué de cette Espece jl faudroit pouvoir luy faire prendre Corps avec le Reste de La fondation, C’est ce qui devient morablement jmpraticable icy parce que jndependamment de la depense et de la dificulté des Epuisemens d’Eau, Le double grillage embarasse ainsy que Les planchers qui Les recouvrent Il faudroit donc Retailler le tout, sous œuvre pour ainsy dire a fin de donner de la solidité a Ce genre de Radier (reste a Sçavoir s’il n’en Resulteroit pas tassement ou du moins Ebranlement dans Les massifs des piles et du gros mur crenelé de l’écluse qui paroissent assis sur Ces Grillages.
Ces Réflexions (qui meritent d’etre pezees) jointes a celles que L’epreuve du 10. au 15. 8.bre a occasionné En nous Rassurant sur la prevention ou l’on etoit d’un Vuide presqu’uniforme par-dessous Les grillages Ramenent Ensemble a preferer le Retablissement suivant Le projet X auec La Condition que d’abord après Les Curemens du grand contre fossé et De la Riviere acheués et les moulins Etablis, on demolira dans deux ou trois passages qui paroitront les plus malades Les planchers Et la maçonnerie seulement des deux Rangs des Chambres du grillage Les plus Voisins du maître Seüil pour constater auec Evidence qu’il n’y a point de soüille n’y de Vuide au dessous parce qu’en ce Cas si l’on en decouvre on y Remedieroit par Vn parasoüille en Briques de 8 pieds d’épaisseur qu’on etabliroit le plus bas quil seroit possible et que l’on conroyeroit deuant et derriere auec terres a potier la mieux choisie et bien preparée, mais on Repete qu’on croit fermement que toute La degradation consiste dans Les seuils et planchers qui Les avoisinent, peut Etre aussy en quelques dégradations du remplissage des chambres du grillage superieur seulement et enfin dans Les paremens Voisins des coulisses d’où L’on conclue que si on ne s’est point trompé dans ces conjectures pesées auec attention La Réparation se fera bien et a moins de frais qu’on ne les à compté dans L’Etat Estimatif.
Mais il deviendra Essentiel de donner des ordres bien motivés pour la coupe des bois de Chêene necessaires pour Les planchers, La bonne Espece devient rare et on En consommeroit beaucoup. C’est pour quoy si la Cour se détermine a faire travailler a la grande Ecluse En 1751. Il faudroit de cet hiver ordonner La coupe des bois afin de ne les pas Employer tous Verds.
Il sera Egalement necessaire que le Magistrat fasse L’acqueduc du moulin des huit tournans afin que l’on puisse Restituer aux Eaux l’Ecoulement de toutte La Largeur du fossé du Bastion ou ce Moulin et etably, ce qui est jmpraticable aujourd’huy.
Si Monseigneur Le Comte d’argenson desire de plus amples Eclaircissemens sur cet objet, on est en etat de Les fournir a la première demande.
Fait a Strasbourg Le – 9.bre 1749.

1766 – SHD, cote 1 VH 1745 – Mémoire
N° 26-bis Mémoire abrégé sur la Ville Citadelle et Reduits de Strasbourg (de Rozieres) 1766 (1. 8.bre)

(…) Je passe actuellement à la propriété des Ecluses, la grande Cottée 110, est Celle à laquelle premierement on doit faire le plus d’attention parcequelle soutient le Reservoir d’Eau qui forme l’jnondation formée par la riviere d’Ill, un bras du Rhin dit Tortu et la Riviere de Bruche; cette derniere ne peut absolument en etre detournée, et si on detourne les autres, ce ne poura jamais etre avec un succès proportionné à l’attente. L’Inondation en question etant un fond de Cuve où toutes les Eaux d’une transpiration forte se porteront naturellement sans qu’on puisse l’empêcher, de quoi il resulte qu’on peut absolument compter sur toutes les ressources de cette Inondation quand on aura soin de bien entretenir l’Ecluse qui la soutient, elle est dans le cas d’une forte reparation qu’on peut estimer à 140 000 li. Jusqu’à présent on avoit cru ne pouvoir la faire sans des fonds Extraordinaires mais on prevoit qu’à commencer de l’année 1772 on pourra jusqu’à parfection y porter annuellement un fonds de 35 000 li. des fonds ordinaires que la Ville donne chaque année pour l’entretien des fortifications, parce que d’icy ce tems on juge que le plus pressé sera reparé aux fortifications, de façon que la place sera en assez bon etat. Tels sont les projets d’Economie avantageuse qu’on a à ce sujet. Je reviens aux ouvrages qu’on peut tirer de cette Ecluse ils sont d’etablir des courans d’Eau si considérables au moyen des Ecluses 108 et 111, qu’il sera impossible à l’Ennemi de faire son passage des fossés, et cela depuis la riviere d’Ill jusqu’à l’Ecluse 136, les autres fronts de la place jusqu’à la rive gauche de la basse Jll sont inattaquables, les Ecluses de chasse 108, et 111, sont parfaitement en Etat, il en est de même de Celle 113, à la rive droite de l’Jll supérieur, laquelle a pour objet l’Etablissement d’un courant d’Eau au front couvert par l’Inondation, moyennant quoy toutes les Ecluses de chasse sont en etat, puisque le rehaussement et repaississement de la Digue à la rive droite de l’Jll depuis celle de l’Inondation jusqu’à l’Ecluse 113, met dans le Cas de negliger Celle de la piece 114, à l’egard des Ecluses de decharge, deux actuellement sont réparées à neuf et très solidement, de sorte qu’on ne peut de ce moment en tirer tout l’avantage possible pour la salubrité de l’air, puisque l’Ecoulement des Eaux des Cuvettes en est plus accélérée, Celle cottée 163, à la rive droite de l’Ill inférieure produit Le même effet aux fossés de la Citadelle. Il restera donc a reparer actuellement les deux Ecluses 161 et 164, au moyen de quoy toutes les Ecluses de decharge seront en etat d’etre manœuvrées. (…)

1770 – SHD, cote 1 VH 1745 – Projet général
N° 30 Strasbourg 1770 (30 janvier). Projet général sur les Inondations de la partie méridionale de Strasbourg (par Ruel de Bellisle avec 2 carnets dont 1 sur les tablettes)

Tour à tour ou souvent ensemble, L’Ill et le Rhin baignent les Campagnes du midy de Strasbourg.
Ces Inondations accidentelles nourissent plusieurs Inondations perpetuelles ; et ont donné L’Idée d’une Inondation artificielle qui doit couvrir la partie meridionale de cette place en tems de siege.
L’Inondation artificielle est donc aussi avantageuse que les autres Inondations sont incommodes, et nôtre projet doit concilier deux objets presque contraires,
Le premier est d’achever et d’améliorer L’Inondation artificielle.
Le second est d’anéantir les Inondations [f° 1 v°] accidentelles et perpetuelles.
Trois moyens y concoureront ensemble et formeront les trois parties du projet général.
Le premier moyen est d’opposer une Barrière Invincible aux Eaux extravagantes.
Le 2° consiste à se rendre maitre de diminuer où d’augmenter et soutenir à volonté les Eaux courantes.
Le 3° sera de déblayer Suffisament les Eaux quelconques reçües volontairement où necessairement.
1re Partie
Le 1° Moyen est d’opposer une Barrière Invincible aux Eaux extravagantes.
Les nouvelles Digues des allemands augmentent de plus en plus les crües du Rhin sur nôtre rive.
Strasbourg a ses Digues aussi mais [f° 2] elles sont basses, minces, Sans taluts, sans longueur suffisants, et elles s’accordent si peu avec les Ecluses C, D.1, D.2, E que la Campagne et la Ville Sont noyées à peu près comme si ces digues n’existoient pas. (…)

1774 – SHD, cote 1 VH 1745, N° 40.bis. Journal des Différens ouvrages faits préliminairement et pendant l’exécution des réparations ordonnées par le Roy en 1774. à l’Ecluse cottée 110. de l’inondation de Strasbourg

(Rozieres) 1774 (22. 8.bre)
L’estimation ayant été faite autant que d’après les dégradations Vues on pouvoit juger de celles a faire, le radier de L’Ecluse dans les plus basses eaux en etant couvert de plus de cinq piés, elle fut evaluée à 140 000 li. mais espérant trouver moins de Dégradations avec le désir de l’oeconomie, pour concilier toutes choses avec les moyens, elle fut réduite à 104 000 li. Et ce fonds encore trop considérable ne pouvant etre rempli par celui fait annuellement par la Ville, le ministre decida que pour finir toutes les réparations dans une même année, la majeure partie des fonds de 1774 y seroit employée et D’avance par L’Entrepreneur de même pour ceux de 1774 qu’en outre la Cour feroit un fonds extraordinaire de 40 000 li. C’est D’après ces arrangements que le travail a Eté commencé le 1er Juillet. Il etoit de conséquence, de détail et de durée a L’Etre plutot pour pouvoir finir avec certitude avant la mauvaise Saison, mais il falloit se conformer aux crues du Rhin qui seulement commence à baisser dans les premiers jours du mois D’aoust. C’est cette circonstance qui a obligé de différer le commencement de L’ouvrage jusqu’à ce tems. L’expérience a fait voir combien il eut été Dangereux d’opérer différemment.
Le premier projet avoit été de barrer en entier la rivière d’Ill non seulement quelques toises supérieurement à L’Ecluse mais aussi a Erstein en y barrant Ses trois bras pour la reverser dans le Rhin par celui de la Krafft et par un premier formé au dessus des deux dits bras moyennant la destruction du piquetage et Clayonnage rive droite, fait pour assurer en basses eaux la navigation de la riviere d’Ill et l’usage des moulins, mais la crainte publique peu fondée à Strasbourg concernant le mauvais air par la riviere détournée, ce qui pouvoit la mettre à Sec dans L’intérieur de la Ville, faire chaumer les moulins et interrompre la navigation, détermina a chercher les moyens de faire à L’Ecluse les réparations dont elle etoit susceptible en en barrant que les deux tiers de la riviere. On l’avouera les esperances de réussir pour les Epuisems. paroissoient d’autant moins certains qu’il falloit etablir le coffre de traverse sur un radier recouvert en madriers soupçonné d’Etre très mauvais. On se borna donc pour cette opération a détruire le Clayonnage et piquetage rive droite de l’Ill un peu audessus d’Erstein dont il a Ete parlé cydessus. Les digues ou coffres D’amont, d’aval et de traverse continué, le barrage en entier ayant lieu pouvoir resister au poids des eaux, on commença le 4. aoust les épuissems. par dix moulins et chapelets. Il se firent d’abord avec succès comme cela arrive toujours, mais au bout de 24. heures quoique les moulins eussent été augmentés, les eaux qui avoient baissé de deux piés et demi resterent dans le même etat, et même commençerent a hausser, les sources ou renards estant devenus plus grands, on chercha a les fermer par un répaississement au coffre de traverse d’où toutes les eaux sortoient comme on sy etoit attendu, mais ne pouant y réussir quoique cette digue eut dans œuvre neuf piés de terre en largeur et eut été répaissie de plus du double sur toute la largeur de la travée, on y renonça dès le Deuxième jour pour revenir au prémier projet du barrage en entier de la Riviere qu’on continua avec célérité, de façon que le 17. aoust il fut ferme à la digue D’amont de L’Ecluse, et ce avec promptitude et Succès vis à vis le grand passage de la navigation malgré la profondeur des eaux et leur rapidité, ce dernier inconvénient fut beaucoup diminué par les poutrelles mises dans les courtines de L’Ecluse. Quelques jours auparavt. la rivière d’Jll avoit été barrée à Erstein comme cela avoit d’abord été projetté mais avec L’attention de fermer L’intermédiaire des trois bras de façon a laisser l’usage d’un moulin, les eaux par cette opération utile se portant toujours à la Krafft, Il faut observer icy que les rives de la riviere dans cette partie ont si peu d’élévation que les eaux y augmentent de trois piés, ce qui est cependant extraordinaire elles auroient passé par-dessus, à quoi on ne peut parer, le terrein S’étendant en prairies à même hauteur à perte de Vue, Le 3. 8.bre les eaux par la crue de ce moment commençoient déjà à passer Sur les prairies et etoient a L’instant de Surmonter le barrage. Il ne résulta pas des barrages dont s’agit pour Strasbourg une Diminution D’eau aussi considérable que naturellement on pouvoit S’y attendre, n’ayant été sensible que dans le moins de vélocité, ce qui constate bien ce qu’ont toujours pensé Gens Instruits en assurant que la position de Strasbourg pour son inondation etoit un terrein bas ou se portoient naturellement toutes les eaux du païs. En fin pour se débarasser autant qu’il étoit possible des eaux de la rivière D’Ill à Erstein, on fut obligé de faire plusieurs petits barrages inférieurement aux trois en question pour les empecher de rentrer dans la riviere d’Ill par sa rive droite. Il fallut aussi se précautionner contre les eaux du moulin de Plobsheim en en faisant reverser le trop plein dans le Grand Rhin, et finalement en user de même pour le Rhin tortus audessus de la filière de Gantzau et du moulin en fayance audessous de la Canardiere proche Strasbourg, comme du barrage en entier de la rivière audessus de L’Ecluse il avoit été prévu que les deux bras du faux rempart de même que celui des Tanneurs arrost. L’intérieur de la Ville seroient à Sec et conséquemment pourroient donner du mauvais air, il fut construit un canal en charpente derriere la Culée gauche de l’Ecluse ayant son Entrée un peu au dessus du barrage d’amont et Sa sortie audessous de celui daval proche la maison de force, Son orifice de quatre piés de largeur sur autant de profondeur, son radier établi six pouces plus bas que les basses eaux avant le barrage D’amont de L’Eclusse, la riviere étant barrée les eaux y monteroient graduellement a un pié et demi de hauteur, elles ont varié sur un pié de plus pendant L’exécution de L’ouvrages et jusqu’à cinq piés de 3. 8.bre a la suite de pluies abondantes qui ont commence le 17. 7.bre de sorte que les Canaux desdits en ont eté alternativement rafraichis, mais plus constamment celui des Tanneurs par sa position. Pour les bras de la Grande rivière ils ont jusqu’aux ponts des moulins conservé assés D’eau par transpiration abondante, reflux des eaux du Rhin tortu ou de la riviere d’Ill audessus et au dessous du pont Royal, de façon que non Seulement il n’en est résulté aucunes exhalaisons mais même les bateaux chargés ont toujours pu remonter depuis Son embouchure dans le Rhin deux lieux audessous de Strasbourg jusqu’à la Doüanne dans L’intérieur de la Ville.
Le barrage de la Riviere d’Ill à L’amont de l’Ecluse ayant été fermé le 17. aoust comme il a été dit, cette opération commencée à 5. heures du matin fut faite à 9. perfectionnée et renforcée le même jour. Le Lendemain 18. aoust fut aussi fermée la Digue D’aval. Du moment du barrage en entier les eaux de la forte transpiration de la rivière d’Ill, celles du Rhin tortu non barré, des rivières de Chers, D’andlau, du Klingenthal et de la Brutche, ces quatre dernières indétournables reçues par la Riviere D’Ill a sa Rive gauche audessus de Strasbourg, se reversèrent par les Ecluses 111. 113. et avant fossés en avant de cette Derniere dans le lit de la basse Ill audessous de la Place par ses fossés méridionnaux et du Couchant, mais ne pouvant par ces issues rendre a toutes ces eaux que le tiers de leur lit ordinaire, on se précautionna D’autant plus par la solidité de la Digue D’amont de L’Ecluse que le rivière D’Ill qui reçoit dans son Cours beaucoup de petites rivières et torrents grossit souvent considérablemt. et fort vite, ces circonstances qui ont mis dans le cas D’etre favorisé du Ciel pour la réussite, ont rendu l’exécution de ce travail très critique. Pour tacher de parer à tous les événements possibles, on en avoit cherché les moyens dont un presqu’assuré en n’entamant cet ouvrage qu’a l’arriere Saison, tems que D’ordinaire les eaux sont basses presqu’avec certitude celles Du Rhin qui par sa proximité y auroit beaucoup influé étant haut, par la communication de son lit, par le fond de gravier qui le sépare D’avec celui de la riviere d’Ill. Gens peu au fait du local, sur les difficultés dont il vient d’Etre fait mention, ont peut etre dit ou diront que Cette Ecluse a bien Eté construite il y a prés de Cent ans sans événemens, ce qui est vrai, même en trois ou quatre années, de sorte que la riviere ne fut jamais barrée, ce qui Se pouvoit alors par la possibilité D’établir les barrages de traverse sur un fond connu, au lieu que pour les Dernières réparations en Se conduisant d’après les même erremens sur un radier suspecté d’Etre très mauvais, on a Eté obligé d’y renoncer et forcément de Courir les hazards du barrage de la rivière n’y ayant pas moyen de faire autrement, a quoi l’on n’a pas été obligé d’en venir a la première construction. Enfin ayant commencé les epuisemens des Eaux le 18. au soir, le lendemain 19. aoust le radier fut a Decouvert et on a commencé à pouvoir juger des dégradations, ce que jusqu’à ce moment on ne pouvoit faire que par conjecture ; elles parrurent D’abord moins considérables aux piles et culée qu’on ne S’y étoit attendu, ne voyant gueres délabrées que les parties alternativement Seches et mouillées ; mais L’effet du marteau ayant mieux Découvert les choses on reconnut bientot que ces Degradations étoient très considérables. Quant au radier à l’Exception du prémier plancher en redoublement et de partie du prémier plancher que l’on trouva usés, le Grillage de Dessous à des réparations prés en maçonnerie dans les Chambres, fut reconnu dans le meilleur état, et celui inférieur aussi bon que S’il venoit d’Etre construit. Ces Deux radiers de même construction l’un sur l’autre donnent trois piés six pouces D’épaisseur à celui de L’Ecluse, de sorte que sa fondation se trouve toujours à neuf piés audessus des plus basses eaux, n’y en ayant jamais moins de cinq piés six pouces sur le Radier de l’Ecluse.
Continuant l’Examen des dégradations, la richeberme en avant et joignant le radier fut aussi trouvée très bonne aux madriers de mouvement près baissant D’environ six pouces vers l’avant sur une largeur de six piés. On trouva aussi sans fouille l’arrière radier fait en fassinages et gros moilons pour les garantir. Les épuisemens par huit jusqu’a dix moulins, car pour se mettre plus hors D’eau il fallut rigoler à L’avant et à l’aval du radier, ce qui en Donna D’avantage, ayant mis à même de pouvoir travailler et D’Eblayer le radier fort chargé de terres sur tout à la jonction des culées, on commença cette Dernière opération le 21. aoust de même que les Démolitions et à maçonner. Ce travail s’est continué avec tant de célérité favorisé D’ailleurs par le temps que le 21. 7.bre les planchers étoient finis et les maçonneries audessus des Eaux ordinaires, de sorte que quand de ce moment elles eussent crues à rompre le barrage D’amont, ce qui eut Eté Difficile par Sa Solide construction, on étoit à L’abri D’événemens toujours a craindre jusques là ; aussi y étant parvenu, ce fut un Grand point de tranquilité.
Pendant les réparations des planchers, on observa qu’il avoient plus souffert du Courrant des eaux proche les angles des épaules a L’amont des piles, Dégradations bien certainemt. occasionnées par les grandes eaux qui Surmontent les voutes des passages ont opéré par leur pression plus de frotement pour S’ecouler ; on a cherché à y parer en recouvrant les parties d’un troisième plancher. L’Expérience a fait voir qu’il peut durer environ cent ans pendant lequel tems les planchers de Dessous auront pris solidité, car le chêne Dans L’eau devient dur comme du fer, à pouvoir résister au plus grand frotemt. Sur ce on peut avancer en attendant que cet expédient Vaudra mieux que le Grillage en sapin dont les Chambres garnies d’une maçonnerie de briques de camp y avoit vraisemblablement été faite pour remplir cet objet. Il s’en est trouvé peu de Vestiges et même point de maçonnerie en place, car l’orsque le radier par les épuisemens fut Découvert on l’y trouva roulée par gros blocs et même plus loin, de sorte qu’il a fallu presque deviner ce que ce pouvoit être, tandis qu’au lieu d’user de ce moyen dans la première construction, il falloit tenir plus hautes les voutes des passages, on ne peut juger des raisons qui ont engagé à les tenir si basses, mais un pié et Demi de Plus auroit suffit. Les coulisses de plusieurs travées du côté des culées ayant été trouvées bonnes sur trois à quatre piés D’hauteur dans le bas quoique de Dimentions beaucoup plus considérables que les poutrelles à y placer pour la manœuvre, elles ont été conservées à cette hauteur, non seulement pour gagner du tems mais aussi pour oeconomiser ; D’ailleurs la maçonnerie par laquelle l’ancienne auroit été remplacée, n’auroit jamais pu etre meilleure, comme on en a pu juger par les Démolitions que forcément il a fallu faire pour lier les nouvelles maçonneries avec les anciennes. Il sera au reste aisé de supléer au trop De Largeur des coulisses pour empêcher les poutrelles d’y tourner, soit en r’enforçant ces Dernières par l’extrémité ou en glissant deux madriers verticalement dans le fond et sur le côté inférieur de la coulisse.
A l’Egard de toutes les autres réparations, elles ont été faites avec toute la célérité, L’oeconomie, la solidité possibles et la plus Grande attention, veillant avec autant d’Exactitude sur toutes les Différentes reconstructions pour le radier en posant le prémier plancher sur un lit de ciment et le redoublemt. sur un de mousse le tout bien goudronné, calfaté et broché, et pour les piles et culées les pierres des avant, arrière becs et coulisses de la plus Grande grosseur posées Sur de larges lits bien cramponnées, les avant et arrière becs recouverts d’une tablette d’une seule pierre posée horizontalement et audessus des plus grandes eaux pour ne pas retomber dans les Dégradations occasionnées par la prémière construction. On peut donc croire que d’ici à plus de trois cents ans et même à un tems plus éloigné il n’y aura plus rien à faire à cette Ecluse ; de sorte que le présent journal Dont pareil auroit beaucoup Servi si pour les réparations qui viennent D’Etre faites il eut été trouvé dans les papiers de la place, sera plus de curiosité que D’utilité de même que le plan de la reconstruction de cette Ecluse qui y restera joint.
Il resultera encore du présent Journal qu’il fera voir qu’on a employé à la construction des Coffres ou Digues faits avec pilots, vannages, chapeaux, ventrières, et arboutants environ un mois et demi du 1. Juillet au 17. aoust pendant tems jl y a eu trois cent travailleurs, charpentiers, Serruriers, bateliers, terrassiers, les terres pour remplir les coffres ayant été amenées par bateaux de l’amont de l’Ecluse ; que les réparations en plancher et maçonneries commencées le 21. aoust ont Eté hors D’eaux, c’est a dire, de celles ordinaires cinq piés et Demi audessus du radier le 21. 7.bre comme il a été dit. De sorte que le 6. 8.bre finirent tous les Epuissemens, le reste du travail en maçonnerie rejointoyemens et enlevems. des Digues pouvant se faire sans cela, l’on observe que Depuis le 18. aoust qu’ont commencé les épuisemt. jusqu’au jour 6. 8.bre il a Eté employé depuis 6. a 700. hommes qui suffirent à peine à L’Etendue du travail, les terres des Digues ont été enlevées par bateaux et brouettes pour etre transportées le plus prés possible pour Diminuer la Dépense. Le Déblai D’ouvrages commencé dans les pr. jours d’8.bre a été fini le 22. suivant le tems S’etant remis au beau le 3. on peut avancer qu’on auroit fini huit jours plutot surtout les epuisems. si plus de 15. jours presque continuels de pluïes ayant commencées dès le 15. 7.bre n’y eussent mis obstacle, heureusement qu’alors la besogne très avancée donnoit peu de risques à courir, sans quoi ces pluïes eussent causé les plus grandes allarmes. On Va entrer ici Dans le D’Etail par L’interet que faisoit prendre L’influence quelles pouvoient avoir Sur une opération dans laquelle on eut pu échouer tant elle étoit difficile si le tems y eut été contraire.
Les pluïes Donc ayant grossies considérablemt. toutes les rivieres et même fait monter le Rhin à pleins bords le 3. 8.bre il ne S’en fallut plus D’un pié et Dmi que les eaux alors plus hautes de neuf piés que le radier de L’Ecluse ne passassent Sur le barrage D’amont. On fut même obligé ce même jour de le renforcer, menaçant dans son milieu d’etre forcé par les eaux, jl est vrai qu’alors espérant qu’elles baisseroient on avoit commencé de puis la cessation de partie des epuissems. à en enlever des terres, Si Donc les eaux avoient continué D’augmenter, n’ayant cherché à conserver le barrage D’amont que pour mieux nettoyer le lit de la rivière entre les deux barrages faits pour les épuisems. l’extrémité de la face gauche de la Demi lune cottée 117. Se trouvant très fortemt. attaquée par la violence des eaux qui pouvoient la renverser ; pour y obvier malgré L’imperfection de L’enlevement des barrages, on auroit pris le parti de rendre aux eaux leur cours ordinaire en ouvrant celui D’amont ; mais la riviere dès le 4. 8.bre ayant beaucoup baissée et continuée ainsi les jours suivants, en forçant des bras on a Eté a même le 13. au soir de remettre partie des eaux dans leur lit ordinaire par un canal à la rive droite, expédient que l’on prit pour faire aprofondir cette rive par leur rapidité, et empêcher, les Eaux augmentant trop à l’aval, de faire obstacle a la Continuation de L’enlevemt. des terres. Pour L’ecoulemt. des Eaux les Choses Se sont soutenues de même pendant trois heures, mais à neuf heures du soir tout le barrage D’amont étant très affoibli, ne restant plus aucuns vestiges de celui D’aval, un quart au moins avec les pilots a Eté emporté par la pression des Eaux ; mais heureusemt. que les travailleurs qui y avoeint fourmillé le jour pour Déblayer plus Vite n’y étoient plus. Les Eaux sont rentrées dans le lit ordinaire de la rivière en recouvrant le radier de L’Ecluse de cinq piés et Demi. On auroit Vu cet événem. avec encore plus de plaisir Si cette iruption avoit eu lieu dans toute la longueur du barrage ; ce qui auroit Dispensé D’enlever le reste Des terres et D’arracher les Pilots devenus de ce moment plus Difficiles. Il résulte donc de toutes ces observations qu’on ne pouvoit mieux faire que D’exécuter en une même année toutes les réparations de L’Ecluse et avec une solidité à pouvoir assurer qu’elles feront la durée de plusieurs siècles.
Fait à Strasbourg ce 22. 8.bre 1774. Rozieres

1775 – SHD, cote 1 M 1069, N° 45 – Mémoire sur les eaux de Strasbourg

1 M 1069, N° 45 – A (3° S.on) 6, 36 – (autre exemplaire) SHD, cote 1 VH, N° 57
1775 (18. juillet)
Strasbourg 1775 – Mémoire sur les eaux de Strasbourg
Les Chaînes de montagnes qui environnent la plaine dans laquelle l’alsace est située, font de cette province un Basin arrosé par une grande quantité de rivieres ; la ville de Strasbourg en reunit plusieurs qui lui procurent de grands avantages pour sa deffense et sa navigation, ces considerations et plusieurs autres encore ont fait etablir dans cette ville et aux environs, un très grand nombre de caneaux, d’ecluses de reservoirs, de Sas et de digues, l’on sent assés combien la connaissance exacte de ces ouvrages et de leurs propriétés interesse un ingenieur, puisqu’ils ont tous un rapport plus ou moins direct avec les objets qui le concernent ; mais cette etude devient très penible sur le terrein à cause des differenrs bras de rivieres et de caneaux qui le traversent, des marais et du développement immense de cette place ; les mémoires et les plans qui seuls pourroient faciliter ce travail ne remplissent point cet objet.
En effet les anciens memoires de M. de Vauban à ce sujet sont devenus absolument inintelligibles par les changements de toutes espèces arrivés dans les matieres dont il traite, Par les fautes des copistes et par la perte des plans, ceux de M. du Portal ont besoin de plusieurs corrections rélativement aux ouvrages detruits ou Construits depuis quelques années, en outre sans une grande connaissance du local, il est difficile de comprendre ce qu’il a écrit sur cette matiere, que d’ailleurs il n’a pas eu dessein de traiter dans toute son étendue.
Mr D’aumont a donc pensé qu’il seroit utile aux ingénieurs qui arrivent pour la premiere fois à Strasbourg de trouver rassemblé dans un mémoire tous les details qui peuvent donner une idée nette des eaux de cette place et de leurs differents manœuvres, tant pour son usage ordinaire que pour sa deffense, c’est à ses intentions que l’on se propose de satisfaire ici.

Division de ce Memoire
Toutes ces eaux se réduisent à celle de quatre rivieres qui son L’Ill, la Brutsch, le Rhin Tortu, et le Rhin.
Dans la prémiere partie de ce memoire, on trouvera la description detaillé du cours de ces eaux dans la ville et ses environs leurs usages pour la navigation, les moulins, &c.
Dans la deuxième on expliquera comment ces eaux peuvent contribuer à la deffense de cette place.

[p. 2]
Premiere partie
De la riviere d’Ill
Source de la riviere d’Ill – La riviere d’Ill prend sa source près des villages de Leroncourt et de Bendorf situés à peu près sur la route de porentru à Basle, elle commence a etre navigable un peu au dessus de Colmar il n’entre point dans le plan qu’on s’est proposé de parler des différentes rivieres qui sy joignent dans son cours, on remarquera seulement qua commencé à 1200 toises au dessus de l’ecluse 110, elle recoit par sa rive gauche quatre bras de la Brutsch dont un est le canal de navigation de cette derniere riviere et à 450 toises environ au dessus de l’ecluse 110 sur sa rive droite en descendant un bras du Rhin tortu.

Pont d’arbogast 4 petits moulins sur L’ill audessus de l’ecluse 110, ecluse 113, Buse en avant de l’ecluse 111 – L’Ill ayant passé près la montage verte sous le pont nommé d’arbogaste fait aller 7 petits moulins marqués sur le plan (de ces quatre moulins deux sont abandonnes depuis quelques temps) coule devant l’ecluse 113 et par le moyen d’une petite buse pratiquée en avant de l’ecluse 111 rafraichit lorsqu’on le veut les fossés de la place du coté de la porte blanche, elle entre enfin toute entiere dans la ville par l’ecluse 110.

Ecluse 110 – Cette ecluse est composé de 12 piles et de 13 passages, chacun environ de 18 a 20 pieds de large et le sommet des Bajoyers est elevé au dessus du radier de 15. pi. environ.
Passage pour la navigation – de ces 13 passages, un Seul de la largeur de 18 pieds et dont l’entrée est libre sert à la navigation.
Gallerie pour les manœuvres – L’entrée des 12 autres est marqué en haut par un arceau dont le sommet n’est élevé que de 9. P. au-dessus du radier, ces 12 passages sont toujours fermés par des grilles de fer qu’on a soin de tenir à la hauteur des eaux. L’entrée du passage de navigation se ferme par une grille Semblable pendant la nuit seulement, toutes ces grilles se manœuvrent très commodement dans une galerie etablie Sur ces piles.
On peut remarquer que cette ecluse occasionne des innondations dans la partie Supérieure, en effet le massif des pilles rétrécit Considérablement le lit de la riviere, inconvénient qu’il étoit sans doute difficile d’eviter, mais on auroit pû donner aux cerceaux une plus grande elevation au dessus du radier et par [p. 3] Ce moyen, lorsque les eaux deviennent hautes, elles se Seroient écoulées Sur une plus grande hauteur et par conséquent avec plus de facilité.

Fossés et reversoirs du faux rempart vanne 272. 273 – Au dessous de l’ecluse 110 la riviere se divise en plusieurs canaux dont deux qui sont les plus à gauche en descendant et qui renferment ce qu’on appelle le faux rempart Sont traversées Chacun par un reversoir 272. 273. avec une vanne d’environ 9. Pieds. Ces reversoirs sont destinés à soutenir l’eau pour les moulins et la navigation, au reste les batteaux ou trains qui veulent y entrer pour remplir les magazins à bois qui les Bordent ou par d’autres raisons ne peuvent le faire qu’en les remontant à leurs embouchures un peu au dessus du pont royal, et même le peu de profondeur de l’eau ne leur permet pas de remonter bien haut.
Ancienne vanne des recolets (…)
3 isles et 5 grand moulins dans la ville audessous de l’Ecluse 110 – Les 3 Isles qui se trouvent immédiatement audessous de l’ecluse 110 et que la ville entretient avec soin, facilitent la communication des deux parties de la ville par le moyen des ponts qu’on nomme ponts couverts, et ont servi à l’établissement de cinq beaux moulins à l’extrémité de ces Isles du côté d’aval.
Le 1.er et 2° à droite en descendant s’appelent Zornmühl et appartiennent au Baron de Zorn
le 3° est nommé dienstmühl, à la ville
le 4 est nommé spitzmühl, à la ville
le 5 muntzmuhl ou moulin de la monnoie à la ville
Canal de navigation avec un sas – (…)

1775 – SHD, cote 1 M 1069, N° 30 – A (3° S.on) 6, 765 – Etat des écluses

Strasbourg 1775 – Estat de toutes les Ecluses, batardeaux, buses qui se trouvent dans cette place, même des moulins qui peuvent intéresser sa defense, avec la largeur nettes de leurs ouvertures, la hauteur d’un même plan de niveau audessus de leurs radiers, la hauteur à la quelle on peut soutenir les Eaux par leur moyen, et une Explication abregée de leur Etat actuel et de leurs proprietes

Ecluse de chasse 110, à la charge du roy. En bon Etat
Cette Ecluse est composée de 12 pilles et de 13 passages, un seul est utile à la navigation. tous Servent a fermer la place, et à soutenir la grande inondation. la hauteur des bajoyers et des coulisses sur le radier est de 15 pied. il y a deux rangs de coulisses qui doivent fermer auec des poutrelles
(ouvertures nettes) 258 pi. 0.
(hauteur d’un plan de niveau audessus de leurs radiers) 50 pi. 8 po. 11

Ecluse de chasse 111, à la charge du roy. En bon Etat
elle a cinq passages En piles de maçonerie, sert à donner de l’Eau dans les fossés depuis ladite Ecluse jusqu’à la riviere d’ill, conjointement avec la Riuiere de brusch, et des courants dans les dits fossés lors de la grande inondation. elle préserve aussi ces fossés des inondations naturelles de la riviere d’jll. la haut. des bajoyers et des coulisses sur le radier est de 13 pi. 3 po. il y a deux rangs de coulisses pour des poutrelles
(ouvertures nettes) 58. 0.
(hauteur d’un plan de niveau audessus de leurs radiers) 48. 4. 3.

Buze devant L’Ecluse 111, à la charge du roy. En bon Etat
elle est placée dans la digue qui se trouve sur le bord de la Riuiere d’jll, et En barre l’Entrée dans lesdits fossés, elle a un clapet qui se ferme et s’ouvre à volonté, et par ce moyen elle rafraichit les cunettes desdits fossés. sa hauteur est de 1 pi. 6. 4.
(ouvertures nettes) 1 pi. 11. 0
(hr de sur les radiers) 45. 11. 11.

Batardeau 102 En avant de l’Ecluse 111, à la charge du roy. En bon Etat
il n’a point d’ouverture, et a pour objet d’Empecher la riviere d’entrer dans les dits fossés, et d’y causer des aterrissemens, il est nécessaire aussi pour soutenir l’inondation

Ecluse de chasse 108, à la charge du roy. En bon Etat
Cette Ecluse est composée de deux passages dont les piles sont en maçonnerie, elle est propre à Evacuer les Eaux des inondations naturelles de L’jll et de la brusch, et à renforcer les courans de la grande inondation. la hauteur des bajoyers et des coulisses sur le radier est de 8. pi. 5. po. 3 li. il y a 3 rangs de coulisses pour des poutrelles avec deux vannes
(ouvertures nettes) 20. 9. 0.
(hauteur d’un plan de niveau audessus de leurs radiers) 45. 2. 0.

Vanne du moulin des 8 tournans, à la ville
(…)

1778 – SHD, cote 1 VH 1746 – Mémoire détaillé sur les Ecluses

1 VH 1746 (autre exemplaire, sans l’alinéa « Cette année », SHD, cote 1 VH 1746, signé Predelys), 1778 (1. 8.bre)
N° 7 Strasbourg 1778. Mémoire détaillé sur les Ecluses, Batardeaux, Ponts, portes d’Eau et Digues de cette Place, leurs Propriétés et leur Etat actuel (Le cher. d’Oyré)
Ecluse 110 à l’Entrée de l’Jll dans la ville. Barre la Riviere pour former la Grande Inondation. composée de 13 passages, fermés par des grilles qui se manœuvrent avec des criqs. Celuy de la navigation Reste Seul ouvert et sert de porte d’Eau.
Cette Ecluse a eté reparée en 1774. on a laissé subsister les anciennes coulisses dans les six passage des Extrémités, ce qui Rendoit la manœuvre des poutrelles Impossible sans Rengraisses.
Cette année on a Relevé et assuré avec des agraphes de fer les voussoirs de trois passages.
La fourniture des poutrelles est Incomplette, il en manque 130. grandes et 312 petites.
Le Magazin aux farines audessus de cette Ecluse la feroit decouvrir de loin au cas de Siege. il est bien placé en tems de paix par la facilité des Embarquemens.

Ecluse de chasse 111, a gauche de l’Entrée des Eaux
Destinée a porter a volonté les Eaux de d’Inondation dans les fossés de la Place, depuis L’Entrée de l’Ill jusqu’à sa sortie.
composée de 5. passages, faisant Ensemble 58 pieds. 3. pouces d’ouverture.
La manœuvre de ses poutrelles se fait avec des cordages a crochets qui sont disposés dans le magazin de l’Ecluse 110. (…)

1778 – SHD, cote 1 VH 1746 – Mémoire abrégé de l’Etat actuel des ouvrages de la fortification et des Bâtimens Militaires

N° 6 Strasbourg 1778. Mémoire abrégé de l’Etat actuel des ouvrages de la fortification et des Bâtimens Militaires qui en dépendent d’après la visite qui en a ete faite Le 1° 8.bre 1778 (Le cher. d’Oyré)
(…)
Magazin aux farines
Ces magazins sont construits audessus de la grande Ecluse 110, d’Entrée de l’Jll, sont en bon Etat, il auroit eté Preferable lors de la Construction de cette Ecluse de la Couvrir par une bonne Voute qui auroit mis la manœuvre a l’abri et qui auroit procuré le double avantage d’une communication entre les fronts meridionaux et ceux de l’occident, et des feux directs Sur la Riviere, il n’y a que la dépense qui ait pû s’opposer à l’exécution de ce projet.
L’Etablissement du magazin aux farines est d’une utilité Journaliere en tems de paix par les facilites des transports par Eau.

1780 – SHD, cote 1 VH 1746, N° 18 – Plan

Profil et Elevation de la grande Ecluse de Strasbourg

1782 – SHD, cote 1 VH 1746 – Mémoire abrégé

N° 30 Strasbourg 1782. Mémoire abrégé de l’Etat actuel des ouvrages de la fortification et des batimens qui en dependent (de Predelys) 1782 (25. 7.br)
(…)
Magazin aux farines
Ces Magazins sont construits audessus de la grande Ecluse 110, d’Entrée de l’Jll, sont en bon Etat
Il auroit eté préférable, lors de la construction de cette Ecluse, de la couvrir par une bonne voute qui auroit mis la manœuvre a l’abry, et qui auroit procuré le double avantage d’une communication entre les fronts meridionaux et ceux de l’Occident, et des feux directs sur la Riviere : jl ny a que la dépense qui ait pu s’opposer à l’exécution de ce projet.
L’Etablissement du Magazin aux farines est d’une utilité journaliere en tems de paix, par les facilites des transports par Eaux.

1783 – SHD, cote 1 VH 1746 – Mémoire abrégé

N° 33 Strasbourg 1783. Mémoire abrégé de l’Etat actuel des ouvrages de la fortification et des batimens qui en dependent (de Predelys) 1783 (25. 7.br)
(…)
Magazin aux farines
Ces Magazins sont construits audessus de la grande Ecluse côttée 110, Sont en bon Etat
Il auroit eté préférable, lors de la Construction de cette Ecluse, Servant d’Entrée des Eaux de la Riviere d’Ill, de la couvrir par une bonne voute qui auroit mis la manœuvre a l’abry de la bombe et qui auroit procuré le double avantage d’une communication entre les fronts Meridionaux et ceux de l’Occident et des feux directs sur la Riviere : jl ny a que la dépense qui ait pu s’opposer à l’exécution de ce projet.
L’Etablissement du Magazin aux farines est d’une utilité journaliere en tems de paix, par la facilité des transports par Eau.

1784 – SHD, cote 1 VH 1746, N° 39 – Grande Ecluse Cottée 110 (plan)

1784 (6 avril)
Plan Profils et Elévation d’une partie de la grande Ecluse cottée 110 servant a former l’innondation, projettée a retablir et rehausser les Voutes de Cinq Passages qui ont été en partie emportés par les Glaces chariées pendant l’Innondation du 27 fevrier au 2. Mars.
Elévation Extérieure Suivant E-F (passage des Bateaux – Niveau des Eaux lors des Crues du 27 Fevrier au 2 Mars – Hauteur des Eaux moyennes – hauteur des voutes projetés à rehausser – hauteur des voutes actuelles)
Profil en long suivant C D ([hauteur] 2 toises 2 p., [piles] 8 pieds – 12 pieds)
Plan ([intervalle entre les piles] 20 pieds 3 p., 20 pieds 1 p., 20 pieds 1 p., 18 pieds 8 p., 18 pieds 10 p., 18 pieds 10 p., 18 pieds 2 p., 18 pieds 10 p.)
Profil suivant A B (5 pieds – Magasin destiné aux vivres – Niveau des Eaux lors des Crues du 27 Fevrier au 2 Mars – Hauteur des Eaux moyennes – [hauteur] 2 toises 1 pied, 2 toises 2 pieds)
Strasbourg le 6 avril 1784

1784 – SHD, cote 1 VH 1746 – Mémoire abrégé

N° 41 Strasbourg 1784. Mémoire abrégé de l’Etat actuel des ouvrages de la fortification et des batimens qui en dependent (de Predelys) 1784 (20. 8.br)
(…)
Magazin aux farines
Ces Magazins construits audessus de la grande Ecluse cottée 110, Sont en bon Etat, aux planchers prés. La Débacle des glaces et l’Innondation de l’hiver dernier ajant degradé les pieds droits et les avant-becs des voutes de cette Ecluse, le Ministre en a ordonné la Réparation qui a été faite cette année, ainsi que l’exhaussement des voutes de cinq passages de la dite Ecluse.
L’Etablissement du magazin aux farines audessus de cette Ecluse est d’une utilité journaliere en tems de paix, par la facilité des transports par Eaux.

1785 – Archives municipales de Strasbourg, VII 1421 directeurs du bâtiment, folio 279 v° – Construction d’une digue en aval de la Grande écluse

Dienstags den 10. Maji 1785. Damm am Meelschliesen – Herr Inspector Boudhors übergibt schriftlichen Rapport, ausweis deßen der neu zu erbauende damm vom zweiten Thurn biß an den Königlichen Mehlschleißen in dem Etat de depense des Batimens à faire zwar nur angesetzt zu 27 726 li.
Es hat sich aber bei Verfertigung der zur Adjudication au rabais nöthigen Devis, Tarifs und vorläufigen Toisés befunden, daß die Kösten zu stehen kommen auf 40 421 li. Mithin sich eine Erhöhung der Kösten auser von 12 695 li.
Erkannt, Seie dieses Gnädigen Herren der drei Geheimen stuben vor zu tragen um Ausweisung zu erhalten, ob dieser Erhöhung ohngeachtet dieser damm annoch in diesem Jahr aufgebauen, oder aber auf künftige Jahr verschoben werden solle. (voir traduction ci-dessous)

1785 – Archives municipales de Strasbourg, VII 83, pièce n° 48 – Construction d’une digue en aval de la Grande écluse – Rapport de Boudhors aussi dans VII 1421 (Directeurs du bâtiment) 10 mai 1785 folio 279 v°

(3. geh. Stub. 14. Mai 1785, 6. Jul. 1785)
Bei Vorzunehmenter adjudication au rabais der Zimmer und Maurer Arbeit des Neu zu erbauenden damms von Spizen des Gartens vom 2.ten Thurn biß an den 5.ten Pfeiler des großen Königlichen Mehlschleißens wurde nochmahlen die berechnung aller theilen dieses wercks so wohl wegen einigen nothwendig befundenen veränderungen als auch wegen mehrer sicherheit der ausgab vorgenohmen und Verificirt, und nach gemachten Calculo befunden, daß dieses werck statt 27 726 li. für welche summa dieses werck in dem Etat de depense des Batimens à faire in dem Lauf des Jahrs 1785 gestanden, auf 40 421. li zustehen Komme, welches ein unterschied von 12 695 li macht, weswegen dieses werck eh und bevor man an daselbe schreitet nochmahlen Euer Gnaden Vorzulegen ist, um zu vernehmen, ob solches nicht auf das 1786.ste Jahr zu verschüben, weilen die wuhr im eng und weiten graben noch für dieses Jahr mit etwan einer Summa von 6 Louis d’or Reparirt werden Könne.
Boudhors architecte

(Traduction) Avant l’adjudication au rabais des travaux de charpenterie et de maçonnerie pour la nouvelle digue à construire de l’extrémité de la deuxième tour jusqu’à la cinquième pile de la Grande Ecluse royale aux farines, on a recalculé et vérifié toutes les tranches de ces travaux, non seulement parce que des modifications ont paru nécessaires mais aussi pour mieux connaître les dépenses. Le calcul a permis de constater que ces travaux reviendront à 40 421 livres au lieu des 27 726 livres, portées à l’Etat de dépense des Bâtiments à faire, prévues pour l’année 1785. C’est pourquoi on demande à Votre Grâce, avant de commencer quoi que ce soit, s’il ne vaudrait pas mieux reporter les travaux à l’année 1786 puisqu’une somme d’environ 6 louis d’or permettrait de réparer cette année encore le barrage dans le Grand et le Petit canal. (signé, Boudhors, architecte)

Zufolg Erkanntnus Gnädiger herrn der dreÿ Geheimen Stuben vom 14. Maji 1785. Seÿen auf den von den hoch und wohlverordneten Oberhauherrn übergebenen bericht, daß der neu zu erbauende damm von zweiten thurn bis an der Königl. Mehlschließen statt der angegebenen summ von 27 726 Livres in der execution auf 40 421. livres würde zu stehen können, hoch dieselbe zu autorisiren ohnerachtet der bereits zur Erbauung dieses damms ergangenen decrets als welcher hiermit beizubring. verordnet worden, ged. Erbauung bis auf Künftiges jahr aus gesetzt zu laßen.
Metzler, p. t. secret. ex Commiss.
L’arrêt de Messieurs des Trois chambres secrètes en date du 14 mai 1785, après que les Directeurs du bâtiment ont fait remarquer que la nouvelle digue à construire de la deuxième tour jusqu’à l’Ecluse royale aux farines reviendrait à 40 421 livres au lieu des 27 726 livres prévues, a décidé de reporter à l’année prochaine les travaux bien que le décret (qu’on joindra aux présentes) concernant la construction de cette digue ait déjà été rendu. – Metzler, secrétaire

6 Julii 1785, pt° damms an den Königl: Meel Schliesen
Zufolg Erkanntnuß Gnädiger herrn der dreÿ Geheimen Stuben vom 6. Julius 1785. wird auf anverlangte ausweißung der hoch und wohlverordneten herrn Oberhauherrn, ob nicht der große damm an den Königl. Meelschließen dieses Jahr annoch erbauet werden Könnte, angesehen man eine terminsbrief bezalung möge stipuliren könne, dieselbe hochdenenselben dahin ertheilt daß, da durch decret vom 14. Maÿ 1785., auf geschehenen Vortrag des Hn Boudhors die wuhr am eng und weiten graben für dieses Jahrs mit 6. Louis d’or ausgebeßert werd. könnte, bereits die aufschiebung dieser Erbauung auf Künftiges jahr beschloßen worden, und Keine dringener nothwendikeit solche aufschiebung aufzuheb. angeführt word., auch die Zeit zu den zu veranstaltender publication der adjudication au rabais oder annahm der submission zu Kurz seÿn mag, es beÿ gedachtem decret vom 14. May jüngst sein bewenden haben solle.
Metzler, p. t. secret. ex Commiss.
L’arrêt rendu par Messieurs des Trois chambres secrètes en date du 6 juillet 1785 sur avis des Directeurs du bâtiment a évoqué la possibilité de construire cette année encore la grande digue proche l’Ecluse royale aux farines en stipulant un paiement à terme, mais comme les Directeurs du bâtiment ont remontré que le barrage dans le Grand et le Petit canal pourrait être reparé cette année pour une somme de 6 louis d’or par décret du 14 mai 1785 sur proposition du Sieur Boudhors, l’arrêt a déjà décidé le report de cette construction à l’année prochaine. On s’en tiendra au décret du 14 mai dernier puisqu’il ne semble pas qu’il y ait nécessité à revenir sur ce report et que le délai semble trop court pour publier l’adjudication au rabais ou pour accepter la soumission. – Metzler, secrétaire

1789 – SHD, cote 1 VH 1747 – Etat et emploi de tous les Batimens appartenant au Roi

N° 12. Strasbourg 1789 Etat et emploi de tous les Batimens appartenant au Roi, dans la Ville, Citadelle et Reduits de Strasbourg dressé d’après la visite du 15 Octobre de la présente année (Favart)
Batimens à la charge de la Fortification. Ville.
Batiment attenant à l’Ecluse cottée (110). (personnes qui les occupent) Par l’Eclusier, (Depuis quel tems et par quelles permissions) Idem [Suivant leur destination], (etat actuel des Batimens) En bon état

1792 – SHD, cote 1 VH 1747 – Mémoire sur l’Etat actuel des Ouvrages de fortification

N° 34 – Strasbourg 1792. Mémoire sur l’Etat actuel des Ouvrages de fortification de Strasbourg et de tout ce qui les concerne avec une estimation du tems pendant lequel pourroit résister cette Place défendue par le nombre d’hommes qui lui seroit nécessaire, rédigé d’après la lettre du Ministre en datte du 18 octobre 1792 (Catoire)
Fronts méridionaux
(…) Tous les passages de l’Ecluse 110, ont été nettoyés a fond cette campagne, et dans les deux plus à droite et les plus sujets aux atterissements on a fait placer provisoirement les Poutrelles, crainte que dans un cas pressé l’attérissement qui s’y forme habituellement n’empêchât de tendre solidement l’inondation ; les terres destinées au batardement de cette Ecluse en cas de besoin, sont aussi placées tout à portée. Les Ecluses indiquées ci-dessus sont en bon état, la seule, 111, a besoin de quelques réparations, elle est portée au Projet pour 1793. (…)
A Strasbourg le 11° Décembre 1792, l’an 1er de la République.
Le Capitaine du Génie chargé en chef des Fortifications de Strasbourg, Catoire

1795 – SHD, cote 1 VH 1747 – Mémoire sur les travaux

N° 43. (15 nivose an 3, 4 janvier 1795). 3° Division. Fortifications. Strasbourg 3° année républicaine. Direction du Bas Rhin
Mémoire sur les travaux exécutés aux fortifications de Strasbourg, adressé le 30 frimaire de l’année derniere (20 decembre 1793) à la commission des Travaux publics par Catoire cap.ne du Génie en chef dans cette place, actuellement à l’Armée devant Mayence, rappellée ici à mi marge, avec des observations pour faire connoître le dégré d’amélioration que cette Place a reçu depuis un an.
Fronts méridionaux. Les sept fronts méridionaux qui s’étendent depuis la Piece M, près de la Citadelle jusqu’à la porte Blanche sont très défectueux, tant par leur tracé que par leur relief, mais cette faiblesse est couverte très avantageusement par une inondation que l’on peut tendre en avant, de manière à laisser entre elle et la crête des glacis un espace capable de camper 3 à 4 mille hommes. Cette inondation ne peut être saignée, tant que nous resterons maîtres de l’isle des Epis qui se trouve entre la Citadelle et Kehl.
Pour profiter de tous les avantages de ce grand moyen de défense, on a tout préparé pour la tendre ; en conséquence toutes les poutrelles des Ecluses 110, 111, 113, 22, 108 et la vanne du canal des eaux de la Brutche sont sur place et déjà établis dans les coulisses des passages, à la réserve de quatre à l’Ecluse 110, que l’on a tenu ouverts pour fournir les eaux aux moulins à farine de la Ville. Les terres et fumiers nécessaires pour batareder ces Ecluses en cas de besoin sont déposés à coté. (Les fumiers étant consommés et ne pouvant plus servir à l’objet auquel ils étoient destinés, ont été vendus au plus offrant en présence du commissaire des guerres ; et la nécessité n’a pas obligé à de nouveaux dépots.) On a barré un bras du Rhin (…)
A Strasbourg le 15 Nivose de l’an 3°
Le Capitaine du Génie en chef, Gosset

1795 – SHD, cote 1 VH 1747 – Mémoire sur la situation actuelle des Batimens

N° 45. (6 sept. 1795) Strasbourg 3° année Republ. – Inspection des Fortifications du Nord-Est
Mémoire sur la situation actuelle des Batimens militaires dependant de la Fortification tant de la Ville que de la Citadelle de Strasbourg Rédigé d’après la demande de l’Inspecteur général du Nord-Est
Magasin des vivres – Indépendamment des Greniers d’approvisionnement Etablis audessus des Casernes, il en existe un très vaste dans le batiment audessus de l’Ecluse (110) qui est en assés bon état, à l’Exeption de la Charpente et de la couverture qui ont besoin de réparations.
A Strasbourg le 20 Fructidor de l’an 3°
Le Cap.e du Génie en chef, Gosset

1798 – SHD, cote 1 VH, 1748 – Mémoire raisonné

N° 5 (An 7, 15 frim., 5 X. 1798). 3° Division. Bureau du M.el du Génie. Fortifications & Bâtimens Milit.res. Strasbourg
Direction du Bas Rhin. Mémoire raisonné sur l’Etat de Situation de la Place de Strasbourg Considéré dans tous ces Etablissemens Militaires et ses divers rapports (Bizot)
(…) Ecluses. Les Ecluses sont généralement en assés bon Etat ; Le Batardeau à droite à L’Entrée des Eaux du Canal de navigation venant du Rhin est Lézardé et laisse filtrer les Eaux dans le fossé de la Demilune 81. (…)
Strasbourg le 15 frimaire An 7° de la Rep.que
Le Directeur des fortifications par intérim, Bizot

1809 – SHD, cote 1 VH 1748 – Etat et Situation

N° 50. Corps Impérial du Génie. Place de Strasbourg 1809.
Direction de Strasbourg. Etat et Situation de la place et Citadelle de Strasbourg au 31 Xbre 1809 (Huart)
Ecluses. La grande ecluse (110) est en bon état ; toutes les autres ont besoin de réparations plus ou moins. Elles perdent les eaux. Jusqu’ici tous les moyens tentés pour leurs réparations n’ont pas complettement réussi. Le mal m’a semblé venir des filtrations qui s’établissent dessous le radier le long des Longrines. Il n’est pas facile d’y remédier. Il ne faut songer qu’à l’entretien des maçonnerie, toute autre entreprise serait argent perdu.
Strasbourg le 30 Janvier 1810. Le sous directeur des fortif. Huart

1810 et 1818 – Décrets sur la propriété des ouvrages militaires

(copie dans 121 MW 67, dossier 41-11, n° 1)
Décret N° 9 du 23 avril 1810 portant donation aux villes de casernes et autres bâtiments militaire, à charge de les entretenir.
Art. 1er – Les casernes, hôpitaux, manutentions, corps-de-garde et autres bâtiments militaires portés dans l’état annexé au présent décret, sont donnés en toute propriété aux villes où ils sont situés.
Art. 2 – La remise desdits bâtiments et établissements militaires sera faite en vertu de décrets spéciaux qui seront rendus pour chaque ville, sur le rapport de notre ministre de la guerre, et d’ici au 1er juin.
Art. 3 – Au 1er juillet prochain, les villes entreront en possession desdits bâtiments : elle seront chargées de leur entretien ; et, à cet effet, elles devront porter dans leur budget une somme au moins pareille à celle qui est indiquée dans l’état pour les réparations.
Art. 4 – Les officiers du génie ne seront chargés de la direction des travaux à faire aux établissements militaires, que dans les places de guerre. Les ingénieurs des ponts et chaussées en seront chargés dans les villes de l’intérieur, et les architectes dans les grandes villes.
Art ; 5 – Les villes ne pourront disposer, sans notre autorisation, d’aucun des bâtiments militaires. Toutes les fois qu’elles les emploieront à une autre destination que celle qui leur est affectée, elles seront chargées de pourvoir au logement des troupes qui se trouveront dans leur enceinte.
(Suit l’état des casernes remises aux communes ci-après dénommées :
Places de guerres … Strasbourg …

Logement militaire – Literie (décret du 5 août 1818)
Ordonnance du roi qui règle l’exécution de l’article 46 de la loi du 15 mai 1818 concernant les dépenses de casernement et d’occupation de lits militaires.

TITRE II – Régime et disposition des bâtiments.

13. Les bâtiments, établissements et terrains cédés aux villes, à charge de conserver leur destination pour le service de la guerre, en vertu du décret du 23 avril 1810, et qui sont restés, jusqu’à ce jour, affectés à ce service, rentreront pour leur conservation et police, comme pour les dépenses, sous l’administration directe et exclusive de notre ministre de la guerre ; mais les communes en conserveront la nue propriété, pour en être remises en possession et en avoir la libre jouissance, si, par suite de leur inutilité absolue pour le service militaire, ils étaient abandonnés par le département de la guerre.

1813 – SHD, cote 1 VH, 1749 – Tableau des Etablissements Militaires Existans dans les places de la direction de Strasbourg. Place de Strasbourg

Chapitre 2°, Corps de garde, Manèges, Prisons, Hôpitaux, Magasins et autres Bâtiments
§. II, Bâtimens cédés à la Commune
Magasin à farines au-dessus de l’Ecluse (110)
7000 sacs en 2 greniers
En bon état

1814 – SHD, cote 1 VH, 1749 – Mémoire sommaire sur la place de Strasbourg

N° 9. Corps royal du Génie. Direction de Strasbourg. Place de Strasbourg, 1814.
Mémoire sommaire sur la place de Strasbourg et sur la dépense à y faire pour la restauration et la mise en état de ses Fortifications
(…) Voilà l’analise du cours des eaux de la Place ; le M.al de Vauban en a tiré le parti le plus favorable pour les employer à augmenter la défense.
Un système de 29 Ecluses permet d’inonder et de remettre à sec, à volonté, les fossés, avant-fossés & flaques et d’Etablir dans les fossés des chasses d’eau, tant pour la salubrité en temps de paix, que pour la déstruction des travaux de passage des fossés en tems de siège (…)
§. 3° Evaluation sommaire & la dépense à faire pour mettre en état la place de Strasbourg & ses dépendances
5° Manœuvres d’eau.
Art. 25° Réparations à faire aux maçonneries des Piles, bajoyers et radiers des Ecluses 110, 111, 113 et pour le rejointoyement du batardeau (102)
Ouvrage estimé (1. degré d’urgence) 4,000 (2°) 3,000 (3°) 3,000
Observations. On propose de faire toutes les réparations successivement, les sommes portées au présent état estimatif ne Doivent être regardées que comme un apperçu ; on sait qu’il est presque impossible d’estimer au juste ces répartitions avant que les ouvrages soient mis à sec par les épuisemens
Strasbourg 16 Octobre 1814. Le Chef de V.au du Génie, Boudhors

1816 – SHD, cote 1 VH, 1750 (1817-1819) – Mémoire sur l’Etat de situation de la Place de Strasbourg

Corps royal du Génie. Place de Strasbourg, Decembre 1816.
Direction de Strasbourg – Mémoire sur l’Etat de situation de la Place de Strasbourg considérée sous ses divers rapports et dans ses divers établissemens à l’époque du mois de décembre 1816.
Des Inondations. L’inondation des fronts du sud se produit par les eaux de l’Ill, celles de la Bruche et du Rhin tortu. On couvre d’eau toute la partie de la Place comprise depuis le rideau de la Rive gauche de la Bruche près la route de Wasselonne jusqu’à la Digue qui se trouve au bord du bras mabile près le Rhin ; pour tendre cette inondation, on ferme la grande Ecluse 110, celles 111. et 113, qui sont situées sur l’Ill, la vanne 296 près la Porte Blanche, l’Ecluse 108, vis à vis le Bastion 7, et celle 22, à la gorge de la Lunette 33, on Barre, en outre, le Rhin tortu au point de l’ancienne écluse 58 proche du pont de la chaussée de Kehl et au point coté 269, audessous du sas du canal de navigation. Toutes ces Ecluses étant fermées, les eaux reflueront et couvriront tout le terrain compris entre le rideau de la Bruche et la digue du bras mabile près le Rhin ; On a construit en avant de la Place une grande Digue destiné à soutenir les eaux de l’inondation, afin de se ménager un espace de terrain assez Considérable pour faire paître les Bestiaux ; Ce terrain peut être inondé, lorsqu’on le juge à propos, il suffit pour cela d’ouvrir l’écluse 22, et de fermer l’écluse 280, et le Sas éclusé 268, qui se trouve sur le canal de navigation près du Rhin (…)
Etablissemens pour les vivres. (…) Les greniers de la manutention et ceux de l’écluse 110 sont destinés à recevoir les farines. Les greniers des Casernes sont réservés pour les magasins à grains et pour les légumes secs. (…)
Strasbourg le 10 Décembre 1816. Le Colonel du Génie

1818 – SHD, cote 1 VK 206, Avis de fonds 1818-1825

Minute d’avis, Séance du 6 février 1818
5 (article 10 du projet) P. rejointoyer les piles de l’Ecluse (110) et le batardeau (102) au saillant de la pièce (34) ainsi que pour l’entretien des écluses et fermetures d’eau, (Fonds demandés) 1300, (Fonds votés) 1300, (Observations) Il est important de terminer cette année ces réparations commencées en 1817.

1818 – SHD, cote 1 VH 1750 (1817-1819) – Atterrissements à la Grande Ecluse

(1818, 17 février)
Pétition du Baron de Zorn-Plobsheim, domicilié à Strasbourg, Propriétaire du Moulin dit Zorn-Mühle.
Tendante à ce qu’il soit fait, par M. M. les Officiers du Génie, l’examen des dommages, résultants, tant pour la sureté de la Place, que pour le Moulin dit Zorn Mühle, des atterrissemens existans en amont ainsi qu’en aval de l’Ecluse N° 110, sur la rive droite de l’Ill, au pied du mur crénelé défendant le cours de la Rivière, a droite du Bastion N° 6 et en face de la Caserne dite le Quartier blanc
A son Excellence
Monseigneur le Ministre, Secrétaire d’Etat du Département de la guerre.
Monseigneur,
Le Baron de Zorn-Plobsheim, Propriétaire du Moulin dit Zorn-Mühle, à Strasbourg, domicilié en cette ville, Fauxbourg de Pierre rue des Mineurs N° 15, a l’honneur d’observer à Votre Excellence.
Qu’il s’est formé depuis une trentaine d’années sur la rive droite de la Rivière d’Ill, entre les branches des deux ouvrages qui protègent l’entrée des eaux dans la Place de Strasbourg, un atterrissement considérable, produit par les alluvions de cette Rivière, que cet atterrissement qui rejette l’eau sur la rive gauche, est nuisible à la Navigation, mais principalement à la sureté de la Place et à l’interet de l’exposant.
Nuisible à la sureté de la Place, en établissant à droite du Bastion N° 6, au pied d’un mur crénelé, fort ébrêché et de peu de hauteur, une Place d’armes assez étendue, pour contenir un Millier d’hommes, à l’abri des feux, où l’ennemi, descendant nuitamment la rivière, sur des embarcations ou arrivant en hyver sur les glaces, pourrait former, à pied sec, un rassemblement et s’introduire dans la Place, en escaladant ledit mur crénelé ou en montant l’escalier de l’éclusier qui en est proche.
Nuisible à l’intérêt de l’exposant, en ce qu’empêchant le passage de l’eau, sous les trois seules arches qui alimentent le canal de son Moulin (elles ont été fermées hermétiquement pendant le dernier blocus pour accélérer l’inondation) il en voit tous les jours diminuer le volume nécessaire à l’exploitation de son usine, composée de sept tournans, et dans la même proportion, son produit, et l’on peut déjà prévoir le tems, où elle serait absolument privée d’eau, si l’on n’y apportoit remède, le plutot possible.
Que par cette seule cause, son Moulin autrefois le meilleur de la Ville, est devenu le plus mauvais, et lui fait éprouver depuis environ cinq ans une perte de près de 80,000 f.
Que cependant l’exposant à payé, durant le même laps de tems, et par ordre supérieur, outre la patente et les imposition ordinaires et extraordinaires qui ne sont pas peu de chose, guères moins de 3000 f. pour sa quote part de divers ouvrages hydrauliques, construits ou réparés aux environs de la Ville, c’est-à-dire, rien que pour la libre jouissance du courant d’eau qu’il va bientôt perdre totalement, dès les premières sécheresses.
Qu’il se trouve engagé dans un Procès, avec les Propriétaires des deux autres moulins, qui veulent l’obliger à reconstruire le saut de son moulin (nommé en Allemand Wasserbau), reconstruction, dont la dépense s’élèvera à une centaine de Mille francs et serait en pure perte, si le Gouvernement ne lui rendait l’eau qui lui est nécessaire.
Que frappé de l’imminence du danger qui le menace, dès l’année 1814, il s’est adressé aux autorités civiles et Militaires pour en obtenir le déblai de l’atterrissement qui lui est si nuisible, mais, ses démarches ont été infructueuses, à raison des Circonstances défavorables du tems.
Que l’interet de l’exposant ne serait pas le seul lésé par la ruine de cette usine, mais aussi le Public et le Gouvernement, aux quels elle a rendu les plus grands services, notamment dans les deux derniers blocus, pendant lesquels elle a fourni la farine à peu près à 25 000 bouches, tant de la nombreuse garnison, que des habitants et des réfugiés d’alentour, ce qui démontre évidemment son importance, relativement à l’approvisionnement de la Place (dont il n’est même pas encore soldé).
Il supplie en conséquence Votre Excellence de vouloir bien prendre son exposé en Considération, et ordonner que visite et examen soient faits par M. M. les Officiers du génie des faits qui sont l’objet de la présente, que l’exposant soit appellé, pour être présent à cette visite, soit en personne, soit par son représentant, afin d’enoncer ses observations (surtout au sujet de la digue, en forme de crochet, qui forme pointe en avant dans la rivière, et qui a été établie sur l’atterrissement même, pour couvrir l’ecluse 113, et au jardin de l’éclusier, deux objets, qui n’existaient point autrefois, et sont le résultat d’atterrissemens), et, d’après le rapport qui sera dressé, être pris des mesures promptes, dont l’exécution puisse concilier l’interét de la sureté de la Place avec celui de la conservation de la Propriété de l’exposant.
Il a l’honneur d’être avec un profond respect
de votre Excellence
Monseigneur
Le très humble et très obéissant serviteur
Le Baron de Zorn-Plobsheim
Strasbourg le 17 Février 1818

(1818, 8 avril)
N° 3 – Rapport sur la demande de Monsieur le Baron de Zorn Plobsheim demeurant au faubourg de Pierre n° 5
Le Baron de Zorn Plobsheim dans sa demande à Son Excellence le Ministre de la Guerre expose qu’il s’est formé sur la Rive droite de la Riviere d’Ill entre les Branches des deux ouvrages qui protègent l’entrée des eaux dans la Place de Strasbourg et l’Ecluse 110. un attérissement considérable produit par les alluvions de Cette Rivière, et que cet attérissement qui rejette les eaux sur la Rive gauche est nuisible à la Navigation, à la Sureté de la Place, & à Son intéret particulier.
Il développe successivement les motifs qui rendent cet attérissement nuisible à la Place et à son Moulin, sans parler de la navigation, qui effectivement ne souffre nullement du changement survenu dans le Régime du Lit de la Rivière, nous ne nous occuperons que de l’examen des deux derniers griefs.
Le Plan Directeur de la Place dressé en 1774 indique qu’il existait un attérissement partant de l’extrémité de la Branche droite de la Place d’armes du Chemin Couvert du Bastion 6, et se terminant au premier Passage g. de l’Ecluse 110 ; qu’on avait élevé sur cet attérissement le Barrage en terre et à l’effet d’empêcher les eaux de la rivière d’Ill de s’appuyer dans les grandes crues contre l’Ecluse 113 dont le Radier est en mauvais état.
En examinant sur le Plan d’ensemble le cours de l’Ill, on reconnaît que cette Rivière a une tendance naturelle à Se porter sur (…) le canal serait encore plus obstrué.
Il résulte donc de l’exposé cidessus que le gouvernement n’a nullement contribué à la formation de l’attérissement en amont, que le pétitionnaire a exhaussé celui en aval, qu’il seroit utile pour la fortification d’enlever les terres de l’attérissement d’amont jusqu’au niveau des Basses eaux seulement, afin de ne pas nuire à la propriété de Monsieur Zorn ; que pour empêcher la Rivière de déposer promptement des nouvelles alluvions, il convient de faire disparaitre la digue en terre b, ce qui ne peut avoir lieu qu’autant qu’on se sera assuré de l’état du Radier de l’Ecluse 113. et de la nature des Réparations à y faire ; que la Construction du Mur crénelé proposé dans les projets pour 1818. suffit pour la Sureté de cette partie de la Place, et qu’en conséquence il parait convenable de Remettre à l’année 1819. tout le travail demandé dans la pétition du Baron de Zorn, le quel entraîne nécessairement les Réparations de l’Ecluse 113. sur les quelles on n’a que des données fort incertaines, et qu’on s’occupera de constater dans le courant de Cette année.
Si Cependant Son Excellence voulait pour satisfaire en partie à la demande du Pétitionnaire, faire enlever les terres avec lesquelles on a formé les deux passages g et i, quand on tendit l’inondation de 1814. on joint au présent un état estimatif de la Dépense pour cet objet mais on croit que cette dépense sera inutile pour les intérets du Baron de Zorn, puisque les attérissemens d’amont et d’aval Empêcheront qu’il s’établisse un courant et ne feront au Contraire que déterminer de nouvelles alluvions. Cette dépense ne peut être utile que pour s’assurer de l’état du Radier de l’écluse 110. sur le quel on n’a aucune donnée, mais qui cependant ne doit être pas dégradé puisqu’on a pu tendre en partie l’inondation en 1814.
Strasbourg le 8. avril 1818.
Le Lieutenant Colonel du Génie
Vu par le Colonel Directeur des fortif.ons

(1818, 9 avril)
Génie – Place de Strasbourg – 1818
Etat estimatif de la dépense à faire pour déboucher 3 arches de l’écluse (110) et pour enlever jusqu’au radier la partie de l’atterrissement qui empêche la manœuvre des poutrelles dans les passages g et h, montant à la somme de 2 250,00 fr.
Détail
– Déblais des terres dans l’eau transportées à un relais de distance
Celles de l’excavation dans l’atterrissement de deux tranchées faites l’une en amont, l’autre en aval des piles pr. dégager les maçonneries – 216,000 m. cubes à 0,22 -47,52
– Roulage des terres à 5 1/3 relais de distance
Celui des mêmes terres dans le Bastion (6) – 216,000 m. cubes à 0,22 – 172,80
– Terres dans l’eau enlevées à la drague sans transport
Celles des 2 tranchées en amont et en aval des piles et sous les trois 1.res arches jusqu’au radier – 801,066 cubes à 1,25 – 1,001,33
– Roulage des terres à 6 2/3 relais de distance
Celui des mêmes terres dans led. bastion – 801,066 cubes à 1,00 – 801,07
– Réglage des terres
Celles portées aud. bastion, pr. réparer une partie du parapet entre la Caserne du pont couvert – 90,00 Jours à 1,80 – 162,00
Frais imprévus 65, 28
Somme pareille 2,250 f. 00
Strasbourg le 9 avril 1818
Le Lieutenant-colonel Chef du Génie

(1818, 9 avril)
Direction de Strasbourg. 1818 – Plan de l’attérissement formé sur la Rive droite de la Rivière d’Ill et sous l’Ecluse 110 (dit le pont couvert) Pour être joint au Rapport Relatif à la demande de Mr Zorn Plobsheim
Légende
a. L’Ecluse 110 (dit le pont couvert)
b. Attérissement supérieur occasionné par le cour que forme la Rivière d’Ill, avant d’arriver à l’écluse. Cet attérissement se prolonge depuis la Contrescarpe f. jusqu’au pont de la Prison militaire.
c. Partie de l’attérissement en avant de l’Ecluse. Ce terrain est cultivé par l’Eclusier et Monsieur Zorn l’a élevé audessus des hautes eaux en y déposant de la vase, toutes les fois qu’il a curé l’entrée de Canal de son moulin.
d. Digue en bois existante sur le Plan Directeur de 1774 et construite pour protéger le Batardeau 113 dont le Radier est en mauvais Etat.
Nota – Quand on tendit l’inondation en 1813 on ne put mettre les poutrelles aux trois arches g. h. i. à cause de l’attérissement qui Couvrait le Radier, on se contenta de Boucher avec des terres. Maintenant il ne reste plus que les deux arches g et h qui soient encore entièrement masquées en amont, ainsi que l’indique le Profil Suivant BA.
Echelle des Profils de 0.05 Centimètres pour un mètre
Echelle de 0,015 milimètres pour 1 mètre
Strasbourg le 9 avril 1817.
le Lt. Colonel du génie
Vu par le Colonel du génie, directeur des fortifications

Profil en amont Suivant BA (Hauteur des eaux le 17 mars 1818 – Profondeur du Radier – Terres servant à Boucher les arches)
Profil en aval suivant DC (Hauteur des eaux le 17 mars – Profondeur du Radier)
Profil au milieu des piles Suivant FE (Hauteur des eaux le 17 mars – Profondeur du Radier – 2,92)
Profil à l’entrée du canal du Moulin de Mr Zorn suivant HG (Hauteur des eaux le 17 mars)

(Plan de situation) Isle des Bains – Canal du Moulin de Mr Zorn – Prison Militaire – Limite de l’atterrissement – L’Ill Rivière – Jardins
Fragment de la Place de Strasbourg indiquant le cours de la Rivière d’Ill, audessus de l’Ecluse 110 et l’emplacement du Moulin de Moulin de [sic] Monsieur de Zorn – Légende – A Moulin de Mr de Zorn

(1818, 10 avril)
Projet pour la réparation du mur crénelé du Bast. N° 6 à l’entrée des Eaux, à joindre à l’article (3.) de l’Etat Estimatif du Projet général pour 1819.
Légende
OO. Attérissement formé en amont et en aval de l’Ecluse 110 sur la rive droite de la rivière d’Ill.
P. Portion de Digue construite en 1813 pour boucher les 3 entres arches, où l’on ne pouvait pas mettre les poutrelles à cause de l’atterissement qui couvrait le radier.
efde. Ancien mur crénelé en très mauvais état. On propose de le réparer et de le relever, pour empêcher qu’on en saute par-dessus comme cela arrive Journellement.
eg. Partie de mur réparée en 1818 (voir le Profil suivant EF). On propose de conserver le mur de Terrasse et de refaire le mur crénelé qui est en surplomb.
dg. Partie de mur qui a soufflé (voir le profil suivant CD.). On propose de refaire en entier le mur de Terrasse et le mur crénelé.
HIK. Terreplein de la fausse-braie qu’on propose de baisser pour être défilé derrière les crénaux.
M. Parapet à recharger pour que le plan de la plongée passe par-dessus le mur crénelé.
NN. Fossé de 2. m de profondeur creusé dans l’atterissement et au pied du mur crénelé pour augmenter la hauteur de l’escarpe.
Q. Digue construite depuis très longtemps, pour protéger l’écluse 113. dont le radier est en mauvais état. On enlevera cette digue quand le radier de l’écluse sera réparé, on proposera aussi à cette époque d’enlever le reste de l’atterissement.
R. Terrain en arrière de la Caserne du Pont-couvert, où il reste de grands remblais à faire et où l’on portera les terres du fossé de l’attérissement après avoir achevé de relever le parapet.
Echelle des Profils de détail de 0,01 pour mêtre
Echelle des Profils GHIKL de 0,01 pour 4. mètres

(1818, 10 avril)
Ministère de la guerre, 3° direction – Bureau du génie – Section du matériel
Strasbourg le 10 avril 1818
A Son Excellence Monseigneur le Ministre de la guerre A Paris
Monseigneur,
J’ai l’honneur d’adresser ci-joint à votre Excellence le rapport demandé par votre lettre du 6 mars d.er sur la demande de M. le baron de Zorn relative à l’attérissement qui s’est formé sur la rive droite de l’Ill à l’entrée des eaux dans la place de Strasbourg.
Votre Excellence verra par le rapport ci-joint de M. L’Ingénieur en chef et par le plan qui y est joint que l’attérissement dont il est question, est produit par la direction du cours de la rivière qui forme un coude à son entrée dans la place et se jette sur la rive gauche audessus de la grande écluse d’inondation, ce qui produit l’attérissement de la rive droite. Quant à l’attérissement qui s’est formé au dessous de l’écluse, sa formation résulte des même causes et il a été augmenté par des dépôts provenant du curement du canal du Moulin que M. le Baron de Zorn y a fait placer lui-même ; d’après cela, le pétitionnaire n’est pas fondé à demander que le déblai de cet attérissement soit fait par le gouvernement.
Il seroit sans doute utile à la sureté de la place que l’attérissement dont il est question fut enlevé ; dans les projets présentés cette année on a porté son attention sur cette partie de la place, on a proposé de relever et de réparer le mur d’enceinte qui se trouve sur l’attérissement ; cet objet est ce qu’il y a de plus important pour le moment. Quant à l’attérissement, on se proposait de le porter en projet pour les années suivantes. Mais pour ne point faire un travail inutile, on observe qu’il faudrait enlever en même temps la digue cotée d au plan ci-joint et que l’enlevement de cette digue exige la réparation des fondations du batardeau coté 113, j’observerai en outre, que lorsque le mur qui se trouve sur l’attérissement aura été réparé, la place sera en sureté de ce côté attendu que dans un cas de siège, on tend l’inondation et qu’on coupe la digue cotée d afin d’isoler l’attérissement de la campagne.
Je pense également qu’on doit ajourner le travail du déblayement des deux arches encombrées dont la dépense se monte à 2,250. d’après l’état estimatif ci-joint, attendu que dans l’état actuel de l’attérissement, ces arches seroient de nouveau encombrées en peu de temps et qu’on doit attendre pour déblayer ces arches, jusqu’à ce qu’on soit à même d’enlever l’attérissement en entier.
D’après les considérations ci-dessus, j’ai l’honneur de proposer à Votre Excellence, d’ajourner l’enlèvement de l’attérissement demandé, jusqu’à ce que les circonstances permettent d’employer plus de fonds aux réparations de la place.
D’après la décision du comité des fortifications du 29 mars que je reçois à l’instant, la réparation du mur qui se trouve sur l’ensablement se trouve être ajournée, quoique ce soit peut être l’article le plus important du projet, attendu que dans l’état actuel, la place n’est point formée de ce côté, ce qui occasionne des réclamations continuelles à cause des personnes qui s’introduisent dans la place sur ce point et de la contrebande qui s’y fait ; en temps de guerre, on a toujours eu des inquiétudes sur cette partie de la place, qui n’est point à l’abri d’un coup de main ; cette raison avait fait commencer la construction de ce mur il y a trois ans, on proposait de l’achever.
J’ai l’honneur d’être avec un profond respect
Monseigneur
de votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
le Colonel du génie, directeur des forfit.ons

(1818, 28 avril)
N° 126. Ministère de la Guerre – Strasbourg (Attérissement sur la rive droite de l’ill à l’entrée des eaux)
Extrait des Registres du comité des Fortifications
Séance du 28 Avril 1818
Le baron de Zorn, propriétaire à Strasbourg d’un moulin situé sur le bras de l’Ill qui passe devant la prison militaire, demande qu’il soit procédé par les officiers du Génie à la visite et à l’examen des attérissemens formés en amont et en aval de l’écluse (110.), lesquels en nuisant à la navigation de l’Ill, tendent à annuller l’effet de son moulin et sont surtout dangereux pour la place dont les fortifications ne présentent sur ce point qu’une faible défense.
Le but de la demande du pétitionnaire est qu’il soit pris des mesures promptes qui concilient les intérêts de la place et la conservation de sa propriété.
Il résulte du Rapport du Chef du Génie sur cet objet
1° Que les attérissemens dont se plaint le baron de Zorn sont causés par le coude que la rivière fait à son entrée dans la place, lequel portant les eaux contre la rive gauche, favorise le séjour des alluvions sur la rive droite.
2° Que ces attérissemens existaient déjà en partie en 1774, et qu’on en profita pour élever la digue cotée (d) destinée à soulager l’écluse (113) dont le radier est en mauvais état.
3° Que les jardins situés en (C) ont été élevés au dessus des hautes eaux, au moyen des vases même du canal du moulin que le pétitionnaire a fait jetter sur ce point, pour éviter les frais de les transporter ailleurs.
Le Chef du Génie expose que sous le rapport de la défense, il serait utile d’enlever les attérissemens jusqu’au niveau des basses eaux et de supprimer la digue (d) qui en favoriserait constamment la formation ; mais il pense que ces travaux doivent être différés jusqu’à ce que l’on connaisse exactement les dégradations de l’écluse (113.) et que le trésor puisse fournir aux dépenses de sa réparation.
Le comité considérant conformément au rapport d’un de ses membres et aux observations du Chef du Génie
1° Que les attérissemens dont se plaint le baron de Zorn n’ayant point été causés par l’assiette des ouvrages militaires de la place, il n’a aucun droit à demander que le Gouvernement contribue à leur enlèvement,
2° Que sous le rapport de la défense il est nécessaire de s’opposer à l’accroissement de ces attérissemens qui pourraient compromettre la sûreté de la place,
Est d’avis
1° Qu’il n’y a pas lieu à procéder à l’enlèvement des vases dans l’intérêt du pétitionnaire.
2° Qu’il doit être présenté en 1819 un projet dans lequel on proposera 1° l’enlèvement des terres de l’alluvion devant l’écluse de manière à mettre la place à l’abri d’une surprise, 2° l’emploi qu’on pourra faire des déblais pour améliorer les défenses de cette partie de la place, en ayant soin de transmettre à cet égard un plan coté et accompagné du nombre de profils qui sera jugé nécessaire.
Pour extrait conforme
Le Lieutenant Général, Inspecteur G.al du Génie Président

(1818, 12 mai)
Ministère de la guerre, 3° direction – Bureau du génie – Section du matériel
Minute de la lettre écrite par S.E. le M. de la guerre
à M. les d.eur d. fortifications A Strasbourg
Le 12 mai 1818
Monsieur, m’étant fait représenter la reclamation de M le Baron de Zorn concernant l’atterrissement qui s’est formé sur la rive droite de l’Ill, sous l’écluse cottée 10 au fragment du plan de la place de Strasbourg qui accompagnoit votre lettre du 10 avril dernier, j’ai reconnu à l’inspection de ce plan et d’après le compte qui m’a été rendu à ce sujet, que cet atterrissement n’ayant part [sic] été causé par l’assiette des ouvrages militaires de la place, si le Baron de Zorn n’était point fondé au droit à demander que l’Etat contribuât aux frais de son enlevement, toutefois, comme étant* nécessaire sous le rapport de la defense, de s’opposer à l’accroissement des terres de l’alluvion devant l’écluse 110, Je desire que vous m’adressiez pour 1819 un projet dans lequel on proposera l’enlevement de ces terres et on indiquera l’emploi que l’on pourra faire des déblais pour améliorer les défenses de cette partie de la place, en ayant soin de joindre au projet un plan coté et accompagné du nombre de profils qui sera jugé nécessaire. Veuillez en attendant l’envoi de ce travail, faire donner connaissance de ces dispositions à mr le Baron de Zorn.

1819 – SHD, cote 1 VK 206, Avis de fonds 1818-1825

Minute d’avis, Séance du 6 avril 1819
(art.) 3, P. réparer le mur d’escarpe le long de l’Ill, ainsi que le mur crénelé au-dessus, faire au pied une tranchée de 6 m. de largeur et enlever les terres qui ferment les 3. 1.ers passages de la grande Ecluse (110), sur la rive droite, (Fonds demandés) 17 000, (Fonds votés) 12 000, (Observations) P. à compte en 1819. On devra faire la cunette dans la direction (L K) suivant le croquis ci-joint N° 1 afin d’avoir un courant plus direct sur la vanne, et d’éviter d’afouiller le rentrant que de nouveaux atterrissemens auraient bientôt comblé. Une somme de 12 000 f doit suffire pour ce travail et pour relever du front* la place sur ce point.

1820 – SHD, cote 1 VK 206, Avis de fonds 1818-1825

Minute d’avis, Séance du 14 avril 1820
Art. 20 du projet – P. enlever la digue provisoire en terre ainsi que le reste de l’atterrissement le long du mur crenelé, (Fonds demandés) 7700, (Fonds votés) -, (Observation) ce travail est le complement de tous ceux qui ont été entrepris sur cette partie de la place, mais le dessin ne fait pas suffisamment connaître ce qu’il y a de terres à enlever & nullement l’emploi qu’on propose d’en faire dans l’intérieur du b.on (6). On aurait dû indiquer aussi la relation de ce travail avec celui qui a été exécuté en 1819 (art 3 des ouvrages ordonnés). On devra reproduire ce projet en 1821 avec tous les renseignements nécessaires pour éclairer la discussion. la prudence reclame que l’on n’expose pas tout de suite à l’effet des grandes eaux le travail de l’Ecluse et du batardeau (113)

1821 – Archives départementales du Bas Rhin, cote SP 90 (1) – Usage des alluvions en aval de la Grande Ecluse

Rivière d’Ill – Fossé des Orphelins – Pref. N° 1108/2863, 3 D
A Monsieur l’Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées
Strasbourg le 14 Mai 1821.
Monsieur
Mr le Maire de la ville de Strasbourg demande l’autorisation de se procurer des attérissemens qui se sont formés dans l’Ill près de l’Ecluse N° 110 à l’amont des ponts du quartier dit ponts Couverts les terres nécessaires au remblai de la partie du fossé des orphelins dont le comblement est à la charge de la Ville depuis le Jardin Schweighaeusser jusqu’au point indiqué par le Génie Militaire.
J’ai l’honneur de vous pier de faire examiner cet objet et de me donner votre avis.
J’ai l’h.

Fossé des Orphelins – Pref. N° 1108/2863, 3 D
A Monsieur le Maire de la Ville de Strasbourg
Strasbourg ce 23 Juin 1821.
Monsieur le Maire,
J’avais communiqué à M. le Colonel, directeur du Génie à Strasbg. la demande que vous avez formée pour être autorisé à enlever une partie de l’alluvion située dans le Rivière d’Ill à l’amont des ponts Couverts pour le comblement de la partie du fossé des orphelins à la charge de la Ville.
M. le Directeur m’a répondu le 16 de ce mois que l’enlèvement de cet atterissement n’a en effet aucun inconvénient sous le rapport de la défense mais Comme il y a un remblai considérable à faire sur la place du quartier du pont Couvert, afin de pouvoir amener les eaux de Cette partie dans l’aqueduc projetté pour la prison militaire, il pense qu’il est de l’Intérêt de la Ville de ne point prendre ces terres avant que les Comblements projettés dans cette partie n’ayent été effectués, puisque d’après ce qui a été convenu à cet égard par la délibération du Conseil municipal ce Travail doit être à ses frais et que les 26 000 fr. qui ont été dotés pour cet objet deviendraient insuffisants si on étoit obligé d’aller loin pour chercher les terres y nécessaires.
Je vous prie d’aviser de suite au moyen d’assainir le plus promptement possible les quartiers que ce fossé parcourt.
J’ai l’h.

1822 – SHD, cote 1 VK 206, Avis de fonds 1818-1825

Séance du 17 avril 1822
18. Art. 19 du projet – Pour les constructions et réparations à faire au bâtiment de l’Ecluse (110.), (Fonds demandés) 2400, (Fonds votés) 2400 Cet article demandé par urgence a été accordé par décision ministérielle du 7 mars d.er

1824 – SHD, cote 1 VK 206, Avis de fonds 1818-1825

Minute d’avis de Fonds, Séance du 25 mai 1824
Art. 22 du projet – Pour les réparations urgentes à faire au bâtiment au-dessus de l’écluse (110) et au logement de l’éclusier, (Fonds demandés) 290, (Fonds votés) 290 à accorder

1827 – SHD, cote 1 VH, 1756 (1827-1829) – Mémoire sur les articles des projets

1827. Mémoire servant à indiquer la division permanente de tous les ouvrages et terrains de Fortifications ainsi que tous les bâtimens militaires dépendant du service du Génie dans la place de Strasbourg, en parties distinctes, qui doivent former invariablement les articles des projets de chaque année [version différente de la précédente]
Fortifications
Article 121. La grande écluse de retenue (110) non compris le bâtiment audessus
Bâtimens militaires
§ 1. Casernement
Logements d’employés militaires
Article 17. Le logement de l’éclusier à l’écluse (110) coté LM (6)
§ 3. Bâtiments des subsistances
Article 94. Le magasin coté M (110) audessus de l’écluse (110) contenant 3000 quintx. de grains en sacs placés sur cul, ou 4500 sacs placés sur piles de 10 de haut.r

1828 – SHD, cote 1 VK 207, Avis de fonds 1826-1839

Minute d’Avis de fonds, Séance du 10 Avril 1828
37 (art. 44 du Projet) Magasin au-dessus de l’Ecluse (110). Pour la confection des châssis, grillages et volets et pour la réparation de la Couverture, (Fonds demandés) 460, (Fonds votés) 200, (Observations) à accorder d’après l’avis du directeur

1829 – SHD, cote 1 VH, 1756 (1827-1829) – Mémoire sur la Place

Corps Royal du Génie – Direction et Place de Strasbourg – 1829
Mémoire sur la Place, 2° partie
En attendant que je puisse fournir la 1.re partie de ce mémoire, je vais faire connaître ici l’Etat dans lequel se trouvent les différens ouvrages de fortification et de bâtimens à la fin de la campagne de 1828, ainsi que les fonds accordés et dépensés en suivant l’ordre établii dans l’avis d’approbation et le mémoire apostillé. J’y réunirai les observations relatives à l’art des constructions, auxquelles ces travaux ont pu donner lieu

(…) Bâtimens Militaires
Art. 37 Le Magasin au-dessus de l’Ecluse (110).
On a réparé la couverture, fait le bareaudage de deux lucarnes et placé 52 crochets avec piton pour arrêter les croisées du Magasin. (accordés) 200 fr., (dépenses) 257 fr.
Strasbourg le 9 Avril 1829. Le Lieut.-colonel, Chef du Génie

1830 – Plans et élévations destinés au plan relief (originaux aux Invalides)

La Grande Ecluse figure à l’îlot 106. Les élévations manquent. Maison du portier entre q et t.

1833 – SHD, cote 1 VH, 1757 (1830-1832) – Mémoire sur les manœuvres d’eau

Génie – Direction et Place de Strasbourg – 1831
Mémoire succint du Directeur des Fortifications, sur la manière de tirer le meilleur parti possible des manœuvres d’eau et de procurer des chasses vigoureuses dans les fossés des ouvrages extérieurs de la partie de l’enceinte de la place de Strasbourg située sur la rive gauche de la rivière d’Ill
Les eaux de l’Ill et de la Bruche réunies, retenues par la grande écluse 110, peuvent entrer dans le grand fossé de l’enceinte par l’écluse 111 qui est disposée avec des portes tournantes pour y lâcher l’eau tout d’un coup. De toute la hauteur de l’inondation, elle peut s’élever à la cote 101 comme l’expérience en a été faite en 1814 et l’on espère même pouvoir l’élever à la cote (100), du moins toutes les écluses de retenue et les digues qui soutiennent cette inondation ont été établies primitivement à la cote 99,50 ou au moins 99,80 et 100.
(…) On peut donc avoir, au moyen de cet abaissement de l’écluse de fuite 161, les fossés secs ou pleins d’eau à volonté pourvu que les eaux naturelles de la rivière d’Ill ne soient pas trop fortes pour refluer par cette écluse de fuite.
Mais lorsqu’elles seront retenues par l’écluse 110 et qu’il n’y aura plus que des eaux de filtration qui traverseront la ville, Il est probable qu’elles seront toujours assez basses pour ne pas refluer dans les fossés et qu’on pourra en jouir pour la défense comme fossés secs tant qu’on ne sera pas dans le cas d’y faire des chasses d’eau.
766 (…) On voit donc que dans l’état des choses, la quantité d’eau consommée pour la défense des ouvrages extérieurs n’est pas en rapport avec l’effet produit et que d’un côté si elle en augmente la défense, de l’autre, elle la diminue peut être autant par la difficulté des communications qui empêchera d’y soutenir l’assaut.
En arrivant dans cette place, nous avons été frappés de cet inconvénient et avons cherché les moyens d’y remédier. (…)
Strasbourg le 12 Aout 1831
Le Colonel Directeur des fortifications, Laurent

1833 – SHD, cote 1 VH, 1758 (1833) – Projets pour 1833

Génie – Direction et place de Strasbourg
Projets pour 1833. Projet d’ensemble pour la restauration complète de la place de Strasbourg et de ses manœuvres d’eau au moyen d’une dépense d’environ 2,000,000 f. qui a été affectée à sa mise en bon état de défense dans le tableau joint à la circulaire du 31 août 1825.
(…) La défense de Strasbourg repose en grande partie sur les manœuvrs d’eau et les manœuvres dépendent de l’inondation de l’Ill ; il faut d’abord assurer les moyens de tendre cette inondation en barrant l’Ill et le Rhin tortu qui n’est qu’une dérivation de l’Ill et tire très peu d’eau du Rhin. Pour cela, nous avons d’abord la grande écluse (110) qui barre l’Ill et les écluses (111) et (113) qui l’empêchent d’entrer dans les grands fossés des deux côtés de la rivière ; vient ensuite le Rhin tortu et le canal du Rhin qui entrent dans les fossés par l’écluse (300) et dont le trop plein, retourne au Rhin depuis le déversoir en fascines (267) par l’ouverture (266) dans la grande digue (240). (…)
Apostille finale
Nous n’avons pas parlé des réparations à faire à l’écluse (110) que nous avons indiquée dans notre mémoire sur la place et qui sont évaluées à 60,000 f. qui peuvent aussi être considérées comme dépenses d’entretien mais on doit savoir que ces dépenses exigent immédiatement la somme de 300,000 f.
Strasbourg le 11 février 1833. Le colonel Directeur des fortifications, Laurent

1833 – SHD, cote 1 VH, 1758 (1833) – Mémoire du Colonel Laurent, Directeur des Fortifications, sur la place de Strasbourg

[p. 84] Chapitre 7. Observations générales sur les écluses, leur état actuel, la manière de les disposer, soit en temps de paix soit en temps de siège
Grande écluse (110)
Description de l’écluse (110) – Ce pont éclusé porte un parapet crénelé en amont de 1 m 50* d’épaisseur ; le reste du pont est en bois surmonté d’une toiture qui en fait un beau magasin. Cette écluse a été construite par Vauban en 1681 à 1691 ; son radier est à la cote 104,26, 1 m 80 au dessous des basses eaux de l’Ill. Il paroît qu’on l’a tenue à la profondeur de l’ancien lit de cette rivière. Ses passages au nombre de 13. varient de largeur ; il y en a six de 6 m 15, six de 6 m 53 et un de 5 m 88 ; il y avoit autrefois des chassis en charpente avec 3. ventelles à chaque passage et des portes busquées à l’ouverture destinée à la navigation. Cette ouverture est plus élevée que les autres, et est la 4° à partir de la rive gauche ou la 10° à partir de la rive droite. La clef de la voûte est à la cote 98,96 ; tout le vannage a disparu ainsi que les portes busquées. Les piles ont treize mètres 88. cm. de longueur et 17 mètres avec les avant-becs. La largeur intérieure du pont est de 11 m 60, il est divisé en deux, par une cloison. En 1774, on a réparé le radier qui est composé de deux grillages en charpente, remplis de maçonnerie dans les cases, les grillages sont recouverts de deux planchers de chêne. La largeur totale de ce radier est de 30. mètres, il y a deux rangs de coulisses, mais ils sont trop éloignés l’un de l’autre pour pouvoir remplir de terre l’entre deux de leur distance qui est de 5. mètres 54. centim. Les coulisses d’amont n’ont point été bien taillées dans leur intérieur parce qu’elles ne servoient originairement que d’envellopes aux chassis en grosse charpente qui portoient les colonnes des vannages. Elles sont trop larges pour toute espèce de poutrelles et on y supléé en appliquant de forts madiers de chêne tout autour, elles ont 0,43 de large sur 0,38 de profondeur. Les coulisses du côté d’aval [p. 85] ont 0,20 de largeur sur 0,25 de profondeur, les poutrelles ne peuvent y entrer sans entailles.
Réparation de cette écluse en 1774 – Cette écluse a été réparée à fond dans son radier en 1774, c’est à dire environ un siècle après sa construction. On fut obligé de barrer la rivière d’Ill à Erstein et de faire 2 grands barrages en amont et en aval de l’écluse pour mettre à sec son radier ; on reconnut que les deux grillages étoient en aussi bon état que s’ils venoient d’être posés à l’exception des maçonneries remplissant quelques cases ; on a trouvé que le 1° plancher sur les grillages étoit généralement bon et que le plancher supérieur étoit seulement usé par le frottement des eaux près des avant-becs sous les têtes de voûtes des arches, qui soutiennent le parapet ou mur crénelé qui est en avant du pont, et qui à l’exception de celle de la navigation sont trop basses ayant leur clef à la cote 101,30 ce qui fait qu’elles sont quelques fois submergées et que les eaux y éprouvent un rétrécissement qui forme chûte et fatigue le radier en cet endroit ; aussi le renforcea t-on alors par un 3° plancher. On a relevé depuis à la cote 99,56 les 5. arches qui sont près de celles servant à la navigation et à sa droite.
L’auteur du mémoire sur ces travaux, Mr de Rozière, dit que d’après l’état des bois du radier après un siècle d’usage et avec les précautions prises dans les réparations, il ne doit rien y avoir à faire à cette écluse pendant au moins 3. siècles. Ainsi, nous en serions exempts encore pendant 2. siècles ½.
Les batardeaux pour les barrages ont été faits du 1.er juillet au 17 aout. Les épuisements commencés le 18 au soir avec dix chapelets avoient mis le radier a découvert le 19 ; on fit ensuite des rigoles en amont et en aval. On commença les travaux le 21 ; ils étoient hors d’eau le 6. octobre. On trouva le radier fort chargé de terre, dans les passages près des culées et il fallut le déblayer pour le visiter et le réparer.
[p. 86] Essai de l’écluse en 1814 – On a essayé de fermer cette écluse en 1814, le 6 mars. Il fallut 2 jours de travail pour y placer les poutrelles, au bout de 24. heures de tension complète, les eaux montèrent de 3. pieds et le 9. au soir de 6. pouces de plus et le 10. au matin, elles étoient à 10 pieds au dessus du radier, il est à observer que les eaux étoient basses et qu’il y avoit 2. poutrelles de brisées dans deux passages différents ; malgré cela, l’eau étoit élevée à peu près à la cote 101,* elle couloit par le huren-graben vers le Rhin tortu qui étoit barré aussi depuis longtemps mais dont l’ennemi avoit détourné les eaux. Le canal du moulin des 8. tournants que l’ennemi avoit coupé au dessus de la ville se trouva rempli par l’exhaussement de l’Ill et le moulin put tourner. Les environs du pâté (37) qui étoient à sec se trouvèrent inondés de nouveau. Le 9. au soir, l’ordre fut donné de détendre l’inondation de sorte qu’on n’eut pas le temps de remedier aux poutrelles rompues ni de voir les progrès de l’inondation plus longtemps. L’auteur du mémoire sur cette inondation, le Colonel Huart, ne parle pas du radier de l’écluse, et il est probable, qu’on n’y reconnut pas de dégradation puisqu’il n’en dit pas un mot. Il ne dit pas non plus si on avoit mis des poutrelles dans les deux coulisses.
Nous devons faire remarquer que toute la défense de Strasbourg par les eaux est fondée sur l’écluse (110), que c’est de la promptitude et de la bonté de sa manœuvre que dépend le succès de toutes nos manœuvres d’eau et que nous devons nous attacher à la perfectionner et à la maintenir en bon état.
Perfectionnements à cette écluse – Nous remarquerons d’abord, qu’il y a beaucoup plus d’ouvertures qu’il n’en faut pour le passage des eaux de l’Ill ; que ses treize ouvertures réunies présentent ensemble une largeur de 82. mètres, tandis qu’au dessus de Strasbourg, sa largeur moyenne est de 60. mètres seulement et suffit à toutes les crues. [p.87] La profondeur moyenne au dessus de Strasbourg est à peu près la même que celle du radier de l’écluse ; mais puisque le débouché de l’eau est bien plus large à l’écluse, cette profondeur nous paroît tout à fait superflue parce que les retenues des moulins qui sont immédiatement au dessous la rendent tout à fait inutile et que par les eaux basses à la cote 102,46, il y a toujours 1 m 80 d’eau stagnante sur ce radier, et que, naturellement, les 3 ou 4 premiers passages vers la rive droite se sont attéri déjà autrefois avant la réparation de l’écluse et s’attérissent aujourd’hui davantage.
Considérant ensuite combien la manœuvre d’une écluse irrégulière est difficile puisqu’elle exige des poutrelles de différentes longueurs, nous verrions un grand avantage à réduire tous les passages à 5 m 88 et à les relever en même temps de 0,75 et à mettre le radier à la cote 103,50 excepté au passage qui sert à la navigation. Voici la réparation que nous proposerions à cette écluse. La longueur des piles étant de 14. mètres environ, nous exhausserions le radier sur 11 m 54 de longueur, à prendre de chaque côté des coulisses distantes de 5 m 54, c’est-à-dire, 3. mètres au dessus de 3. mètres au dessous : nous y ferions une surépaisseur, sur le radier en bois de 0,75 cent.re en béton que l’on y couleroit facilement en mettant des coffrages en planches remplis de terre pour l’arrêter en amont et en aval et empêcher le courant pendant qu’on le couleroit.
Ce nouveau radier seroit durci dans l’espace de 3. mois et en faisant entre les coffrages en terre un épuisement qui seroit des plus faciles puisque le fond à épuiser entre deux bonnes maçonneries auroit son fond en béton durci. On auroit bien vîte le béton étanché, on démoliroit alors les bajoyers vis à vis les coulisses sur 6. à 7. mètres de longueur et on reconstruiroit sur le nouveau radier les parements de ces bajoyers en leur donnant un peu de saillie sur les anciens, de manière à avoir tous les passages d’une [p. 88] largeur bien uniforme de 5 m 88 avec 2 doubles coulisses de 0,28 espacées de 0,60 de milieu en milieu ; vis à vis les coulisses, on incrusteroit dans le béton des seuils en pierre de taille. Cette dépense seroit à peu près de 3,000 f. pour chaque passage. L’orifice total seroit de 76,44 et rétréci seulement de 5 m 40.
Pour celui servant à la navigation que l’on ne pourroit relever que de 0,25, nous coulerions une plaque de béton de cette épaisseur aux deux extrémités du passage dans un coffrage en bois de 3 mètres d’épaisseur et plus élevé que les eaux moyennes. Quand ce béton seroit un peu durci, on rempliroit les coffrages de terre on pourroit ensuite épuiser peut être avec peine, parceque les joints des planchers qu’il faudroit démolir ainsi que le premier grillage, donneroient beaucoup de sources dans les joints, puis on remplaceroit le double plancher et le premier grillage par une couche de béton de 0,50 cent. d’épaisseur qui seroit tenue à la cote 104 y compris les pierres de taille qu’on y introduiroit, et sur lesquelles on opéreroit comme pour les autres passages puisque celui-ci a déjà la même largeur à laquelle on réduit les autres.
On pourroit faite cette réparation successivement à 3 ou 4 passages par an, et dans 3. ans, elle seroit achevée en y depensant 14 ou 15,000 f. par an ; on auroit alors une écluse éternelle puisque jamais le radier en bois sous le béton ne s’useroit et ne se dégraderoit sous les seuils des poutrelles et que le radier en bois en amont et en aval du radier en béton qui y feroit un arrêt, s’envaseroit et se couvriroit de gravier.
On pourroit profiter de cette construction pour faire 4. passages + (Nota. + Il faudroit dans ces 4. passages pour le jeu des portes tournantes de 6. mètres d’ouverture, espacées à 7 mètres de distance les deux rangées de doubles coulisses pour pouvoir monter et démonter à volonté en portes tournantes en épuisant dans l’intérieur) à portes tournantes à côté du passage de la [p. 89] navigation, afin que l’inondation tendue, s’il survenoit une crue extraordinaire, on put ouvrir instantanément ces 4. passages pour l’empêcher de déborder les digues. Ce seroit encore une dépense de 16,000 f. et bien utile. Comme les portes ne peuvent durer que vingt ans à peu près, en les laissant en place, on les construiroit de manière à pouvoir les démonter et les tenir en magasin comme les poutrelles de l’écluse dans le bâtiment même du pont éclusé. Il est d’ailleurs avantageux que l’inondation, une fois tendue, le trop plein puisse s’évacuer par le lit ordinaire de la rivière pour l’assainir et faire tourner les moulins qui sont au dessous de cette écluse. En temps de paix, cette écluse reste ouverte, elle renferme de beaux magasins à farine sous les combles et toutes les manœuvres de l’éclusement sur une moitié de la largeur du pont.
Ecluse (111) avec portes tournantes à remettre au magasin (…)
Strasbourg, le 11. février 1833. Le colonel Directeur des fortifications, Laurent

1834 – SHD, cote 1 VK 207, Avis de fonds 1826-1839

Minute d’Avis de fonds, Séance du 13 Mai 1834
(Art. 23 du Projet) Pour la réparation du plancher du grenier du bâtiment construit au-dessus de l’écluse 110, (Fonds demandés) 430, (Fonds votés) -, (Observations) à ajourner faute de fonds

1835 – SHD, cote 1 VK 207, Avis de fonds 1826-1839

Minute d’Avis de fonds, Séance du 30 Juin 1835
13. art. 16 du Projet. Pour faire l’essai de la grande Ecluse 110, établir sur l’Ill à l’entrée de cette rivière dans la place – dessin n° 10, (Fonds demandés) 3800, (Fonds votés) 4000, (Observations) à accorder d’après l’avis du directeur, afin de pouvoir fermer le Hurengraben par un batardeau sans lequel l’ill s’écouleroit dans le rhin tortu

1835 – SHD, cote 1 VH, 1759 (1834-1837) – Faire l’essai de la grande Ecluse

Projets pour 1835. Fortifications – Article 16. Faire l’essai de la grande Ecluse (110)
Légende
L’écluse (110) a 13 passages dont la largeur ensemble est de 81 m 96 ; son radier est à la cote 104.26.
Le radier de l’écluse (111) est à la cote 103.60.
Les batardeaux éclusés (31) (62) ont leur radier à la cote 103.15.
La Traverse (112) a 4 passages dont la largeur ensemble est de 25.57 : il n’y existe pas de radier.
L’Ecluse de chasse (108) est fermée par un batardeau en terre
A. Pont éclusé dont le radier est à la cote 104.00 : l’on maintient sous ce pont un barrage à la cote 102.46 pour donner aux moulins de la Ville la hauteur de chute dont ils ont besoin
B. Moulin dit Spitz mühl
C. Moulin dit Duntz mühl
D. Moulin dit Zornmühl – Les seuils des vannes de leurs coursiers sont à la cote 103.54.
E. Sas du bras navigable de l’Ill
Strasbourg le 15 janvier 1835. Dessiné par moi, Cap. du génie
à Strasbourg le 17 février 1835. Le Lieut.t colonel du Génie en Chef, Lenoir
Vu par le colonel du Génie, directeur des fortif.ons, Laurent

1838 – SHD, cote 1 VH, 1760 (1838-1841)

Génie – Place de Strasbourg – 1838
Direction de Strasbourg
Note sur les moyens de barrer l’Ill, en aval de l’écluse 110
Un des paragraphes de la lettre écrite le 13 juillet dernier à M. le directeur des fortifications par Mr L’Inspecteur général du génie de Strasbourg, en 1838. porte ce qui suit :
« Il serait à désirer que l’on put trouver des moyens convenables pour suppléer au besoin, à l’écluse 110, par des barrages partiels à faire en aval de cette écluse sur les bras de l’Ill. »
(…) Il est possible de tendre l’inondation indépendamment de l’écluse 110, non pas jusqu’à la cote 100, qui est celle à laquelle on désire pouvoir l’élever au moyen de cette écluse, mais seulement à la cote 100,86, voici comment.
L’Ill, après son entrée en ville sous le pont éclusé 110, se divise en cinq bras. Celui de gauche, nommé canal des faux remparts, vient d’être canalisé au moyen d’un barrage éclusé et d’un sas attenant au pont de la rue des pierres, près du débouché du canal dans l’Ill ; il offre un pont éclusé a sur le croquis ci-joint, un peu en aval de l’entrée en ville de la rivière ; ce pont est établi sur des piles en maçonnerie avec radier, des rainures sont pratiquées dans ces piles pour recevoir deux rangées de poutrelles jusqu’à la cote 100,86, niveau accordé aux meuniers & auquel reste tendue la rivière en aval de l’écluse 110 : au dessus de cette cote, il n’y a qu’une rainure, jusqu’à la cote 100 et même au dessus.
Il serait donc facile de barrer ce bras jusqu’à cette dernière cote, si on le voulait.
Le 2° bras à gauche, appelé canal de navigation avant l’établissement du nouveau canal dont on vient de parler, est encore destiné à servir à cette navigation ; il passe en b par un vieux sas en fort mauvais état, puis par un second sas nouvellement construit et qui doit remplacer le premier. L’un et l’autre de ces sas, ont le dessus à la même hauteur. On peut donc en les fermant, soutenir les eaux à la cote ci-dessus. Il faudrait en même tems fermer la vanne de l’ancien fossé des tanneurs à côté du sas b.
Les trois autres bras de l’Ill, en allant vers la droite, sont barrés par les moulins de la ville dits Spitzmühl, Dintzmühl et Zornmühl.
Le canal de chaque moulin est partagé en divers coursiers par des bajoyers en maçonnerie. La largeur des coursiers varie de 1 m 50 à 3 m 50, ils sont munis de vannes dont la partie supérieure est à la cote 101,54, lorsque les vannes touchent le fond. Les bajoyers n’ont guères que 1 m d’épaisseur, mais ils sont fort longs. Les parties ou se meuvent les vannes s’élèvent beaucoup au dessus de la cote 101,54, cette élévation moyenne est de 1 m 80. En baissant les vannes des moulins, on tendra les eaux jusqu’à la cote 101,54, et on pourra facilement les faire monter jusqu’à 100,86, cote des bajoyers du sas b, en plaçant dans les rainures et au dessus des vannes, des madriers de même épaisseur que ces dernières sur une hauteur de 0 m 68.
De cette manière, les cinq bras de la rivière à l’aval de l’écluse 110, se trouveront barrés jusqu’à la cote 100,86.
Comme les terrains et rues compris entre l’entrée de la rivière et les points d’arrêts dont on vient de parler sont au dessus de la cote 100,86, on ne causera aucun dégâts en ville.
Au moyen de cette tension inférieure, on soulagera beaucoup le barrage de l’écluse 110 et l’on pourra probablement, sans crainte d’accidents, élever les eaux en amont de cette écluse, jusqu’à la cote 100,00.
En employant les vannes des moulins pour tendre l’inondation jusqu’à la cote 100,86, on se priverait de leur service. Mas une fois le barrage de l’écluse 110 bien installé, on pourrait lever quelques vannes et faire marcher un moulin qui serait alimenté soit par les filtrations de l’écluse 110, soit en cas d’insuffisance, en faisant une ouverture dans un des passages en enlevant quelques poutrelles.
Strasbourg, le 15 Août 1838.
Le Lieutenant Colonel du Génue en Chef, Collas

Le Directeur des fortifications pense que les moyens supplémentaires indiqués par le Chef du Génie pour retenir les eaux de l’Ill en Amont de la Place, concuremment avec l’écluse (110), sont susceptibles d’être mis à application avec succès. Toutefois, et afin de ne pas soumettre à une trop grande charge ou pression d’eau les piles et le radier du pont éclusé (a) à la tête du canal de navigation des faux remparts, il sera nécessaire de retenir en même tems les eaux du 2° pont éclusé de ce canal près de la rue des pierres.
La cote du sommet des bajoyers et piles de ce dernier pont étant 102 m 40, il en résultera que la plus Grande hauteur de retenue d’au au pont (a) n’excédera pas 1 m 60.
Strasbourg le 23 août 1838.
Le colonel du Génie
(Croquis joint)

1836 – Archives municipales de Strasbourg, plan cadastral, cote 1197 W 35

1840 – Archives départementales du Bas-Rhin, matrice cadastrale

Cadastre napoléonien, cote 3 P 243
registre 28, folio 304 case 3
section P n° 928, lieu dit Quart. des ponts couverts, (nature) sol, Prison, contenance 17,20 ares
suite au registre 26, folio 690 case 1
section P n° 928, lieu dit Pont Couvert, (nature) Magasin, contenance 17,20 ares

registre 28, folio 304 case 4
section P n° 929, lieu dit Quart. des ponts couverts, (nature) sol, Maison du portier, contenance 2,10 ares – Portes et fenêtres, 6, puis 7
suite au registre 26, folio 694 case 1
section P n° 929, Place du quartier blanc, (nature) Maison du consigne, contenance 2 a 10

1841 – Archives départementales du Bas Rhin, cote 1841 SP 1709-2

Ponts et Chaussées – Usines et cours d’eau – Rivière d’Ill navigable
Plan à l’appui de l’avis de l’ingénieur soussigné sur la demande des Sr May et Stinnes propriétaires des moulins dits Zorn et Wurtzmühl, dans l’intérieur de Strasbourg, tendant à obtenir l’autorisation de curer le canal d’amenée de leurs usines. Strasbourg le 15 Juillet 1841. L’ingénieur ord.re ff. d’Ingénieur en chef par intérim

1847 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 18 Mai 1847
14. Faire l’essai du radier de l’écluse 110 et des portes tournantes de l’écluse 111 (Dessin N° 5 de 1847), (Fonds demandés) 6 000
(Observations) à ajourner à 1848. D’ici là le chef du génie devra mettre le tems à profit pour compléter les données sur lesquelles repose son projet d’expériences & s’assurer notamment si, indépendamment des chômages des moulins de la ville, il ne doit pas résulter de la hauteur à laquelle il veut élever l’inondation, des dommages aux propriétés riveraines pouvant donner également lieu à des indemnités.

1848 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 4 avril 1848
9. Ecluses 110 et 111 – faire l’essai des écluses 110 et 111 et exécuter des travaux d’amélioration à l’écluse 110 (Dessin N° 5 de 1845), (Fonds demandés) 9 300, (Fonds votés) 3.300, (Observations) à accorder comme il suit :
S.on a. Faire l’essai du radier de l’Ecluse 110 et des portes tournantes de l’Ecluse 110, 6 000 fr. (Dessin N° 5 de 1845), (Observations) à ajourner, faute de fonds
S.on B. Remplacer le plancher d’une partie du passage de l’Ecluse 110, 3,300, (Observations) à accorder

1849 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 9 Mai 1849
13. Ecluses 110 et 111 – faire l’essai de ces écluses, 6,000 fr (Dessin N° 5 pour 1847). On demande cette somme pour 1850, (Fonds votés) 6,000, (Observations) à accorder. Bien que le Chef du génie ne demande que pour 1850 les fonds nécessaires pour faire l’essai des écluses 110 & 111, le Comité croit devoir les voter pour le présent exercice, attendu qu’il est urgent de s’assurer de l’Etat dans lequel se trouve le radier de l’écluse 110 & de la facilité de mouvoir les portes tournantes de l’Ecluse 111.

1850 – SHD, cote 1 VH, 1764 (1849-1852) – Projets pour 1851 et 1852.

Fortifications. Art. 11, Terminer l’essai et la réparation de l’Ecluse 110
Ce projet est évalué à 27.000 f.
Légende.
1° Partie en projet pour 1851 comprenant les passages N° 5, 6, 7, 8 et 9
a. Batardeaux
b. Barrages, formant le bassin à épuiser pour la réparation de la partie d’aval du radier des 5°, 6°, 7°, 8° et 9° passages
c. Batardeaux
d. Barrages, formant le bassin à épuiser pour la réparation de la partie d’amont du radier des mêmes passages. Les barrages b seront démolis dès que les batardeaux c et barrages d seront construits.
2° Partie déjà réparée en 1850
a’. Batardeaux
b’. Barrages, formant le bassin d’aval qui a été épuisé pour la réparation des 1°, 2°, 3° et 4° passages
c’. Batardeaux
d’. Barrages, formant le bassin d’amont épuisé pour la réparation des susdits passages. Ces batardeaux et barrages ont été démolis à la fin de l’exercice 1850.
3° Partie projetée pour 1852
a’’. Batardeaux
b’’. Barrages, formant le bassin qui sera épuisé pour la réparation des 10°, 11°, 12° et 13° passages
c’’. Batardeaux
d’’. Barrages, formant le bassin à épuiser pour la réparation des mêmes passages.
Coupe suivant GH
Coupe suivant ABBCCDDEEF
Plan de l’Ecluse 110 (Partie de l’écluse 110 réparée en 1850 – Partie de l’écluse 110 à réparer en 1851 – Partie de l’écluse 110 à réparer en 1852)
A Strasbourg le 25 Décembre 1850.

1851 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 28 Mai 1851
11. Terminer l’essai et la réparation de l’écluse 110, ci 27,000, (Fonds demandés) 16,000, (Fonds votés) 27,000 (Dessin N° 8 de 1851-1852) On demande pour 1852 11,000 fr, (Observations) à accorder en 1851
Observations finales. Le Chef du Génie ayant profité des travaux d’essai & de réparation de l’écluse 110 pour comparer entre eux les différents modes d’épuisement par le Chapelet, la pompe Letestu et la vis d’archimède conclut des expériences qu’il a faites à ce sujet que le mode d’épuisement par la pompe Letestu est préférable aux deux autres, et que la vis d’archimède a un avantage réel sur le chapelet en ce que les frais d’entretien de ce dernier appareil l’élèvent pour 78 journées d’épuisement à la somme énorme de 500 fr, prix ordinaire d’un chapelet, tandis que ceux de la vis d’archimède sont presque nuls. Le Comité fait observer que les réparations rapportées par le Chef du génie ne semblent pas comparables (…)

1851 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’une note pour le Service du génie, Séance du 21 mai 1851
Autorisation de reprendre de suite la réparation de l’écluse 110 – Le comité en considérant dans sa séance du 7 Mai les projets de Strasbourg pour 1851 et 1852 a remarqué qu’il serait convenable de terminer dans la présente campagne la réparation de la grande écluse 110 de cette place, travail qui a été entrepris en 1850, mais, comme pour atteindre ce but il est indispensable que l’on mette le plus tôt possible la main à l’œuvre, le Comité pense qu’il serait nécessaire que le ministre voulut bien autoriser de suite le Directeur des fortifications à Strasbourg à faire reprendre les dits travaux, en lui annonçant qu’une somme de 27.000 fr. soit portée pour cet objet sur l’exercice 1851 dans l’avis de fonds relatif aux projets de cette place

1851 – SHD, cote 1 VH, 1764 (1849-1852) – Notice sur le système des eaux de la Place de Strasbourg

§. 1. Exposé du système actuel des eaux
Inondation extérieure
Inondation intérieure
Manœuvres à faire pour tendre l’inondation extérieure
Manœuvres à faire pour tendre l’inondation intérieure
Hauteur maximum et minimum de l’inondation
La hauteur maximum de l’inondation est fixée à la cote 100. A cette cote, les eaux sont tendues à 0 m 50 au dessous du sommet des bajoyers de l’écluse 110 et à 0 m 50 au dessus de la retenue actuelle des moulins. Cette inondation s’étend à 2500 m de la place, et couvre une surface très considérable.
La hauteur minimum est 101,50, c’est la hauteur strictement nécessaire pour mettre 2 m 00 d’eau dans les fossés d’amont de la place et pour pouvoir faire circuler les eaux dans les fossés et avant-fossés des deux rives de l’Ill. Cette inondation s’étend à 1200 m en avant des fronts méridionaux, en laissant, il est vrai, des portions de terrain non submergées, mais cet obstacle est suffisant pour garantir cette partie de la place contre une attaque régulière.
Incertitude de l’inondation
Moyens proposés par Vauban pour retarder le détournement de l’Ill
Débits de l’Ill et de la Bruche
Evaluation du volume d’eau nécessaire pour tendre l’inondation
Nécessité de tendre l’inondation avant l’investissement de la Place
Temps nécessaire pour tendre l’inondation
De l’emploi des eaux pour la défense des fossés et avant-fossés de la Place
Rive droite de l’Ill, Inondation des avant-fossés
Rive droite de l’Ill, Inondation des fossés du corps-de-place
Rive gauche de l’Ill, Inondation des fossés et avant-fossés des fronts de la rive gauche de l’Ill cotés 7.bis. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15.
Rive gauche de l’Ill, Des chasses dans les fossés
§. 2. Modifications proposées par le Chef du Génie au système actuel des eaux
Rive droite de l’Ill
Rive gauche de l’Ill
Rive gauche de l’Ill, Inondation N° 1
Rive gauche de l’Ill, Inondation N° 2
Rive gauche de l’Ill, Inondation N° 3
Rive gauche de l’Ill, Inondation N° 4
Rive gauche de l’Ill, Inondation du fossé du corps-de-place
Des chasses
Conclusion
Strasbourg le 10 Janvier 1851. Le Lieut. Colonel du Génie en Chef, Morlet

1852 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis, Séance du 27 Janvier 1852
Art. 11. Ecluse 110. Terminer l’essai et la réparation de cette écluse, (Fonds demandés) 23 000, (Fonds votés) 23 000, (Observations) A accorder. Le nouveau chef du Génie aura soin de Continuer la rédaction du mémoire détaillé sur les travaux commencés par son prédécesseur ; ces renseignements seront, en effet, fort utiles pour les ouvrages de même nature à exécuter à l’avenir et permettront d’éviter les erreurs d’estimation qui nécessitent aujourd’hui l’allocation d’un crédit supplémentaire qui fait l’objet du présent article.

1853 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 3 Juin 1853
Achever la réparation du radier de l’écluse 110 (Dessins n° 7 et 8 pr. 1851), (Fonds demandés) 6800, (Fonds votés) 6800, (Observations) à accorder en 1853 par ordre. Cette somme a déjà été allouée par décision ministérielle du 15. mars 1853, approbative d’une délibération du comité en date du 4. du même Mois

1853 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis, Séance du 4 Mars 1853. Plaintes élevées contre le mode d’exécution de la réparation de l’Ecluse N° 110 à Strasbourg (et allocation d’un fonds de 6.800 fr.)
Le ministre de la guerre renvoie à l’Examen du comité le procès-verbal d’une conférence qui a été tenue à Strasbourg le 21 Janvier 1853 entre le chef du génie de la place et l’ingénieur ordinaire des Ponts et chaussées chargé du service de la navigation relativement aux plaintes élevées contre les travaux de restauration du radier de l’Ecluse 110, que le Service du génie exécute depuis 3 ans.
A la fin de chaque campagne ce service a laissé sur place, en vue d’une économie qu’on évalue à 3000 francs, les amorces des batardeaux qui devaient servir à isoler les radiers des arches à réparer l’année suivante. Les batardeaux ainsi conservés à la fin de 1852 et qui sont nécessaires pour achever la réparation du radier en 1853 ont donné lieu à des plaintes présentées par des particuliers qui craignent des inondations et transmises par le Préfet du Bas-Rhin au directeur des fortifications à Strasbourg.
Le Chef du génie et l’ingénieur ordinaire des Ponts et chaussées pensent, d’un commun accord, qu’il n’y a pas d’inconvénient sérieux à maintenir les batardeaux en question, puisqu’en cas d’inondation on pourrait livrer passage aux eaux à travers les fossés de la place, par les passage de l’Ecluse 111 qui offre un débouché supérieur à celui des trois arches de l’Ecluse 110 momentanément barrées. Toutefois l’ingénieur des Ponts et chaussées signale le danger qui pourrait se présenter, en cas de débacle, attendu que les plus gros glaçons ne pourraient passer par l’ouverture de 2. m de largeur que laissent les portes tournantes de l’Ecluse 111 et il pense que pour prévenir ce danger il serait prudent de démolir les batardeaux dont il s’agit dans le cas où la glace atteindrait pendant l’hiver une épaisseur de 0,10 m dans les Eaux dormantes.
L’ingénieur en chef des Ponts et chaussées estime que le service du génie doit demeurer responsable des dommages qui pourraient être occasionnés par les batardeaux dont on a demandé l’enlevement, mais il admet sous cette réserve, et attendu que l’hiver actuel n’inspire pas de craintes sous le rapport du charriage des glaces, que l’on peut conserver les batardeaux. Il demande, en outre, avec instance que l’on prenne les mesures nécessaires pour que les travaux de réparation restant à faire au radier de l’Ecluse 110 soient achevés avant la fin de l’été prochain.
Le directeur des fortifications partage l’avis du chef du génie et il ajoute en outre qu’à l’époque où la question sera résolue, la saison fort avancée rendra la démolition demandée tout à fait inutile.
Le comité, conformément au Rapport d’un de ses membres, considérant que sans se préoccuper des réclamations qui ont été transmises par le préfet du Bas-Rhin, il importe de faire cesser le plutot possible un Etat de choses qui en cas d’inondation pourrait donner lieu /à des discussions/ ([barré] à des demandes d’indemnités, il convient d’allouer de suite les 6800 francs qui d’après le mémoire sur les projets de 1853-54 sont nécessaires pour achever la restauration du radier en question, afin que le chef du génie puisse prendre les travaux aussitôt que la saison le permettra, sans attendre l’avis de fonds pour les projets de 1853-54, projets dont le comité n’est pas encore saisi. En résumé en Comité)
Est d’avis qu’il n’y a pas à s’arrêter aux plaintes particulières élevées au sujet de la réparation de l’Ecluse 110 à Strasbourg mais qu’il convient que le ministre de la guerre mette de suite sans attendre l’avis de fonds pour 1853-54 les 6.800 francs nécessaires pour achever la réparation du radier de ladite Ecluse aussitôt que faire se pourra.

1853 – SHD, cote 1 VH, 1765 (1853-1855) – Plaintes élevées contre les travaux en cours d’exécution à l’écluse 110

Place de Strasbourg – Ponts-et-Chaussées et Génie militaire
Strasbourg, le 21 Janvier 1853
Procès verbal de conférence concernant les plaintes élevées contre les travaux en cours d’exécution à l’écluse 110 entre l’Ingénieur des Ponts et chaussées chargé du service de la Navigation et le chef du Génie
Depuis trois ans le service du Génie s’occupe de la réparation du radier, des piles et des arches de l’écluse 110. A la fin de chaque année, il a laissé sur place les amorces des batardeaux qui doivent servir à isoler les radiers des arches à réparer l’année suivante. Ces batardeaux ont donné lieu à des réclamations très violentes adressées à Mr le Préfet du Bas-Rhin qui les a transmises à Mr le Colonel directeur des Fortifications.
Il s’agit de savoir si l’on doit faire droit à Ces réclamations, en détruisant des ouvrages qui seront essentiels à la reprise des travaux, et dont la reconstruction occasionnerait une dépense en pure perte de 3,000 fr.
L’Ingénieur des Ponts-et-Chaussées et le Chef du Génie pensent d’un commun accord que les batardeaux en question peuvent rester en place Cette année, comme ils y sont restés l’année dernière, et qu’ils n’offriront aucun inconvénient pendant les crues, si l’on a la précaution d’ouvrir l’écluse m qui offre aux eaux un débouché supérieur à celui des trois arches barrées.
L’Ingénieur des Ponts-et-Chaussées ajoute que cependant l’existence de ces batardeaux pourrait devenir un danger dans le cas d’une grande débacle, parce que les glaçons de fortes dimensions ne pourraient pas passer par l’écluse 111, tant à cause de sa position par rapport à la direction du courant, qu’à cause de la faible largeur des dix ouvertures laissées par les portes tournantes, largeur qui n’est que de deux mètres à chaque ouverture.
Mais une débacle de ce genre étant nécessairement précédée d’un froid intense et prolongé, peut toujours être prévue, et L’Ingénieur des Ponts-et-Chaussées pense que pour parer à tout danger, il suffira de démolir ces batardeaux lorsque la glace atteindra une épaisseur de 0 m 10 dans les eaux dormantes, dans le canal des faux remparts par exemple.
L’Ingénieur des Ponts-et-Chaussées fait observer d’ailleurs, que la direction des travaux de réparation du radier de l’écluse 110 appartenant uniquement au service du Génie militaire, c’est à ce dernier seul qu’il appartient de déterminer le moment où les batardeaux pourront réellement devenir dangereux et où il conviendra de les faire disparaître.
Le Chef du Génie fait observer qu’il n’a d’autre intention dans cette conférence que de demander à L’Ingénieur du Service de la navigation son opinion sur la question qui est entièrement de la compétence du service des Ponts-et-Chaussées.
Cette opinion se trouvant conforme à la sienne, le Chef du Génie n’en demande pas davantage, et il ne trouve aucun inconvénient à ce que le Service des Ponts-et-Chaussées se refuse à indiquer à Celui du Génie le moment ou les Circonstances exceptionnelles signalées ci-dessus exigeraient la démolition des batardeaux en question.
Le Lt.-Colonel du Génie en chef
L’Ingénieur des Ponts-et-Chaussées

Avis de L’Ingénieur des Ponts-et-Chaussées du Service de la navigation
Les batardeaux qui obstruent le lit de la rivière à l’écluse 110 des fortifications auraient probablement pu être enlevées maintenant, si le Génie militaire avait prolongé la campagne de la réparation des radiers pendant L’arrière-saison. En tout état de cause, et quels que soient les motifs qui ont empêché le génie Militaire d’achever en 1852 les ouvrages en question, il est évident que lui seul doit demeurer responsable des dommages susceptibles d’être occasionés par les dits ouvrages que lui seul exécute.
Sous cette réserve expresse, et attendu que l’hiver actuel n’inspire aucune inquiétude sous le rapport du charriage des glaces et des débacles, je pense que les batardeaux pourraient être maintenus, et je demande avec instance que des mesures énergiques soient prises pour terminer les travaux avant la fin de l’été prochain.
Strasbourg le 4 février 1853.
L’Ingénieur en chef

Avis du Directeur des fortifications
Le directeur des fortifications regarde les réclamations qui on été adressées à M. le Préfet du Bas-Rhin, au sujet des Batardeaux de l’écluse 110, comme l’œuvre de quelque Meneur qui n’a pu résister au desir de faire l’important, il ne croit pas que la navigation ait beaucoup à souffrir de l’existence de ces batardeaux qui ne presentent d’ailleurs aucun danger contre les inondations attendu qu’on pourra Toujours, au besoin, donner aux eaux, par l’Ecluse 111, un débouché plus convenable que Celui qui se trouve momentanément obstrué, et il est d’avis, par suite, qu’il y a d’autant moins lieu de supprimer les Batardeaux dont il s’agit, que lorsqu’on se sera prononcé à cet égard, la saison fort avancée rendra leur démolition tout à fait inutile.
A Strasbourg le 8 février 1853., Le Directeur des Fortifications

Croquis annexé au rapport du chef du Génie en date du 2 février 1853.
Plan de l’écluse 110 représentant les batardeaux laissés sur place en 1852.
Strasbourg le 2 février 1853

Génie – Direction de Strasbourg – Place de Strasbourg
Strasbourg, le 2 Février 1853
Envoi d’un procès verbal de conférence relatif à des plaintes élevées contre les travaux en cours d’exécution à l’écluse 110
La réparation du radier et des arches de l’Ecluse 110 a été commencée en 1850, poursuivie en 1851 et 1852 et ne sera achévée qu’en 1853. Cette réparation devait d’abord se faire en barrant la rivière en amont de l’écluse et en mettant à sec le radier sur toute sa largeur. Le travail était simple alors et pouvait facilement se terminer dans une campagne. Mais, l’administration des Ponts-et-Chaussée n’ayant pas voulu laisser interrompre la navigation pendant les trois mois qui auraient été nécessaires, on a été obligé de réparer l’écluse par parties successives, c’est-à-dire que l’on isole, par des batardeaux, un intervalle de deux ou quatre arches que l’on restaure, en épuisant l’eau à mesure qu’elle arrive, et qu’on entreprend ensuite les trois ou quatre arches suivantes &c.
A la fin de chaque campagne, on laisse sur place pendant l’hiver, les amorces de batardeaux susceptibles d’être employées à la campagne suivante et dont la démolition et la reconstruction occasionneraient chaque fois une dépense en pure perte de 3000 francs environ.
C’est ainsi qu’en octobre dernier, lorsqu’on fut obligé d’interrompre les travaux qui avaient éprouvé du reste des entraves sans nombre en 1852 (voir le mémoire sur les projets pour 1853, 1854), on laissa sur place les batardeaux représentés sur le croquis ci-joint.
Aucune plainte depuis trois ans ne s’était encore élevée contre ce mode d’exécution, lorsque, vers le 30 Novembre dernier, Mr le Colonel Directeur des fortifications reçut de Mr le Préfet du Bas-Rhin un dossier qui révéla : 1° deux dénonciations signées, l’une par un batelier qui prétend avoir eu à se plaindre du Chef du Génie, l’autre par ce même batelier à la tête d’une vingtaine d’individus, 2° un rapport de l’Ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussée, adressé au Préfet sur ces dénonciations, 3° un rapport de Mr l’Ingénieur en Chef Coumes également adressé au Préfet.
Voici en substance le raisonnement des signataires des deux dénonciations : « les batardeaux du Génie arrêteront les eaux à l’époque des crues et feront inonder tous les terrains en amont. Donc, s’il y a inondation, le service du Génie en sera cause, et par suite devra être responsable des dégâts. »
L’Ingénieur ordinaire fait raison, dans son rapport, de ces absurdes prétentions, et il prouve ainsi que le fait d’une manière encore plus formelle le procès verbal ci-joint, que les batardeaux en question n’offrent aucun danger et peuvent rester en place cette année comme ils sont restés les années précédentes.
L’Ingénieur en chef au contraire avance nettement, dans son rapport au Préfet, que le Génie militaire aurait pu terminer cette année (1852) les travaux de l’Ecluse 110, en y apportant une plus grande activité, malgré la hauteur des eaux. Il appelle ensuite l’attention sérieuse de Mr le Ministre de la Guerre sur la responsabilité pécuniaire qui pourra peser sur son département, dans le cas où il arriverait des dégâts par suite des crues. C’est-à-dire que Mr l’ingénier en Chef Coumes dénonce à Mr le Préfet les torts du service du Génie dans cette circonstance, et déclare qu’il est tout disposé, dans le cas où les demandes d’indemnité, dont on nous menace, viendraient à se produire, à rejeter ces indemnités à la charge du budget de la Guerre.
Il est impossible de se prononcer d’une manière moins bienveillante, et en même temps de se prêter avec plus d’imprudence aux manœuvres des pétitionnaires, dont le but évident est de présenter d’avance l’existence des batardeaux comme un danger, sur le compte duquel ils se réservent ensuite de faire passer tous les dégâts, que les inondations pourront dans l’avenir occasionner dans leurs propriétés.
On demande à Mr le Ministre de vouloir bien prévenir les fâcheuses conséquences de l’étrange opinion émise par Mr Coumes, en adoptant les conclusions du procès verbal ci-joint, qui tendent à conserver des batardeaux, qui n’ont offert dans le passé et qui n’offrent pour l’avenir aucun danger et qu’on ne pourrait faire disparaître que momentanément et en dépensant en pure perte une somme de 3000 francs.
On demande en outre que Mr L’Ingénieur en Chef Coumes soit invité à faire connaître les motifs qui l’ont engagé à accuser le Génie militaire de n’avoir pas apporté une assez grande activité dans l’exécution des travaux de l’écluse 110, que l’on croyait au contraire avoir été dirigés par les Officiers et employés qui en ont été chargés en 1852, avec une activité et un dévouement au dessus de tout éloge.
Le Chef du Génie
Vu par le Directeur des fortifications qui s’en réfère à son avis transcrit au procès verbal de conférence du 21 Janvier 1853 ci-joint
à Strasbourg le 8 février 1853.

1859-1860 – SHD, cote 1 VH, 1766 (1856-1860) – Couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe

Projets supplémentaires pour 1859-1860. Fortifications. Art. 60. suppl. Ecluse 110. Couvrir cet ouvrage par des voûtes à l’épreuve de la bombe (feuille N° 21)
(Ce projet est évalué à 200,000 f.)
Hauteur de l’ancien plan de comparaison au dessus du niveau de la mer, 239,96
Etat des lieux
Elévation suivant UV
Coupe suivant OPPQQR
Plan du magasin
Projet
Elévation de la façade sud suivant GH
Coupe longitudinale suivant EF
Plan du rez de chaussée suivant AB
Plan du 1 étage suivant CD
Plan des chapes
Fait sous la direction du lieut. Colonel du Génie en chef A Strasbourg le 6 mars 1860

Projets supplémentaires pour 1859-1860. Fortifications. Art. 60 supplémentaire
Ecluse 110. Couvrir cet ouvrage par des voûtes à l’épreuve de la bombe (feuille N° 22)
(Ce projet est évalué à 200.000 f)
Elévation de la façade nord suivant KL (1/200)
Coupe suivant YZ (1/200)
Elévation du pignon est (1/200)
Coupe transversale suivant MN (1/200)
1° Hauteur a retrancher des cotes de l’état des lieux pour avoir l’altitude réelle, 0.04
2° Hauteur de l’ancien plan de comparaison au dessus du niveau de la mer 239.96
Plan de situation.
Vu par le directeur des fortifications A Strasbourg le 29 août 1860

1860 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis, Séance du 6 Juin 1860 – Projets supplémentaires
Couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe (Service extraordinaire) 208,000 f
(Dessin N° 21 et 22)
pour les exercices ultérieurs 200 000 f
(Observations) à ajourner sans examen, faute de fonds, et à reproduire dans les projets pour 1861-1862

1861 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 21 mai 1861
Article 21, Manœuvres d’eau
Section A – Couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe, exercices ultérieurs 200 000 f.
plus au compte du service des ponts et chaussées 8,000 f, 208,000
(dessin N° 21 et 22 pour 1859-1860)
(Observations), à accorder

1863 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 24 Juin 1863
Article 12, Couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe (pour les exercices ultérieurs) 355,000 f. (Dessin n° 4 du projet pour 1863-1864, n° 21 et 22 pour 1860), (Fonds demandés) 40,000 f., (Fonds votés) 50,000 f
(Observations) A accorder à compte.
(folio 8) Le comité a déjà fait ressentir, dans les observations préliminaires, la grande utilité du travail proposé ; il lui reste à examiner les détails des études faites à ce sujet.
L’écluse 110 est actuellement surmontée d’un bâtiment ordinaire composé d’un rez de chaussée, qui sert de magasin pour les poutrelles de l’Ecluse et les bois de l’Estacade, et d’un étage formant un bon magasin à grains qui est De plus situé à proximité du moulin militaire. Dans les projets pour 1859-1860, on avait examiné la combinaison indiquée par Vauban et qui consistait à jeter des voûtes à l’épreuve sur les piles de l’Ecluse en conservant ou améliorant le bâtiment Existant ; la dépense à faire était évaluée à 100,000 f. Mais outre que cette évaluation était vraisemblablement trop faible, Cette 1° solution de la question avait l’inconvénient de ne pas procurer d’abris voûtés, ainsi le chef du génie donnait la préférence à une 2° combinaison, figurée sur les feuilles n° 21 et 22 du projet pour 1859-1860 et consistant à démolir le bâtiment actuel pour élever à sa place une construction neuve composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage (folio 9) voûté à l’épreuve de la bombe ; ce travail devait nécessiter, d’après l’état estimatif rédigé à cette époque, une dépense de 200,000 f.
L’insp.r g.al en 1862 avait autorisé le chef du génie à reproduire cette solution dans ses projets pour 1863-1864 ([biffé] toutefois cet officier fait remarquer que les détails du bâtiment proposé en 1859 laissaient beaucoup) à désirer ; les culées n’avaient qu’une épaisseur insuffisante ; les entr’axes présentaient des différences qui n’étaient pas toujours justifiées ; l’axe des passages ouverts dans les pieds droits des voûtes ne correspondait pas avec celui des portes ménagées dans les pignons ; la courbure des voûtes ne permettait pas de disposer comme l’indiquait le dessin les deux fenêtres a ouvrir sur la face nord de chaque travée ; on affaiblissait trop le mur de façade extérieur en y multipliant les créneaux et en y creusant des niches pour faciliter leur usage ; enfin on terminait les façades par une ligne brisée dont les différentes parties étaient parallèles aux plans des chapes des voûtes, ce qui donnait l’apparence d’un vaste entrepôt et non le caractère d’une caserne à l’épreuve. Le chef du génie actuel a donc fait de nouvelles études du bâtiment voûté à construire ; celle qui est mentionnée dans son mémoire sur les projets (dessin n° 4) consiste en un bâtiment tout en maçonnerie dont le rez-de-chaussée, de 3 m 80 de hauteur sous clé, est recouvert par une voûte légère dont l’extrados supporte l’aire du sol de l’Etage ; celui-ci a 3 m 25 seulement de hauteur sous clé et il est recouvert par une voûte dont l’intrados est en arc de cercle de 4 m 00 de rayon, sa naissance au niveau du plancher ; la hauteur totale du bâtiment serait de 9 m 90, du sol du rez de chaussée au sommet de l’attique, ce qui diffère de la hauteur admise dans le dessin type de 1843 pour une caserne d’infanterie voûtée à l’épreuve. Les façades seraient, comme dans ce type, terminées par une ligne droite.
Comme il est nécessaire de conserver les deux travées marinières qui existent dans l’écluse, on a supprimé au dessus de ces deux travées les voûtes formant le sol du rez de chaussée et on a établi sur chacune d’elles un pont-levis double qui permettra le passage des bateaux, quand il sera levé, et le passage des voitures quand il sera baissé ; de plus, pour donner un aspect régulier à la construction, on a figuré sur la façade une 3° travée marinière.
Le bâtiment ayant environ 138,00 m de longueur, le chef du génie a cru devoir simuler, du côté de la ville, 3 avant corps correspondant aux 3 arches marinières, disposition qui n’entraînerait qu’une très faible augmentation de dépense parce que l’ornementation de ces avant-corps, ainsi que celle des culées, serait simplement faite avec l’excellent mortier en usage à Strasbourg, mortier qui résiste bien aux intempéries pour que l’on puisse s’en servir à simuler des appareils en pierre de taille.
Enfin, les deux fenêtres de chaque travée sont accolées l’une à l’autre pour pouvoir trouver place sous l’intrados des voûtes de l’étage.
Ces explications données, le chef du génie fait remarquer que si l’on adopte les dispositions indiquées (dessin n° 4) on devra, comme cela avait lieu du reste dans le projet de 1859, exhausser de 3,00 m la face et le flanc droit du cavalier de la pièce 34, et prolonger ce flanc jusqu’à la gorge de l’ouvrage, pour dérober le bâtiment aux vues de l’ennemi établi sur le mamelon de St Gall, situé à 1,250 m 00 à l’ouest, ce qui coûterait environ 30,000 f, toutefois, la moitié environ de la hauteur de l’attique pourrait encore être aperçue. Cet officier rappelle aussi que le bâtiment pourra être vu du point de croisement de la route de (folio 10) Molsheim avec le chemin de la Montagne Verte, point situé à 1000.00 m seulement au sud-ouest, mais il ajoute qu’il n’est pas à présumer que l’ennemi puisse s’établir dans cette dernière portion qui est au milieu du terrain de la grande inondation.
Les vues du plateau de St Gall pouvant, au contraire, présenter les inconvénients les plus graves, le chef du génie a été invité par l’inspecteur g.al à étudier une combinaison au moyen de laquelle on déroberait rigoureusement le bâtiment à ces vues, et cet officier a proposé par un croquis en date du 20. mai 1863. une disposition consistant à réduire à 3 m 30 la hauteur du rez de chaussée, de plancher à plancher ; à remplacer les voûtes qui formaient le sol de l’étage par des poutrelles supportant un plancher en bois, et enfin à réduire la hauteur sous clé de cet étage en entresol de 3 m 25 à 3 m 00. Dans ces conditions, le bâtiment n’aurait que 8 m 40 au lieu de 9 m 90, du sol du rez-de-chaussée au sommet de l’attique, et comme, en outre, le rez-de-chaussée est abaissé de 0 m 16, le sommet des maçonneries à couvrir serait à 1 m 66 plus bas qu’au premier projet. Le même croquis (1) /:(1) suppose que l’on ferait les culées pleines, en leur donnant 4 m 40 d’épaisseur, au lieu de 6 m 60 qu’elles avaient dans l’autre système, ce qui diminuerait la difficulté de fondation, d’un autre côté, l’épaisseur des pieds droits serait * de 1 m 60* sur toute* la longueur des passages qui doivent les traverser *; enfin, * de masque* du côté de l’intérieur qui était réduit à * m 00 d’épaisseur à partir du sol de l’étage serait maintenu à 1 m 60* sur toute la hauteur.:/.
Le comité a déjà exprimé l’opinion dans les observations préliminaires, que l’ennemi sera porté à diriger ses attaques contre le saillant 12 et plus vraisemblablement encore contre le saillant 19, on doit donc présumer qu’il ne les étendra pas jusqu’au sud-ouest dans le seul but de tenter contre l’écluse 110 une opération d’un succès douteux, toutefois cette écluse est d’une telle importance pour la défense de la place, que l’on ne doit laisser à l’ennemi aucune chance de la détruire, et par suite, il y a lieu d’admettre avec l’inspecteur g.al de 1862 que le bâtiment projeté sera totalement soustrait aux vues de St Gall. Quant au point signalé sur la route de Molsheim, le comité pense que l’on peut écarter l’hypothèse de la construction d’une batterie ennemie dans cette portion qui est fort éloignée des autres attaques, fort rapprochée au contraire des lunettes 36 et 37 qui l’accableraient de feux convergents et qui se trouve entre les inondations formées par l’Ill et par la Bruche.
Quant au détail du bâtiment projeté, il y a lieu de donner la préférence au mode de construction indiqué sur les croquis du 20 mai 1863 mais sous la réserve des observations suivantes :
Le sol du rez de chaussée étant tenu à la cote 140 m 40, comme au dit croquis, celui de l’étage sera coté 3 m 70 plus haut, soit 144 m 10, et l’entresol aura 3 m 20 de hauteur sous clé. La couverture du bâtiment sera établie conformément aux indications données par celle du type de caserne voutée à l’épreuve annexé à la circulaire m.elle du 8 novembre 1843, c’est-à-dire que les ([biffé] murs de maçonnerie ([corrigé en] noues) des voûtes seront remplies de maçonnerie et que la surface extérieure des chapes sera formé de deux plans ayant une arête longitudinale de 0 m 20 environ plus élevée que le sommet des grandes façades ou supprimer l’attique, ou plutôt ou l’abaisser ainsi que la corniche au dessous, de manière à le dessiner sur le massif des têtes des voûtes. Dans ces conditions, le sommet des maçonneries atteindra la cote 148 m 50 ; il sera aussi inférieur de 0 m 30 à la cote du sommet de l’attique du bât.t figuré sur le croquis N° 2, bien que l’on donne plus de hauteur dans œuvre au rez de chaussée et à l’étage. La hauteur du cavalier 34 sera ensuite déterminée par la condition que le plan de défilement passe de 0 m 50 audessus du sommet des maçonneries, soit à la cote 149 m 00, on supposera le terrain dangereux relevé de 1 m 00.
On réduira la longueur des passages du rez de chaussée, comme au croquis. A l’étage, les portes de communication auront 1 m 80 seulement de hauteur sous clé et 1 m 40 de largeur. Les culées seront pleines, sauf le passage central, et on arrivera à l’entresol par des Escaliers disposés dans quelques unes des pièces du rez de chaussée ; l’épaisseur de ces culées sera en outre portée à 5 m 00.
(folio 11) Celle des pieds droits sera à 1 m 50 du rez de chaussée à l’entresol et de 1 m 40 à la hauteur de la naissance des voûtes. Ces dimensions peuvent paraître considérables eu égard au peu de hauteur du bâtiment mais il est à remarquer que les chapes devront être chargées, en temps de guerre, de 1 m 00 d’épaisseur de terre et que l’on reconnaîtra peut être la nécessité d’augmenter cette épaisseur pour résister aux nouveaux projectiles. En outre, on aura soin de faire les parements intérieurs des passages ménagés dans les pieds droits avec des matériaux bien résistants, ou même en pierres de taille si l’on manquait de bons moellons. Enfin on entourera le bâtiment par un cercle de fer destiné à le mettre à l’abri des inconvénients pouvant résulter des vibrations dues au choc des bombes. Ce cercle serait placé au dessous de la corniche et on le reliera d’une façade à l’autre, par des tirants transversaux placés dans l’axe des voûtes, de 2 en 2. Cette disposition, que le comité ne fait qu’indiquer, sera étudiée en détails avec les projets pour 1865-1866.
La disposition générale de la façade est à approuver, on devra seulement la modifier pour la coordonner avec les changements résultant des indications qui précèdent.
En 1863, on fondera d’abord les culées. L’inspecteur g.al réglera ensuite l’emploi à faire des fonds restant de 1863, s’il y a lieu, et de ceux votés pour 1864.
Lorsque les voûtes proprement dites auront été faites, ainsi que le remplissage entre les arceaux, on les recouvrira d’une couche de 0 m 20 de terre pour protéger les maçonneries contre les gelées, et on suspendra les travaux pendant un an. On posera alors la chape en béton et ensuite celle en ciment, si l’on a pu constater que les voûtes ne font aucun mouvement.

1864 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis, Séance du 22 juin 1864. Projets supplémentaires pour 1864
S.on h. Ecluse 110 – Défilement des maçonneries, 132,900 f (Dessin n° 3)
S.on i, Front 7.bis-7 – Défilement des escarpes et du terre plein, 150,700 fr (Dessin n° 3)
A ajourner. Les dispositions qui font l’objet de ces deux sections étant connexes, le comité les réunit dans un même examen.
L’arête longitudinale de la chape des voûtes en construction au-dessus de l’écluse 110, sera à l’altitude 149,00 m et le sommet du mur d’attaque de la façade à 148.80 m. Pour défiler cet édifice à 0 m 50 au dessus du haut de sa façade, comme l’a demandé le comité dans son avis de fonds de 1863, il faut donc que le plan de défilement ait en ce point l’altitude 149 m 30.
Les points dont le chef du génie se défile sont 1°, à gauche, la chaussée du chemin de fer de Strasbourg à Kehl dans un rayon de 1,200 m.00 (…)

1864 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis, Séance du 2 février 1864. Projets supplémentaires pour 1864
Le ministre de la guerre renvoie à l’examen du comité une demande de fonds supplémentaires présentée par le directeur des fortifications à Strasbourg, en vue de pouvoir terminer en 1864 les voûtes à l’épreuve qui doivent couvrir l’écluse 110 de cette place.
Le comité, conformément au rapport d’un de ses membres, arrête ainsi qu’il suit le résultat de sa délibération sur la demande dont il s’agit.
Article. 12. Fortification. Couvrir l’écluse 110 par des voutes à l’épreuve de la bombe – Le directeur demande une allocation supp.re de 22,000 f. (Fonds votés) 22,000 fr.
(Dessin n° 4 du projet pour 1863-1864, croquis du chef du génie en date du 20 mai 1863)
(Observations) A accorder. ([au crayon] réserve du comité – fonds des ffon.)
On a commencé en 1863 le travail des voûtes qui doivent recouvrir l’écluse 110 de Strasbourg, écluse qui forme la retenue supérieure des inondations de cette place.
Ce travail a été entrepris suivant les indications données dans l’avis du comité du 24 juin 1863 ; mais, aux termes de cet avis et en vertu d’un ordre spécial du Ministre de la Guerre, l’Inspecteur général a réglé l’emploi des crédits alloués pour 1863 et pour 1864.
Avec la somme de 40.000 f. accordée pour 1863, on a fait les fondations des deux culées, 15.000 f.
On a démoli les vieux magasins qui couvraient l’écluse, 7.000 f.
et on a élevé 9 des 12 piedroits des voûtes, au dessus des piles existantes, 18.000 f.
Somme pareille 40.000 f.
Pour 1864, l’inspecteur général a prescrit les travaux suivants :
terminer les piedroits 6.000 f.
Construire les deux culées des voûtes en dessus des fondations 12.000 f.
construire les 13 voûtes à l’épreuve 54.000 f
Total 72.000 f.
A la vérité, l’allocation faite pour 1864 n’est que de 50,000 f ; l’inspecteur général considérant que l’on ne peut scinder en deux exercices la construction des voûtes, a prescrit au directeur des fortifications de réclamer une allocation supplémentaire de 22,000 f, au titre de l’exercice 1864 ; tel est l’objet de la demande actuellement soumise au Comité.
Le comité reconnaît, avec l’inspecteur général de la direction de Strasbourg, que l’important travail dont il s’agit ne peut être scindé entre deux exercices, attendu que les voûtes à l’épreuve qui doivent recouvrir l’écluse 110 reposeront sur de simples piles intermédiaires, et par conséquent doivent être construites simultanément sur toute l’étendue de l’écluse. D’un autre côté, il serait regrettable d’ajourner à 1865 un travail qui a un véritable caractère d’urgence puisque son but est de garantir contre les effets de l’artillerie un ouvrage sur lequel repose toute la défense de Strasbourg par les eaux.
En conséquence, le comité est d’avis :
qu’il y a lieu d’accorder à la place de Strasbourg, sur les fonds du service ordinaire des fortifications en 1864, une allocation supplémentaire de 22,000 f. qui seront employés, concurremment avec les 50,000 f déjà alloués pour le même objet, à continuer les travaux des voûtes à l’épreuve de l’écluse 110 de la place, conformément aux instructions laissées par l’inspecteur général en 1863.

1864 – SHD, cote 1 VH, 1768 – Couvrir l’écluse par des voûtes à l’épreuve de la bombe

Projets pour 1863-1864 – Bâtiments Militaires. Art. 12. (feuille N° 4)
Ecluse cotée M 110.
Couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe. Ce projet est évalué à 355 000 f 00
Elévation suivant GH – Coupe suivant EF – Plan de l’étage suivant CD – Plan suivant AB – – Elévation suivant LM – Coupe suivant IK.
Strasbourg le 27 janvier 1863

Couvrir l’écluse 110 par des voûtes à l’épreuve de la bombe.
Coupe suivant EF, Plan suivant CD. Plan suivant AB, Coupe suivant GH
Strasbourg le 20 mai 1863, Le Lieut. Colonel Commandant du génie, Signé : Humbert. Pour copie conforme, Le Lieut. Colonel Commandant du génie, Signé : Charrier

Travaux pour 1864. Couvrir l’écluse par des voûtes à l’épreuve de la bombe.
Croquis d’exécution n° 1, suivant les prescriptions du comité des fortifications du 28 juin 1863 (sur calque)
Plan suivant CD – Plan suivant AB
Strasbourg le 15 mars 1864. Le Lieut. Colonel Commandant du génie, Signé : Charrier. Pour copie conforme, Le Lieut. Colonel Commandant du génie, Signé : Charrier

Travaux pour 1864. Couvrir l’écluse par des voûtes à l’épreuve de la bombe.
Croquis d’exécution n° 2 suivant les prescriptions du comité des fortifications du 23 Juin 1863 (sur calque)
Elévation suivant IK – Coupe suivant EF – Elévation suivant LM – Coupe suivant HG.
Strasbourg le 15 Mars 1864. Le Lieut. Colonel Commandant du génie, Signé : Charrier. Pour copie conforme, Le Lieut. Colonel Commandant du génie, Signé : Charrier

1865 – SHD, cote 1 VK 318, Avis de fonds 1845-1870

Minute d’Avis de fonds, Séance du 28 avril 1865
(folio 9 v°) 12 Ecluse 110. Couvrir cette écluse par des voûtes à l’épreuve de la bombe (Dessin N° 4 pour 1865-1866, Croquis du Directeur du 20 Mai 1863 et croquis d’exécution du Chef du génie du 18 mars 1864) – (pour mémoire)
(folio 10) Le Chef du génie présente dans sa demande de fonds, pour mémoire seulement, cet article que le Ministre a déjà doté, sur la proposition de l’inspecteur g.al d’une allocation de 80.000 f. pour chacun des exercices 1865 et 1866.
Une somme de 15 000 f. devant être prélevée sur la dotation de 1865 pour être restituée à la place de Belfort, à laquelle elle a été empruntée par virement en 1864, l’allocation réelle pour l’ensemble des deux exercices se réduit à 145.000 f.
Les dépenses déjà faites se sont élevées en 1863 à 38.700 f.
en 1864 à 121.400 f.
total des dépenses faites ou à faire à la fin de l’année 1866, 305.100 f.
L’évaluation primitive du projet était de 355.000 f.
à cette somme il faut ajouter 1° pour la consolidation des anciennes piles et des bajoyers que l’on a exécutée en 1863 6.000 f.
2° pour la ceinture en fer dont l’établissement a été prescrit dans l’avis du Comité du 24 Juin 1863, 4.000 f.
Total des dépenses à faire 365.000 f.n ci 365.000 f.
La dépense restant à faire, après l’exercice 1866, sera donc de 59.900. f.
La construction a été entreprise, en 1863, conformément à un croquis du directeur du 20 Mai 1863 modifié d’après les indications de l’avis de fonds du 24 Juin suivant ; elle a été continuée, en 1864, suivant le croquis d’exécution du 15 Mai 1864 dans lequel il a été tenu compte des indications, et poussée jusqu’à la hauteur de la naissance des voutes de l’épreuve.
En 1865, on doit construire ces voûtes, monter les murs de façade jusqu’au dessous de la corniche et placer la ceinture en fer du bâtiment.
En 1866, on terminera le gros œuvre et l’on entreprendra les travaux intérieurs.
Au lieu de fournir, dans les projets actuels, l’étude détaillée que le Comité demandait, pour la disposition de la ceinture en fer qui doit mettre le bâtiment à l’abri des effets des vibrations qu’il pourrait éprouver sous le choc des bombes, le Chef du génie se borne à proposer de former cette ceinture au moyen d’un fer carré de 0,05 m de côté, passant sur les façades, au milieu de l’épaisseur des murs, et relié par des tirants transversaux de même équarissage placés au dessus de l’axe du piédroit, dans le remplissage des reins des voûtes.
Les différentes pièces de ce système auraient de 6,00 m à 7,00 m de longueur et s’assembleraient au moyen d’un enfourchement en forme de charnière que l’on
(folio 11) serrerait en chassant en sens contraire deux clavettes en forme de coin.
Le Directeur trouve ce système très acceptable, à la condition toutefois qu’on emploie du fer méplat de 0,07 m sur 0,05 m et que les assemblages des diverses pièces soient l’objet d’une étude de détail très attentive. Il fait observer en outre que la ceinture a à redouter, en tous temps, les variations de température et pendant un siège le choc des projectiles sur la façade qui regarde la campagne. Ce dernier danger légitime à ses yeux la grande profondeur de la rainure dans laquelle on logerait la ceinture en fer de ce côté, mais vu la difficulté qu’on aurait à remplir après coup cette rainure et l’affaiblissement qui en résulterait dans la maçonnerie, le Directeur pense que sur la façade qui regarde vers la Ville il faudrait limiter à 0,15 m la profondeur de cette rainure qu’on remplirait d’ailleurs avec une maçonnerie de briques peu conductrice de la chaleur.
Cette critique n’est pas fondée, car le chef du génie ne paraît pas avoir l’intention de ménager une profonde rainure dans laquelle on aurait de grandes difficultés à placer la ceinture, il semble au contraire vouloir poser son système de chaînage pendant la construction même du bâtiment en le noyant dans la maçonnerie.
Quoiqu’il en soit, la disposition du projet ne remplit pas complètement l’objet pour lequel la ceinture dont il s’agit doit être établie. Le Comité pense, en effet, que cette ceinture s’opposera plus efficacement aux vibrations si elle est posée à l’extérieur du bâtiment où elle sera d’ailleurs moins exposée à l’oxidation que dans l’intérieur de la maçonnerie et où l’on pourra surveiller ses mouvements.
En ce qui concerne le mode d’assemblage des diverses pièces formant tirant, il semble préférable de substituer au dispositif du projet celui du trait de Jupiter avec brides (1) qui est généralement employé dans les constructions de Paris et qui présente beaucoup de solidité.
Quant à l’assemblage des tirants transversaux avec la ceinture placés sur les façades, on le fera en perçant dans cette ceinture au droit de l’axe des murs de refend des trous où passera l’extrémité taraudée des tirants transversaux à laquelle on adaptera un large écrou /:[ajout] formant entièrement ce que l’on nomme un bouclier*, lequel peut servir à la décoration du bâtiment, ce bouclier* serait:/ serré fortement contre la ceinture extérieure ([barré :] laquelle sera renflée autour [remplacé par :] au moyen de l’étrier servant à réunir au milieu de l’épaisseur du bâtiment les deux parties de chaque tirant.) Afin que l’œil qu’on pratiquera ainsi dans cette ceinture ne l’affaiblisse pas, on aura soin de le percer à chaud en faisant refluer le fer tout autour de manière à conserver
(folio 12) à la pièce la section qu’elle aura dans ses autres parties.
La ceinture sera placée pendant la construction du bâtiment ; elle sera disposée de façon que sa face extérieure affleure la surface de l’enduit. Pour les tirants, ils seront établis comme le propose le chef du génie dans l’axe du piédroit ; mais au lieu de les noyer dans le remplissage des reins des voûtes, on ménagera autour de ces tirants un petit auget de façon qu’ils ne soient pas emprisonnés dans la maçonnerie. Il est bien entendu, en outre, que toutes les pièces de fer seront recouvertes avec le plus grand soin d’un enduit qui les préserve contre l’oxidation.
Conformément à la recommandation déjà faite par le Comité dans son avis de fonds de 1863, après avoir terminé en 1865 les voûtes et leur remplissage, on les recouvrira d’une couche de 0,20 m de terre pour protéger les maçonneries contre les gelées et on suspendra les travaux pendant un an. Ce délai expiré, on posera la chape en béton et ensuite celle en ciment si l’on a pu constater que les voûtes n’ont fait aucun mouvement.

1873 – Archives municipales de Strasbourg, cote 93 W 16 – Procès verbal des séances destinées à arrêter l’état de propriété des bâtiments et des terrains de la Ville de Strasbourg dont l’Armée a la jouissance

[Tampon] Mairie de Strasbourg, Travaux publics, N° 1345-D, 12 Mai 74

Protokoll, betreffend die Festsetzung der Eigenthumsverhältnisse der in militärischer Benutzung befindlichen Gebäude und Grundstücke der Stadt Strassburg.

Strassburg, den 25 Oktober 1873.
Auf ergangene Einladung versammelten sich heute Nachmittags 3 Uhr auf dem Bürgermeisteramte :
als Vertreter der militärfiskalischen Interessen :
Herr Major Harrfahrdt von der Kaiserlichen Fortifikation hierselbst,
Herr Garnisonsauditeur Harseim beim kaiserl. Festungsgouvernement,
Herr Kaserneninspektor Sandkuhl
und
als Vertreter der städtischen Interessen :
der Kommissar Beigeordnete Herr Regierungs-Assessor Freiherr von Reichlin,
Herr Hospitaldirektor Gerval,
Herr Abtheilungsvorstand Lefebvre
um zur Feststellung der Eigenthumsverhältnisse der in militärischer Benutzung stehenden und von der Stadtgemeinde Strassburg als Eigenthum in Anspruch genommenen Gebäude und Grundstücke der hiesigen Festungs zu schreiten.
Als selbstverständlich wurde hervorgehoben, daß die in vorstehender Weise zusammengesetzte Commission lediglich die thatsachlichen Verhältnisse, wie sich dieselben in hiesiger Stadt durch das Dekret vom 23 April 1810 und die Ordonnanz vom 5 August 1818, sowie durch die im Laufe der Zeit seitens der Militär und städtischen Behörden vorgenommenen baulichen Veraenderungen gestaltet haben, zum Gegenstande ihrer Berathungen und Untersuchungen zu machen habe, daß die sich hieraus bezüglich des Eigenthums ergebenden Schlußfolgerungen aber Seitens der Commission nur ad referendum genommen werden können.
Nachdem die Eigenthumsverhältnisse sämmtlicher in dem mit Schreiben des kaiserl. Festungsgouvernements vom 6. Dezember 1872 mitgetheilten Verzeichnisse aufgeführten Gebäude und Grundstücke durch die Commission untersucht und provisorisch festgestellt worden sind, solle, die hierdurch niedergelegten Resultate dem kaiserlichen Festungsgouvernement mitgetheilt und sodann erst zur definitiven Feststellung der Eigenthumsverhältnisse geschritten werden.
Seitens der städtischen Vertreter wurde hierauf der Wunsch ausgesprochen, es möge nach definitiver Feststellung der Eigenthumsverhältnisse, Seitens der kaiserl. Fortifikation aus den ihr zur Verfügung stehenden Plänen der in Straßburg befindlichen Militärgebäude und Grundstücke entsprechende Copien mitgetheilt werden, um namentlich künftige Differenzen bezüglich einzelner Gebäude zu vermeiden.
Es wurde hierauf an Hand der gesetzlichen Bestimmungen, insbesondere des Dekretes vom 23 April 1810 sowie der Ordonnanz vom 5 august 1818 sowie nach Einsicht der Seitens der Herrn Vertreter des Militärfiskus produzirten Beweismittel, insbesondere der von der ehemaligen frantzösischen Fortifikationsbehörde aufgestellten Legende mit Plänen bezüglich nachstehender Gebäude folgendes Ergebnis festgestellt.
(…)

3. Sitzung vom 7 November 1873.
(…)
16. Gedeckte Brücke an der Schleuse.
Sogenannte Mehlschleuse (N° 28 des Verz.).
Der Oberbau gehört der Stadt nach dem Dekrete vom 23. April 1810. Die Schleusen und die Pfeiler gehören dem Militärfiskus.

(Traduction) Procès verbal des séances destinées à statuer sur la propriété des bâtiments et des terrains de la Ville de Strasbourg dont l’Armée a la jouissance

Strasbourg, le 25 octobre 1873.
Se sont réunis aujourd’hui à trois heures à la Mairie après y avoir été invités,
d’une part les représentants des intérêts du Génie militaire
M. Harrfahrdt, commandant des fortifications impériales de cette ville,
M. Harseim, président du tribunal militaire,
M. Sandkuhl, inspecteur des casernes
d’autre part les représentants des intérêts de la ville
M. le baron de Reichlin, membre du Gouvernement, commissaire adjoint,
M. Gerval, directeur de l’hôpital,
M. Lefebvre, chef de division
pour statuer sur l’état de propriété des bâtiments et des terrains dans cette place dont l’Armée a la jouissance et la Ville de Strasbourg revendique la propriété.
On fait remarquer qu’il va de soi que les propositions et les recherches de la Commission ci-dessus réunie ont pour seul but de présenter les conditions réelles telles qu’elles sont fixées dans cette ville par le décret du 23 avril 1810 et par l’ordonnance du 5 août 1818 ainsi que par les changements immobiliers que l’Armée et l’administration municipale ont apportés depuis lors et que les conclusions que présentera la commission au sujet de la propriété seront uniquement indicatives.
Après que la Commission aura fait ses recherches et statué provisoirement sur la propriété de tous les bâtiments et de tous les terrains que mentionne la liste communiquée dans le courrier de la direction impériale de la place en date du 6 décembre 1872, les conclusions écrites seront communiquées à la Direction impériale de la place et ce n’est qu’à ce moment que la propriété sera définitivement arrêtée.
Le représentant de la Ville a ensuite exprimé le souhait que, après qu’on aura définitivement statué sur la propriété, le Génie impérial lui communique copie des plans en sa possession concernant les bâtiments militaires et les terrains sis à Strasbourg afin d’éviter à l’avenir tout différend relatif à un bâtiment.
Figurent ci-dessous les résultats pour les bâtiments suivants ; ils reposent sur les dispositions légales, en particulier le décret du 23 avril 1810 et l’ordonnance du 5 août 1818, et la consultation des pièces justificatives qu’a produites le représentant du Génie, en particulier des légendes et des plans dus à l’ancienne administration française des fortifications.
(…)
Troisième séance du 7 novembre 1873
16. Ponts Couverts près l’Ecluse
L’immeuble appelé Ecluse à farine (n° 28 de la liste)
La superstructure appartient à la ville d’après le décret du 23 arvil 1810. Les écluses et les piles appartiennent à l’Armée.

1879 – SHD, cote 1 VH 1771 (1871-1880) – Description des fortifications

(n° 55) Enceinte de Strasbourg
(p. 5) Enceinte de Strasbourg – La partie de l’enceinte de la place de Strasbourg qui, la première, a fait l’objet d’un remaniement complet, s’étend de l’entrée de l’Ill (à l’Ecluse 110) jusqu’à la rive gauche de l’Ill canalisée, en aval de Strasbourg et comprend onze bastions reliés par onze courtines.
Le numérotage devant partie de la Citadelle de l’Est vers l’ouest en passant par le nord (à l’inverse de la classification française) le premier bastion, accolé à la rive gauche de l’Ill, près de l’embouchure du Canal de la Marne au Rhin, porte le numéro 8 et le dernier situé à l’entrée de l’Ill en amont de l’Ecluse 110 a le numéro 19.
(p. 13) La courtine 19 se prolonge vers l’Ecluse 110 à laquelle jusqu’à cette heure il n’a été fait aucune modification.
25 7.bre 1879

1882 – Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz (Berlin), cote E 71 405

Zeichnung der Schleuse 110 (Gedeckte Brücken)
Festung Strassburg. ad : J. N° 2650/82, 4590/82, 1022/83
Zum Erläuterungsbericht vom 5.ten Juni 1882 gehörig
 »  »  » 30.ten September 1882 gehörig
 »  »  » 14. Maerz 1883 gehörig
Längenschnitt a-b – Stadtseite 1:200 – Façade (papillon)
Grundriss des Erdgeschosses, geschnitten auf + 1,30 m – 1:200
Grundriss der Brückenpfeiler 1:200
Façade oberstrom 1:200
Situations-Scizze 1:2000 – Bastion 20.a – Schleusen Kaserne – Ill-fluss – Schleuse 110, Gedeckte Brücken – Stadtseite unterstrom
Querschnitt nach cd 1:200
Straßburg im Juni 1882
[unterzeichnet] Major und Ingenieur vom Platz
Gesehen ! Kruger, Generalmajor und Ingenieur-Inspecteur
Gesehen ! [-] Oberstlieutenant und Festungs-Inspecteur
[unterzeichnet] Ulrich, Hauptmann in der 3.ten Ingenieur-Inspection

(Traduction) Dessin de l’Ecluse 110 (Ponts Couverts)
Fortifications de Strasbourg, joint à J. N° 2650/82, 4590/82, 1022/83
Annexé au rapport du 5 juin 1882, du 30 septembre 1882, du 14 mars 1883
Coupe longitudinale a-b, côté de la ville 1:200 – Façade (papillon)
Plan du rez-de-chaussée, coupé à + 1,30 m – 1:200
Plan des piles 1:200
Façade amont 1:200
Plan de situation 1:2000 – Bastion 20.a – Caserne des Ecluses – Rivière d’Ill – Ecluse 110, Ponts couverts – Côté aval vers la ville
Coupe c-d 1:200
Strasbourg, juin 1882
[signé] Le Commandant et ingénieur de la place
Vu, Kruger, Commandant général et chargé de l’inspection des ingénieurs
Vu, le lieutenant-colonel et inspecteur des fortifications
[signé] Ulrich, Capitaine de la troisième inspection des ingénieurs

1883 – Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz (Berlin), cote A 70 974

Zeichnung der Schleuse 110 (Gedeckte Brücke)
Fortification Strassburg. ad : J. N° 1022/83
Zum Bericht vom 14.ten Maerz 1883 gehörig
Längenschnitt nach a-b – 1:200 – Innere Façade
Grundriss des Erdgeschosses – 1:200
Grundriss der Brückenpfeiler 1:200
Äussere Façade 1:200
Situation 1:2000 – Bastion 20.a – Schleusen Kaserne – Ill-fluss – Schleuse 110, Gedeckte Brücke
Querschnitt nach cd 1:200
Straßburg im Februar 1883
[unterzeichnet] Major und Ingenieur vom Platz
Gesehen ! Kruger, Generalmajor und Ingenieur-Inspecteur
Gesehen ! hmotte (?) Oberstlieutenant und Festungs-Inspecteur
[unterzeichnet] Ulrich, Hauptmann in der 3.ten Ingenieur-Inspection
Profil des Wellbleches, nat. Grösse, ohne Bombirung
Verbindung der Hängestängen mit den I Trägern 1:10

(Traduction) Dessin de l’Ecluse 110 (Ponts Couverts)
Fortifications de Strasbourg, joint à J. N° 1022/83
Annexé au rapport du 14 mars 1883
Coupe longitudinale a-b 1:200 – Façade aval
Plan du rez-de-chaussée – 1:200
Plan des piles 1:200
Façade amont 1:200
Plan de situation 1:2000 – Bastion 20.a – Caserne des Ecluses – Rivière d’Ill – Ecluse 110, Ponts couverts
Coupe c-d 1:200
Strasbourg, février 1883
[signé] Le Commandant et ingénieur de la place
Vu, Kruger, Commandant général et chargé de l’inspection des ingénieurs
Vu, le lieutenant-colonel et inspecteur des fortifications
[signé] Ulrich, Capitaine de la troisième inspection des ingénieurs
Profil de la tôle ondulée, grandeur nature, sans bombement
Liaison des tiges de suspension aux poutrelles en I, 1:10

1897 – Archives départementales du Bas-Rhin, plan cadastral
cote 3 P 243, 350 pour la section 3 et 357 pour la section 42

1897 – Archives départementales du Bas-Rhin, matrice cadastrale

Cadastre allemand, cote 3 P 243, registre 32
section 42 n° 3, bisher (anciennement) Wasser [rivière], Gewann (lieu-dit) Gedeckte Brücken / Ponts couverts, Bezeichnung (nature) Ill-fluß (Hf) [rivière, sol], 17.33 ares
Porté au compte n° 4 : Deutsches Reich, Militärfiskus, Artilleriedepot f. d. Wohnungen (Empire allemand, Génie militaire, dépôt d’Artillerie pour les logements, compte supprimé en 1927)

La maison du portier se trouve sur la parcelle 20 de la section 3 (registre 29). Ancienne parcelle « aucune ». Cour, puis Hangar et bâtiment accessoire

1946-1963, 1971 – Archives municipales de Strasbourg, 121 MW 67, dossier 41-11, n° 1 – La Ville de Strasbourg est mise en possession de la Grande Ecluse

1946, 14 octobre. Lettre du Maire au colonel Durr, directeur des Travaux de la Chefferie du Génie, sur la propriété du Barrage Vauban. Rappel historique : le décret impérial du 23 avril 1810 reconnaît à la Ville la propriété d’un certain nombre d’immeubles, dont le barrage Vauban, l’Autorité Militaire en ayant l’usufruit tant qu’ils sont utiles à son service. Or l’Autorité Militaire semble n’avoir plus l’usage de cet immeuble du fait d’une location qu’elle en a consenti. La Ville demande par conséquent que l’immeuble lui soit remis après un décret de désaffectation.

Ville de Strasbourg, I. N° 2153
Strasbourg le 14 OCT. 1946
Le Maire de la Ville de Strasbourg
à Monsieur le colonel DURR
– Directeur des Travaux de la Chefferie du Génie –
9, rue Ste Odile
Strasbourg

Concerne : Barrage Vauban
En vertu du décret impérial du 23 avril 1810, la Ville de Strasbourg est propriétaire d’une série d’immeubles militaires, dont le barrage Vauban près de la Rue de Molsheim ; il est établi que la propriété de ces immeubles est limitée à la nue-propriété aussi longtemps que l’Autorité Militaire en revendique l’usufruit pour ses besoins. Les droits de la Ville ont été confirmés en 1870 par une commission mixte qui a dressé procès-verbal de ses travaux. En ce qui concerne spécialement le barrage Vauban, il y a lieu de noter que d’après ces procès-verbaux les écluses proprement dites et les piliers sont propriété de l’Autorité Militaire ; la superstructure est propriété de la Ville à charge d’usufruit, dans les conditions précitées, au profit de l’Autorité Militaire.
Or, il a été constaté, ce que vous m’avez d’ailleurs confirmé, que le barrage Vauban a fait récemment l’objet d’une location en vue de l’installation d’une tannerie, location dont la Ville ignore les modalités. D’après les dispositions réglementaires, la Ville doit être remise en possession de tout immeuble visé par le décret et le procès-verbal sus-visés et en avoir la libre jouissance, si par suite de son inutilité pour les besoins du service militaire, il est abandonné par le Département de la Guerre.
En ce qui concerne le barrage Vauban, la conclusion de la location semble indiquer que l’Autorité Militaire a pu renoncer à cet ouvrage. Il est vrai qu’au point de vue formel un décret de désaffectation est nécessaire pour mettre un terme à l’usufruit ; cependant le fait de l’inutilité de cet immeuble pour les besoins militaires me semble amplement démontré par la location consentie au profit d’un particulier et en vue d’une exploitation exclusivement civile.
Dans ces conditions j’estime que cet immeuble devra être restitué à la Ville en vertu même des dispositions du décret impérial du 23 avril 1810. Je vous serais très obligé de bien vouloir soumettre les présentes à Monsieur le Ministre des Armées pour que le décret formel de désaffectation puisse intervenir aussitôt que possible.
[Tampons] Direction du Génie n° 9014, 15 OCT 1946
DIRECTION DES TRAVAUX DU GENIE, Contentieux-Domaine, 15.X.46 n° 767

1948, 13 février. Lettre du Maire au colonel Durr, directeur des Travaux du Génie, sur la propriété du Barrage Vauban. L’Autorité Militaire souhaite une compensation équivalente à la surface qui serait remise à la Ville. Le Maire répond que ce serait une restriction non prévue au décret qui accorde l’usufruit des bâtiments à l’Autorité Militaire.

Ville de Strasbourg, I. N° 34 / 47-158 / 48
Strasbourg le 13 FEV. 1948
Le Maire de la Ville de Strasbourg
à Monsieur le colonel DURR
Directeur des Travaux du Génie
12. Quai Kléber
EN VILLE
Concerne : Barrage Vauban
Par lettre du 18 décembre dernier vous avez bien voulu m’informer que la question de la désaffectation du barrage Vauban a été soumise au Ministre en raison de la situation domaniale complexe de cet immeuble et vous m’avez demandé quelle compensation en surface couverte équivalente serait accordée par la Ville dans le cas où la désaffectation serait prononcée.
Il y a d’abord lieu de constater que le barrage Vauban (superstructure) fait partie des établissements dont la propriété appartient à la Ville et qui sont grevés à son profit d’un droit de retour réalisable au moment où par suite de leur inutilité pour l’Autorité Militaire ils sont abandonnés par celle-ci (décret du 23 avril 1810).
Or, le barrage Vauban figure sur la liste des bâtiments qui en vertu des décisions prises par la Commission Interministérielle doivent être mis à la disposition du secteur civil. Il en résulte que la Ville doit recouvrer la libre disposition des locaux en question et ce serait porter à l’exécution du décret du 23 avril 1810 et de l’ordonnance du 5 août 1818 une restriction qui n’est pas prévue, que de faire dépendre le droit de retour à la condition que la Ville accorde à l’Autorité Militaire une compensation de surface. Une pareille revendication irait aussi à l’encontre des dispositions qui prévoyent notamment que l’Autorité Militaire mette à la disposition du secteur civil les bâtiments qui ne lui sont pas nécessaires. En fait, la Ville n’est d’ailleurs pas en mesure de vous céder des locaux équivalents en raison de l’extrême pénurie qui vous est trop connue pour qu’il y ait lieu d’insister sur ce point.
Le Maire, p. d.
[Tampon] DIRECTION DES TRAVAUX DU GENIE, Contentieux-Domaine, 14 FEV 1948 n° 705
[Billet joint] D. Evidemment, on ne pouvait s’attendre à une réponse favorable. De toute façon une procédure de changement d’affectation ne peut être entreprise sans l’accord de l’Adm. des Domaines.

1956, 4 octobre. La Ville a appris que l’Autorité Militaire aurait l’intention de remettre le Barrage Vauban aux Domaines pour aliénation. Elle envoie une lettre au Directeur des Travaux du Génie pour qu’elle soit remise en possession de l’ouvrage dont elle est propriétaire puisque l’Autorité Militaire ne l’utilise désormais plus d’aucune manière.

I-1284
Strasbourg, le 4 octobre 1956.
Concerne : Barrage Vauban
1) D’après des renseignements qui nous sont parvenus, l’Autorité Militaire aurait l’intention de remettre le Barrage Vauban aux Domaines pour aliénation. Vu les droits que possède la ville sur l’ouvrage, la lettre ci-après, en forme de rappel d’une ancienne correspondance, est à adresser à la Direction du Génie :
L.M.
à Monsieur le Directeur des Travaux du Génie
12, quai Kléber
Strasbourg
[in margine :] exp. 5 OCT 1956

Concerne : Barrage Vauban
J’ai l’honneur de revenir à nos lettres antérieures au sujet de la désaffectation du Barrage Vauban dont la superstructure est propriété de la Ville.
D’après la dernière partie du dossier qui est constituée par votre lettre du 19 février 1953 N° 1726 Do, il ne pouvait à l’époque être fait droit à la demande de restitution formulée par l’administration municipale, en raison de la situation qui prévalait à ce moment. Dans un rapport antérieur, il avait en effet été fait observer que le barrage contenait des surfaces couvertes pour le stockage de matériel (militaire).
Or, il semble qu’à l’heure actuelle le barrage n’est plus utilisé d’aucune façon par l’Autorité Militaire.
Dans ces conditions, je vous serais obligé de bien vouloir reprendre la question pour que la Ville puisse être remise en possession de l’ouvrage en tant qu’il lui appartient.
++
2) A repr. dans 15 jours.
L.M., p.d.
[Tampon] REPRODUIT LE 20 OCT 1956 – dans 15 jours
REPRODUIT LE 5 NOV 1956 – dans 8 jours

Décret N° 9 du 23 avril 1810 portant donation aux villes de casernes et autres bâtiments militaire, à charge de les entretenir.
Art. 1er – Les casernes, hôpitaux, manutentions, corps-de-garde et autres bâtiments militaires portés dans l’état annexé au présent décret, sont donnés en toute propriété aux villes où ils sont situés.
Art. 2 – La remise desdits bâtiments et établissements militaires sera faite en vertu de décrets spéciaux qui seront rendus pour chaque ville, sur le rapport de notre ministre de la guerre, et d’ici au 1er juin.
Art. 3 – Au 1er juillet prochain, les villes entreront en possession desdits bâtiments : elle seront chargées de leur entretien ; et, à cet effet, elles devront porter dans leur budget une somme au moins pareille à celle qui est indiquée dans l’état pour les réparations.
Art. 4 – Les officiers du génie ne seront chargés de la direction des travaux à faire aux établissements militaires, que dans les places de guerre. Les ingénieurs des ponts et chaussées en seront chargés dans les villes de l’intérieur, et les architectes dans les grandes villes.
Art ; 5 – Les villes ne pourront disposer, sans notre autorisation, d’aucun des bâtiments militaires. Toutes les fois qu’elles les emploieront à une autre destination que celle qui leur est affectée, elles seront chargées de pourvoir au logement des troupes qui se trouveront dans leur enceinte.
(Suit l’état des casernes remises aux communes ci-après dénommées :
Places de guerres … Strasbourg …

Logement militaire – Literie (décret du 5 août 1818)
Ordonnance du roi qui règle l’exécution de l’article 46 de la loi du 15 mai 1818 concernant les dépenses de casernement et d’occupation de lits militaires.

TITRE II – Régime et disposition des bâtiments.

13. Les bâtiments, établissements et terrains cédés aux villes, à charge de conserver leur destination pour le service de la guerre, en vertu du décret du 23 avril 1810, et qui sont restés, jusqu’à ce jour, affectés à ce service, rentreront pour leur conservation et police, comme pour les dépenses, sous l’administration directe et exclusive de notre ministre de la guerre ; mais les communes en conserveront la nue propriété, pour en être remises en possession et en avoir la libre jouissance, si, par suite de leur inutilité absolue pour le service militaire, ils étaient abandonnés par le département de la guerre.

Copie certifiée de la décision du secrétaire d’Etat en date du 16 août 1956 : le barrage Vauban ne présentant plus d’intérêt militaire peut sans inconvénient être remis aux Domaines aux fins d’aliénation. En référence, liste des immeubles du domaine privé militaire.

MH./6
Secrétariat d’Etat aux Forces Armées « Terre »
DIRECTION GENERALE DU GENIE
5ème Bureau Administratif
1ère. Section-Domaine

Réponse au rapport No. 3953/Do. en date du 11 juin 1956, du Directeur des Travaux du Génie de Strasbourg
Strasbourg (Bas-Rhin)
Barrage Vauban
16 Août 1956
DÉCISION DU SECRÉTAIRE D’ETAT
L’immeuble dénommé « Barrage Vauban » ne présentant plus d’intérêt militaire peut sans inconvénient être remis aux Domaines aux fins d’aliénation.
Cette procédure ne doit pas soulever de difficultés puisque l’immeuble doit être considéré comme faisant partie du Domaine privé militaire (cf. Tableau général des propriétés de l’Etat – Edition 1927 et nouvelle édition tome III – Département du Bas-Rhin, Domaine privé, No. 192).

No. 03646-DCG/A. – Notifié pour exécution à M. le Colonel Commandant et directeur Régional du Génie de la 6ème Région Militaire à METZ,
S/C. de M. le Général, Gouverneur Militaire de METZ, Commandant la 6ème Région Mre. à METZ

P. le Secrétaire d’Etat et par délégation,
Le Général HOUSSAY, Directeur Central du Génie :
(Cachet) signé HOUSSAY

Pour copie conforme, Strasbourg 5. (illisible) 1598
Le Lt.-colonel JACQUOT, Directeur des Travaux

Etat-major du Gouvernement militaire de Metz, courrier transmis à M. le colonel commandant et le Directeur régional du Génie pour suite à donner

1956, 7 novembre – Lettre du Directeur des Domaines au Maire invité à donner sa position. Exposé : le Ministère de la Guerre a remis aux Domaines le Barrage Vauban pour aliénation. Rappel de la situation (cadastre, dimensions). La société qui occupe sans titre les lieux souhaite se porter acquéreuse. La Ville revendique par ailleurs la propriété (décret du 23 avril 1810, convention du 23 octobre 1873).

DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS ENREGISTREMENT ET SERVICE DES DOMAINES
Strasbourg le 7 novembre 1956
Le Directeur de l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre
à Monsieur le Maire de la Ville de Strasbourg
n° 6798/D.

Objet : Situation domaniale de l’immeuble militaire dit « Barrage Vauban ». Projet d’aliénation.

Par décision en date du 6 août 1956, M. le Secrétaire d’Etat à la Guerre a prononcé la désaffection de l’immeuble militaire dit « Barrage Vauban » et sa remise à l’administration des Domaines, en vue de son aliénation.
Cet immeuble figure au plan cadastral de la Ville de Strasbourg sous la désignation :
Section 42 N° 3, d’une surface de 17 a 33 ca, en nature de sol, écluse (caves), au lieu-dit « Grande Ecluse ».
En réalité, le sol d’assiette est formé par le lit de l’Ill ; il dépend à ce titre, du domaine public qui est inaliénable. La superstructure, construite sur piliers et traversant l’Ill sur une longueur de 128 m et une largeur de 13,50 m, provient de l’ancienne fortification de la Ville de Strasbourg. Elle a donc fait partie également de la domanialité publique jusqu’au moment du déclassement de l’enceinte fortifiée de la place de Strasbourg.
La construction, inscrite à l’inventaire départemental des sites, est occupée actuellement, sans titre, par la Société Industrielle du Barrage, dont le siège social est à Strasbourg 1, rue de Molsheim.
Cette collectivité serait désireuse d’acquérir le bâtiment dont il s’agit et a offert un prix de 1,5 millions de francs.
Or, d’après les renseignements parvenus à ma Direction, la ville de Strasbourg revendiquerait la propriété de l’immeuble dit « Barrage Vauban » en vertu du décret du 23 avril 1810, portant donation aux Villes de casernes et autres bâtiments militaires, à charge de les entretenir, et en se basant sur une convention qui serait intervenue entre la Municipalité et l’Administration militaire allemande, le 23 octobre 1873.
Pour me mettre en mesure de faire au Service Central des Domaines toutes les propositions utiles au sujet de la destination à donner à l’immeuble dont il s’agit, je vous serais très obligé de vouloir bien me préciser vos sentiments sur cette affaire.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de mes sentiments distingués.
Le Directeur (signé)

[Tampons] DOMAINES/ Art. – Entrée 10 NOV 1956, Sect. H. N° 1284
MAIRIE DE LA VILLE DE STRASBOURG, Entrée 9. NOV. 1956, I, N° i

1956, 16 novembre – Réponse du Maire. La Ville revendique d’être mise en possession de la superstructure du Barrage.
1957, 13 février – L’Administration des Domaines a fait savoir que le Service Central a consenti à la restitution du Barrage Vauban à la Ville.
1957, 14 mars – Le Directeur des Domaines au Maire ; la remise pourra se faire par simple procès-verbal de remise. La parcelle section 42 n° 3 (17 ares 33 ca) sera transférée au domaine public fluvial.
1957, 19 mars – Le Maire retourne au Directeur des Domaines les exemplaires signés du procès verbal.
1946, 4 octobre – « Eléments de réponse à la question posée par M. Ruhlmann concernant le dépôt de peaux installé au barrage Vauban ». La Police du Bâtiment a approuvé les travaux de construction projetés par M. Max Wenzinger. Par ailleurs, l’installation d’une entreprise qui relève des établissements insalubres est du seul ressort du préfet. L’administration militaire conteste que la location équivaille à une désaffectation de fait.
Joint : extrait manuscrit du registre du commerce n° 4972 B, « Société industrielle du Barrage » dont l’objet est la « transformation de peaux brutes en peaux ouvrées, plus particulièrement de peaux d’ovins, achat et vente de peaux manufacturées ».
1957, 9 avril – Lettre du Lt.-colonel Jacquot, directeur des travaux du Génie, au Maire. La Société industrielle du Barrage a joui, à compter de janvier 1946, d’un bail de 24 mois qui n’a pas été renouvelé malgré des demandes. Elle a été mise en demeure de quitter les lieux par signification d’huissier le 21 avril 1951. Le versement continué de la redevance ne confère pas de qualité de locataire.

1956, 23 mai – Lettre de Hubert Denoyez, avocat de la Société industrielle du Barrage, au colonel Jacquot. La Société industrielle du Barrage succède à M. Wenzinger qui a joui d’un bail passé le 31 décembre 1947 à effet rétroactif au 1 janvier 1946. Le directeur des Travaux du Génie a proposé le 6 décembre 1948 de porter le loyer de 25 000 francs à 50 000 francs. Malgré cela, la Société industrielle du Barrage a été notifiée par voie d’huissier de quitter les lieux. Comme la simple occupation des lieux donne droit à la propriété commerciale, que l’activité de la société présente un intérêt militaire et que les machines installées à demeure représentent une plus-value, l’avocat considère que la signature d’un nouveau bail ne doit pas susciter de difficulté.

1957, 14 mai – Le Directeur des Domaines joint un exemplaire de la remise du Barrage Vauban à la Ville. Procès verbal joint

1957, 21 mai – Après que l’Administration militaire lui a remis le Barrage Vauban, la Ville souhaite aménager une « terrasse panoramique ». Il est préalablement nécessaire de faire évacuer les lieux occupés par la Société industrielle du Barrage. L’administration militaire a donné congé au bailleur, M. Wenzinger, pour éviter que l’occupant puisse se prévaloir de la loi sur la propriété commerciale. Bien que les prétentions de la Société industrielle du Barrage semblent difficiles à défendre, il est probable que la Ville doive recourir à la voie judiciaire.
La ville envoie à la Société industrielle du Barrage une lettre recommandée de congé.
1957, 22 mai – La Ville demande au Directeur des travaux du Génie la copie, demandée par le juge du Livre foncier, de la décision ministérielle qui a prononcé la désaffectation de l’ouvrage.
1957, 1 juin – Observations du Service du contentieux à la Division I : hypothèses d’une occupation sans titre, hypothèse d’un droit à la propriété commerciale.
1957, 6 juin – Résumé de la situation
1957, 11 juin – La Ville charge Me Jean Hesse, huissier de justice, d’adresser sa notification à la Société industrielle du Barrage – Lettre de Me Hesse et montant des honoraires.
1957, 7 septembre – Lettre de la Division VIII à la Division I : demande de documentation
1957, 11 juin. Le Maire demande que soit démonté l’escalier vermoulu qui conduit au sommet du barrage.
1957, 8 juin – Le colonel Jacquot répond en joignant une copie certifiée de la D.M. du 16 août 1956. – Copie
1957, 10 août – Le Maire au Tribunal cantonal : demande d’inscrire l’immeuble dit « Barrage Vauban » au nom de la Ville de Strasbourg. Valeur estimée : 200 000 francs.
1957, 9 octobre – Le Maire adresse au Directeur des travaux du Génie l’inscription du Barrage Vauban au Livre foncier
1957, 21 octobre – Au service des transactions immobilières ; transcription de la propriété foncière, mémoire à la Société industrielle du Barrage (droit de location verbale)
1957, 16 novembre – La Division I à la Division VIII : à propos de la réfection des fenêtres, de la démolition des Bains Napoléon.

1958, 15 novembre – Mémoire à la Société industrielle du Barrage ; redevance d’occupation, droits d’enregistrement
1959, 18 novembre – Mémoire à la Société industrielle du Barrage ; redevance d’occupation, droits d’enregistrement, redevances municipales
1960, 16 novembre – Même teneur
1961, 22 novembre – Même teneur
1962, 2 novembre – Même teneur

1957, 21 mai (ad I – 1284) – Notes concernant l’occupation du Barrage Vauban, documents cotés 1 à 13
Copie du congé notifié par Me Jean Hesse
1956, 23 mai – Courrier de Me Hubert Denoyez, représentant la Société industrielle du Barrage, au colonel Jacquot
1957, 2 septembre – Compte rendu après que la Société industrielle du Barrage n’a pas donné suite à exploit d’huissier (évacuation des lieux, proposition de sursis). En annexe, notes concernant l’occupation (documents 1 à 13). Copie de la note I-1284 du 21 mai 1957

1958, 15 avril – La Division I au Service du contentieux : communication des pièces et observations (prétendue nullité du congé, droit éventuel de la partie adverse à la propriété commerciale, travaux réalisés par la Société du Barrage)
1858, 5 septembre – La Division I au Service du contentieux, au sujet du mémoire de Me Guillemot (occupant pour la Ville).

1959, 14 janvier – La Division I au Service du contentieux : remarques au sujet du mémoire.
1959, 14 mai – Le Service du contentieux à la Division I : la Société du Barrage demande une indemnité d’éviction. Réponse de la Division I. copie de la demande en indemnité d’éviction formulée par Me Denoyez le 17 février 1959.
(même date) – Le Service du contentieux à la Division I : la Ville est assignée dans le cadre d’une procédure de référé
1959, 21 septembre – Courrier de la Division I à la Société industrielle du Barrage pour pouvoir disposer de la travée du Barrage Vauban
1959, 28 septembre – La Division I aux commissions principales : autorisation de procédure
1959, 28 septembre – Rappel de la situation après rapport d’expertise de M. Welschinger : la Société a un déficit d’environ 11 millions qui aurait été couvert par le gérant et semble espérer une forte indemnité d’éviction.
1959, 24 octobre – Le Maire au Préfet pour approbation de la délibération du conseil municipal concernant le paiement d’une indemnité d’éviction.
1959, 19 octobre – Conseil municipal, autorisation de procédure
1959, 9 novembre – La Division I au Service du contentieux : pièces concernant l’occupation du Barrage par la Société industrielle.
1959, 12 novembre – Le Maire (service du contentieux) à ses avocats, Mes Guillmot et Bischoff : observations sur les pièces fournies.
1959, 14 novembre – Le Maire (service du contentieux) au Directeur des Travaux du Génie pour obtenir des précisions sur les « conditions générales » invoquées dans le bail de 1946.
1959, 3 décembre – L’ingénieur en chef des Ponts et Chaussée, directeur du Port autonome de Strasbourg, organisateur de visites en vedette, souhaite que la Ville remette en état le Barrage Vauban dont l’aspect laisse à désirer (vitres brisées notamment)
1960, 20 janvier – Le Service du contentieux à la Division I : le Maire souhaite que « les procédures concernant l’évacuation du Barrage soient menées avec célérité ».
1960, 1 février – Nouvelle lettre du Maire (service du contentieux) au Directeur des Travaux du Génie
1960, 20 janvier – Le Maire demande à la Société industrielle de remettre en état le bâtiment (fenêtres). Réponse à l’ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, directeur du Port autonome de Strasbourg
1960, 1 février – Réponse de Me Denoyez, au nom de la Société industrielle, à la demande de réparer les fenêtres.
1960, 1 février – La Division I au Service du contentieux : au sujet du mémoire de Me Sinay
1960, 13 février – Nouveau courrier de la Division I à la Société industrielle du Barrage pour pouvoir disposer de la travée du Barrage Vauban. La lettre est retournée à l’expéditeur.
1959, 19 novembre – Copie du rapport d’expertise par Joseph Welschinger, expert immobilier après visite contradictoire des lieux le 15 juillet 1959. Conclusion : « Je suis d’avis que la Société demanderesse ne subira aucun préjudice par suite de son éviction, qu’elle aurait intérêt à réaliser au mieux son actif encore existant pour couvrir au moins partiellement son passif écrasant. D’autre part, sa demande d’indemnité d’éviction ne semble point être fondée ni justifiée. »

1960, 20 février – Réponse du Directeur des Travaux du Génie : référence des Clauses et conditions, communication de dix pièces (lettres de M. Wentzinger, de la Société industrielle, du directeur des domaines, mise en demeure d’évacuer)
1960, 20 février – La Division I transmet les pièces au Service du contentieux : la plupart étaient déjà connues en copie par la Ville.
1960, 10 mars – Nouveau courrier de l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussée, directeur du Port autonome de Strasbourg
1960, 31 mars – Le Service du contentieux à la Division I : copie du rapport d’expertise établi par la société Galtier Frères à la demande de la Société du Barrage
1960, 13 avril – Nouveau courrier de l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussée, directeur du Port autonome de Strasbourg. Réponse du 11 juillet
1960, 22 avril – Procédures en cours, à Colmar appel sur jugement d’expulsion, à Strasbourg demande en indemnité d’éviction
1960, 1 juin – Les avocats Guillmot et Bischoff communiquent le jugement du Tribunal de Grande Instance qui déboute la Société industrielle de sa demande et la condamne aux dépens
1960, 14 juin – Copie du courrier de Me Denoyez, occupant pour la Société industrielle, au Tribunal de Grande Instance. L’avocat argue que la Société industrielle a un droit de propriété commerciale, critique le rapport d’expertise de M. Welschinger et demande au tribunal de commettre trois experts.
1960, 5 juillet – Le Service du contentieux demande à la Division I de préciser sa position. Nouveau courrier le 1 août
1960, 17 décembre – Réponse au Service du contentieux : procès verbal du groupe de travail « Rayonnement de Strasbourg », réunion du 25 novembre 1960.

1961, 22 juin – Procès verbal de visite des lieux par le groupe de travail « Rayonnement de Strasbourg » le 6 juin. Echange de courrier au sujet des vitres brisées entre la Division I et la Division VIII, avec Me Denoyez

1962, 28 mars – Le Service du contentieux à la Division I : sur l’instance à Colmar. Août 1962 ; par arrêt du 13 juin 1962, la cour de Colmar a confirmé les jugements précédents, la Société du Barrage est donc condamnée à évacuer le barrage Vauban.
1962, 19 septembre – Extrait des Affiches d’Alsace et de Lorraine : les associés de la Société industrielle du Barrage ont décidé la dissolution anticipée de la Société.
1962, 27 septembre – Le Service du contentieux à la Division I : Me Denoyez, avocat de la partie adverse, ne voit pas d’inconvénient que la Ville fasse remplacer les vitres cassées.
1962, 1 octobre – Le Maire dans un courrier à Me Hubert Denoyez accorde à la société un délai de 15 jours après lequel interviendra une exécution forcée de l’arrêt de Colmar.
1962, 2 novembre – La Division I à la Division VI : Me Denoyez est disposé à remettre les clés à disposition de la Ville
1962, 27 octobre – La Société industrielle du Barrage a versé en numéraire des sommes correspondant à l’exercice 1961.
1962, 5 novembre – La Division I au Trésorier principal au sujet des redevances de la Société pour 1962.
1962, 5 novembre – Le Maire dans un courrier à Me Hubert Denoyez constate que l’évacuation n’est pas complète et demande quelles sont les intentions réelles de la Société.
1962. 26 novembre – La Division VI (Domaines) à la Division VIII : l’entreprise de récupération de vieux matériaux Obert évacue l’intérieur de l’écluse. Les travaux de la deuxième tranche (terrasse panoramique) pourront donc commencer.
1962, 27 décembre – Le liquidateur de la Société demande confirmation du bon état d’entretien des locaux.

1963, 10 janvier – Le Maire constate que la Société a laissé sur place du matériel (sciure) et qu’elle est toujours débitrice de frais envers l’avocat représentant de la Ville et surseoit donc à la demande de décharge.
1963, 29 janvier – Courrier des Etablissements Obert qui se chargent d’évacuer tous les déchets.
1963, 11 février – Le Service du contentieux à la Division I : la Société a réglé les frais de justice.
1963, 22 février – Le Maire donne quittance au liquidateur de la Société.
1963, 2 avril – Le Maire aux Etablissements Obert : une visite des lieux aura lieu le 9 avril.
1963, 4 juin – La Division VI à la Division I : à propos du matériel encore sur place.
1963, 5 septembre – Le Maire aux Etablissements Obert : sommation d’exécuter les travaux d’évacuation
1963, 12 septembre – La Division VI à la Division I : comme les travaux de menuiserie ont été adjugés et les fenêtres seront posées dans le courant du mois, il est nécessaire d’évacuer le matériel encore sur place.
1963, 23 septembre – La Division I à la Division VIII : requête en vue d’autoriser la Ville à faire exécuter les travaux aux dépens du débiteur.
1963, 12 octobre – Les Etablissements Obert ont obtempéré. Le Service d’architecture s’est déclaré satisfait.

1971, 30 août – Le Préfet au Maire : inscription de la Grande Ecluse à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Liste parue au Journal officiel du 7 mai 1972
Grande écluse de fortification dite Barrage Vauban et ses abords fortifiés comprenant : rive droite de l’Ill, en aval, l’avant-poste et le mur fortifié qui relie aux Ponts Couverts, en amont, sur une longueur de 75 mètres, le mur fortifié qui borde la cour de la caserne des C.R.S. ; rive gauche de l’Ill, en aval, le mur de jonction entre l’écluse et les prisons départementales, en amont, le bastion avancé et le mur qui relie à l’écluse (18 mai 1971).

1946-1966 – Archives municipales de Strasbourg, MS 227 (Dossier sur le Barrage Vauban, constitué par les Archives)

1946 – Extrait d’un document à la cote non identifiée
Réf. C 624 du 11 octobre 1946
Depuis mon rapport I. N° 357/46 B du 5 juillet 1946, le Service des Domaines est constamment resté le contact avec le Service compétent de l’armée à savoir la chefferie du Génie de Strasbourg. Or, ce n’est qu’à l’occasion de notre dernier entretien qui a eu lieu le 14 novembre que des faits nouveaux dont il faudrait d’ailleurs encore attendre la confirmation officielle, nous ont été communiqués. suivant cet entretien, la situation par rapport aux divers immeubles intéressant la ville est la suivante :
en ce qui concerne le Barrage Vauban, il paraît qu’à la suite de notre intervention du 14 octobre 1946, la chefferie du Génie a proposé au Ministre de procéder à sa désaffectation. Le décret y relatif qui prévoit en outre sa cession à la Ville est en préparation. Il doit être de même des anciens Bains Militaires près du Herrenwasser.
aux dires de l’officier qui nous a donné ces renseignements, les décisions du Ministre qui sanctionneront les propositions faites au Ministère, interviendront très prochainement.
[Division] I, signé Imbs, Adjoint au Maire

Ministère de l’Economie Nationale
Service de Contrôle des Opérations Immobilières
1.. rue de la Banque, Paris 2°
Paris, le 7 janvier 1947.
AF/SB. 3190
Le Ministre de l’Economie Nationale et des Finances
à Monsieur le Préfet du Bas-Rhin, Strasbourg
Objet : Utilisation des locaux militaires qui ne sont plus nécessaires à la Défense Nationale
Strasbourg
Le Barrage Vauban est à désaffecter du domaine militaire.

1946-1947 – Extrait d’un document à la cote non identifiée
Strasbourg le 10 juillet 1946, la Division I à la Direction des Travaux municipaux. Etat des casernements que la Ville réclame pour des habitations provisoires : Rouget de l’Isle, Grand d’Esnon Barbade, Hôpital Gaujot. En note « Barrage Vauban : le décret de désaffectation qui prévoit la cession à la Ville est en préparation »

20) Le Barrage Vauban
Les représentants de l’autorité militaire soutiennent que la Ville n’est propriétaire que des locaux situés au premier étage, tandis que le fisc militaire est propriétaire du deuxième étage. Le fait est que la Ville va pouvoir entrer en jouissance en ce qui concerne la partie du bâtiment qui est sa propriété. La question de propriété devrait faire l’objet d’un examen des dossiers.
Commission départementale du contrôle des opérations immobilières
Procès verbal de la séance du 24 janvier 1947

Extrait d’un document à la cote non identifiée
1957, 5 novembre – La Division I au Service des Transactions immobilières: notification du Bureau foncier relative à la transcription de la propriété superficiaire du « Barrage Vauban » au nom de la Ville

1961, 10 juillet – 36° Séance du Conseil municipal.
Le conseil, sur la proposition des commissions principales,
A° approuve le projet concernant l’aménagement du barrage Vauban en vue d’y installer une terrasse panoramique,
2° décide l’exécution des travaux d’aménagements extérieurs pour un montant total de 110.000 NF à imputer sur le chapitre XXXVII, article 262, du budget primitif de 1961.
Adopté.

1965, 2 juin – La ville à MM. Charles Wittmer et Georges Frankhauser : Le 31 mai, la commission d’ajustement avait à son ordre du jour l’aménagement d’une terrasse panoramique sur le Barrage Vauban. Trois candidats : Th. & Ed. Wagner, Schoetter & Cie, E. Jockers.

1965, 16 août – M. Radius, adjoint au Maire, à M. Zell, adjoint au Maire : les travaux de gros œuvre de la terrasse panoramique sont terminés, l’ouverture du chantier aura lieu le 16 août.

Extrait d’un document non identifié
Les « Ponts couverts ont été jetés sur les divers bras formés par l’Ill à son entrée dans Strasbourg : munis de herses, ils étaient effectivement couverts de toitures depuis le XVI° s. jusqu’en 1784. Les ponts furent rebâtis en pierre entre 1860 et 1870. Les tours de défense remontent en partie au deuxième agrandissement de la ville (entre 1228 et 1334). En 1374, à la suite de raids anglais, puis en 1468-70, on entreprit le renforcement de cette partie qui restera la ligne de défense extrême de la ville jusqu’en 1681.
Le barrage Vauban – ou grande Ecluse – fut construit par Tarade sur les plans de Vauban entre 1686 et 1700 pour doubler et fortifier de façon moderne le système vétuste des Ponts couverts. Il servit également de grand « Magasin à farines » après 1870. Il avait surtout pour fonction d’empêcher l’entrée en ville des assaillants possibles et, une fois fermés les panneaux de fer qui garnissaient ses treize arches, d’inonder le front s. de la ville qui devenait ainsi inattaquable. En 1784 on haussa trois arches pour permettre le passage des eaux torrentueuses du printemps et des glaçons de la fonte des neiges. Surélevé d’un étage par un remblai de terre peu avant 1870 afin de résister au feu de l’artillerie moderne, le Barrage Vauban devint Terrasse panoramique en 1967.

[Extrait de Strasbourg, panorama monumental et architectural des origines à 1914]
Fig. 173 : Les îles de la Petite France et les Ponts Couverts au XVIII° siècle
Fig. 173 b : Les canaux et les Ponts Couverts au XVII° siècle. Vue depuis la Petite France

1963 – Extrait des Dernières Nouvelles du dimanche 18-lundi 19 août 1963.
Le Conseil Municipal a décidé le 10 juin 1961 de « moderniser » le Barrage Vauban par deux tranches de travaux dont la première est à peu de chose près terminée. Il est désormais possible d’entrer dans le barrage depuis la caserne Barbade dont le portail a été déplacé. Des places de stationnement permettent en outre un accès depuis les Ponts couverts. L’ancienne passerelle en fer a été condamnée et sera prochainement démontée. La deuxième tranche prévoit d’aménager une terrasse panoramique sur la toiture de l’ouvrage.

1965 – Extrait du Nouvel Alsacien du mercredi 8 septembre 1965.
La passerelle a déjà été démontée. On remplace maintenant les fenêtres qui s’ouvrent sur l’ouest. Le projet initial prévoyait de construire sur le toit un restaurant, ce qui a suscité maintes oppositions.

1966
Extrait des Dernières Nouvelles du 12 juin 1966.
M. Pierre Pflimlin, maire de la Ville, a inauguré la veille la terrasse panoramique aménagée sur l’ancien édifice militaire. Elle a une superficie de 950 m² et peut accueillir 2 000 personnes.

1960-1963 – Archives municipales de Strasbourg, 114 MW 78 – Aménagement du Barrage Vauban

Plan : Barrage Vauban, Projet d’aménagement de l’accès au Barrage Vauban, Echelle 1 : 300 (Plan définitif)
Strasbourg le 25 sept. 1958, La direction des Serv. techniques (signé) architecte directeur général
Le service mun. d’architecture (signé) Architecte principal
modifié le 30 mars 1960 – modifié le 11 avril 1960 – modifié le 10 octobre 1960 – modifié le 18 avril 1961

(Couverture)
Dossier I-196 B. Aménagement du Barrage Vauban, generalia

1960, 3 mai – L’ingénieur en chef du Service de la navigation de Strasbourg au Maire de la Ville de Strasbourg. L’ingénieur donne son accord au projet de la ville (suppression de la passerelle de halage sous réserve de rétablissement, aménagement d’un autre accès qui traverse des jardins appartenant au domaine public fluvial) dans la mesure où la ville en supporte les frais.
1960, 20 mai – La Division I à la Division VI : observations sur les points que le rapport d’ensemble à soumettre au Conseil municipal devra comprendre : rétablissement de l’ancienne passerelle, aménagement de la tour proche l’ancien Bain Mathis.
1960, 25 novembre – Extrait du procès verbal de la réunion du Groupe de Travail « Rayonnement de Strasbourg » : accord de l’Inspection générale de l’administration de la 6° région et du Service de la navigation, éviction de l’occupant des lieux, coût.

1961, 22 avril – La Division VI-A à la Division VIII : formalités préalables au commencement des travaux
1961, 30 mai – La Division VIII : Rapport aux commissions. Les Commissions principales ont décidé lors de la séance du 3 juin 1959 d’aménager une terrasse panoramique sur le Barrage Vauban. Le seul obstacle qui subsiste est l’évacuation des locaux par son occupant. Le Maire propose d’approuver l’aménagement extérieur (110 000 francs à imputer au budget de 1961).
1961, 12 juin – La Division I à la Division C (F) : sur l’accord que le Conseil municipal doit donner à la clause de rétablissement de la passerelle à démolir et à l’aménagement de la Tour qui servira de lieu de réunion à la Société des Amis du Vieux Strasbourg et à la Société des Ecrivains d’Alsace, de Lorraine et du Territoire de Belfort.
1961, 10 juillet – Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal. Le conseil approuve l’aménagement du Barrage Vauban et l’exécution des travaux extérieurs.
1961, 18 octobre – Le Maire propose à l’ingénieur en chef du Service de la navigation de Strasbourg d’établir une convention et d’autoriser le début des travaux avant que la convention soit conclue.
1961, 6 novembre – L’ingénieur en chef du Service de la navigation de Strasbourg au Maire de la Ville de Strasbourg. Accord et proposition relative à l’occupation de la parcelle du domaine public pour le chemin de desserte.
1961, 16 novembre – Note de la Division VIII : la préfecture a approuvé la délibération du Conseil municipal en date du 10 juillet.

1962, 16 janvier – Le Ministère des Armées au Maire de Strasbourg : la Direction générale autorise l’aliénation d’une parcelle de terrain de la caserne Barbade pour aménager un accès au Barrage Vauban.
1962, 26 janvier – La Direction des travaux de la VI° région militaire (direction régionale du génie de Metz) autorise la cession d’une partie de la cour (750 m²) de la caserne Barbade aux conditions énumérées. En annexe, plan.
1962, 31 janvier – Le directeur du Cabinet note qu’il n’a pas de réponse de la Direction Centrale au Génie. En annexe, copie de la communication au Maire le 9 janvier 1962 et projet de lettre au général Dudelon (Ministère des Armées).
1962, 12 février – La Division I au directeur du Cabinet : copie des lettres d’autorisation.
1962, 13 février – Le Maire au Directeur des Travaux du Génie concernant l’arpentage et le bornage du terrain à céder.
1962, 13 février – Le Maire demande à l’ingénieur en chef du Service de la navigation de Strasbourg de donner congé aux éventuels occupants des terrains sur l’emprise du futur chemin de halage.
1962, 14 février – La Division I à la Division VIII : sur le report et l’ajustement du crédit prévu au budget en 1961 pour les travaux.
1962, 14 février – La Division au Service des transactions immobilières. La Société Les Amis du Vieux Strasbourg a suggéré à la Ville le 25 mai 1957 de transformer le barrage fortifié en terrasse panoramique. Les commissions principales ont donné leur accord le 3 juin 1957 en chargeant les Divisions VI et I d’établir un projet. Ce projet prévoit la cession par les autorités militaires au profit de la Ville d’un terrain de 750 m² dont environ 210 m² appartient en nue-propriété à la Ville, l’Autorité militaire n’en ayant que la jouissance. La cession a été acceptée à six conditions. Un nouveau chemin de halage sera aménagé sur 360 m² qui appartiennent au Service de la Navigation qui a donné son accord pour céder cette surface. – Jointe, une note manuscrite

Copie – (N° 7202) Décret impérial, portant donation aux Villes, de Casernes et autres bâtiments militaires, à charge de les entretenir.
Au Palais de Compiègne, le 23 avril 1810
Napoléon, empereur des Français, roi d’Italie, protecteur de la Confédération du Rhin, médiateur de la Confédération suisse, &c, &c, &c.
Nous avons décrété et décrétons ce qui suit
Art. 1er – Les casernes, hôpitaux, manutentions, corps-de-garde et autres bâtiments militaires portés dans l’état annexé au présent décret, sont donnés en toute propriété aux villes où ils sont situés.
2 – La remise desdits bâtiments et établissements militaires sera faite en vertu de décrets spéciaux qui seront rendus pour chaque ville, sur le rapport de notre ministre de la guerre, et d’ici au 1er juin.
3 – Au 1er juillet prochain, les villes entreront en possession desdits bâtiments : elle seront chargées de leur entretien ; et, à cet effet, elles devront porter dans leur budget une somme au moins pareille à celle qui est indiquée dans l’état pour les réparations.
4 – Les officiers du génie ne seront chargés de la direction des travaux à faire aux établissements militaires, que dans les places de guerre. Les ingénieurs des ponts et chaussées en seront chargés dans les villes de l’intérieur, et les architectes dans les grandes villes.
5 – Les villes ne pourront disposer, sans notre autorisation, d’aucun des bâtiments militaires. Toutes les fois qu’elles les emploieront à une autre destination que celle qui leur est affectée, elles seront chargées de pourvoir au logement des troupes qui se trouveront dans leur enceinte.
6 – Nos ministres de la guerre, de l’administration de la guerre, et de l’intérieur, seront chargés de l’exécution du présent décret.
signé : Napoléon
Pour expédition conforme, délivré le 16 septembre 1811
Le Ministre Secrétaire d’état, signé : le comte Daru

(Nom des Villes) : Strasbourg
(Revenu des villes) 1.065.535
(Dépenses annuelles des bâtiments remis aux Villes) : 41.997
(Casernes, Infanterie, bâtiments) 16, (hommes) 9.469
(Casernes, Cavalerie, bâtiments) 2, (hommes) 1.332, (chevaux) 1.385

1962, 5 mars – L’ingénieur en chef du Service de la navigation de Strasbourg informe le Maire de la Ville de Strasbourg que les terrains à céder ne sont pas loués et qu’ils sont donc libre de tout occupant.
1962, 27 mars – Division I, compte rendu de la visite des abords du Barrage Vauban par les représentants de l’Autorité militaire et ceux de la Ville (Division I et Division VI) qui ont convenu des modalités d’exécution (construction des bâtiments de remplacement sur le terrain de la caserne, démolition des anciens).
1962, 6 avril – La Division I demande à la Division VI (service d’arpentage) de dresser un plan des surfaces à acquérir. Elle demande également des précisions à la Division VIII (engagement, crédits).
1962, 4 juin – La Division VI-A transmet le plan parcellaire en quatre exemplaires
1962, 21 juin – Le Maire transmet à l’ingénieur en chef du Service de la navigation de Strasbourg le plan de la surface à céder (2 ares 90 ca, parcelle n° 8 section 42) et lui demande un accord à présenter au Conseil municipal.
1962, 20 septembre – Division I, sur le mur mitoyen que la Ville doit reconstruire pour l’administration militaire : il est préférable qu’il soit entièrement construit sur le terrain de la Ville qui en assurera l’entretien. Lettre du Maire au directeur des Travaux du Génie (Strasbourg) concernant la cession du terrain de 750 m² dont environ 210 m² appartient en nue-propriété à la Ville.
1962, 12 octobre – Le Maire demande au directeur de l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre un accord à présenter au Conseil municipal concernant la cession du terrain.
(sans date) – Le Maire à l’ingénieur en chef du Service de la navigation de Strasbourg après que les Domaines ont estimé le terrain à céder à 2 500 francs. Le Maire à la Division VI (service d’arpentage), la cession portera sur 6 ares 20 en comprenant une parcelle triangulaire (section 42 n° 8)

1963, 9 octobre – Note manuscrite : les cessions de terrains nécessaires à l’aménagement de l’accès au Barrage Vauban sont traitées séparémment dans les dossiers I/5-2050 « Militaire » et I/5-2134 « Navigation ».
1963, 9 décembre – clôture du dossier

1959-1963 – Archives municipales de Strasbourg, 907 W 158 – Plans
souvent les mêmes qu’au dossier 709 W 34 (Barrage Vauban)

Barrage Vauban – Projet d’aménagement de l’accès à la terrasse, côté caserne Barbade, (Plan du rez-de-chaussée), (Plan du 1° étage), (Détail de la sortie sur la terrasse), (Coupe longitudinale B-B), (Coupe transversale A-A) – Strasbourg le 24 sept. 1959 (Plan sur calque)
(Plan du 1° étage), (Plan du rez-de-chaussée), (Coupe transversale A-A), (coupe transversale B-B) (Plan colorié sur papier)
Grande Ecluse, Projet d’aménagement, échelle 1/500 – plan de situation (Plan colorié sur papier)
Entrée Place du Quartier Blanc – Strasbourg le 28 sept. 1959 (Plan sur calque)
Entrée Chemin de halage D – Plan, coupe (Plan sur calque)
Avant projet d’une nouvelle construction – 10 Ponts couverts à Strasbourg, Echelle 1 : 200 – Novembre 1960, sous-sol
Avant projet d’une nouvelle construction – 10 Ponts couverts à Strasbourg, Echelle 1 : 200 – Novembre 1960, I° et II° étage, partie logement
Avant projet d’une nouvelle construction – 10 Ponts couverts à Strasbourg, Echelle 1 : 200 – Novembre 1960, Rez de chaussée, partie commerciale : bain populaire
Terrasse panoramique – Cage d’escalier – Variante sortie libre, échelle 1/50
Barrage Vauban – Projet d’aménagement de l’accès au barrage- Echelle 1/250
Barrage Vauban – Projet d’aménagement de l’accès au barrage- Echelle 1/250 (Variante)
Barrage Vauban – Avant-Projet pour l’aménagement de l’accès au barrage – Echelle 1/250, Strasbourg en mars 1960
Barrage Vauban – Avant-Projet pour l’aménagement de l’accès au barrage – Echelle 1/250, Strasbourg en mars 1960 (Variante)
Barrage Vauban – Projet d’aménagement de l’accès du chemin de halage – Elévation, Coupes – Strasbourg le 12 juin 1961
Vue de la passerelle de la Grande écluse sur les abords de la caserne Barbade, Etat actuel – Strasbourg le 19.4.1960 (dessin)
Vue de la passerelle de la Grande écluse sur les abords de la caserne Barbade, Etat futur – Strasbourg le 19.4.1960 (dessin)
Esquisses sur les abords de la caserne Barbade en vue d’une nouvelle pente d’accès à la place de la passerelle à enlever, 19.10.60 (cahier agrafé) – (Sans titre, dessin, Vue de la passerelle de la Grande écluse sur les abords de la caserne Barbade, Etat actuel) – (Sans titre, esquisse) – (Sans titre, annotations baraque vélo, env. 50 m) – (Sans titre, dessin, vue du sud sur le barrage) – (Sans titre, dessin, vue de l’ouest sur la caserne Barbade)
Barrage Vauban – Aménagement de l’accès – Etude des clôtures, Echelle 1/50 – Strasbourg le 6 février 1962 (Etude 1)
Barrage Vauban – Aménagement de l’accès – Etude des clôtures, Echelle 1/50 – Strasbourg le 6 février 1962 (Etude 2)
Barrage Vauban – Etude pour l’aménagement intérieur et de la terrasse, Echelle 1/500 – Etude 1, Etude 2 (sans date, plans)
Barrage Vauban – Etude pour l’aménagement intérieur et de la terrasse, Echelle 1/500 – Etude 1, Etude 2 (sans date, élévations)
Barrage Vauban – Aménagement de l’accès – Détail des remises – Elévation, Plan, Coupe, Détail des appuis de fenêtres) – Strasbourg, le 28 avril 1962 (Plan sur calque)
Barrage Vauban – Aménagement de l’accès – Détail des clôtures, Détail du chapeau – Strasbourg le 20 juin 1962 (Plan sur calque)
Barrage Vauban – Etude pour l’aménagement intérieur de la terrasse – Etude 1, Etude 2, coupe longitudinale, coupe transversale, Echelle 1/500, sans date
Barrage Vauban – Fondations de la guérite, échelle 1/10, 3 oct. 1962
Barrage Vauban – Aménagement de l’accès – Détail de la guérite (échelle 1/10) – Coin guérite Rue Humann – Poste exécution Grande guérite – Strasbourg le 26 octobre 1962 (Plan sur calque)
Terrasse panoramique – Cage d’escalier – Façade ouest – Façade nord – Plan du rez-de-chaussée et 1° étage – Plan niveau terrasse – Coupe transversale – Strasbourg le 17 avril 1963 (Plan sur calque)
Barrage Vauban – Détail des grilles – Dressé le 11 12 63 par Koeller JF

1959-1971 – Archives municipales de Strasbourg, 709 W 34 – Aménagement du Barrage Vauban

(Nombreux plans en plusieurs exemplaires. Mêmes planches qu’au dossier 907 MW 158)
Plan de situation – Strasbourg le 25 sept. 1959
Façade est (aval) – Plan I° étage – Coupe longitudinale
Ville de Strasbourg – Grande Ecluse, Terrasse panoramique – Projet – Echelle 1 / 100 – Façade est – Façade sud (amont)
Ville de Strasbourg – Barrage Vauban près des Ponts couverts- Projet – Echelle 1 / 100 – Façade est (aval) – Façade sud – Coupe transversale – Façade ouest (amont) – Avis favorable, 2 juin 1963
Ville de Strasbourg – Terrasse panoramique – Cage d’escalier – Echelle 1 / 50
Coupe longitudinale – Rez-de-chaussée – Chevronnage – Couverture métallique – Dalle béton armé – Terrasse panoramique – Strasbourg en mars 1963
Rempart Vauban – étude pour l’aménagement intérieur et de la terrasse, Echelle 1 / 500 – Elévation côté ville – Coupes – Plan du rez-de-chaussée – Strasbourg en février 1958 – Préfecture du Bas-Rhin, Vu et approuvé 6 nov. 1961

Demande de permis de construire
Travaux prévus à des fins touristiques
Création d’une terrasse accessible par 2 cages d’escalier au-dessus du remblais du barrage VAUBAN près des Ponts Couverts
Date prévue pour le démarrage des travaux : 15 juillet 1963
Coût (…) 220.000 frs

1963, 27 mai – R. Will (Division VI-A) envoie la demande de permis de construire à la Division V
1963, 18 juin – Autorisation préalable accordée par l’architecte des Bâtiments de France
1963, 2 juillet – Procès-verbal de la Commission auxiliaire de sécurité : toutes les portes devront s’ouvrir dans le sens de la sortie
1963, 8 juillet – Le Maire au Directeur départemental du Ministère de la Construction au sujet de l’aménagement du Barrage Vauban
1963, 13 août – Courrier de la Division V : comme la commission consultative du permis de construire a décidé de supprimer la balustrade et de prévoir un encuvement, les plans doivent être modifiés.
1963, 23 août – Accord du Ministère de la Construction

1964, 11 février – Extrait du procès verbal de la séance de la Commission consultative du permis de construire qui donne son accord à la proposition initiale (balustrade métallique) au lieu de la proposition de la Commission (terrasse encuvée) en soulignant « les difficultés techniques de réalisation ».
1964, 25 avril – R. Will (Division VI-A) demande à la Division V un nouveau permis de construire qui tienne compte de la modification.
1964, 27 mai – Arrêté portant permis de construire. Aménagement du barrage Vauban près des Ponts Couverts. (Conditions spéciales) 1. Toutes les portes devront s’ouvrir dans le sens de la sortie, 2. Ce présent arrêté remplace et annule celui délivré le 28 août 1963.

1963, 28 août – Arrêté portant permis de construire, mention annulé. (Conditions spéciales) 1. La balustrade en fer devra être supprimée et remplacée par un encuvement, 2. Toutes les portes devront s’ouvrir dans le sens de la sortie
1963, 21 novembre – Certificat d’affichage, Division II

1964, 18 juin – Note de la Division V, le nouveau permis de construire a été établi le 27 mai 1964 avant l’entrée de l’avis du M.C. du 12 juin 1964.
1964, 13 août – Certificat d’affichage

Suivi des travaux
1963, 3 octobre. Pas de travaux à la terrasse projetée. A l’intérieur de la fortification nettoyage des locaux en exécution par l’Entreprise Schieb, Neuhof.
8 décembre. La menuiserie (fenêtres) est adaptée. Pas de travaux à la terrasse.
1964, 4 juin. Comme ci-dessus.
5 octobre. Les travaux d’aménagement de la terrasse sur le barrage Vauban ne sont pas encore commencés.
1965, 8 mars. Comme ci-dessus.
1966, 8 février. Les travaux de terrassement sont en exécution sur le barrage Vauban.
28 avril. Le dallage de la plate forme en béton est exécuté. La balustrade métallique n’est pas encore adaptée.
8 août. La terrasse est ouverte au public. Pas d’objection à faire.

1970, 19 novembre – Extraits de la séance de la Commission municipale pour la protection des sites, 5) Projet de réaménagement de l’ancienne Commanderie St-Jean, Rue Ste-Marguerite (…). M. Hæusser propose d’entreposer dans le Barrage Vauban 200 à 300 moulages qui proviennent entre autres de la cathédrale et ne sont pas conservés sur les chantiers de l’Œuvre Notre Dame.
7 décembre – Courrier de la Division V à ce propos
17 décembre – Courrier à la Division I à ce propos. En note : « Les locaux du Barrage Vauban ont été mis à la disposition de l’OND, 19 janvier 1971 ».

1971, 26 juin – Extrait du compte rendu de la visite des lieux : « de grandes taches qui pourraient être des plaques d’humidité sont visibles sur le fronton du Barrage Vauban donnant sur les Ponts couverts ».
30 août – De la Préfecture du Bas-Rhin : inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques (Grande Ecluse et ancienne Commanderie Saint-Jean) ; Original, voir dossier 1, rue Ste Marguerite, commanderie St Jean

1988, 23 février – Le Préfet au Maire : Mme Monique Hartzer divorcée Duparquet sollicite l’autorisation d’exploiter le débit de boissons de 4° catégorie « Terrasse panoramique » anciennement « Barrage Vauban »
(et pièces ultérieures)


Les Maisons de Strasbourg sont présentées à l’aide de Word Press.