Prechter (rue) : neue Gass am Fischerstaden


Avant de prendre vers 1930 le nom de rue Prechter d’après les maisons de la fondation charitable (aux numéros 8 à 20), la rue s’est appelée rue Neuve au quai des Pêcheurs (neue Gass am Fischerstaden pour la distinguer de la rue Neuve au quai des Bateliers, neue Gass am Schiffleuthstaden, actuelle rue des Bateliers) ou au XIX° siècle rue des Pêcheurs (Fischergasse).
La rangée de maisons à l’arrière des bains municipaux qui ont remplacé à la fin du XIX° siècle la caserne des Pêcheurs (parcelles O 1062 à 1070) a été détruite entre 1954 et 1976 pour étendre l’établissement. La première de ces maisons (O 1061) a été détruite en 1853 pour agrandir l’entrée arrière de la caserne.

Section O, Quai des Pêcheurs
Extrait du cadastre de 1836 (calque de l’original), section O

Maisonnettes Prechter (Prechterhäuslein)

Les maisons Prechter (Prechterhäuslein) remontent au XVI° siècle. Elisabeth Schaffner, femme de Balthasar Kœnig, ordonne en 1550 par testament d’édifier douze petites maisons qui devront être louées pour un loyer modique à des gens pauvres mais honnêtes. C’est Balthasar Kœnig, sa fille Ursule et son gendre Guillaume Prechter qui achètent le terrain et y édifient les douze maisonnettes au cours des années suivantes. De telles fondations charitables se retrouvent par exemple à Augsbourg où les marchands Fugger ont fait construire cinq cents habitations (Fuggerei).
Les maisons appartiennent à la fondation des maisons Prechter qui est dirigée en 1772 (d’après un acte de protestation) par les frères Jean Louis et Philippe Auguste Wolffgang de Rathsamhausen d’Ehenweyer, Sophie Agathe Haffner de Wasslenheim et François Joseph Haffner de Wasslenheim, colonel d’infanterie et stettmeistre de la ville de Strasbourg. Ce sont leurs héritiers qui les vendent dans les années trente du siècle suivant. Le liste des propriétaires qui correspond au plan Blondel (X 403, à la Fondation de St Marc) donne en l’occurrence des informations inexactes.
Au début du XIX° siècle, les neuf premières habitations (A à J, comptées à partir de l’ouest vers le quai, de droite à gauche sur les élévations ci-dessous) sont détenues par les Haffner de Wasselonne, les trois dernières (K à M) par les Rathsamhausen. Les héritiers Haffner se partagent leurs neuf maisons en 1835 et les vendent dans les années qui suivent à différents particuliers. Seule Pauline de Haffner, propriétaire des deux premières maisons, les conserve et les léguera à sa mort au Bureau de Bienfaisance, en gardant ainsi la destination première de ces habitations. Les héritiers Rathsamhausen cèdent en 1838 leurs trois maisonnettes à Frédéric Schneider qui en conservera deux (l’actuel n° 18) et revendra la troisième (le n° 20, la dernière des habitations Prechter) l’année suivante à Georges Lux.
Les maisons Prechter font partie de l’îlot 231 sur les dessins destinés au plan-relief de 1830. Leurs élévations se trouvent entre les repères « d » et « e » ci-dessous, le repère « a » sur la gauche est à l’angle oriental de la rue, vers les casernes Saint-Nicolas. On y voit les douze portes qui correspondent aux douze habitations Prechter, à rez-de-chaussée et un étage surmonté de deux niveaux de combles. La distribution correspond toujours à celle de l’époque de la construction. Sauf le numéro 14 détruit et reconstruit en 1859, jusqu’à une date récente les autres habitations soit restent en l’état soit sont remaniées (ajout d’étages).

231 Elévations a-eÎlot 231, élévations

Le Tableau indicatif du cadastre de 1840 fait état de onze parcelles, le 1077 occupant la surface qui équivaut à deux des autres parcelles. Le plan représente ces onze parcelles mais elles ne portent pas toutes le numéro du tableau indicatif : certaines parcelles détenues par un même propriétaire sont rassemblées sous un même numéro. Les numéros qui figurent au plan sont les 1072, 1073, 1074, 1076, 1077, 1079, 1080 et 1082 (les numéros 1075, 1078 et 1081 ne sont pas attribués).
Les habitations Haffner ont une surface d’environ un are qui comprend le bâtiment et la cour arrière. Les habitations Rathsamhausen (O 1080 et 1082) sont moitié moins grandes, elles ne comprennent pas de cour arrière ; la surface qui correspond à la cour n’apparaît que sur le cadastre allemand en 1900.
Chaque habitation portait une lettre, avait un rez-de-chaussée surmonté d’un étage à pans de bois. Les habitations aux deux extrémités sont les seules à n’avoir pas été transformées, c’est-à-dire le numéro 8 (deux habitations) et le numéro 20 (une habitation, détruit en 1971). Les numéros 8 et 10 (une habitation) sont actuellement les seuls à subsister dans un état proche de l’époque de la construction après que le numéro 16 a été détruit il y a un dizaine d’années. Le numéro 18 (deux habitations) est lui aussi un authentique bâtiment d’origine remanié, le rez-de-chaussée a été refait et un deuxième étage rajouté sur le premier.

Situation (d’après le cadastre 1840-1952)

rue des Pêcheurs n° 8 (habitations A, B)

parcelles (section O n° 1072 et) O 1073 puis (1897) section 29 n° 4 – (pas de transformation citée)
cadastre : registre 25 folio 361, registre 27 folio 1213 puis registre 30 folio 373
contenance (1840) 1,30 et 1,05 – (1897) 2,31 ares
revenu (1897 et suiv.) 800 – 450

rue des Pêcheurs n° 10 (habitation C)

parcelle O 1074 puis section 29 n° 5 – agrandissement 1878
cadastre : registre 25 folio 361, registre 27 folio 1214 puis registre 30 folio 373
contenance (1840) 1,10 – (1897) 1,07 are
revenu (1897 et suiv.) 1100 – 800

rue des Pêcheurs n° 12 (habitations D, E)

parcelles (O 1075 et) O 1076 puis section 29 n° 6 – reconstructions 1846 et 1850 – diminution 1910
cadastre : registre 25 folio 361, registre 27 folio 1214 puis registre 30 folio 373
contenance (1840) 2,04 – (1897) 1,96 are
revenu (1897 et suiv.) 1400 – 1500 – 1000

rue des Pêcheurs n° 14 (habitations F, G)

parcelle O 1077 puis section 29 n° 7 – démolie, nouvelle construction de 1859
cadastre : registre 25 folio 361, registre 27 folio 1215 puis registre 30 folio 373
contenance (1840) 2,00 – (1897) 1,88 are
revenu (1897 et suiv.) 2100-2300

rue des Pêcheurs n° 16 (habitations H, J)

parcelles (O 1078 et) O 1079 puis section 29 n° 8 – augmentation de construction 1865
cadastre : registre 25 folio 360, registre 27 folio 1215 puis registre 30 folio 373
contenance (1840) 2,25 – (1897) 1,99 are
revenu (1897 et suiv.) 800
démoli il y a une dizaine d’années et remplacé par un nouveau bâtiment

rue des Pêcheurs n° 18 (habitations K, L)

parcelles (O 1080 et) O 1081 puis section 29 n° 9 – reconstruction 1848
cadastre : registre 25 folio 360, registre 27 folio 1216 puis registre 30 folio 373
contenance (1840) 0,86 – (1897) 2,31 ares
revenu (1897 et suiv.) 800 – 450
acquis par la Ville en 1973

rue des Pêcheurs n° 20 (habitation M)

parcelle O 1082 puis section 29 n° 10 – (pas de transformation citée)
cadastre : registre 25 folio 360, registre 27 folio 1216 puis registre 30 folio 373
contenance (1840) 0,43 – (1897) 1,10 are
revenu (1897 et suiv.) 400
acquis par la Ville, démoli en 1971, sert de cour au numéro 18

Proche à la fois de la caserne Saint-Nicolas (caserne Baratier après 1918) et de la caserne des Pêcheurs (à l’emplacement des Bains Municipaux), la rue des Pêcheurs est devenue à la fin du XIX° siècle un lieu de prostitution qui abritait treize des quinze maisons de tolérance de Strasbourg selon le décompte de 1925. Suite à un incident qui a eu lieu le 1° juin 1925 lors d’une fête de gymnastique et de la visite présidentielle, le Préfet décide de fermer les maisons de tolérance à compter du 1 septembre 1926 après avoir pris l’avis de la Ville. Certaines de ces anciennes maisons closes deviennent des « hôtels meublés » sans changer d’activité.


Les Maisons de Strasbourg sont présentées à l’aide de Word Press.